Sa nouvelle vie commençait dans le noir complet. Il faisait si froid qu'elle en tremblait. Une odeur de pourriture et de renfermé emplissait ses narines.

Un bruit lui écorcha les oreilles. Peu importe où elle se trouvait, en tout cas, ça bougeait...

Elle perdit l'équilibre et tomba au sol sur une grille. La peur emplit son corps entier. Son cœur battait la chamade et elle sentait une crise d'angoisse la gagner...

Ses yeux s'habituèrent à la pénombre. Elle était enfermée dans une cage qui montait à une vitesse alarmante. Elle aurait voulu que tout se stoppe maintenant. Elle ne réalisa même pas que des larmes roulaient sur ses joues.

Puis elle hurla.

Un cri à en effondrer les murs. Puis son cri se mélangea à ses pleurs. Elle avait si peur...

Elle réussit à se calmer après un énorme effort sur elle même. Elle sécha ses larmes et appela.

-Eh oh ! Y'a quelqu'un ?! Répondez !

L'ascenseur continuait de monter mais plus lentement. La ferraille grinçait contre les murs.

Elle entendait son cœur tambouriner dans sa poitrine. Où était-elle. Qui était-elle...

Sa tête la faisait horriblement souffrir. Elle se réfugia dans l'un des angles de l'ascenseur et remonta ses genoux contre elle-même. Elle avait tellement peur.

L'ascenseur s'arrêta dans un grand fracas qui la fit basculer puis plus rien.

Elle attendit, appelant à l'aide mais personne ne répondait.

-Eh ! Est-ce que quelqu'un m'entend !

Une fine ligne de lumière apparût alors au-dessus d'elle.

D'abord éblouie, elle baissa la tête, puis des voix se firent entendre.

-R'gardez moi ça ! Une nana !

-Eh ! Appelez Mary !

-Eh eh pas trop mal en plus !

-Reculez-vous, je ne vois rien !

-dégagez de là bande de plonk !

-Petit cadeau pour fêter nos un an ici faut croire !

Elle releva timidement les yeux et aperçut des dizaines de garçons autour de sa cage. Elle se sentit alors encore plus terrorisée qu'elle ne l'était avant.

Qui étaient-ils ? Pourquoi l'avaient-ils amené ici ? Qu'allaient-ils lui faire ?

Elle avait réellement peur d'eux. Elle voulait qu'ils s'en aillent. Elle voulait crier et les voir partir.

L'un d'entre eux, à la carrure imposante, aux cheveux châtains clairs et au visage carré sauta dans la cage et se pencha vers elle.

-Ça va ? Tu te sens bien?

Elle ne répondit pas. 

Il se redressa de toute sa taille qui se révéla être très importante et cria :

-Eh ! Billy ! Va chercher Mary ! Et un metjack aussi.

Il se racroupit face à elle et proposa:

-Tu veux bien que je t'aide à sortir de là ?

Toujours pétrifiée, elle eût du mal à acquiescer.

-Super, dit-il en la portant.

Elle tremblait de tous ses membres. Il la déposa sur le sol et elle pût enfin contempler les différents visages autour d'elle. Tous braillaient en parlant d'elle.

-Un aut' gonzesse !

-Au moins ça nous changeras de cette vieille odeur de transpi', je vous parie qu'elle sent la rose !

-Alors ce sera qui le premier.

Sa respiration s'accéléra de nouveau.

-Laisse en pour tous les monde George !

-Fermez tous vos gueules ! Allez, chacun retourne à ses occupations où ce soir y'a pas de repas !

Ils s'exécutèrent en grommelant.

Le garçon de grande taille s'approcha d'elle.

-T'inquiètes pas, ils ont du plonk dans le cerveau, mais ils sont pas méchants.

Elle voulait s'en aller en courant ; n'importe où ne pouvait pas être pire qu'ici.

-Écoute je vais avoir besoin de ta coopération mais avant...

-Alors comme ça t'as besoin d'un met' ?

Un garçon aux cheveux blonds, avec des épaules larges et une balafre sur la joue vint vers eux.

-Ah Sean ! Je te présente notre nouvelle blocarde. T'as pas vue Mary ? J'ai envoyé Billy la chercher y'a trois plombes !

-Gally et elle, devaient encore être occupés...

-Je vais me les faire ces deux-là... grommela-t-il.

-Bref, je suppose que c'est pas pour ça que tu m'as appelé ?

-Elle a besoin d'être soignée au front.

Mécaniquement, elle toucha le haut de sa tête. Du sang coulait sur ses doigts. Le gars blond s'approcha d'elle et regarda.

-C'est pas profond, faudra pas faire de points. Allez suis-moi, y'aura besoin de désinfecter tout ça !

Mais ses jambes refusaient d'avancer. Elle n'avait toujours pas prononcé un mot, elle était juste terrorisée.

-Tu viens ?

Elle ouvrit la bouche pour parler, la referma, bougea la tête, écouta son cœur qui allait se décrocher et enfin parvint à articuler :

-On est où ?

George vint se placer face à elle, les mains sur ses épaules.

-Fais-toi soigner par Sean, puis rejoins-moi avec les autres sous le préau.

Elle ne comprenait rien. Et la colère allait presque finir par l'emporter sur la peur.

-Je suis où ?

Répéta-t-elle sans broncher.

-Ces nouveaux, tous les mêmes, soupira Sean.

-Pour l'instant, tu fais ce qu'on te dit tu ne discutespas, ici c'est comme ça compris ?