Seul.

J'étais seul.

Personne ne pouvait venir me sauver.

Les parois de ma cellule ainsi que la porte étaient en obsidienne et couvertes d'inscriptions étranges taillés à même la roche. Sans doute d'anciens prisonniers ayant voulus laisser une trace de leur passage. Ma seule occupation était d'essayer de déchiffrer ces marques. Sans aucune source de lumière, je n'avais pas d'autres choix que de m'imaginer les inscriptions dans ma tête en y passant la main dessus comme un aveugle lisant le braille.

Les Démons qui m'avaient traîné jusqu'ici m'avaient cependant laissé un cadeau : un magnifique boulet à la cheville. Etant incroyablement léger, j'ai deviné qu'il avait une autre fonction : celle de perturber mes pouvoirs. Dès que je tentais quelque chose, mon entrave émettait un bruit strident qui déstabilisait toute forme de magie.

Un jour, Astaroth passa me voir ... ou plutôt « passa me parler à travers la porte ».

⁃ Aaaaah mon cher ami ! Tu penses que j'vais t'faire tuer pas vrai ? Eh bah non. J'vais être clément aujourd'hui comme j'suis d'bonne humeur. Au lieu d'ça ... TU VAS CROUPIR ICI JUSQU'A LA FIN D'TA MISERABLE VIE !!!

J'aurais dû pleurer, supplier, demander pardon, ... Mais nan. Je restai assis, les yeux dans le vide, impassible. Avais-je perdu l'envie de vivre ? Je ne sais pas. Pendant qu'Astaroth continuait de m'insulter et de m'indiquer ce qu'il allait me faire, moi, je ne l'écoutais pas. J'étais perdu dans mes pensées. Je n'arrêtais pas de me dire qu'une entité supérieure m'avait choisi mais pourquoi moi ? Le temps défilait. Au bout d'une dizaine de jours, je m'étais tellement adapté à la noirceur de ma cellule que mes yeux mirent un moment avant de se réhabituer à la lumière quand la porte s'ouvra. C'était Alastor.

⁃ Qu'est-ce-que tu attends ? Dépêche-toi ! me chuchota-t-il.

Je ne comprenais pas pourquoi il me sortait de là mais si je restais, ne serait-ce qu'une seconde de plus, je deviendrais fou. Alastor avait un sac à dos sur lui qui avait l'air assez lourd. Avant toute chose, il sortit une dague à la lame rougeâtre, trancha la chaîne qui me liait au boulet et, d'un seul coup, toutes mes pensées négatives se dissipa.

⁃ Ce boulet aspirait ta magie, tes bonnes émotions et indiquait ta position aux Démons.

Il récita quelques formules avant de créer un portail démoniaque.

⁃ Ce portail va ...

Sans même réfléchir, je sautai dedans. N'importe quel endroit ou univers était meilleur que les enfers. J'avais atterrit dans une forêt. La chute fut quelque peu brutal mais j'étais heureux de pouvoir voire un paysage « normal » après ces quelques jours assez originaux pour un mortel. Alastor arriva tout en délicatesse grâce à ses ailes de Démon.

⁃ Je t'ai mis des vêtements de rechange, une tente magique, enfin bref tout ce dont tu pourrais avoir besoin. Bon maintenant ...

⁃ Quoi ? Tu m'aides à m'évader et tu me laisses en plan comme ça ? D'autant plus que c'est toi qui m'a conduit en enfer. Ils vont tout de suite savoir que c'est toi qui m'a libéré.

⁃ Et alors ? Tu voudrais que je reste avec toi sur Terre ? Je suis le Démon de la vengeance Azraël ! Je ne peux m'empêcher de tuer pour venger des gens !

⁃ Fais-moi confiance ! Je t'en empêcherais !

Un long silence pesant s'ensuivit.

⁃ Alastor, Démon de la Vengeance, qui es-tu vraiment ?