Je...Je...Je...

"Si longue et si noire que soit la nuit, il vient toujours une heure ou enfin le jour de lève",

                       Sangaré Oumar

Jules entra dans la petite chambre aux meubles quasi-inexistants d'une démarche assurée et sérieuse, digne du plus beau et charismatique Badboy au monde, selon Madeline, qui se tortilla dans ses dras blancs en sentant de petits papillons voleter dans son estomac.

-Bonjour, lança t'il en s'arrêtant devant le lit de la jeune fille.

Elle l'observa immédiatement.

De beaux cheveux bouclés, des yeux bleus expressifs, un sourire qui laissait voir de belles dents blanches et de légères focettes, un t-shirt gris, sobre, des mains tachées de ce qui semblait être de la peinture, des ongles rongés, un jean bleu clair délavé, et de vielles basquets sales.

Incroyable, fut le mot qui apparut directement devant les pupilles fascinées de l'adolescente égarée.

-Je peux ? demanda t'il en désigna le matelas.
Elle hocha la tête, tout en toussotant faiblement.

Au secours, je suis une princesse en détresse ! Est-ce qu'il me fait du bouche à bouche direct si je simule l'évanouissement ? Attendez... Qu'est-ce que je fous là moi déjà ? C'est quoi ? Aaaaaaaah ! s'exclama t'elle dans sa tête en se redressant brusquement -et douloureusement-, à la vue du tatouage étrange qui recouvrait une petite partie de son flan droit.

-VOUS M'AVEZ TATOUÉ ?! VOUS M'AVEZ TATOUÉ. MA MÈRE VA ME BUTER ! vocifera t'elle à l'intention du jeune homme, tout en tatant l'endroit où devait normalement résider une plaie béante, au lieu d'un simple bandage légèrement teinté de rouge.

Il équarquilla les yeux d'étonnement et levant les mains en signe de défense.
-Ce... Ce n'est pas un tatouage normal. C'est une rune. Pour te soigner. Parce que tu allais mourir. C'est... Magique ?
-WAIT ! WaIt ! Wait, cria Madeline, sa voix partant dans les aïgus. J'ai rêvé toute mon enfance, toute ma vie d'adolescente aussi, de vivre dans un monde magique. Petit problème, les licornes, les sorciers, les fées, les elfes, les vampires, les ogres, les loups-garons et le pop-corn multicolore au jus d'orange n'existent pas. J'ai vérifié. Tout.

Les mains du garçon retombèrent sur ses genoux, et il la dévisagea quelques instants.
Ils semblait tiraillé entre étonnement, surprise, amusement et inquiétude.

-Toutes les légendes sont vraies. Euh... Sauf le jus d'orange au pop corn. Ça c'est tout sauf une légende.
-QUOI ??????
-Toutes les...
-OUI, J'AI ENTENDU MERCI.
-Mais tu m'as...
-Oui, oui...

Elles leva l'index devant le nez du garçon, réfléchissant quelques secondes. Une question lui vint à l'esprit.

Évident.

-Le pop corn multicolore au jus d'orange n'existe pas ? Sniff...
-Euh... Non ?

Ensuite, lui vint une question plus sérieuse.

-Les... Les vampires existent ?!
-Oui.

Puis, une question moins sérieuse, mais de la plus grande importance.

-Et est-ce qu'ils sont aussi beaux que dans les livres ?

Il se renfrogna, ses yeux bleus quittants un instant ceux de la jeune fille pour se concentrer sur ses propres mains.

-Et bien...
-Oui ! répondit à sa place une voix de jeune fille de l'autre côté de la porte.
-Dru, arrête d'écouter aux portes ! Je lui explique tout et je vous la présente après ! souffla t'il en haussant la voix pour se faire entendre -chose que Madeline jugeait légèrement inutile puisqu'elle avait suivit leur conversation alors qu'ils ne parlaient pas fort.
-Pardon, Julian.

Les yeux de la jeune fille s'illuminèrent.
-Julian ? Je croyais que c'était Jules.
-C'est un diminutif. Désolé, je ne me suis pas présenté. Julian Blacktorn, 17 ans, fit-il tout sourires en lui tendant la main.

-Tu me fais ton profil Tinder ? demanda t'elle en riant. Oh, je crois que je fais toujours les mêmes blagues... Bof, toujours aussi drôles quand même !

Devant son regard d'incompréhension totale, elle se tut.

-Tu... Tu connais pas... ? Bon, laisse tomber.

Elle prit précautionneusement la main toujours tendue du Julian, les doigt légèrement tremblants, le sourire hésitant, et la secoua sans la classe qu'elle désirait à la base démontrer.

Elle n'avait jamais ressenti ça. Son cœur battait la chamade.
Et pas comme de peur, comme pendant un orage.

-Euh... Madeline Carlson, 16 ans. Fille normale normalement. Mais comme on est pas normalement c'est pas normal, répondit-elle, très naturellement.

Mais... Qu'est ce que je raconte ? Comment est-ce qu'on peut sortir des trucs aussi cons, si spontanément ? songea t'elle en déglutissant.
Heureusement, sa remarque arracha un sourire en coin -ravageur- au jeune homme.

-C'est un très beau prénom.
-Mer... Ci. Tu peux m'appeler Maddie. Tout le monde m'appele Maddie. C'est... euh. Voilà quoi.
-D'accord, Maddie. Alors tu peux m'appeler Jules.

Deuxième sourire ravageur.
Maddie : 0, Julian : 2.

-Alors, Jules. Qu'est-ce que c'est que cette histoire ? Qui es-tu ?

-Je suis un Nephilim. Un Chasseur d'Ombres si tu préfères. Un chasseur de démons.

-Ah.

Et t'es beau aussi.
Hum. Pourquoi je pense à ça moi ?

Elle déglutie à nouveau.
-Continue ? S'il te plaît.

-Je chasse les démons à l'aide de poignards séraphiques, qui s'allument quand on prononce le nom d'un ange. Ma meilleure amie Emma est liée à moi par une rune de parabatai, ce qui fait que nous sommes plus puissants, et que notre lien ne peux se briser. D'ailleurs, ils existe de nombreuses runes nous permettants d'acquérir divers pouvoirs : Force, rapidité, vision nocturne, guérison... comme ton iratze. Les sorciers, les vampires, les fées et les loup-garous sont connus sous le nom de Créatures Obscures et nous sommes plus ou moins en bons termes avec. Nous descendons des Anges. Plus précisément, c'est l'Ange Raziel, notre créateur, qui a fait boire son sang au premier Nephilim, Jonathan Shadowhunters, dans la coupe mortelle. Un des instrument mortel. Sinon... Quoi d'autres ? Tu es visiblement une chasseuse d'ombres puisque sinon, tu n'aurais pas survécu à ma rune. Nous étions en patrouille lorsque nous t'avons vu te battre avec cet étrange démon. Je croyais que tu étais une Nephilim, mais tu n'avais pas de runes et tu n'étais pas en tenue de combat donc... Oh ! Et il va falloir qu'on sache comment tu nous vois sans rune de vision, et comment tu as fais pour te procurera Durendal ! L'épée disparue depuis des années ! Enfin bref... Je...

Il se tut. Son stock de mots était probablement épuisé pour le millénaire suivant et il attendait la réponce de son interlocutrice.

Quelques secondes passèrent dans la tête de Maddie.

OH.PU.RÉE.MAIS.QU'EST.CE.QUE.C'EST.QUE.CE.BORDEL.HDJDKQKAK'SFHSLKSBDNSSL.

Maddie secoua la tête, l'air penaude, et replaça une mèche rebelle derrière son oreille.
Ses yeux cherchèrent quelque chose auquel se raccrocher, en vain.

-Je... Je... Je...

Julian posa une main compatissante sur celle de la jeune fille, recouvrants ses doigts tremblants.
Sa main était douce et rugueuse à la fois. Comme une feuille de carton que l'on aurait enduite de peinture, mais qui aurai tout de même gardée quelques imperfections.

-Je... Je... Je...
-Oui ? C'est normal, ça fait beaucoup. Tu veux que je te laisse peut-être ?

-Je... Je... Je...
-Tu... Tu... Tu... ?

Il approcha son visage du sien. Si proche, que leur nez se touchèrent, provoquant un gigantesque frisson dans le dos de l'adolescente, dont les yeux captèrent ceux, plantés dans les siens, du garçon.

Si leur proximité l'avait également troublé, il n'en montrait rien et se contentait de sourire de manière qu'elle jugeait magnifiquement séduisante et légèrement inquiète.

Elle n'osait pas parler.
Ses joues empourprées étaient certainement gonfflées comme celles d'un hamster tant elle retenait son souffle.

Elle n'expirait que pour lâcher un petit "Je" de temps à autres.

Les yeux bleus quittèrent ceux, perdue dans le vague ou dans les méandres de ses pensées mélangées, de Madeline pour se tourner vers la porte.

-EMMA ! MADELINE À UN PROBLÈME !

Le sourire béat de la jeune fille diminua quelque peu en entendant le nom de l'adolescente. Mais rien n'était perdu. Toujours était-il qu'elle cherchait encore à comprendre ce qu'elle avait entendu.

-QUOI ? ELLE A SES REGLES ? interrogea la voix d'Emma qu'on entendait monter les escaliers.

Julian tourna à nouveau sa tête vers Madeline, qui continuait avec ses "Je".

-EUH... JE CROIS PAS.

La porte s'ouvrit à la volée.

-Je... Je... Je...

Emma, à demi dans la pièce et une main posée sur la poignée, fronça les sourcils.

-Putain Jules tu l'as fait beuger !

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