Hantée

Les souvenirs sont comme des confettis.
Un aperçu d'histoires écrit sur des millions de feuilles colorées.

La plupart se désintègrent, trop faibles et insignifiants.
Ils se précipitent dans les eaux troubles du fleuve de l'oubli.
Les plus mémorables se fraient un chemin vers le cœur.
Ils y virevoltent en une danse joyeuse, jusqu'à son dernier battement.

Mais que se passe-t-il si la danse est maudite ?
Que se passe-t-il si tous les souvenirs peuvent flotter ?
Que se passe-t-il si trop peu ne disparaissent ?
Que se passe-t-il si on ne peut rien oublier ?
S'ils tournoient et tournoient,
Pirouettent et tourbillonnent,
Encore et toujours,
Vite...
Et trop vite... ?

Le mal de l'air monte à la tête,
Les poumons suffoquent sous la pression,
La nausée retourne l'estomac,
Les pieds perdent l'équilibre.

On s'écorche les mains en s'agrippant à la réalité,
Quelque chose,
N'importe quoi.
Mais ils reviennent constamment, nous arrachant à notre prise,
De retour dans l'ouragan violent de notre passé.

La danse joyeuse se transforme en une tornade déchaînée qui aspire aux Cieux, mais perce l'Enfer.

On est pris au piège,
Sans aucune échappatoire.
Parce qu'ils ne nous laisseront pas en paix.
Il n'y a pas de repos pour les maudits.
Jamais.

Bientôt, Il n'y a rien d'autre à penser.
Ils nous envahissent profondément.
Les images défilent sous nos paupières,
Les voix assourdissent nos tympans,
Les parfums nous prennent à la gorge,
Les millions de photos nous fendent le cœur.
Et l'âme s'écœure de son amertume.
Bientôt, Il n'y a rien d'autre à vivre.

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