Chapitre 25




Harak s'avança progressivement en direction d'Holga et vrilla un instant son regard en direction de Svend qui fixait son ex-femme avec un regard glacial.

Il n'était pas dupe, et soupçonnait Holga de lui cacher bien des choses.

Il était déterminé à la faire parler de gré ou de force. Cependant il était conscient que Svend pouvait décider de son sort à tout instant.

Alors il se plaça à ses côtés de façon à le maîtriser si jamais il brûlait de bondir sur elle.

- Allons ! Parle ! Tonna Svend si fort que l'accusé sursauta. Bien que je crains que cela ne te mène à rien. Je ne te fais aucune confiance.

- Crois-tu que je serais revenue jusqu'ici dans le simple but de me faire exécuter pour trahison ? S'enquit-elle en lissant sa robe comme si ce geste suffirait à sauver son honneur.

- Je te connais trop bien pour être certain que tu ne fais rien sans avoir une bonne raison de le faire, répliqua Svend en croisant les bras.

- Pourquoi es-tu partie ? L'interrogea Harak en faisant un pas vers elle.

- Cet homme est fou, commença-t-elle d'une voix forte. Je me suis trompée et j'ai fait une erreur. Mon désir de me débarrasser de ton épouse m'a poussé à faire de mauvais choix. Je suis partie avec Oslac et lorsque nous avons rejoins l'endroit où il se trouve... C'était terrifiant. Le village qu'il a pris est mort et les gens qui y vivent sont en train de mourir.

Alarmé, Harak réprima l'accès de tension qui courrait dans ses mâchoires.

- Plus il perd des hommes pire il devient, poursuivit-elle une peur franche dans les yeux. Il ne s'arrêtera pas tant qu'il n'aura pas obtenu ce qu'il veut.

- Et que veut-il ? Lança Cadel au loin.

- Notre mort à tous.

Ses guerriers se mirent à rire à gorge déployée, mais Harak demeura impassible et secrètement inquiet.

Calister ne gagnerait pas ce combat, mais pouvait ôter encore plus de vie. Par sa faute.

Harak ne pouvait pas ignorer cette culpabilité qui le rongeait de l'intérieur. Dans cette forêt sombre et silencieuse, il aurait pu en finir avec lui, mais trop désireux de prendre le temps de se venger, Harak avait décidé de faire perdurer cette vengeance.

- Alors qu'il vienne ! Lança l'un de ses hommes avec bonne humeur. Nous sommes prêts à l'accueillir.

- Où est le piège ? Demanda Harak d'une voix si sombre qu'elle recula.

- Il n'y a pas de piège, je vous le promets à tous ! Je suis revenue jusqu'ici pour vous mettre en garde.

- Et Freya ? Renchérit son jeune frère en sortant du cercle formé autour d'elle pour s'avancer vers elle. A-t-il des intentions envers elle ?

Harak guetta la réaction d'Holga et un furtif ressentiment passa dans ses yeux. Cela signifiait que cette femme continuait d'éprouver une aversion pour sa femme. Il comprit alors qu'elle était enveloppée de mauvaises intentions.

Peut-être qu'une part de ce qu'elle disait constituait une vérité, mais il y avait une part de mensonges qu'il ne pouvait ignorer.

- Il veut se venger d'elle, répondit-elle d'une voix posée. Il n'accepte pas l'humiliation.

- Svend ? Qu'en penses-tu ?

Le viking pétri de colère se tourna vers lui.

- Je me méfie.

- Et moi je crois qu'elle ment ! S'emporta Einar en balançant sa corne remplie d'ale sur la table. Et moi on ne ment pas de cette façon !

Persuadé que Svend finirait pas sortir de ses gonds, il n'avait aucunement pensé que Einar le ferait en premier. Il s'avança jusqu'à lui pour le contraindre à reculer avant qu'il sorte sa hache pour en finir.

- Nous finirons par savoir ce que tu caches Holga, ajouta-t-il en la pointant du doigt d'un air menaçant.

- Emmène-là Svend, ordonna Harak en sentant à son tour la fureur s'emparer de lui.

Holga se laissa conduire par le viking sans protester et sous le regard éperdument triste d'Estrid.

Harak fut peiné de la voir à ce point désemparée.

- Cette femme est en train de nous mentir Harak ! J'espère que tu le sais, déclara Einar tout bas et sur un ton rageur.

- Évidemment, affirma-t-il sur un ton posé.

- Quel est le plan ? S'enquit Cadel l'air inquiet.

Il n'y avait plus le choix et il le savait. Calister bien que faible et presque sans armée constituait une menace perpétuelle et donnait la mort à des innocents.

- Attaquer, nous devons en finir définitivement avec lui, annonça Harak sombrement entre ses dents serrées.

Il s'agissait également de sa faute. Tant de personnes auraient pu rester en vie s'il n'avait pas laissé cette vengeance s'éterniser. Il se devait de mettre une fin à cela avant que sa vengeance le pousse à le regretter.

Freya...

Il songea aussitôt à cette jeune femme qu'il avait fait esclave de sa colère sans même juger bon de vérifier si elle était innocente ou coupable.

Cette jeune femme qui n'avait pas hésité à envisager la mort par pendaison plutôt que d'être l'épouse de Calister, mais qui avait consenti à devenir la sienne.

- Je suis d'accord, approuva Einar. Il est temps d'en finir avec cet homme et son armée. Je suggère de laisser passer les derniers vents cruels de l'hiver et de prendre chemin jusqu'à lui au moment où l'hiver sera totalement passé.

Einar avait raison, pensa Harak qui aurait voulu prendre la mer le plus tôt possible afin d'en finir.

Le Jarl s'éloigna en essayant de réprimer son amertume.

- Harak mon frère, ça ne va pas ? Lui demanda Cadel.

Silencieusement il jeta un regard à ses hommes qui se réjouissaient déjà d'une bataille sanglante.

- Tout est entièrement de ma faute, finit-il par dire en se servant une pinte. Si je n'avais pas ressenti le besoin de faire perdurer ma vengeance, nous n'en serions pas là.

- Je ne suis pas d'accord, dit Einar l'air grave. J'aurai fait exactement la même chose si on avait tué ma fille, ma femme ou ma sœur. J'aurai traqué mon ennemi jusqu'à ce qu'il en perde le sommeil.

- Il a tué femmes et enfants, précisa Harak froidement. J'aurai dû le tuer lorsque nous avons attaqué sa position. J'aurai pu le tuer mais j'ai préféré le blesser et lui prendre cette jeune femme que je pensais être sa femme.

- J'aurai agi de la même façon, insista Einar en posant une main sur son épaule.

Rien ne pouvait le rassurer désormais ou bien même apaiser cette culpabilité d'avoir laissé cette vengeance perdurer.

Il but d'un trait le breuvage puis décida de quitter la salle commune pour rejoindre sa maison.

Freya attendait qu'il lui rapporte les informations de cette réunion et prit de colère, il l'avait enfermé dans la maison en compagnie d'Erra.

Il en informa Einar qui le suivit hors du château.

- Tu agis avec elle de façon excessive, si je peux me permettre.

Harak lâcha un rire moqueur et assez froid.

- Est-ce bien toi qui vient de me dire ça ?

- Oui, même si je ne suis pas le mieux placé pour le dire, je me dois de t'en informer.

- Je réagis comme il se doit, se défendit le Jarl en marchant vers la maison d'un pas pressé de la retrouver. C'est ma femme désormais et elle est peut-être en danger.

- Je dois avouer que Calister est très tenace. Il est déterminé à te la rependre comme s'il s'agissait d'un jeu de pouvoir.

Une profonde jalousie atteignit le cœur froid du viking.

- C'en est un malheureusement et il suffit de la regarder pour comprendre rapidement le sens de ses motivations.

- Il est vrai qu'elle continue de faire tourner des têtes.

Harak grogna dans sa barbe.

- Et tu sembles te faire une joie de me le dire, marmonna-t-il.

Einar se moqua en lui tapant l'épaule.

- Parce que c'est tellement bon de te voir si attaché à autre chose que la mort.

Préférant ne rien répondre il ouvrit la porte condamnée en ignorant délibérément Einar.

Les deux hommes entrèrent l'un après l'autre et découvrit les deux femmes au fond de la pièce. La bonne humeur d'Einar le quitta rapidement et Harak lança un regard inquiet en direction de Freya qui se tenait au chevet de la jeune femme allongée dans son lit.

- Que s'est-il passé ! S'empressa de demander Einar en se précipitant vers le lit pour poser sa main sur le front de sa femme. Tu es souffrante ? Fiévreuse ?

- Je vais bien, assura Erra en souriant tendrement.

- Dans ce cas pour quelle raison es-tu allongée dans le lit du Jarl ! Gronda-t-il doucement tout en étant épris d'une folle jalousie qui n'avait aucun sens.

- C'est moi qui lui ai ordonné de s'y allonger, intervint Freya en se levant sans quitter du regard les yeux fous du viking. Son dos et son ventre la faisaient terriblement souffrir.

Les traits du viking se mirent à changer pour un peu plus de tendresse, sans doute conscient que cette fulgurante jalousie envers le Jarl n'avait aucun sens.

- Je dirais aux autres femmes de porter pour toi, j'ai trop tardé à l'ordonner.

- Ta femme ne doit plus porter, ni charge lourde, ni marmite, ni rien d'autre, lança Freya au viking sur un ton ferme.

Harak la rejoignit en fronçant les sourcils.

- Ma tendre, aurais-tu déceler un mal que la guérisseuse n'a pas trouvé ?

Les deux hommes la regardèrent avec une impatience qui fit sourire Erra.

- Elle porte ton enfant, et avant que tu m'accuses de mentir, sache que j'ai aidé beaucoup de femmes à enfanter. Je sais reconnaître une femme enceinte, les signes ne trompent pas, mais Erra a été trompé parce qu'elle a renoncé à ce désir.

Einar jeta un regard douteux sur Freya qui demeura insensible à sa méfiance.

- Nous avons renoncé à cela il y a bien longtemps maintenant.

- Je sais, mais je peux t'assurer qu'elle est enceinte. Les signes sont là, ces maux qui ne la quittent pas depuis plusieurs semaines me permettent d'affirmer sans le moindre doute que ta femme est enceinte.

Le vent tourna alors et de façon heureuse. Einar, fou de joie, plaça son visage sur le ventre de sa femme puis la souleva en restant digne. Sans doute qu'il ne voulait pas exposer son bonheur immédiatement et qu'il voulait être seul avec sa femme.

Harak les regarda partir en éprouvant une jalousie indescriptible qu'il eut peine à cacher.

Il avait longuement imaginé que cet instant de bonheur lui arrive aussi. Son désir d'avoir un fils n'avait jamais été aussi fort que depuis sa rencontre avec Freya.

- Je suis heureuse pour lui, murmura-t-elle en se retournant pour remettre de l'ordre sur la couche.

- Allons, dis-moi pour quelle raison tu me fuis du regard, ordonna-t-il d'une voix tendue.

Elle se retourna violemment.

- Harak tu m'as enfermé ! S'emporta-t-elle en le dévisageant avec colère.

- Je t'ai ordonné de rester ici et tu ne le voulais pas, rétorqua Harak en se penchant pour la dominer.

- Tu ne peux pas m'enfermer chaque fois que nous ne sommes pas d'accord, je suis ta femme.

- En effet tu l'es ! Gronda-t-il caressant son visage d'un regard fou.

Fou de désir et de colère mêlés.

Sa poitrine se soulevait de façon désordonnée et plus elle le regardait ainsi plus Harak brûlait d'écraser sa bouche contre la sienne.

- Tu m'as délibérément écarté, je sais que tu veux me protéger, mais ce n'est pas comme ça que...

- Tu es ma femme, que cela te plaise ou non, tu dois obéir lorsque je te donne un ordre que je juge bon.

Elle serra les lèvres, le regard scintillant...si scintillant que le Jarl se demandait si cette colère avait un sens ou non. C'est comme si elle essayait de le provoquer délibérément.

- Ma tendre épouse, seriez-vous en train de me mettre délibérément en colère ?

- Par mérite, répondit-elle aussitôt. Cette journée a été éprouvante et pas comme je l'avais espéré. Je suis profondément en colère.

Ses joues se mirent à rosir et un puissant désir rugit dans les veines du viking.

D'une main assez féroce il agrippa sa robe pour la pousser vers lui et retira les lacets qui retenaient sa poitrine.

Elle ne protesta pas et accueillit son baiser sauvage. Il l'embrassa avec une fièvre folle tout en faisant tomber le tissu de ses épaules afin de libérer ses seins. Sans attendre, alors qu'un besoin indescriptible les galvanisait l'un comme l'autre il la souleva par les cuisses et la cloua au mur. Il souleva sa robe et c'est avec un coup de reins fiévreux qu'il la pénétra.

Freya perdait la tête depuis des heures et plus encore maintenant. Peut-être l'avait-elle délibérément provoqué, mais elle en savourait les conséquences.

Elle s'accrocha à ses épaules en se retenant de céder immédiatement au plaisir. Le viking se fondait en elle avec une rapidité et une puissance qui la priva de sa voix. Il prenait un plaisir sombre à la torturer avec sa bouche qui se baladait partout sur sa gorge et sur ses seins. Ses râles se faisaient de plus en plus forts et expressifs. Freya ferma les yeux en goûtant à ce plaisir divin qui irradiait chaque parcelle de son corps. Cette étreinte urgente fit rugir en elle un besoin absolu de lui montrer qu'elle n'était pas seulement une petite chose fragile mais une femme avec des pensées, des envies et des colères.

- Alors, êtes-vous calmé ma bien-aimée ? Chuchota-t-il contre ses lèvres.

Elle ouvrit les yeux et lut dans les yeux du viking qu'il était fier d'avoir gagné, mais pour Freya il ne s'agissait pas d'une victoire, mais d'une preuve de plus qu'elle était tombée en amour pour cet homme dont le cœur battait certes...mais pas comme elle le souhaitait...

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