Narnia
"Toute leur vie en ce monde-ci et toutes leurs aventures à Narnia avaient été seulement la couverture et la page de titre",
Clives Starples Lewis.
L'une des personnes attablées était un garçon d'environ quinze ans aux cheveux noirs et aux yeux gris, en partie cachés par les mèches qui tombaient sur son visage baissé. Il portait des écouteurs, et ne releva pas la tête quand les deux filles entrèrent dans la pièce.
Madeline eût une impression étrange à son sujet, comme si des bras la poussaient à l'enlacer pour le réconforter, tout en la retenant pour ne pas que moindre mal ne lui soit fait.
Juste à côté de lui se trouvait une adolescente qui semblait avoir le même âge, aux beaux cheveux bruns-bouclés, tout comme ceux de Julian et Drucilla, assise en face d'elle.
Madeline fronça les sourcils, constant que tous portaient ces étranges symboles noirs sur la peau. Leur nombre sur les bras, la nuque et les chevilles des adolescents semblait varier en fonction de l'âge de leur porteur.
En effet, Drucilla, qui devait être la plus jeune, portait moins de "runes" (comme Madeline se rappelait que Julian les avait nommé), que les autres. Et Emma et lui, les plus vieux, en possédaient plus.
Les parents ont dû râler, se dit-elle avec un frisson.
Laisser sa fille de treize ans se tatouer... Brrr. Jamais les miens n'accepteraient. En plus, on dirait une secte avec leurs symboles là. Remarque, je suppose que les parents sont pareils.
Elle s'installa à la place qu'on lui désigna, c'est à dire, à côté de Julian, et vit les yeux bleu-vert de la brune fixés avec bienveillance sur son voisin de table, puis sa main tapoter doucement son épaule pour attirer son attention.
Il sursauta légèrement, leva la tête et retira ses écouteurs, puis regarda Madeline, que la brune lui montrait du bout du menton.
-Bonjour, ou bonsoir, plutôt ! dit-elle à la jeune fille. Et l'adolescent hocha presque imperceptiblement la tête.
-Bonsoiiir ! Je suis Madeline, ou Maddie c'est mieux. Je vis chez vous depuis cinq jours à ce qu'il paraît, fit Medeline avec un rire nerveux, en s'assaillant à côté de Emma, à la diagonale de Julian, qui, penché sur les plats d'oeufs et de salades, croisa quelques secondes le regard de Madeline de ses pupilles brillantes.
Elle baissa les yeux sur la table en lui tendant son assiette, les joues rougissantes, tandis que le garçon la servait en souriant, amusé.
-Oui, apparement, rit la brune, qui se trouvait donc à côté de Julian, face à Drucilla. Moi, c'est Livia. Mais appelle moi Livvy. J'ai quinze ans, et toi ?
-Ravie de faire ta connaissance, Livvy. J'ai seize ans.
-Oh ! Tu as presque notre âge, c'est cool ! s'exclama l'adolescente, avant de se tourner vers son voisin, dont les yeux restaient accrochés à elle.
-Voici Tiberius, mais tout le monde l'appelle Ty. On est jumeaux, dit-elle fièrement tandis que son frère hochait la tête en esquissant un léger sourire.
Madeline n'y avait pas prêté attention jusqu'à maintenant, mais elle sentit Julian se décontracter à côté d'elle, comme soulagé.
-Julian, Arthur ne mange pas avec nous aujourd'hui ? demanda Emma en lui tendant son assiette.
Le garçon secoua la tête, l'air las.
-Je lui ai apporté son assiette tout à l'heure.
Madeline leva l'index.
-Sans vouloir être indiscrète ou vous interrompre... Qui est Arthur ?
-Ne t'inquiètes pas, répondit-il avec un léger sourire, Arthur est notre oncle. Il est très occupé, en tant que directeur de l'Institut, donc il mange dans son bureau, au grenier.
Au grenier ? Flippant..., pensa t'elle en réprimant un rire inquiet.
-Oh, d'accord ! Mais... Attends, on est dans une école ici ? Je comprends plus rien ! bougonna t'elle en levant les bras.
Il eût un petit fou-rire, et Emma l'imita.
-Une grande maison où on apprend à devenir des chasseurs d'ombres, en fait.
-Oh, oui, tout s'explique ! répondit-elle en faisant la moue.
Oh, oui, tout se complique ! corrigea t'elle pour elle même.
J'en saurai plus demain, je suppose... Faudra que je m'occupe des parents, d'ailleurs. Et du lycée. Et de mon tatouage. Et de ces inconnus. Et de... Oh, bon sang !
Elle secoua la tête, et profita qu'il servait la fratrie et Emma pour les observer, d'un oeil presque aussi perçant que celui d'un aigle, étant donné qu'elle portait de petites lunettes rondes pour sa myopie.
Emma était en pleine discussion avec Drucilla et Livia, qui mangeait ses pommes de terre, tout en l'écoutant, tout en jetant quelques coups d'oeil à son jumeau de temps à autres.
Celu-ci, quand à lui, avait les yeux baissés sur son assiette, mais semblait attentif à la conversation que tenait sa soeur.
Un instant, Madeline croisa son regard timide et lui sourit.
D'un mouvement de la tête, elle désigna le téléphone et les écouteurs posés prêts de lui.
-Qu'est-ce que tu écoutes ?
-Oh... Euh, Symphonie numéro neuf, de Beethoven, répondit-il, légèrement surpris.
-Oh ! Je n'écoute pas beaucoup de musique classique, mais en tout cas, j'adore mettre celles de mes films préférés, "Narnia" ! s'exclama Madeline en se redressant sur sa chaise, tandis que Julian jetait un coup d'oeil discret à son frère, dont le regard se fit interrogatif, et interressé.
-Narmia ? Qu'est ce que c'est ?
Elle crut que sa mâchoire allait se décrocher, et que son coeur s'était arrêté.
-Tu- Tu ne connais pas... Tu 'e connais pas Narnia ? Euh... Narnia quoi ! fit elle en levant les mains, sourcils haussés et bouche grande ouverte.
J'en crois pas mes oreilles... Mais quel inculte ! pensa t'elle, abasourdie.
Il secoua la tête.
Han ! Tuez moi ! continua t'elle, la main sur son coeur.
-Bon, je vais t'expliquer. En fait, Narnia c'est quelque chose de fabuleux. D'incroyable. De... Fantastique ! Narnia quoi. Donc, tout commence quand Peter, le plus beau de tous, (du coin de l'œil, elle vit -ou espera voir- le visage de Julian se contracter d'agacement), Suzanne, Edmund et...
-
Une petite heure plus tard, tout le monde débarassait la table. Enfin, tout le monde... Madeline essayait, sans savoir, n'y où ranger les choses, n'y où se mette. Donc elle tendait les plats et les restes de nourriture à ses hôtes.
Bientôt, la table fut propre est vidée de toute saleté, si bien que l'on aurait pu douter qu'elle est déjà était utilisée.
Emma et Madeline souhaitèrent une bonne nuit à Tiberius, Livia et Drucilla, tandis que Julian, disparu dans la cuisine, chantonnait un air incompréhensible -mais néanmoins très beau, étant donné sa voix merveilleusement mélodieuse et douce.
Les lattes de bois craquèrent sous leur pieds quand elles montèrent les larges escaliers, ce qui renforça encore dans l'esprit de Madeline l'idée que, malgré l'aspect moderne du bâtiment, il était habité par une sorte de vielle magie qui faisait perdurer l'esprit ancien et hors du temps du lieu.
À la même chambre que l'heure précédente, la deuxième porte à gauche du long couloir, Emma s'arrêta et se tourna vers elle.
-Bon, c'est là que tu dormiras pour cette nuit, comme celles d'avant et peut-être les prochaines si tu décides de rester.
-D'accord..., répondit la jeune fille en se tournant sans grand enthousiasme vers son lit.
Sa nouvelle amie posa une main compatissante sur son épaule.
-Ne t'en fais pas trop. Ça a l'air compliqué pour l'instant... Et, et bien ça l'est un peu, en fait. Mais c'est cool, ce monde, je suppose ? fit-elle d'un voix douce.
Madeline voyait bien qu'elle essayait de la réconforter, alors elle décida de jouer le jeu, et elle sourit.
-Oh oui !
-Super, alors, bonne nuit ! T'inquiètes, on t'expliquera tout dans les moindres détails demain. Si bien que ton cerveau sera peut-être off pour les deux prochains semaines.
-Je suppose, oui...
Déjà que là..., pensa t'elle en levant un sourcils septique.
-Bonne nuit Maddie.
-Bonne nuit Emma.
Une fois la porte refermée, Madeline se tourna vers son lit. Un lit simple, aux beaux draps blancs propres et au matelas confortable. Soudain, la fatigue l'assaillit
Elle se déshabilla et s'apprêta à se coucher, quand elle se rendit compte que cela devait faire cinq jours qu'elle ne s'était pas laver.
Avec précaution et appréhension, elle porta son aisselle à son nez.
Une légère odeur de transpiration vint lui chatouiller les narines, mais, pour son plus grand bonheur, une effluve de parfum prit le dessus.
Emma, dans toute sa bonté et sa gentillesse, avait dû l'en asperger régulièrement. Elle penserait à la remercier.
Éreintée, elle éteignit la lumière et s'affala sans aucune grâce sur le lit.
Un jour de plus ou de moins..., se dit-elle en haussant les épaules.
Tout à coup, elle se redressa.
Automatiquement, elle se leva, se frotta les yeux, alluma la lumière et se dirigea vers le coin droit de la pièce.
J'ai pas vérifié... La fatigue, franchement, qu'est-ce que ça fait faire ! songea t'elle, presque honteuse.
Le placard en bois clair -d'environ deux mètres de longueur sur un mètre cinquante de largeur- simple, sans ornements ou autre, l'attendait sagement, fermé.
Madeline saisit avec précaution les poignées en argent foncé, et les ouvrit brusquement.
Des étagères vides, avec une simple boîte de médicaments sur la deuxième.
-Hum..., fit-elle en se penchant vers l'avant, les sourcils froncés.
Elle tata du bout des doigts le fond de l'armoire.
Rien.
Elle donna quelques coups, tenta de le pousser.
Toujours rien.
-Pfff... Toutes les légendes sont vraies mon cul ouais..., marmonna t'elle en se recouchant.
Après ce petit épisode décevant, Morphée ne mit pas longtemps avant de l'acceuillir, et, tandis qu'elle la rejoignait doucement, les images de sa nouvelle vie se succédèrent dans son esprit · l'énorme démon qu'elle avait tué, son t-shirt préfère déchiré, son tout nouveau et premier tatouage, son coup de coeur pour un garçon magique, et la mystérieuse épée lunaire.
Épuisée -malgré de nombreuses heures (et jours) de sommeil- Madeline grogna de mécontentement, et termina sa soirée sur une pensée pour le moins constrive et très délicate :
Mais dans quel merdier je m'suis encore fourrée ?
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