Les elfes des bois.

Les premières lueurs du jour commençaient à se répandre dans la chambre, ainsi que quelques courants d'air frais. L'aube. Un moment de la journée que Maura appréciait particulièrement. Cette dernière, jusque là allongée dans son lit, se réveilla lentement, en même temps que le soleil se levait, que la nature sortait de la nuit. Rien qu'en pensant à ce qu'elle allait voir, Maura sourit d'avance. Doucement, elle ouvrit les yeux, et plongea son regard dans le ciel. Heureusement que dans sa chambre, il y avait de très grandes fenêtres, sinon jamais elle n'aurait pu voir choses aussi belles. 

Qu'est-ce qu'elle aimait son environnement ! La douceur candide qui s'en dégageait, l'odeur d'herbe fraîche, les piaillements des premiers oiseaux levés. Le matin, elle avait toujours eu l'impression de se réveiller en même temps que la nature, et elle adorait cela. 

Clignant plusieurs fois des yeux pour s'habituer à la lumière blanche, elle se redressa sur son lit, s'étira comme elle le faisait chaque début de jour, puis elle se leva pour enfiler sa tenue. Aujourd'hui, elle avait décidé de sortir, alors elle revêtit une robe bleu pâle, tirant dans le violet, laissant ses épaules dénudées mais avec de courtes manches. Elle aimait bien cette robe pour être aussi légère qu'une plume. Avec elle, la jeune elfe pourrait aller et venir à sa guise dans  la forêt. Elle laissa ses longs cheveux noirs tombés dans son dos, et apposa sa tiare sur le sommet de sa tête. Chez les elfes des bois, le roi et la reine n'étaient pas les seuls à porter des couronnes et des tiares ; tous les nobles en portaient une. C'était leur signe. Celle de Maura était faite de fleur blanche, qu'elle avait cueilli étant enfant. Fleur qui avait la particularité de ne jamais faner.

Une fois apprêtée, elle se dirigea sur son balcon, dont les fenêtres étaient ouvertes toute la nuit. Chaque matin, elle s'adonnait à ce petit rituel. D'abord, elle se faisait réveiller par le soleil et le chant mélodieux des oiseaux, ensuite elle s'habillait rapidement, puis elle sortait au grand jour, comme pour dire au monde : " Me voici, j'arrive ! Odros n'attend plus que moi. " Elle prenait le temps d'observer le royaume qui s'étendait face à elle. Maura n'en était peut-être pas la reine, mais elle le considérait comme son royaume.

Tous les jours, elle essayait de remarquer un détail qu'elle n'avait pas vu la veille. Par exemple, aujourd'hui, elle venait d'apercevoir qu'à côté de la fontaine d'eau, située sur la place centrale, il manquait un des pavés de la rue. Pourtant, nombres de fois, elle s'était emmêlée les pieds dedans, et s'était rattrapée de justesse pour ne pas tomber. 

Que son royaume était beau ! Jamais elle ne pourrait s'en lasser. Bien qu'elle était quand même désireuse de voyages et d'aventures, elle se sentait tellement bien ici. Les elfes des bois avaient élu domicile à l'intérieur d'une vaste forêt qui n'appartenait qu'à eux. Quand les hauts arbres laissaient place à un endroit plat de petite végétation, des villages s'y étaient installés. Le plus grand des villages était celui où résidaient les deux monarques. Là où Maura avait l'immense chance d'être. Le château était réputé dans Odros entier pour être immensément vaste, s'élevant sur cinq étages. Il était très grand et vaste, ce qui permettait à beaucoup de s'y abriter. A chaque étage et à chaque fenêtre, il y avait un balcon, afin de pouvoir sortir au grand air sans avoir à descendre jusqu'en bas et sortir de la ville. Même sur les murs, la nature était présente. Elle grimpait toujours plus haut, recouvrant tout sur son passage. 

Devant le château, il y avait la place centrale, celle où étaient organisées des fêtes et des banquets. Il y avait une fontaine au centre, avec comme statue un grand chêne rouge-marron, la couleur actuelle qui ne pouvait annoncer qu'une chose : l'automne. Toutes les saisons, l'arbre de pierre changeait sa couleur, révélant la dite-saison. Il n'y avait rien d'autres. Juste plusieurs rues pavées qui partaient dans différents sens - un au château, un autre au jardin, au village, et à la forêt -, et des arbres en fleur autour. De son balcon, situé au troisième étage, elle pouvait voir des portes en pierres anciennes, faisant tout le tour de la cité et signalant la sortie. 

Maura resta devant cette belle vue, jusqu'à ce que le soleil se soit totalement levé. Elle réfléchit longuement, les coudes appuyés sur la rambarde dorée et le regard dans le vide. Certes, elle avait envie de sortir du château, mais pour aller où. Tandis que son esprit divaguait sur les activités qu'elle pourrait faire ou non, elle entendit la porte de sa chambre s'ouvrir, puis une voix hésitante appelait son nom. Elle la reconnaîtrait entre mille, étant la voix qui la réveillait tous les jours depuis sa plus tendre enfance.

La jeune elfe abandonna sa vue, pour rejoindre l'intérieur de sa chambre. Amah, sa servante attitrée, s'inclina devant elle en signe de respect, mais comme Maura n'aimait pas se sentir supérieur à autrui, elle attendit qu'Amah ne se redresse pour s'incliner à son tour. La vieille elfe aux cheveux grisâtres broussailleux grimaça comme à son habitude, mais ne lui dit rien, sachant que sa maîtresse était butée et qu'elle referait les mêmes gestes le lendemain. 

"- Ses majestés vous invitent à petit-déjeuner avec eux, déclara Amah. Si Madame veut bien me suivre. "

Maura acquiesça poliment et suivit Amah dans les dédales de couloir, humant la bonne odeur de nourriture qui se dégageait des cuisines. Et dire que les cuisiniers s'affairaient déjà à leurs besognes, alors que l'aube venait à peine de s'être lever ! Maura évitait de penser aux nombres de travaux, de légumes à éplucher, de volailles à déplumer, de viandes à décarcasser, sinon elle irait les rejoindre de ce pas pour les aider et alléger leur travail. Même si elle avait été élevée dans un confort de noble, Maura avait toujours été très serviable, peut-être un peu trop, mais elle ne pouvait s'en empêcher. C'était dans sa nature.

Enfin, elle atteignit la grande salle, où il y avait une gigantesque table, pouvant accueillir une cinquantaine de personnes. Il semblait y avoir tout le monde : le roi, Ambrose et sa femme, la reine Anya, Garren, un conseiller et le plus proche ami du roi, et ses parents, Blaise et Jasmine Gayle. Ils siégeaient tous  au bout. Le roi trônait en fin de table, sa femme à sa gauche et Garren à sa droite, et ses parents juste après, face à face. Maura fit une jolie courbette devant ses monarques, puis alla s'installer aux côtés de sa mère. Au centre, il y avait une multitudes de fruits. La jeune elfe prit une pêche et grignota une dizaine de cerise, écoutant les diverses conversations. 

"- Que vas-tu faire aujourd'hui ? demanda Jasmine à sa fille, tout en chuchotant pour ne pas interrompre son mari et le roi en pleine discussion.

- Je ne sais pas encore, mais je vais sortir, affirma l'elfe brune sur un ton identique.

- Pourquoi cela ne m'étonne t-il plus ? railla sa mère, roulant des yeux. N'aimes-tu pas ce château que tu le fuis sans cesse ? 

- J'adore être ici, tu le sais bien. Tout est si reposant ! fit Maura, se levant. Mais, je préfères être libre dans la nature qu'enfermée dans ces murs !

La brune prit congé et passa en cuisine, emportant un panier de nourriture avec elle. L'elfe ne comptait pas rentrer de ci-tôt. 

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