Freya posa sa main sur la porte qui donnait à l'arrière de la demeure et essaya de l'ouvrir en constatant que celle-ci avait été fermée à clé. Une frustration soudaine la fit soupirer et elle posa son front contre le bois.
Il devait bien avoir une raison autre que son manque de confiance en elle pour qu'il veuille l'enfermer de la sorte.
Toutes les autres esclaves pouvaient déambuler dans le village sans être inquiétées.
Épuisée de vouloir comprendre son maître elle tourna les talons pour revenir dans la pièce à vivre afin de raviver le feu. Elle venait d'achever toutes ses tâches et Freya commençait à se demander si elle ne devrait pas lui en demander plus pour que le temps passe plus vite.
Pendant un instant, perdue dans ses songes elle crut entendre sa voix en se laissant convaincre qu'il s'agissait de son imagination.
De force, elle s'arracha à ses pensées et entendit la porte principale se déverrouiller.
Freya se leva pour l'accueillir avec toujours ce même nœud dans l'estomac qui l'empêchait presque de respirer.
Il passa la porte en se baissant puis se redressa totalement en laissant apparaître sur le mur derrière lui les ombres terrifiantes qui reflétaient son âme.
Les mains nouées devant elle, Freya se risqua de le regarder dans les yeux et se retint de hoqueter en découvrant avec peur que son visage était grimé d'encre noire comme la nuit de son enlèvement.
Du sang encore frais coulait de façon très lente sur ses traits ciselés et ses mains étaient ensanglantées.
Freya se mit à respirer très vite en peinant à déglutir tandis que le Jarl se contentait de la regarder avec cet air impassible et effrayant.
Ensuite un furtif sourire gagna ses lèvres dures entourées de cette barbe sombre.
Freya fit un pas en arrière et le viking en fit un en avant. Il semblait prendre plaisir à la tourmenter avec cette vision de lui tout aussi terrifiante que dans les bois.
- Alors femme, suis-je assez sanguinaire à ton goût ? Est-ce là l'image que ton protecteur voulait que tu aies de moi ? Cette narration te plaît ?
Freya buta contre la table et faillit renverser les bols.
- Si vous essayez de me faire peur sachez que c'est inutile, lui dit-elle peinant à soutenir son regard.
- Tu as déjà peur, je n'ai donc aucune raison de le vouloir en cet instant précis, répondit le viking en posant sa hache tachée de sang sur la table.
Freya sursauta au bruit de la lame rencontrant le bois et ferma les yeux un instant.
- Alors pourquoi ?
- Pour que tu sois rassurée sur ce point que tu peinais tant à comprendre. Je te traite selon ma volonté et ce n'est pas parce que tu n'as pas encore reçu le fouet que je demeure pas moins un impitoyable sanguinaire au cœur froid.
Des frissons dans les mâchoires elle suivit une goutte de sang perler sur le sol puis en autre. Son cœur martelait ses tempes jusqu'à les rendre si douloureuse qu'elle fut prise de vertige.
Il se rapprocha encore, et elle ne pouvait plus reculer.
- J'ai compris, s'entendit-elle murmurer en gardant les yeux baissés.
- Alors si tout est limpide, je voudrai prendre un bain pour me nettoyer. Ce raid était peut-être court mais ô combien sanglant.
Freya le soupçonnait de la faire volontairement frissonner de peur, mais elle préféra juguler la panique qui tentait de la submerger plutôt que de la lui montrer.
De plus le viking avait l'air heureux, fièrement satisfait de montrer les empreintes de ce raid qui se continuait de perler sur son visage.
Elle se faufila dans la salle des bains afin de préparer l'eau tiède et des vêtements propres.
Durant la préparation Freya ne l'avait pas entendu progresser dans sa direction et sursauta lorsqu'elle le sentit trop proche. Son dos en particulier fut saisi de frissons glaciales, et plus elle tendait l'oreille plus Freya décela un bruit proche d'un bruissement de vêtement.
Les joues embrasées alors que le reste de son corps tremblait comme s'il venait d'être fouetté par un vent froid, Freya comprit trop tard qu'il était en train de se débarrasser de ses vêtements.
Pour tromper son cœur battant, Freya se détourna pour mieux s'éloigner mais une main ferme et puissante l'en empêcha.
Était-ce le moment de fermer les yeux ou bien de les garder ouverts et de les relever ?
- J'ai besoin de toi, annonça-t-il en montant dans le bain sans lâcher son bras.
Il l'attira vers le bain dans lequel il était en train de s'asseoir en provoquant des vagues monstrueuses.
- Que voulez-vous que je fasse ? Demanda-t-elle d'une voix mal assurée.
- Aide-moi tout simplement, j'exige ta présence.
Freya releva les yeux sur le viking qui ne la regardait même pas, mais qui avait les yeux fermés, savourant peut-être l'eau chaude.
Devant ce corps trop imposant pour être réel, Freya tourna la tête vers la droite et avisa le linge propre avec panique. Pourtant, elle s'en saisit et le plongea dans l'eau pour essuyer les traces de sang séchée sur ses larges épaules.
Elle tamponna d'une main mal assurée, et au lieu de la contraindre à s'appliquer, le Jarl poussa un grognement de satisfaction.
Voulait-il se jouer d'elle pour connaître ses limites ?
Freya savait au tréfonds d'elle-même qu'elle se posait trop de questions et pour la plupart inutiles.
Elle était son esclave et lui son maître. Elle lui devait obéissance.
À cette pensée son cœur s'accéléra.
- Tu ne me demande pas comment c'est passé mon raid ? Lança-t-il soudain en la déstabilisant.
Freya dévisagea ses épaules en pressant le linge dans sa main.
- Comment c'est passé le raid ? Demanda-t-elle alors le cœur battant à la chamade.
Il se redressa en accrochant les rebords avec ses mains encore empreintes de sang.
Elle plongea le linge dans l'eau propre et le posa dans dos. Son geste fut interrompu. Il prit son poignet pour qu'elle se place sur le côté et plongea son regard noir dans le sien.
- Edmund Calister est encore en vie, commença-t-il d'une voix grave. Il est blessé mais en vie.
Freya frémit alors que sa bouche commençait à être envahie par un goût amer.
- Aujourd'hui je me suis dirigé vers le nord pour attaquer le peu d'hommes qu'il lui restent et bientôt très bientôt je le tuerai.
- Pourquoi vous ne l'avez pas fait dans la forêt ?
- Parce que je voulais qu'il souffre et je voulais lui prendre sa femme, dit-il avec un éclat de rage dans la voix. Mais tu n'étais pas sa femme, poursuivit-il en la regardant droit dans les yeux. Du moins tu ne l'étais pas encore.
- De force, précisa-t-elle sans craindre les représailles parce que son honneur était en jeu. Je ne voulais pas l'épouser, il voulait m'y contraindre.
- Aurais-tu choisi la mort plutôt que de partager son lit ? S'enquit-il vivement.
- Avant votre attaque, je songeais à la mort, avoua-t-elle la gorge sèche. Je crois que je n'aurai pas pu survivre s'il m'avait forcé.
- Et aujourd'hui il te cherche, conclut le viking un rictus menaçant aux lèvres.
Freya ravala un hoquet de peur en le dévisageant. À en croire les lueurs dans ses yeux il savait quelque chose qu'elle ignorait. Son ventre se noua à l'idée terrifiante qu'il puisse la retrouver pour la contraindre à l'épouser.
- Il me cherche ?
- Il pense que tu l'as trahi, répondit le viking sans saveur dans la voix. Il doute de la façon dont tu as disparu de ton village. Il te soupçonne d'avoir volontairement pris la fuite avec nous pour échapper à votre mariage.
Son sang se glaça et la pâleur gagna son visage.
Elle secoua de la tête, les larmes aux yeux.
- Il va s'en prendre à mon village, il va tuer Arkin et sa femme, oh non mon Dieu !
Elle se redressa péniblement, les yeux troublés par un voile qui l'empêchait presque de voir.
Une main ferme la retint, la forçant à faire face à son maître dont les traits s'étaient violemment obscurci.
- Sais-tu à qui tu t'adresses femme ?
- Oui ! Pardonnez-moi, murmura-t-elle en baissant les yeux.
- Ton village est assiégé par mes hommes, aussi Arkin et sa femme ne risquent rien.
Cette nouvelle fut à la fois un soulagement et une angoisse qui lui noua la gorge. Arkin maudissait les vikings, songea-t-elle en soutenant le regard de son maître.
Cependant avait-il trouvé la force de faire taire son aversion pour eux afin de garder la vie sauve ?
- Quant à toi, il faudra qu'il m'atteigne pour t'avoir, acheva le guerrier en se levant brusquement.
Le bruit des vagues fut plus intense, puis un ruissellement de gouttes sur son corps nu accompagna le son assez féroce de ses respirations sauvages.
- Il sera mort avant, ajouta-t-il d'une voix de gorge.
La jeune femme qui normalement aurait dû garder son regard baissé le releva lentement sur ses longues et interminables jambes musclées.
Elle ne put empêcher le moment où ses yeux se posèrent sur son sexe et en fut bouleversée jusqu'à ce qu'elle décide de remonter progressivement son regard sur ton torse viril.
- Parce que tu m'appartiens dorénavant, dit-il en retour de son silence.
Il sortit de l'eau, la laissant sans voix et immobile comme si le viking avait trouvé le moyen d'aspirer ses dernières forces.
Harak esquissa un faible sourire presque indéchiffrable en observant la belle jeune femme se fondre dans cette timidité qui la rendait aussi vulnérable qu'une biche. Il baissa son regard sur sa poitrine qui se soulevait trop rapidement et fut saisi d'un ardent désir à peine contrôlable. Il n'avait pas besoin de regarder son sexe pour savoir qu'il était en proie à la douleur de devoir résister à son esclave.
Harak serre le poing en s'imaginant la saisir violemment par la taille afin de l'allonger sous lui pour la prendre avec autant de férocité que le désir qu'elle provoquait en lui.
Seulement Harak se savait capable de la briser alors il recula pour la toiser de la tête aux pieds.
Frêle, si jeune, si petite de taille comparé à la sienne qui faisait de lui un géant comme on aimait tant le surnommer...
" Tu vas la tuer ! " se cria-t-il intérieurement.
Il passa sa tunique à la hâte et termina de se vêtir rapidement.
Elle ne bougea pas, et sans peut-être le vouloir remua sa bouche avec une telle sensualité qu'il serra les mâchoires sans jamais la quitter des yeux.
- Ainsi tu préfères rester la captive d'un viking plutôt que de plaider ta cause auprès de Calister qui peine à ressembler à un vrai homme de pouvoir ?
- Oui, lui dit-elle en le regardant.
- Pour quelle raison ?
- Je préfère mourir entre vos mains plutôt que les siennes, répondit-elle d'une voix plus assurée. Si Calister me reprends, je n'aurai plus d'honneur, je n'aurai plus rien. Je m'y refuse tout comme je me refuse à lui donner...
Elle s'interrompit comme si elle était prise de nausées
- Ton corps, conclut Harak.
- Oui.
- Mais tu ne crains pas que je puisse le vouloir aussi ?
Elle écarquilla les yeux, l'air terrifié.
- Jusqu'ici vous m'avez fait comprendre que...et je m'efforce de vous croire.
Harak fut tenté de la tromper, mais il n'eut pas le cœur à lui faire croire qu'il pourrait trahir sa parole.
En revanche il en avait assez de ne pas trouver plus de satisfaction et de plaisir auprès d'elle.
Alors sans prendre la peine de la prévenir il agrippa ses mâchoires et attira son esclave vers lui pour se pencher en avant afin de capturer sa bouche avec force. Elle ne le repoussa pas malgré le faible appui de ses mains sur son torse. Harak ne lui donna pas le choix et savoura la douceur de ses lèvres avant de se redresser totalement.
Elle vacilla sur ses pieds, retenue par la seule force de sa prise sur ses joues rosées.
Harak la relâcha pour s'éloigner d'elle avait que le sanguinaire en lui se manifeste et lui ordonne de prendre la jeune femme jusqu'à l'aube.
Il quitta la maison pour mettre une grande distance entre eux même si cela était inutile car déjà, il brûlait de la rejoindre pour achever cet ardent baiser.
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