Chapitre deuxième✓

Plus aucun son. Tout semblait s'être arrêté. Tout ce que voyait la petite Neima était le corps inerte de sa mère gisant dans une flaque de sang, un couteau planté dans le ventre. Les larmes dévalaient d'elles mêmes sur ses joues.
Soudain elle se jeta sur ce corps dépourvu de vie. Elle s'épris à caresser une dernière fois ses cheveux, sa peau,elle était froide. Elle la pris une dernière fois dans ses bras en aspirant une dernière fois son odeur florale.
Ce sentiment qui l'habitait était indescriptible, l'impression d'avoir un étau sur le coeur. Tant de questions submergèrent son esprit de préadolescent : que s'est il passé ? Qui a fait ça ? Pourquoi elle ? Qu'allaient ils devenir ? Qui s'occupera d'eux à présent? Khadija, sa mère représentait tout pour eux , le pilier, le rempart, la source, celle qui écoutait, conseillait. Certes elle criait de temps en temps, a raison pour sur. C'était par moment effrayant d'ailleurs. L'on avait l'impression de voir des éclairs dans ses yeux. À cette pensée, la jeune fille laissa échapper un soupir de détresse qui eût pour effet de faire redoubler son flot de larmes.

Prince, le père de famille entra dans un de ces vacarmes, l'air débraillé : chemise froissée et déboutonnée, lacets défaits et de plus il tenait une bouteille de Jack Daniels vide aux trois quarts. Il se mit à pleurer et l'invita à venir dans ses bras. Dévastés, ils restèrent un long moment ainsi sans dire un mot. Après un moment Neima se décida à poser la question qui lui brulait les lèvres depuis lors

- Que s'est il passé papa ?

Il eût un hoquet. Elle lui pris la bouteille des mains et la déposa sur le plan de travail. Il ouvrit la bouche pour parler puis la referma. Il se passa les mains sur le visage puis commença son récit

- Je suis passé manger à 14h comme d'habitude..... Arrivé j'ai trouvé la porte entrebâillée...les pièces étaient sens dessus dessous..... J'ai cherché ta mère partout sans succès, puis je suis venu ici et c'est là que l'ai trouvée ainsi.....

Il continuait de parler mais elle ne l'écoutait déjà plus, ayant partiellement obtenu réponse mais lui continuait son long monologue sur ses émotions, sur ses regrets. Mais que faire à présent ? Les faits étaient là !
Elle l'interrompit en posant sa main sur son avant-bras

- Papa je crois qu'il vaudrait mieux l'emmener à la morgue

Il acquiesça puis demanda

- Où est Vladimir ?
- Je n'en sais rien il s'en allait à mon arrivée

Le nécessaire fut fait pour acheminer son corps à la morgue. C'était déchirant pour tous ceux qui l'aimaient de la voir ainsi. Neima se changea et attendit les autres puis entreprit de nettoyer la cuisine.

Une fois fait elle réchauffa le repas au cas où. Personne ne rentra ce soir là et elle dut passer la soirée sur le canapé devant d'anciennes vidéos d'anniversaire, où elle revoyait le sourire de sa mère illuminer l'écran.

Le réveil au matin fut encore plus horrible. N'ayant pas la force d'aller en cours donc elle resta à la maison. En soirée Nathalie, son amie lui écrit pour demander où elle était passée et avoir de ses nouvelles. Ce à quoi elle lui répondit en lui faisant savoir ce qui s'est passé.

Elle appella à plusieurs reprises mais la petite ne décrocha pas. D'autres de ses camarades aussi. Elle se sentait vidée d'émotion. Et parler de... Ça, lui serait trop dur.
Durant tout le reste de la semaine elle vit à peine son père, qui ne fit qu'effectuer des aller-retours brefs sans trop prêter attention à quoi que ce soit. Elle se dit que ça devait être le supplice pour lui. Samedi on l'enterra et durant toute l'homélie du prêtre son regard resta figé sur sa mère pour graver à jamais son image en elle. Vladimir n'avait même pas daigné assister aux obsèques, lui qui disait l'aimer c'est bien un paradoxe pensa t-elle intérieurement.
Plus les jours passaient plus Prince, le père sombrait dans une grave dépression à en avoir des hallucinations. Malgré tout il avait des moments de lucidité.

2 mois après l'enterrement, dans un de ses moments de lucidité, Neima lui tenait compagnie pendant son repas

- Ce fut délicieux comme d'habitude Khadija
- Papa !? Fit-elle choquée par une autre de ses hallucinations, à voir sa mère en elle
- Navré ma puce c'est qu'en te voyant j'ai l'impression de la revoir,tu lui ressemble tellement

Il se rapprocha et se mit à lui caresser le visage, les yeux avides tels ceux d'un enfant qu'on mettait face à des sucreries

- Tu as ses yeux, son nez, sa bouche, il descendit le regard sur son corps et le remonta en la fixant en souriant, tu as même son physique de jeune fille. Promets moi que tu seras toujours là
- Je serais toujours là répondit-elle intimidée sans le quitter des yeux
- Tu te souviens Khadija ? Pour le meilleur et pour le pire

Il la prit de court en la renversant sur le lit. Il passa ses mains en dessous de la petite robe fleurie qu'elle portait en lui caressant les cuisses

- Papa arrête cria t-elle

Mais en vain..

- Khadija voyons, je suis ton mari

Il l'immobilisa en mettant une jambe entre ses cuisses, il retint ses deux bras au dessus de sa tête. De sa main libre il releva la robe jusqu'au ventre puis mis sa main sur sa bouche pour l'empêcher de parler.

Ce qui se passa par la suite la détruit et marqua à vie. Subir ça de son propre père, se faire voler son innocence, voir sa vie ainsi brisée. Elle était sans force. La douleur était atroce, tant physique que morale. Les larmes ne cessaient de couler. Il la transporta suite à son forfait dans sa chambre et l'y enferma à double tour.

Dès ce soir là, son existence changea De jours en jours il devenait violent et la battait quand elle osait se refuser à lui. Elle endura jours après jours ce calvaire coupée du monde et de ses progrès, coupée de sa vie d'antan et réduite au stade de loque, de résidu d'elle même. Vînt un autre de ces soirs où il passait lui apporter à manger et abuser d'elle par après, comme s'il s'était agit d'un poulet qu'on engraissait pour mieux le dévorer après..
Ce soir là elle garda la cuillère en métal et se mit à l'aiguiser jours après jour. La quatrième année, il devint quelque peu "gentil" , lui apportant des gâteaux et des photos de ses proches. Un soir alors qu'il lui déposa son repas, sans pitié aucune elle le poignarda avec la cuillère aiguisée. Il tomba sur ses genoux et elle en profita pour sortir.
Ayant pris la direction de la cuisine elle se saisit d'un grand couteau. Il arriva en titubant le regard terrifiant. Elle pointa la lame vers lui. À ce moment-là elle ne voyait plus en lui un père mais juste un ennemi. Et c'était dès à présent soit lui soit elle.

- Laisse moi partir réclama t-elle
- Jamais Khadija tu m'appartiens
- Je ne suis pas Khadija, maman est morte !
- Tais toi ! Il cria tellement fort qu'elle sursauta et fit tomber le couteau.

Il bondit sur elle et se mit à l'étrangler. Elle lui donna un coup de pied dans les parties, il se recroquevilla et elle se saisit du couteau et le lui enfonça en plein coeur une fois qu'il s'était relevé.
Il tomba à nouveau et se mit à se vider de son sang. Elle courut pour appeler la police. Se saisissant de son téléphone elle constata avec écoeurement qu'elle était loin de savoir s'en servir. Elle trouva les clés au même endroit, sur le portemanteau dt sortit de la maison pour ensuite tambouriner à la porte des voisins.

- Qui est ce ? Il est près de minuit ! Fit la voix de monsieur Kenne
- C'est Neima

Il ouvrit la porte et fut choqué. Ce fut la fin de sa souffrance, du moins c'est ce qu'elle croyait jusque là..

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