I. Acta Est Fabula*
Ne dit-on pas que les roses poussent parmi les épines ? Mais quel est le prix pour la cueillir?
En - 19 av J.C :
Dix ans plus tard, celui que l'on nomma Octavien se proclama Caesar Auguste et prit le titre d'Empereur. Rien ne pouvait se mettre entre Rome et lui. Les oracles avaient été claire sauf un qui lui prédisait sa perte.
Depuis la tentative d'assassinat contre sa personne, le même sinistre songe hantait les nuits de l'Imperator Auguste César le rongeant intérieurement.
Près du Tibre, une rose d'une pureté si éclatante, si belle qu'il fût impossible de ne pas céder à la tentation de la cueillir.
Le tonnerre gronda et les éclairs jaillirent.
Quelques gouttes de sang tombèrent sur le sol. Puis, la blanche rose se transforma en une perfide et menaçante vipère noire qui planta ses crocs acérés dans la main droite avant de s'échapper.
Pétrifié, le pontife romain vit l'eau du fleuve sacré se changer en un torrent de sang. La cité romaine trembla puis trois femmes aux visages sévères, avec des couronnes de narcisses, se révélèrent à lui. L'une en stola bleue, quenouille à la main qui descendait du ciel vers la terre filait , l'autre de rose vêtue déroulait le fil et la troisième entourée de pelotons de plus ou moins gros mesurait la cordelette.
—La paix a un prix, Octave, dit la première.
—Qu'es-tu prêt à sacrifier pour le trouver ? Vos destins sont liés, tu as pris sa place, déclara la seconde en séparant deux fils.
-Tu as créé la personne qui te détruira. La pièce est jouée." finit la troisième en coupant la ficelle.
Il tourna sa tête à droite et vit sa Livie emporter par les flots enragés rouge pourpre criant à la trahison. Puis, il distingua dans la pénombre un homme portant une couronne de laurier habillé d'une toge blanche traverser le Rubicon .
—Tu n'es pas mon héritier , Octave.....
Suintant, Auguste se réveilla dans un sursaut avec une peur viscérale. A sa droite, Livie dormait paisiblement dans le lit du Palais Omri. Le cœur cognant contre sa poitrine, il se leva pour se diriger vers la fenêtre à la recherche d'une brise d'air frais sous la chaleur écrasante. Les premiers rayons du soleil perçaient la profondeur de la nuit. Il observa avec intensité son couronne d'épis or dans ses mains.
Bientôt tout prendrait fin , ici , au royaume d'Hérode le Grand.
*** ***
Le vent violent balayait la terre poussiéreuse emportant les grains de sable. Les sabots d'un cheval galopant à toute vitesse foulèrent le terrain sauvage et rocailleux.
Les pattes puissantes de l'animal escaladaient une colline aride sous le soleil ardent. La couleur noire jais étincelait de sueur. Le vent fouettait la crinière du beau pur sang arabe. Le voile ébène du cavalier porté comme un litham bouffait sous l'effet de la bourrasque. Pour se protéger du sable qui virevoltait, il plissa ses yeux dorés longés par une rangée de longs cils noirs. Le cavalier tourna de trois quart pour mirer ce qui restait derrière lui.
Des vautours survolaient le ciel où une épaisse et sombre fumée s'échappait du village en contrebas de la vallée. Son cœur s'emballa aux sons des complaintes. Les tragiques hurlements déchiraient le funeste silence dans lequel était plongé le désert. Ces effroyables cris glacèrent le sang du cavalier, attisant les pleurs d'un nouveau-né qui s'élevaient dans les collines. Les braillements s'intensifièrent réveillant les aboiements des chiens de guerre des soldats sanguinaires d'Hérode le Grand.
Après avoir ordonné à sa monture d'accélérer sa cadence, le cavalier souleva le linceul couvrant le panier en osier devant lui. Apparut un bébé joufflu avec quelques cheveux noirs souples sur la tête époumonant.
— Calme-toi! Tout va bien, nous sommes bientôt arrivés, souffla d'un air grave sous les pleurs du nouveau qui résonnait dans tout le désert.
La voix douce et calme du cavalier apaisa le poupon âgé d'à peine quelques mois qui s'arrêta pour l'admirer de ses grands yeux jais ce visage familier .
— Areuh....Areuh, gazouilla l'enfant en tendant ses bras potelés.
Soulagé, le cavalier soupira puis jeta un coup d'œil par dessus son épaule pour découvrir avec frayeur que les cavaliers en uniforme d'étain le poursuivaient.
— Sois sage, dit il en recouvrant le linceul sur le panier en osier en lançant le cheval à tout allure.
Alors que l'espoir commençait à s'essouffler comme les derniers rayons du soleil, il distingua les lumières des flambeaux de la ville de Césarée. La vision de sa mère bienveillante se manifesta. Sa mère agitée prit un panier d'osier dans la cuisine puis installa le bébé tandis que Gaius épiait des nuées de sable au loin.
— Lorsque tu arriveras à Césarée, rends-toi chez David le Samaritain, répéta sa mère en attelant le pur sang arabe. C'est la dernière maison de l'acropole. Dis lui que tu viens de la part de Yara.
— Et Papa ? et toi ?
La main sur l'épaule du bel adolescent qui la dépassait d'une tête, elle agrippa son visage puis posa son front sans le lâcher du regard puis donna ses instructions:
— Ecoute-moi bien Gaius, mon fils, tu es bien plus courageux que tu le crois. Il faut que tu partes sans regarder le passé. Nous nous en sortirons.
—M-M-Mais.....
—Il n'y a pas de mais qui tienne! Tu dois te rendre là où IL ne te cherchera pas.
— Il ? Qui est cet homme ?
— Prends le premier bateau pour Rome où tu trouveras le consul Titus. Il ne vous trouvera pas. Ne te sépare jamais d'elle. Elle n'aura désormais plus que toi. M'as-tu comprise ? insista-t-elle en posant le panier en osier sur la monture.
Avec émotion, elle regarda l'enfant qui dormait paisiblement et jeta un regard empli de tendresse à son fils, en lui caressant de sa main rugueuse mais fine. Gaius acquiesça gravement puis déposa un baiser sur le revers de la main de mère dont quelques mèches qui s'échappaient du voile virevoltaient au gré du vent. Il tenta de graver cette image dans sa mère, son odeur si suave et ambrée qui caractérisait tant sa coquette mère.
Il déglutit péniblement en se rendant compte que sa mère, si forte et courageuse, tremblotait. Il acquiesça alors que sa mère lui tendait une lettre. Elle détacha son collier puis le glissa dans le panier. Les protestations des villageois s'élevèrent indiquant que la garnison était aux portes du hameau. Yara déposa un ultime baiser sur le front de son bébé puis un autre sur les mains de Gaius avant de donner une grande claque sur les flancs du cheval qui démarra au quart de tour.
L'adolescent se retourna pour contempler une ultime fois sa matrone dont la silhouette rétrécissait pour ne laisser se dessiner que son voile qui flottait au gré du vent.
*** ***
Aux aurores, Gaius accompagné de David le Samaritain se dirigèrent vers le port de Césarée où était amarrés des bateaux marchands près des flottes militaires romaines. Parmi cette horde de bateaux, l'un d'eux dont le mât du pavillon hissait un aigle royal se remarquait par sa grandeur .
Ils se rendirent en jetant des coups d'œil furtifs derrière eux vers un bateau à trois mâts avec des grandes voiles carrées prêt à voguer. David glissa quelques mots au contremaître avant de reculer pour montrer une bourse bien remplie. Une fois payé , le contremaître d'un signe de la tête autorisa Gaius de monter à bord.
—Sois prudent mon petit-fils! souffla le vieillard avant de le serrer dans ses bras.
Le riche commerçant le lâcha puis lui ordonna de lire la missive de sa mère une fois dans les mers avant de s'éclipser avant que les Romains ne l'attrapassent.
Au moment où le bateau largua les amarres, Gaius , cheveux au vent, savoura les quelques instants de répit. Quelque chose lui disait que ce péril vers l'inconnu ne serait pas facile. Il sortit le bambin qui dormait paisiblement. Tout en le berçant, il scruta l'horizon au loin où les lumières de la ville portuaire s'effaçait. Silencieusement, il fit ses adieux à son village en espérant retourner bientôt auprès des siens.
Les soldats d'Hérode le Grand et des légionnaires débarquèrent sur le quai à la recherche de l'adolescent.
*** ***
Pendant ce temps-là, un homme aux épaules larges pénétra dans le hameau désolé qu'il trouva étrangement calme. Le cheval se cambra inquiet puis hennit refusant d'avancer. D'un saut , il descendit de sa monture puis un odeur de brûlé le prit à la gorge pendant que des rapaces croissaient. D'un sang froid olympien, il sortit un poignard puis scruta les alentours où quelques moutons braillaient faiblement . Il toucha les murs d'une habitation puis découvrit que ses mains étaient noirâtres de suie.
Les Romains.....
Dans la pénombre du petit matin, il distingua une maison encore intacte : la sienne. Un mauvais pressentiment le prit aux tripes.
Tout au long du chemin était dressés les corps de ses amis, voisins crucifiés que les rapaces picoraient .
Une seule pensée l'obsédait: sa famille. Ses jambes s'actionnèrent toutes seules pour courir vers la maison blanche. Avec horreur, il vit sur le seuil de sa demeure où les corps sans vie décapitées de sa femme et de sa cadette.
Un râle viril et puissant perça la morbide quiétude faisant fuir les rapaces étouffés.
En implorant leur pardon, il plongea sa tête dans le corps inerte de la femme qu'il avait tant aimée. Il essuya ses larmes mêlées du sang de ses bien-aimés. sur son visage.
Il ouvrit avec prudence la porte en bois marquée de la lettre A où les têtes de ses êtres chers l'accueillaient plantées sur des piloris .
Effondré et révulsé par tant de barbarie, il tomba à genoux, les bras ballants. Cependant il remarqua que deux de ses enfants manquaient. Avaient-ils péri dans l'incendie ou avaient-ils réussi à s'échapper ?
Il retourna toute la maison avant de s'écrouler sous le poids de la culpabilité. Dépité, il regarda les visages aux lèvres bleues devant lui.
Un éclat brûlait au fond de ses yeux ténébreux, les flammes de la vengeance y chancelaient. Il savait ce qu'il devait faire :
Lui , Julius Philopator Caesar se vengera et détruira tout ce que Caius Octavius chérissait. Il tuera de ses propres mains l'auteur de cette tragédie.
Fin du Chapitre 1
Qu'en avez-vous pensé ?
En média: Gaius Julius Philopator: le fils de Césarion
Navrée pour les fautes d'orthographe et n'hésitez pas à me les signaler.
N'hésitez pas à me faire part de vos impressions et commentaires!
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