Interlogue : Dis-lui
— Jonah. Tu n'as pas pu faire ça.
Le Jamaïcain ferma les yeux et serra les poings. Sawyer conduisait et lui-même se trouvait à sa droite. À l'arrière, Boyd se mordit les lèvres. Il aurait dû monter en voiture avec Ove.
Jonah se sentait déjà terriblement coupable de l'état dans lequel la jeune Escortée s'était retrouvée. Il était furieux contre lui-même, lui qui aurait été le dernier à prendre un tel risque. Mais il avait eu tant d'espoir... Peut-être qu'elle...
— Qu'est-ce que tu croyais, Jonah ? Sérieusement ?! Tu es... je ne te pensais pas si inconscient !
Sawyer ponctua le dernier mot d'un coup de poing rageur sur le volant. La voiture fit une légère embardée, mais il s'agissait du cadet des soucis des trois voyageurs. Le Jamaïcain fronça le sourcil :
— J'ai cru que...
— Que quoi ?! Jonah, franchement ! Tu...
— Ne hausse pas le ton comme ça, Sawyer ! J'ai pris un risque mesuré !
Boyd s'enfonça dans son fauteuil. Sawyer qui piquait une crise, d'accord. Jo qui se fâchait, non. Non, merci.
— Je t'en donnerais, des risques mesurés ! Putain, Jonah !
— Ne me jure pas dessus !
Mais Sawyer l'Irlandais était rouge de fureur, désormais. Incontrôlable.
— Elle a eu une réaction violente ! Qu'est-ce que tu lui as raconté ?! Ton adolescence ? Ton premier amour ?
— Une anecdote de mon enf... et ça ne te regarde pas !
Boyd s'agrippa de toutes ses forces à la poignée de sécurité : le rouquin venait de braquer le volant vers la droite pour se déporter sur la bande d'arrêt d'urgence, provoquant une tempête de coups de klaxons derrière eux. Sawyer freina sans décélérer et fit craquer le frein à main. L'Américain sentait son cœur battre de peur : Jonah et Sawyer fâchés ? Qui avait eu la chance de voir ça un jour ?
Qui avait eu la chance d'y survivre ?
— Jo, je sais que tu... je sais que ce n'est pas ton jour, éluda Sawyer sur un ton plus calme.
— Tu ne sais rien... gronda Jonah d'un ton venimeux, les yeux exorbités.
— Tu parles dans ton sommeil. Et tu étais somnambule lorsque nous nous sommes rencontrés. La gamine est à ménager. Je sais à quel point elle compte pour toi, je sais à quel point tu l'aimes et je sais que tu ne voulais pas lui faire de mal, mais le fait est qu'elle s'est retrouvée à l'hôpital, qu'elle a souffert le martyre pendant des heures. Ne recommence plus rien sans mon aval. Est-ce que j'ai été clair ?
Jonah garda un instant le silence, tandis que Boyd priait pour qu'on l'oublie. Puis, le Jamaïcain ferma les yeux, retenant des larmes de colère. À dire vrai, c'était contre lui qu'il était en colère, pas envers Sawyer. Sawyer avait raison. Ce dernier s'apaisa en voyant son ami contenir ainsi sa détresse et il passa une main rassurante sur le bras du Jamaïcain, ce qui fit déborder les larmes de sous les paupières de Jo. Boyd se détacha et à son tour tenta par petites tapes maladroites de rasséréner son grand ami.
— Pardonne-moi, Sawyer... murmura Jonah. Je...
— Je ne t'en veux pas. Bon, si, je t'en ai voulu, pendant un bref moment, mais je comprends. Tu en as assez d'attendre, tu veux faire avancer les choses. Mais Jo, tu dois me faire confiance. Elle... elle est brillante et elle est gentille...
— Mais ça ne sera pas suffisant, fit le Jamaïcain en essuyant ses joues avec un mouchoir en papier glissé par Boyd. Elle n'a rien de différent des autres, elles étaient toutes...
— De mon côté, ajouta Sawyer, j'ai aussi avancé. J'ai fait des recherches. Je sais que Nuka t'a parlé de ce qui m'est arrivé en Afrique, quand je me suis fait mor...
— What ?!
L'Irlandais ferma les yeux et fit la grimace. Jonah se mordit les lèvres. Tous deux tentaient autant que possible d'épargner l'Américain de ces étranges recherches qu'ils menaient. Boyd était trop sensible.
— Henry, soupira Saw en se retournant, je vais bien.
— Saw ! Tu t'es fait mordre par quoi ?
— Henry, ça suffit, maintenant ! Ne fais pas l'enfant !
— Sawyer ! Dis-moi tout de suite !
— Henry, laisse-nous parler entre nous !
— Keith, les interrompit le Jamaïcain en secouant la tête.
Le rappel du véritable nom de Sawyer calma tout le monde dans la voiture. Jo soupira et leva les yeux au ciel comme s'il priait en silence avant de lâcher :
— Dis-lui la vérité.
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