Connexion #8
Enfin ! Enfin, un espoir se profile à l'horizon ! Hier soir, Sawyer m'a aidée à travailler les maths. Il était fatigué, donc très, très irritable (« Non, non et NOOON ! Tu... Non, j'ai dit ! Une asymptote c'est... ? Mais noooon ; raaaah je vais la massacrer ! Regarde : ça, c'est toi, c'est ta courbe, c'est ton intelligence. Et ça c'est la courbe des connaissances primaires en mathématiques. Elles sont asymptotes, ça veut dire qu'elles SE TOUCHENT JAMAIS ! »).
Il avait amené avec lui sa valise en toile ; il devait rentrer d'un de ses voyages secrets dont il ne veut jamais me parler. Quand j'avais onze ans, il était revenu avec un énorme bandage qui lui couvrait tout l'avant bras. Il n'avait pas pu s'empêcher de crier de douleur quand je m'y étais suspendue, heureuse de le voir rentrer de son ''voyage top secret défense'', comme disait Boyd à l'époque.
Le bandage s'était un peu défait. Je me souviens que Sawyer avait dû s'asseoir, m'avait enguirlandée et avait appelé Nuka ; il était littéralement couvert de sueur. Nuka était arrivé en quelques minutes et, sans faire attention à moi, s'était mis à genoux devant son ami pour défaire son bandage. Deux choses m'avaient frappée de plein fouet : déjà, l'odeur immonde de pourriture qui émanait de la blessure. Ensuite, la blessure elle-même, noire comme de la suie, suintant de pus. Sawyer avait surpris mon regard horrifié et m'avait fait sortir. J'avais juste pu entendre Nuka grogner « La sale garce de perverse... » avant d'ajouter « Appelle Jo, la gamine va avoir besoin de lui ». Bref, tout ça pour dire que les périples qu'entreprend mon Oncle, en plus d'être secrets, sont remarquablement dangereux.
Revenons à la valise en toile. Il se trouve que Sawyer a dû s'absenter un quart d'heure, pour passer un coup de fil important. Il m'a donné un exercice de maths à chercher et a filé par la fenêtre. J'ai honte, mais oui, je me suis ruée sans attendre sur la valise. Elle n'était pas fermée par un verrou. J'ai pensé à allumer mon portable, pensant prétexter un appel de P¤¤¤¤¤¤ si Sawyer venait à se demander pourquoi je n'avais pas écrit une ligne.
Déçue, j'ai farfouillé pendant quelques secondes dans un amas de linge sale (beurk) avant que mes doigts ne rencontrent une surface dure. J'ai extirpé des vêtements un grand carnet. À en juger par l'odeur de vieux cuir qui émanait de la couverture ouvragée et par les craquelures qui la marbraient, le journal devait au moins dater de l'enfance de Sawyer.
Toute excitée, j'ai avisé le loquet en métal qui fermait le carnet. Il suffisait de le tourner pour l'ouvrir. Facile : ça, au moins, c'était à ma portée.
Aussi électrisée qu'une enfant dans un magasin de jouets, j'ai fait défiler les pages : elles étaient noircies par l'écriture de Saw, petite, nerveuse, presque féminine. Je ne savais pas par quoi commencer. Une petite voix dans ma tête (celle qui couvrait les « Repose ça ! Repose ça ! ») m'a suggéré de commencer par la première page. Logique.
C'était un croquis au graphite qui s'étalait sur cette page. Le P. La marque que mes Oncles portent tous sur le biceps. Tout autour de ce dessin, on pouvait voir des mots griffonnés à la va-vite, des ratures, il y avait des encres différentes. Plein de mots qui commençaient par P.
Prosequor.
Plagktos.
Proscrit. X
Palmiro.
Pankaja.
Sans réfléchir, j'ai enregistré les diverses informations et ai tourné les pages.
Eva : Proscrit. Minions (?). Danger.
Oliver → autarcie pas possible.
Il y avait parfois des symboles et des langues que je ne comprenais pas. J'aurais pu jurer que le carnet avait été rédigé par une personne il y a de nombreuses années, puis qu'il avait été repris récemment par Sawyer.
Sur l'une des pages du milieu était dessinée une superbe jeune femme, assise à une table, une main sous le menton. Elle devait avoir vingt ans, pas plus, et portait ses longs cheveux bouclés détachés. Sawyer (je pense que c'est lui qui l'a dessinée) l'avait représentée en train de sourire. Elle semblait intelligente, et était si belle sur ce dessin que j'en ai déduit que mon Oncle devait l'aimer énormément. J'ignorais qu'il savait aussi bien dessiner. Un numéro était écrit en dessous : 06151871. Il manquait deux chiffres, c'était bizarre.
En fait, cette fille me rappelait vaguement quelqu'un, mais je n'arrivais pas à déterminer qui.
Sur la page suivante, c'était le visage de Oliver qui était dessiné. Ses traits étaient durs, mais peut-être était-ce dû aux coups de crayons rageurs que Sawyer avait donnés en le dessinant. Lui, visiblement, mon Oncle ne l'aimait pas.
J'ai retenu quatre mots, écrits sur son front, le texte qui entourait le croquis était dans une langue qui m'était inconnue.
Madra.
Buile.
Dhaoradh.
Et puis, plus loin, au niveau du cœur de Oliver, un seul mot : Eva. Pas difficile à comprendre.
Je savais que le temps était passé très vite, et qu'il était plus prudent de ranger le carnet avant de me faire attraper par mon Oncle.
J'ai eu le temps de noter sur un brouillon mes trouvailles, et même de répondre à quelques questions du problème de maths avant que Sawyer ne revienne. Certes, j'étais complètement survoltée par ce que j'avais pu découvrir mais en même temps... J'ai trahi mon Oncle...
*
Ce passage était un ajout à la version 1 de l'histoire mais la plupart de mes anciens lecteurs le connaissent ;-)
Merci pour votre lecture, vos votes, vos reviews, votre amour incommensurable, vos... bon, bon, j'arrête !
Caillou est revenu de vacances hier, il est d'une humeur EXÉCRABLE !!!
Priez pour moi si vous le pouvez.
Sea
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