Chapitre 40.


Deux mois. Depuis deux mois, j'avais lancé la chasse à l'homme. Envoyant mes lieutenants à la chasse de l'homme ayant tué Christopher. Même les jumeaux avaient été réunis pour l'occasion, partant à la chasse sans protester. Parce que je leurs avais accordé une mise au point commune sur les sujets du clan avant de les lancer dessus.



Je venais de finir de descendre mes valises pour le voyage. Ayant à peine le temps de me redresser qu'on me fonçait dans les jambes. De magnifique yeux gris bleus, des cheveux partant dans tous les sens alors que son visage trahissait le fait qu'il venait de courir partout. Mes chiens arrivant comme des dingues avant de se stopper en m'apercevant. Laisser un gosse avec mes chiens étaient la pire idée possible pour la sauvegarde de leurs dignités. Mes chiens ne faisaient plus peur à personne à cause de ce gosse-là.

Ce gosse-là, celui de Christopher. J'avais appris quelques jours après sa mort que j'avais été désigné par Christopher comme la tutrice légale de son enfant en cas de décès de ce dernier. La femme même qui n'avait pas été capable de protéger son père devait à présent sur son fils...



— Tu seras sage Ed ?

Il hocha la tête, de ce même sourire que son père. Celui qui me faisait dire qu'il sera absolument infernal. Mais j'y pouvais rien... Je le trouvais vraiment adorable ce gamin. Il était plein d'innocence et de vie. Et puis... Il s'amusait déjà à jouer les grands frères avec les petits derniers du clan...

— Tu veilles sur les chiens pendant mon absence petit cœur ? Ce sera ta mission, d'accord ?

Il hocha la tête d'un air ravis, m'entourant dans ses petits bras alors que je restais à sa hauteur. L'embrassant doucement sur la tête alors que je caressais son dos.

— Tu pars pas en voyage comme papa hein ? Pas aussi long ?

Ed... Mon petit cœur débordant de vie... Qui avait trop vite compris que son papa ne reviendrait pas.

— Non, il sera moins long... Je ne pars qu'une semaine... Dans six dodos... Je serais là. Je t'ai promis de t'apprendre à te bagarrer contre tonton Arno non ? Ricanais-je.

Je l'observais en tenant son visage entre mes mains, souriant en secouant la tête.

— Gardes ce sourire petit cœur... T'es irrésistible quand tu souris comme ça. T'en fera tomber des filles...

— Pourquoi je les ferais tomber ?

Je ricanais en haussant les épaules, le relâchant.

— Tu comprendras quand tu seras grand.

Il garda ses sourcils froncés, secouant la tête avec un visage boudeur. Croisant ses bras sur son torse, imitant les grands.

—– Mais je veux comprendre !

— Le temps passe bien assez vite. Allez files.



Je riais doucement alors qu'il soufflait, partant avec les chiens et je me redressais l'air de rien alors que Noz arrivait avec Ali et Hakane.

Ah oui le voyage c'est vrai. J'allais finir par manquer mon propre vol à force.



Je me dirigeais aussi vite vers la voiture, montant et me laissant conduire à l'aéroport avec mes hommes. Nous avions tous des rendez-vous importants à honorer au Japon, et nous ne pouvions nous permettre de les rater. Surtout que pour mon cas, certains de mes rendez-vous concernait des marchés communs avec AngleyCorp. J'avais largement de quoi m'occuper sur place, c'était certain.

Je ne pouvais que faire confiance à mes hommes pour accomplir leurs missions. De toute façon ils savaient tous où me trouver, j'avais laissé Peter me remettre sa puce.


Mon portable se mis à sonner alors qu'on arrivait sur la piste, et je me décidais à le décrocher. M'allumant une cigarette en m'éloignant du bruit.

— Ouais ?

C'est moi... Écoute... Je suis désolé de te déranger, mais... J'ai vraiment besoin d'en parler avec toi...

Je fermais les yeux en soupirant, fumant ma cigarette.

— Je n'en vois pas l'intérêt... Mais on en parlera à mon retour. Là je dois prendre l'avion Logan. T'es plus à une semaine près non ? Pense plutôt à réussir ta mission. Je veux la tête de ce mec Logan. Je ne plaisante pas.


Je raccrochais tout en continuant de fumer, ne cherchant pas plus à l'écouter. À entendre ses questions. Râlant à haute voix alors que mon portable sonnait de nouveau, décrochant en grognant.

— Quoi ?

T'es sûre que je peux pas venir avec toi ? Je te ferais voir mon 3310...

Je fronçais les sourcils, me grattant la tempe avant de secouer la tête.

— Aaron... Tu n'as pas un 3310 toi... Tu as un... Ohhh.

Je devinais d'ici son air d'abrutis avant que je n'éclate de rire, me frottant le visage en secouant la tête.

— Sérieux Aaron... La gardes pas dans ton carnet de dragues celle-là...

T'as raison, je vais garder celle où je suis magicien.

Oui j'avais failli demander. Oui. Mais finalement, je m'étais dit que je voulais pas savoir. Parce qu'il avait vraiment un humour de merde ce mec-là, et il savait que sur un malentendu ... Sa technique pouvait fonctionner.

— Je dois vraiment y aller Aaron. Bonne fin de tournée si je t'ai pas au téléphone entre deux.

Je raccrochais puis éteignis mon téléphone, écrasant ma cigarette avant de monter en avion.




Lorsqu'on débarqua enfin au Japon, on eut à peine le temps d'arriver là où on allait loger qu'on devait se préparer aussi vite à un rendez-vous. Repartant pour la capitale, allant serrer des mains alors que je jouais la traductrice avec Hakane. Installant lentement nos pions.

C'est au bout de trois jours, au détour d'une ballade qu'on « tomba par hasard » sur une bande de la mafia japonaise. Une de celle kidnappant les enfants dès le berceau, les éduquant pour en faire des soldats obéissants. Une de ces bandes qu'on était venue chasser avec Noz et Ali. Même si nous n'avions pas « prévu » de trouver, dans ce tas d'enfants recherchés, un enfant à présent orphelin. Un petit garçon de six ans. L'innocence étant tuée depuis bien longtemps dans ces yeux là. Entre sauvages on devait se comprendre je pense. Cela devait être ça.

Le plus amusant se déroulant à la rencontre de ce petit garçon là et de Hakane. Son oncle par lien de sang deviendrait l'un de ses pères d'adoption.

— Le papier officiel d'adoption donnera ton nom et celui de Ritchi. Ça t'obligera à assumer. Soufflais-je à son oreille. Regarde le petit, mon ami, voici Uta. Il est le fils de ta dernière sœur. Ses parents sont morts. Je te confie sa vie Hakane... Je sais que tu seras l'aider avec Ritchi. Je te connais, et je le connais lui. Je te confie la vie de cet enfant, à toi et à Ritchi.

Il hocha doucement la tête, se baissant pour prendre le petit dans ses bras. Lui expliquant chaque chose comme un animal qu'on apprivoise. Prenant le temps de parler avec lui.

— Patronne, on a juste le temps de se doucher avant d'aller au rendez-vous... Ça ira pour vous ?

Je hochais la tête, les laissant filer alors que je pars me changer à mon tour. Passant quelques appels, prenant le temps de régler quelques détails avec Peter. Je ne redescendis que quelques heures plus tard, décidant de tester la recette de cuisine qu'on m'avait donné, l'essayant avec le petit. Et cuisiner des gâteaux de la chance avec lui.... C'est quand même le comble. Préparer un biscuit chinois au Japon. Il n'y a que moi pour oser un truc pareil.



Hakane étant partis faire du shopping pour trouver de quoi habiller le petit, j'en profitais pour jouer un peu avec lui. Jouant à la bagarre, lui expliquant l'air de rien les bonnes attitudes. Espérant qu'il pourrait oublier ce savoir de tueur pour retrouver son innocence. Que les deux parviendraient à le faire. Même pour moi, la place d'un enfant n'était pas dans ce monde-là. Et c'était notre devoir de les en tenir éloignés. Le plus loin possible.

Le petit m'accompagnant partout comme une ombre. Il contempla avec moi les biscuits que nous avions réussis. Il ne restait plus qu'à attendre qu'ils soient moins chaud. Alors quoi de mieux en attendant que d'aller me balader ?


Je gardais le petit sur mon dos, parlant avec lui de différentes choses. Pour lui aussi, c'était la première fois qu'il prenait le temps d'observer la floraison des cerisiers... Le printemps au Japon. La floraison si courte des cerisiers. Rien que pour cela, je tenais à faire ce voyage.

Tu sais Uta... Juste entre nous...

Je le posais au sol, m'asseyant en regardant les arbres. Il m'observe de ses yeux sombres, penchant la tête silencieusement, ses longs cheveux attachés. Je l'observais à mon tour, sortant ma lame de mon pantalon, passant ma main derrière sa tête sans le lâcher du regard. Il était prêt à bondir, mais prenait sur lui. Il essayait vraiment de me faire confiance.

Tu es libre. Sens.

Ma lame vint découper doucement la longueur de ses cheveux, venant flotter autour de son visage pour se poser sur ses épaules. Il ferme les yeux, semblant prendre le temps de sentir le vent venir caresser ses cheveux. Rien que pour cette vie sauvée, tout cela valait cette peine.

Tu continueras de faire de mauvais rêve. Tu continueras d'être sur tes gardes. Tu comprendras jamais tout à fait pourquoi ces deux hommes là, qui s'occuperont de toi... Pourquoi ils sont comme ça avec toi. Tu mettras du temps à comprendre les différences... Probablement qu'en grandissant tu retomberas là-dedans comme moi... Mais quoi que tu fasses Uta, quoi que tu veuilles être dans ta vie... Tu le peux. Nous, nous serons toujours là pour t'aider à devenir ce que tu veux être...

Je sais pas ce que je dois faire si j'ai pas les ordres...

Je soupirais doucement, passant ma main sur son visage en souriant.

Si tu veux un ordre, en voici un pour toi. En tant que Patronne de ta nouvelle famille, d'accord ? Tu seras mon bébé dragon ninja si tu veux.

Un véritable sourire s'étira sur ses lèvres et il hocha la tête.

— Bien... On peut dire que je les prends vraiment au berceau... Me voilà cougar avant l'heure. Chouette...

Je ricanais alors qu'il fronçait les sourcils, ne comprenant pas ce que je venais de dire en américain.


C'était amusant à mes yeux, parce que j'étais persuadé qu'il allait la retrouver son innocence avec ces deux-là pour s'occuper de lui. Cela sera tellement amusant... Une si belle renaissance.

Je t'ordonne de vivre heureux. Que tu apprennes à te connaître, à connaître ta nouvelle famille et ta nouvelle vie. Je t'ordonne de découvrir ce que tu voudrais être, et de te donner les moyens de le devenir.

Et si je veux aller dans les étoiles ?

Alors on ira dans les étoiles. Tes seules limites maintenant, c'est celles que tu te donnes...

Tu veux être quoi toi ?

Je me redressais, lui souriant avant de regarder devant moi, observant le vent faire danser les branches.

Moi j'ai toujours voulu voler parmi les étoiles. Comme un dragon. J'ai toujours voulu voler à dos de dragon, pour voir le monde. Voir comment les gens sont tout petit, et se rendre compte de là-haut à quel point le monde est juste à ta portée. C'est ça que je veux depuis que je suis petite... C'est stupide hein ?



Là, au milieu de nulle part, perdue dans une forêt de cerisiers, j'observais autour de moi. Fascinée par le paysage. Le bruit du vent venant faire danser devant mes yeux des milliers de pétales vient me bercer doucement, et je souris en tournant la tête. Voyant Hakane arrivé affoler, soufflant en nous apercevant.

Il est bizarre ce Monsieur...

Je ricanais en m'agenouillant, me penchant à son oreille.

—– Il sera un vrai papa poule, prêt à céder à tout tes caprices... Mais je te déconseille de les énerver ou de leurs mentir. Mais tu le découvriras par toi même quand même... Parce que tu le feras. Je t'interdis de leur mentir... Tu pourras mentir à tout le monde, mais jamais à tes deux pères, d'accord Uta ? Parce qu'ils seront toujours de tes côtés quoi qu'il arrive... Quoi que tu fasses, ce monsieur-là, aux cheveux rouges et le monsieur que tu rencontras tout blanc... Quoi que tu fasses... Ils seront toujours là pour toi. Alors essayes. Laisse-lui une chance à ce dingue-là de te plaire. Laisse-lui une chance de t'approcher. Tu verras, jamais tu ne regretteras de les connaître ces hommes-là...

Tu ressembles à une maman comme dans les films...


Je l'enlaçais doucement et l'embrassais sur la joue, surprenant Hakane qui se figea. Oui même après toutes ces années tu découvrais encore des facettes de moi. Je n'ai jamais détesté les enfants. Mon monde est juste rempli de sang et de haine, le monde d'un enfant c'est dans la paix et la joie.


Je serais ta maman dragon si tu veux alors. Va le voir... Il meurt d'envie de te montrer ses achats pour toi...

Il m'embrassa rapidement sur la joue avant de se sauver en courant, rejoignant Hakane qui hésita à me laisser là. Finissant par céder au petit et à son envie alors que je lui disais que je les rejoindrais.

Je ricanais en les observant partir, me remettant finalement à marcher pour m'enfoncer dans la forêt. Je finis par arriver au bord d'une falaise, observant la vue que cela donnait, voyant les pétales s'envoler au gré du vent.



Je me rappelais alors de mes mots dans cet instant précis. Pendant que mon regard suivais la danse du vent avec toutes ces fleurs de cerisiers.


Dans le tourbillon d'une neige vermeille, dans un battement d'aile, me voilà devant toi.

L'univers sera mon lit, ma volonté une immuable loi.

Ton feu venant tenter de me consumer, L'éternité pour parvenir à nous rassasier.

Alors dans la caresse de ton feu, nous continuerons de nous faire face.

Devenant un simple conte à narrer.

Devenant un nouvel astre à vénérer.

Dans l'infini du temps, nous apprendrons que le jeu est infini, et que nos vies n'étaient que des préfaces.


Je me souvenais, oui, de ces mots qui t'étaient destinés.



Ma main se leva pour lui faire signe de ne plus bouger et je tournais légèrement la tête pour lui sourire.

C'est magnifique non ? Tellement magnifique. Cela durait peu de temps ces moments féeriques... Et nous sommes des milliers de touristes présent juste pour assister à cela.

J'ai toujours rêvé d'y parvenir. De réussir à voir la danse de ces fleurs de cerisiers... J'ai toujours rêvé de pouvoir voler avec ces pétales qui s'envolent au vent.

Ouais. J'ai toujours rêvé de ça...

Et vous ? C'est quoi votre rêve à cet instant précis ? Si les pétales devaient porter vos mots... Qu'est-ce qu'elles diraient ?


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