Chapitre 2

La première chose que je décidais de faire fut d'aller me doucher. L'eau brûlante me détendit, et me remis les idées en places. Tout ce qui venait d'arriver était entièrement de ma faute. Je n'aurai jamais dût m'aventurer en territoire inconnu alors qu'il risquait de pleuvoir. En plus, la propriétaire nous avait bien avertit qu'il y avait des loups aux alentours. En plus, j'aurai pu sortir de leurs terres, et me retrouver sur celui de leurs voisins, pas très commodes selon elle. Ainsi, j'aurai pu leur causer des problèmes. Et cerise sur le gâteau, j'avais sûrement perdu tous mes dessins, tout ça à cause de mon empressement et d'une décision prise à la légère. J'avais prit ma décision. Jamais, a çà non, jamais plus je n'allais retourner dans cette forêt infestée de bêtes féroces. Quand à mes dessins, ils étaient sûrement détruits à l'heure qu'il était, alors autant ne pas avoir de faux espoirs et être déçue à l'arrivée. Mon cœur se serrait à cette pensée, mais j'allais devoir tirer un trait sur ces souvenirs gravés dans le papier, et me contenter de ce qu'il allait m'arriver à partir de maintenant. Ce n'était pas une si mauvaise chose. N'étais-ce pas moi qui rêvais d'un nouveau départ, d'une renaissance en changeant radicalement de vie durant une année ? Et bien j'en avais une entière désormais. Assise devant le miroir de la salle de bain, je démêlais mes longs cheveux bruns. Je relevais les yeux sur le sur mon reflet. Physiquement je n'étais pas spécialement à plaindre. J'étais très heureuse d'avoir héritée des yeux verts de ma mère tout comme son petit nez légèrement en trompette. A chaque sourire des petites pommettes se distinguaient. Mes lèvres fines étaient légèrement rosées, tout comme celles de ma mère. Le seul souci était mes cheveux qui avaient tendance à boucler légèrement mouillés, mais selon mes parents c'était très joli. Mais bon, les parents ne disaient-ils pas ça à tous leurs enfants pour leur faire plaisir ?

On m'interrompit dans mon observation en toquant à la porte, me faisant légèrement sursauter. J'avais encore quelque peu les nerfs à vifs, malgré cette bonne douche. Je me dirigeais vers la porte, et l'ouvrais pour découvrir mon portrait craché, mais en version masculine. Autrement dit, mon frère, Ambroise.

-Comment tu te sens ? Me demanda-t-il.

-Beaucoup mieux, merci. Répondis-je en souriant.

-Maman à appeler pendant que tu étais sous la douche. Elle est contente de savoir qu'on est bien arrivés, sain et sauf...Elle ne s'inquiétait pas du tout parce qu'une certaine personne devait la joindre...

-Mince ! Je lui avais promis de l'appeler dès qu'on serait arrivés. M'exclamais-je en portant ma main devant ma bouche.

-Tu n'as qu'à l'appeler maintenant. Le diner sera bientôt prêt, et le mari de la propriétaire est arrivé. Ils nous expliquerons en détail ce que l'on devra faire à table.

-D'acc'. Merci de m'avoir prévenue. Appelle-moi quand tu descends manger, qu'on y aille ensemble. Enfin, si tu veux. Proposais-je.

-Pas de soucis. A plus tard. Me dit-il en traversant le couloir et en rentrant dans sa chambre.

Je refermais ma porte, et passais un rapide coup de fil. Quelques minutes plus tard, mon frère toqua à nouveau à ma porte, et l'on descendit manger.

Le mari du propriétaire était très gentil, et nous mit tout de suite en confiance. Ses cheveux poivre et sel, ses yeux noisettes remplis de gaieté, ses pommettes à chaque fois qu'il nous souriait et son rire franc me mirent en confiance tout de suite. C'était un être vivant remplis de joie de vivre, et il l'a communiquait aux personnes à ses côtés. Au cours du repas, ils nous expliquèrent en quoi consisteraient nos tâches, mais ils nous expliquèrent aussi comment se rendre en ville le week-end, puisqu'ils ne nous faisaient pas travailler durant cette période de la semaine. Le repas était délicieux, fait de bœuf bourguignon fait maison, avec une viande mijotée à petit feu pendant plusieurs heures, la rendant moelleuse et pleine de saveurs. Nous aidâmes tout de même à faire la vaisselle, puis, pour terminer cette journée pleine d'émotions en beauté, ils nous proposèrent de sortir admirer les étoiles.

De chez nous, en ville, nous ne pouvions pas les voir, à peine en apercevoir quelques unes. Mais là, c'était totalement différent. Le ciel sombre était constellé d'étoiles, toutes plus magnifiques les unes que les autres. Une lune pleine dominait le tout, comme la danseuse de ce ballet étoilé. Ils nous montrèrent quelques constellations, et chacun essaya d'imaginer une forme que formaient les étoiles selon l'imagination de chacun. On passa un moment très agréable, et on se décida à rentrer quand le vent se leva. Chacun alla soit se coucher, soit vaquer à une occupation. De mon côté, après avoir souhaité la bonne nuit à tout le monde, je remontais dans ma chambre pour me changer. J'enfilais une robe de chambre, celle que j'avais achetée lors de ma dernière sortie avec une amie avant de partir. J'allais me coucher, exténuée.

Mon sommeil fut agité. Je ne cessais de me réveiller toutes les dix minutes. Et quand je fermais les yeux, je me revoyais dans la forêt. Je ne savais pourquoi tout cela me perturbait à ce point, mais j'avais besoin de me calmer. Un sentiment de panique m'envahissait à chaque fois. Et il était de plus en plus fort. Je me retournais une énième fois, et me rendormais.

Je me réveillais en sursaut, le souffle court et transpirante presque une heure plus tard vu l'heure qu'affichais mon réveil sur ma table de chevet. J'entendais mes battements de cœur, lequel palpitait à toute vitesse, faisant circuler mon sang rapidement. La chambre me sembla étrangement petite, et l'air étouffant, comme s'il tentait de m'écraser toute entière, alors que je n'arrivais plus à inspirer d'air correctement. Je jetais ma couverture sur le côté, et me relevais pour marcher de travers jusqu'à la porte. Respirer, il fallait que je respire. Je me crapahutais du mieux que je pouvais jusqu'à ma porte, et l'ouvrais en grand. Pourtant l'air ne voulait toujours pas rentrer. J'avais l'impression que quelque chose me compressait la cage thoracique. Je sortais alors que le paysage tanguait. Je descendais les escaliers comme je le pouvais, l'absence d'air se faisant ressentir douloureusement. Je loupais la dernière marche, et tombais à genoux. J'avais affreusement mal au cœur. Et la panique me gagnait de plus en plus. Je serrais le tissu de ma robe à l'endroit où était censé se trouver mon cœur, alors que mes yeux se commençaient à se mouiller. Je me redressais, les jambes tremblantes, et d'une marche faite de pas hésitant, réussissait tant bien que mal à atteindre le jardin. Je fis deux pas, et tentait à nouveau d'inspirer, en vain. Je fermais les yeux, n'en pouvant plus, et me laissait tomber à terre. Mais au lieu de tomber sur de l'herbe, ma tête rentra en contact avec quelque chose d'un peu plus dur, et je ne touchai jamais le sol. Je relevais la tête, et me rendis compte que j'étais dans les bras d'un homme. La seule chose que je réussis à discerner dans ma vision devenue floue, fut des yeux d'un bleu qu'il me semblait, étrangement, reconnaître. Un bien être étonnant s'empara de moi, mais la douleur me rappela à l'ordre. J'essayais de mimer un « au secours » silencieusement avec ma bouche, mais cela ressembla plus à une grimace de douleur. Il m'attrapa délicatement le visage, et posa avec douceur ses lèvres sur les miennes. Ce fut comme si quelque chose qui était resté endormi en moi trop longtemps se réveillait, pour se déchainer, alors que le vent formait comme un tourbillon où voltigeaient les feuilles autour de nos corps collés, nous unissant à jamais. Mes cheveux s'envolaient vers le ciel, portés par ce tourbillon, comme si la gravité n'avait plus d'effet. Embrasser un inconnu était quelque chose d'impossible pour moi. Pourtant je répondis à ce baiser avec ardeur. Je n'avais pas envie qu'il prenne fin. J'aurai voulu rester ainsi toute ma vie. Dans ses bras, de cet inconnu qui pourtant ne semblait pas en être un pour mon cœur, lequel s'était accordé avec ses battements régulier, comme si sa seule présence et son toucher suffisait à me calmer. Je me rendis compte que je pouvais à nouveau respirer, quand un parfum envoûtant m'envahit. Un nuage passa devant la lune, assombrissant le tout, alors que je fermais les yeux. J'ouvrais à nouveau les yeux, quelques secondes après qu'on se soit lâchés, mais il n'y avait personne. Le néant absolu. Juste la forêt et les étoiles pour pleurer ma solitude. Etait-ce une hallucination ou une courte folie qui m'avait frappée ? Pourtant le parfum que j'avais sentit et qui m'avait envahit, semblait avoir même percé mon âme, tant il semblait délicieux. Jamais quelque chose n'avait eut autant d'effet, et je n'avais jamais entendu parler d'une telle chose. Je posais une main sur mon cœur, alors que je revoyais ses yeux bleus qui m'avaient eux aussi transpercée. Pourtant il n'y avait, mise à part mes souvenirs, aucune trace d'un homme, et il était impossible qu'il soit partit en une seconde, aussi vite et hors de vue, sans faire de bruit. N'était-ce qu'un fantasme créé par mon imagination et balayé par le vent froid de la nuit noire ? Même les étoiles, si belles et si lumineuses, semblaient avoir perdues de leurs éclats. Je m'asseyais dans l'herbe froide et légèrement humide. J'avais l'impression de ressentir un énorme vide, comme si cette illusion était passée, et m'avait dérobée quelque chose de précieux. Le seul endroit où, si cet homme était réel, il avait pu fuir était la forêt. Mais c'était vain de vouloir y aller maintenant. J'y retournais dès que le soleil illuminerait cet endroit de ses doux rayons chatoyant. Il y avait peu de chances pour qu'il existe réellement, mais au fond de moi, j'adressais une douce prière à quiconque voudrait l'entendre. Je voulais juste trouver quelque chose. Une chose, une preuve montrant que je n'avais pas rêvé, ainsi, je subsisterais jusqu'à l'avoir retrouvé, même s'il fallait pour ça que je fasse le tour du monde. 


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