Connexion #2
Hello !
Vous êtes toujours là ? Merci :-D
Merci pour vos votes (^^) et vos reviews, elles me font toutes plaisir, mais merci particulièrement aux traqueurs d'erreurs et d'incohérences, vous êtes indispensables !
J'ai dû faire quelques pirouettes pour ce chapitre, dites-moi si vous suivez bien tout correctement.
Ne faites pas attention à Caillou, mon traducteur. Si vous voulez en savoir plus sur lui, je vous invite à visiter ce site :
http://season-canahait.wix.com/lescorte
Il a eu le droit d'écrire sa vie.
Bonne semaine à tous :-)
Sea
*
Aujourd'hui, j'ai passé une journée correcte. Pas trop fatiguée. Normal, vous me direz, on est mercredi ! Je n'ai vu aucun de mes ''Oncles'', ça fait longtemps que ça n'était pas arrivé, je dois l'avouer. Eh bien ils me manquent.
Non, j'exagère ; je devrais plutôt dire que je suis en train de me demander ce qu'ils peuvent bien manigancer. J'espère que Boyd ne fait rien exploser ! Me prendre un peu la tête avec eux met - attention : terme générique ! - du ''piquant'' dans ma vie. Mais je ferais mieux de profiter du répit qu'il me reste, parce que je le regretterai tôt ou tard. À chaque fois qu'ils me quittent, ils reviennent plus en forme que jamais. Et ce n'est pas forcément une bonne chose, mais ça, vous vous en doutiez...
Ça me fait penser que j'ai un jour failli passer à ÇA de la catastrophe. C'était cet hiver, en décembre, et je terminais les cours à trois heures. J'avais un concert le soir, vers huit heures, à Orléans (ne vous montez pas la tête, c'est pas du rock). Donc je décide d'aller passer cinq heures dans cette belle et mystérieuse ville qu'est Orléans. J'en ai parlé devant Sawyer, qui manigance parfois des choses tout aussi mystérieuses dans cette ville. J'ai toujours tenté de savoir de quoi il s'agissait, mais la fois où je l'ai suivi, lunettes noires sur le nez et vieille perruque blonde sur la tête, il s'est arrangé pour me perdre, faire un crochet par une ruelle, se retrouver dans mon dos et m'arracher la perruque en pleine rue piétonne, en hurlant qu'il était un homme marié et qu'il ne voulait plus que je l'agresse sexuellement. Après cette cuisante honte publique, il m'a ramenée dare-dare à la maison et je me suis fait enguirlander comme jamais...
Ah, Sawyer, cher Sawyer... Vous avez cinq minutes, que je vous le présente ?
Sawyer a un visage presque poupin, mais c'est un des plus vieux du groupe, sans compter Jin, qui est vraiment très vieux, mais je vous reparlerai de lui plus tard. Saw est Irlandais et a le physique qui correspond, aussi cliché cela puisse paraître ! Il est aussi un physicien-chimiste, il connaît beaucoup de produits chimiques ou naturels - surtout les venins de serpents et autres poisons, ce que je trouve assez inquiétant - et est surdoué en mécanique. C'est très pratique pour réparer tout ce qui est matériel domestique... En revanche, il est nul en informatique et je peux vous assurer qu'il est très amusant de le voir utiliser un ordinateur. C'est limite s'il ne fond pas en larmes lorsqu'il ne parvient pas à faire bouger la flèche de la souris... Et puis le voir chercher les lettres sur le clavier AZERTY est tout simplement tordant. Personne n'est parfait. Par contre, il est très autoritaire. C'est un peu lui le garde-fou du groupe. Je peux relativement compter sur lui s'il y a un souci avec Ove ou Jin. S'il dit « ça suffit », c'est que ça suffit. Par contre, vous êtes sûr de ne pas perdre votre sérieux avec lui. Dans le genre « j'ai tout vécu, que c'est fatiguant la vie... surtout la tienne ! », on ne fait pas mieux ! Il se dispute non-stop avec Boyd. On dirait qu'ils se haïssent du plus profond de leur être, mais en fait ils s'adorent. Ils s'arracheraient la langue plutôt que d'avouer ça, mais tout le monde le sait. Ils se critiquent en tout, mais ils ont pratiquement les mêmes goûts.
Je reviens à mon projet de voyage musical à Orléans. Saw voulait m'accompagner - à nouveau pour ses ''raisons personnelles'' et Boyd, qui écoutait aux portes, a à son tour décidé de venir. J'adore l'Américain, on a presque le même âge, je crois, donc ça nous rapproche davantage, même s'il me traite parfois comme une enfant.
- Au fait, il y a quoi à voir in Orleans ?
Prononcée avec l'accent Californien, c'est sûr que la ville de Jeanne prend un tout autre visage ! Saw a levé ses yeux verts au ciel : il dit toujours que Boyd est collant comme du chewing-gum. J'ai haussé les épaules et ai rétorqué :
- À part quelques pigeons et la FNAC, pas grand chose...
Un peu masochiste, Boyd a quand même insisté pour nous accompagner. Mais puisqu'il avait l'air d'y tenir... Je pense que c'était aussi pour aider Sawyer à se changer les idées : ce dernier déprime toujours pendant les périodes de Noël. Cette année, encore, ça s'est plutôt bien passé, mais il y a des fois où il disparaît pendant des jours sans laisser de trace, surtout aux alentours du vingt-quatre. Bref, il a quand même accepté que nous fassions le voyage tous les trois.
L'habituel souci s'est posé à la sortie du lycée, lorsque j'ai dû servir une nouvelle excuse pour qu'aucune de mes amies ne m'accompagne. Les Oncles m'interdisent formellement ce genre de mise en contact. Et oui, si vous vous posiez la question : ça fait partie des problèmes associés à la présence de ces espèces de gardes du corps au rabais.
Bref, à Orléans, on n'a rien fait de particulier. Marcher, discuter, entrer dans deux ou trois boutiques... D'accord, d'accord : une dizaine, mais il faut dire que nous avions tous les trois des besoins très différents : par exemple, Sawyer a voulu faire des emplettes dans un vieux dépôt militaire et son collègue outre-atlantique a fait provision de gros pétards à mèche dans une boutique de farces-et-attrapes.
Boyd a scotché une affichette sur la mairie : « Reward » avec une photo de pigeon en photo dessous, il a soupiré de plaisir en nous avouant qu'il rêvait de faire cette blague depuis qu'il avait été à Venise. Il avait ajouté le numéro de portable de Raven en dessous. Sawyer m'a fait les gros yeux lorsque j'ai voulu apprendre le numéro et a arraché la feuille en fusillant son ami du regard.
Je n'ai pas le droit de connaître leur numéro de téléphone, ni même le lieu où ils habitent, ça ne date pas d'hier... Mais c'est bizarre, non ? De ce que je sais, ils sont censés me protéger. En tout cas, ils m'envahissent et interfèrent suffisamment dans ma vie pour que j'aie le droit à cette contrepartie ! Malgré tout, je n'ai aucun moyen de les contacter. Je crois que j'ai passé les trois dernières années à tenter de les filer, mais comme je n'ai pas le permis... toutes mes tentatives pour en apprendre plus sur eux ont été tuées dans l'œuf.
En parlant d'œuf, vers cinq heures et demi, on s'est posés dans une crêperie plutôt sympa près de la cathédrale(1).
- ... et puis, c'est vrai que tu n'es pas nulle en physique ou en chimie, mais bon, il y a encore de la marge... m'a glissé doucement Sawyer, qui aime à s'improviser professeur particulier pour le seul plaisir de me dire que je suis débile.
- Trente secondes, guys, il y a un homme qui me fait de l'œil depuis tout à l'heure, nous a interrompus Boyd. Saw, ne te retourne pas, je veux qu'il croie que je suis seul.
Je vous l'ai déjà dit, Boyd ressemble physiquement à une femme. Une belle femme, même. En pouffant, je me suis tordue sur le fauteuil pour apercevoir qu'effectivement, à travers la vitrine, un homme dans la quarantaine adressait des clins d'yeux à mon Oncle. Il fumait un cigare.
- Wait a minute(2), a souri l'androgyne, on va rire.
- Boyd, tu es impossible, a soupiré Sawyer qui, impuissant, passait la commande à la serveuse. Une sucre-citron pour moi, une chocolat pour la jeune fille et une beurre salé pour sa grande sœur.
Il s'est retenu pour ne pas laisser échapper un cri de douleur : Boyd venait de lui adresser un bon coup de pied dans la cheville droite. L'androgyne a alors fait un petit signe de main au quarantenaire libidineux et, repliant son index dans notre direction, lui a lancé une muette invitation à venir nous rejoindre. L'homme a écrasé son cigare dans un pot de fleurs à l'entrée. Pendant ce temps, Boyd a prié Sawyer d'aller s'asseoir plus loin pour être sûr que son coup réussisse. J'avais un mal fou à m'empêcher de rire.
Ma « grande sœur » a replacé une mèche de ses cheveux derrière l'oreille et a adopté son air le plus féminin, plissant les lèvres en une moue mutine. L'homme a salué la serveuse, s'est avancé jusqu'à nous.
- C'est votre jeune sœur ? a-t-il demandé à Boyd en me désignant du menton.
Celui-ci a acquiescé d'un hochement de tête. Je me suis déplacée vers la gauche de manière à ce que l'inconnu puisse prendre place en face de mon oncle. Niveau pervers plus mille : vous auriez dû voir le vice qui suintait de son regard ! Et abruti avec ça : il n'a pas sorti un seul mot après s'être assis. Il souriait, bêtement. Boyd a pris sa respiration, l'homme a retenu la sienne.
Boyd a interrogé de sa voix la plus grave :
- Alors, mon chou, tu veux une crêpe ?
Même Sawyer a laissé un large sourire lui étirer les traits. La bobine de l'inconnu valait vraiment le détour. Vous voyez Vil Coyote dans les Looney Tunes ? Bon, vous vous représentez à présent la tête qu'il fait lorsqu'il se rend compte que la charge de dynamite qu'il a lancée sur Bip-Bip lui revient droit dessus. Voilà, vous savez plus ou moins quelle a été la réaction de notre pervers du jour. Affolé, il a repoussé la petite table et est sorti en trombe.
- Sale détraqué ! a-t-il craché à l'androgyne qui hurlait d'un rire à faire trembler les vitres.
Après ça, on a pu déguster nos crêpes. Pour une fois, Sawyer ne nous a pas fait la morale. La scène a dû beaucoup l'amuser pour qu'il se refuse ce petit plaisir...
Nous sommes ensuite ressortis pour nous rendre place d'Arc. À six heures et demi, il s'est trouvé que nous avons eu à nouveau faim. Nous nous sommes donc arrêtés place du Martroi devant une échoppe ambulante pour acheter trois nouvelles crêpes au Nutella. Il faisait froid, mais j'étais avec deux de mes plus gentils Oncles, en train de me barbouiller la figure de pâte à tartiner, en plein marché de Noël. Franchement, vous ne trouvez pas que ces petites bicoques en bois, ces gadgets qui ne servent à rien et la musique - la même, année après année - donnent un côté féérique au mois de décembre ? Pour moi, c'était le bonheur. C'est à ce moment-là que je l'ai vu.
Le coup de pression : le père de P¤¤¤¤¤¤, ma meilleure amie. Il me connaît bien, je le connais bien. S'il me voit avec deux types qu'il ne connait, eux, ni d'Ève ni d'Adam, je peux vous assurer que mes parents en entendront parler. Et mon amie aussi ! Je lâche un sec et nerveux :
- Dispersez-vous !
Le temps qu'ont mis mes deux crépophages à réagir m'a paru infini, mais en y resongeant, ils ont fait ça à une vitesse extraordinaire, sans poser aucune question, d'une manière ultra-naturelle.
- Bonjour ! Alors ! Ça travaille dur ! Je te prends en flagrant délit !
- Bonjour, monsieur. Ha, ha. J'ai un concert ce soir. J'en profite une petit peu.
Sourire filou, genre « vous êtes vraiment hilarant ».
- D'accord, salue tes parents pour moi ! Et fais attention à ne pas t'en mettre partout !
- Pas de souci ! Au revoir !
Ouf. Dernière épreuve franchie. Boyd et Sawyer m'ont rejointe, l'air de rien, après s'être assuré qu'il ne nous verrait pas.
- Merci les gars, je vous revaudrai ça.
- Pas de quoi, a répliqué Sawyer.
- Tell me(3), comment tu aurais fait si il y avait eu Ove ? s'est enquis Boyd d'un air curieux.
C'est vrai qu'avec lui, ça se serait certainement terminé très mal. Il en aurait profité pour me prendre par les épaules, voire pire... en tout cas je pense qu'il ne se serait pas gêné pour tout faire pour créer un scandale. Mais il y avait un détail qui clochait :
- Jamais Ove ne m'aurait accompagnée pour faire du shopping.
- Bien répondu, petite, a sourit Sawyer. Tu ne manques peut-être pas tant que ça de jugeote...
*
(1) Cette crêperie existe toujours à l'heure où j'écris ces lignes... Si un jour vous vous baladez près de la cathédrale d'Orléans, vous la découvrirez peut-être, dans une petite rue tranquille ! NdA
(2) Attends une minute. NdT, qui hallucine à la seule idée que l'auteur ait décidé de recorriger ce livre ridicule et qui demande au lecteur de cliquer sur la petite croix rouge en haut à droite avant qu'il ne soit trop tard.
(3) Dis-moi. NdT, qui se demande s'il ne devrait pas monter un syndicat, car il se sent exploité.
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