Connexion #78

Finalement, j'ai vu Jin ! Hier soir, juste après avoir écrit les lignes précédentes. Il est passé par la porte à la tombée du jour, fidèle à la routine. 

— Salut, gamine.

— Bonjour, Jin.

Il avait les yeux luisants et semblait nerveux. En tout cas, il avait couru car de la sueur maculait son dos. Il a fermé la porte de ma chambre à clef et a éteint le plafonnier. 

— Il y a un problème ?

Sans me répondre, il s'est avancé vers la fenêtre et a tiré les rideaux. Je l'ai rejoint alors qu'il se collait contre la vitre.

— Qu'est-ce qu'il y a ? Un problème ?

Le souffle court, il a levé la main, pour me faire signe de me taire. J'ai regardé alors dehors. À la lueur blafarde des lampadaires, j'ai vu qu'un homme arrivait face à nous, nonchalamment, les mains dans les poches. Il coinçait une cigarette au coin de ses lèvres. On le surplombait d'un étage et ma chambre était plongée dans le noir. Deux raisons qui ont fait qu'il n'a pas levé le nez vers nous. Pas bête, le Jin. J'ai mieux observé l'inconnu qui troublait l'Asiatique. Vêtu d'un survêtement en guise de pantalon et d'un marcel blanc, il aurait pu passer pour le sportif banal qui revient en fumant de son jogging du soir – pas très logique, mais bon. Sauf que l'attitude de Jin n'était pas normale. Sauf qu'un détail clochait.

Une fois que l'homme est passé dans la rue, Jin a fermé les volets lui-même et s'est assis sur mon lit en s'épongeant le front. Je lui ai fait remarquer le fameux détail :

— Jin, ce type était Chinois.

Pour moi, cet indice voulait beaucoup dire, mais mon Oncle m'a regardé de biais. Il a simplement rétorqué d'un ton acerbe :

— Sans rire ?! J'aurais juré qu'il était Martiniquais !

— Tu as des problèmes avec lui ?

— Écoute, gamine, ce sont des choses de grandes personnes. Moins tu en sais, mieux c'est. Bon. J'ai un service à te demander.

Qu'importe ce dont il pouvait s'agir. Rien qu'à l'intonation de sa voix, je savais que je serais obligée de lui rendre ce service. J'aimerais beaucoup savoir forcer la main des gens rien qu'au son de ma voix... Mon arrière grand-mère sait faire ça, à ce qu'il paraît. Elle se serait bien entendue avec Jin.

— Oui ?

— Je vais devoir m'établir pour quelques jours dans la petite maison à côté de celle-ci.

— La dépendance ?

— C'est ça.

— Mais mardi soir, on est sensés...

— Je sais, pour attendre les résultats de l'opération ? Ce n'est pas grave, de toutes les manières, j'avais l'intention de me joindre à vous.

Hem. Hem. Rien n'est moins sûr...

— Et par la même occasion, je pourrais te donner un coup de main pour organiser les choses.

Rien n'est moins sûr...

— Allez, je te laisse, passe une bonne nuit !

Rien n'est moins sûr...

Il s'est éclipsé sans autre forme de procès. Mes parents ne l'ont pas entendu. Miracle, évidemment. J'ai eu du mal à trouver le sommeil tellement j'étais électrisée par le passage dans la rue – où il ne se passe strictement rien, à part lorsque le caniche de ma voisine se met à faire des vocalises – de ce mafioso chinois1. Pourquoi une telle bouffée d'adrénaline, me demanderez-vous ? D'une part parce que ça rimait avec danger proche, et d'autre part parce que j'allais pouvoir apporter un peu d'eau au moulin de Boyd et Nuka... Vivement la suite. J'espère juste que ma maison ne va pas exploser.

*

1 - Car c'en était forcément un. Comment ça, « un touriste » ?! NdN

*

Merci d'avoir suivi ;-)

La suite très bientôt, dans quelques connexions, on aura le résultat de l'opération !

Et le vingt-cinq août, c'est l'anniversaire d'un des Oncles... même si ça passera assez inaperçu. Saurez-vous deviner lequel ???

A bientôt !

Sea

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