Chapitre 39.
Je m'étirais comme un chat tout en me sortant de ces draps inconnus, cherchant mes habits dans le fouillis. Grognant avant de réussir à trouver mon string et le reste... Éparpillés aux quatre coins de cet immense appartement.
— Oh chier.... Gémis-je en reconnaissant les lieux.
J'eus juste le temps de redescendre que la porte d'entrée s'ouvrait, me laissant apparaître Caleb et sa fiancée.
— On amène le petit-déj... À quinze heures de l'après-midi... Le goûter donc. Lança dans un sourire Nelia.
Elle se dirigea aussi vite dans la cuisine sous mon regard perplexe, ma main venant finalement frotter mon visage dans un tic devenu nerveux. Un soupir de lassitude franchissant mes lèvres alors que je voyais dévaler du monde de la chambre.
— Ah ouais... Tu déconnais pas quand tu disais que t'avais faim toi ! Ria Caleb.
— J'ai recommencé c'est ça ?
« J'ai recommencé », comprenez : j'ai encore fait la fête, bien trop, au point de ne pas savoir du tout ce que j'avais foutu, et surtout avec qui... Une note de 100 sur l'échelle nommée « ça craint grave ».
Caleb tapota mon dos tout en riant, me poussant pour qu'on rejoigne sa fiancée. Seule, au milieu de dix mecs en boxer. Ouais... C'était un grand moment de solitude vous pouvez me croire. Porté à son paroxysme par la mise en route de mon baladeur sur les enceintes. Caleb était curieux de nature, et en déclenchant ce baladeur... il venait juste de le prouver.
Son rire finissant par être rejoint par celui de sa fiancée à l'entente de la chanson « Hooked a feeling ». Et je ne pus que ricaner en le voyant inviter sa fiancée à danser. Préférant aller me servir un café, affrontant le regard de certains de mes amants.
C'était gênant. Parce que je ne me souvenais pas de certains d'entre eux, mes pensées me conduisant à me questionner sur le fait de me rappeler d'au moins une partie de leurs anatomies. Quoi qu'il était certain que l'un d'eux pourrait facilement m'aider à me souvenir. Je comprenais bien mieux la situation maintenant, et elle m'avait totalement échappé pourtant malgré sa présence.
— Eh bah... Bonjour. Soufflais-je en buvant mon café.
Ouais... Quand tu faisais le compte des mecs devant moi... J'avais légèrement merdé.
Hakane. William Ward. Ne connais pas. Connais pas, mais pas mal. Ressemble à... Oh merde c'est Brown... Oh putain de merde... Tiens, lui on dirait.... Nino ! Oh non Naëlle on avait pas dit pas Nino putain ! Connais pas. Connais pas. Connais pas, mais veux bien y regoûter. Et le dernier...Oh.. Oh merde.
— Bonjour Salomon.... Murmurais-je.
Ouais... Ce coup-ci j'avais vraiment, mais vraiment déconné. Je ne savais absolument pas comment tout ça avait été possible, et je crois que je préférais jamais le savoir au final.
— Elle ne se souvient pas à mon avis vu sa tête, les mecs. Ricana Caleb.
Caleb gardant l'air de rien sa fiancée contre lui. Le plus loin possible de tous les autres fauves. Car un Caleb amoureux est tout sauf partageur. Et il était vraiment dingue de cette femme-là.
Je me souvenais être allé à la demeure de Hakane hier matin... Et on avait commencé à faire la fête... Mais j'étais bien incapable de dire la suite qui aurait pu expliquer le bordel ayant permis une tablée aussi étrange devant moi.
Je ne lâchais pas du regard Brown, affrontant son sourire en coin alors qu'il ouvrait enfin la bouche.
— Bonjour poupée. Merci pour le café, c'était un délice de te voir. Au plaisir de te croiser au détour de ce monde alors.
Il attrapa ses affaires, allant se doucher l'air de rien. Repassant avec son chapeau, me faisant un clin d'œil avant de disparaître. Ouais, même en se cassant il avait la classe Brown.
La majorité en profita pour faire le même, évitant ainsi les questions gênantes sur nos identités. Même Salomon profita d'un moment où je ne l'avais pas dans mon champ de vision pour disparaître. Avec Nino. Me laissant donc les deux coqs avec Caleb et sa fiancée. Et je profitais de ce moment-là pour sortir me fumer une cigarette. Mon regard se perdant sur mes nouveaux tatouages à mes bras. Ah oui je savais pourquoi j'avais été dans cet état. Je me souvenais maintenant.
J'avais vu ces photos de lui dans toutes les unes. Lui et son goût pour les filles différentes chaque nuit. Une vrai rock star... Cole Reed le chanteur de AngelsNight était devenu le célibataire le plus convoité de la musique. Ouais. Et une part de moi avait hurlé dans les tréfonds de ma conscience. Encore.
Es-tu heureux ainsi au moins ? Je l'espère tellement. Que tout ceci ait au moins servi à t'apaiser.
Une douce étreinte vint se faire sentir et je tournais le regard. Rencontrant le visage paisible de Caleb. Il s'amusa quelques minutes avec ma coiffure, m'observant attentivement.
— Cette coupe et cette couleur surtout... On remarque encore plus tes yeux. Tes yeux et ton regard d'enfant perdu dans un monde immense. Ouais... On les voit vraiment bien ceux-là... Nelia raccompagne les deux, et elle te laisse me garder. Je crois qu'on doit se parler nous deux non ?
Je haussais les épaules en détournant le regard, fumant ma cigarette.
— Parler de quoi ? De mes conneries d'ado indigne de mon rang ? Ricanais-je doucement. Je sais que je dois faire gaffe, je sais. J'essaye.
« T'as fait une promesse, c'est à toi de la tenir, pas à moi »
Ouais, ouais je sais bien. Il est là quelque part, lui aussi. Il y a toujours quelqu'un qui attend que je tienne ma promesse, quelque soit l'endroit où je porte le regard.
Toujours. Tenir et avancer. Diriger et guider. Parce que c'est ça non, être la Femme au Dragon ?
Je rentrais avec Caleb, me stoppant alors que je croisais un regard que je ne pensais plus croiser.
Échec et mat. En un coup. Tu le savais n'est-ce pas ? Que c'est ici que tu me trouverais. Que c'est ici que tu allais me piéger enfin ? Et maintenant, je fais quoi alors, hein ?
Je ne sais même plus ce que nous sommes l'un pour l'autre. Tu as eu tout le temps pour m'oublier. Pourquoi vouloir en parler encore ? De ce passé que tu as clôturé. Repars. Repars loin. J'en ai assez de vous briser.
— Je dois te parler, ma panthère. Pas pour les raisons du dernier gala. C'est pas pour ça... J'ai vraiment besoin de ton aide, je crois.
Je hochais la tête doucement, m'approchant de lui avant de me laisser couler dans son étreinte, fermant les yeux au contact de cette chaleur réconfortante à l'odeur agréable d'un passé paisible.
— Mi bella... S'il m'arrivait quelque chose... Tu pourrais prendre soin de mon fils pour moi ? Tu pourrais l'éduquer avec tout l'amour qu'il mérite ? Tu ferais ça pour moi tu crois ? Hein mi bella ?
Je fronçais les sourcils, me redressant et me raidissant à l'entente de ses mots.
— Pourquoi est-ce que tu parles de ça Christopher ? C'est quoi le souci ? Dis-moi ! Qui ose ? Je vais le tuer celui qui...
Il posa doucement ses mains sur mes joues, posant son front contre le mien, me caressant doucement les joues pour me calmer. Souriant doucement.
— Tu ne peux rien pour moi ma panthère... Les flics veulent à tout prix me parler de vous... Ils veulent m'utiliser pour vous faire tomber. Je suis un homme à abattre dans ton monde mi Bella... Même toi, tu devrais me tuer. Parce que même si je ne sais rien... Je te connais toi. Et il pourrait m'utiliser contre toi. Ce n'est pas ton clan qui veut ma mort mi Bella... C'est tous tes associés... Pour vous prouver leurs loyautés pour toi. Je t'en prie, je te connais... Je sais que tu pourras aimer correctement mon fils... Je sais la femme que tu caches à tous.
— Dis pas de connerie borde ! Dis pas ces conneries-là ! Je vais te protéger espèce d'abruti ! Je les laisserais pas te tuer ! C'est hors de question merde ! Je refuse qu'on te tue ! On a pas renoncé à tout ça pour que tu meures putain !
— Je sais même pas si c'est juste ma parano ou la réalité ma panthère, c'est juste que ça fait trop de choses suspectes en ce moment, je n'arrête pas de me sentir suivi comme quand je sortais avec toi...
— Je vais m'en occuper. Je te promets que je m'en charge, toi tu dois aller te mettre en sécurité. Je dois juste...
Je me stoppais à l'entente d'un bruit de bris de glace tournant le regard vers l'origine du bruit, pouvant distinctement sentir le temps se ralentir alors que du mouvement se faisait dans ma vision périphérique, mon corps réagissant plus vite que mon esprit et je plaquais Christopher au sol. Ignorant le bruit se faisant alors que les tirs pleuvaient, mon regard ne pouvant plus se détacher de ce sang se répandant et de cette plaie dans sa tête. La tête du seul homme que j'aurais tellement voulu épouser, de celui qui continuait de représenter tant, tellement d'années plus tard. Celui qui me voyait juste comme la femme que j'étais, pas la criminelle ou la patronne...
Cet homme que je refusais de voir mort, pas comme ça, pas maintenant, et mon propre hurlement de douleur me paraissant étranger.
Mes hommes qui tentent de m'arracher de là, finissant par abandonner l'idée, et c'est les policiers qui vinrent prendre le relais, devant s'y mettre à un sacré paquet pour parvenir à m'ôter Christopher alors que je frappais le premier qui me touchait.
Je me laissais finalement embarquer, gardant le regard dans le vague alors que mon esprit ne cessait de revivre l'instant, s'entêtant à chercher encore et encore le détail qu'il avait loupé. Cette folie qui nous avait pris et qui avait fait tuer Christopher. Daignant enfin s'accrocher à l'essentiel pour l'instant. Le plus important de tout ça, la seule chose me restant.
— Son fils...
— Pardon Madame, il y avait quelqu'un d'autre ?
Je secouais lentement la tête, gardant le regard perdu.
— Son fils... Aldino... Il est tout seul... Faut le trouver... Faut...
— On s'en occupe Madame, calmez-vous. Vous savez où il habite ?
Je hochais doucement la tête, notant machinalement l'adresse alors même qu'au lointain dans mon esprit un hurlement raisonnait, essayant sans doute de me réveiller de cette léthargie pathétique. Pourtant seul tout ce sang sur mes mains gardait mon attention. J'avais du sang sur les mains depuis très longtemps... Mais celui-là m'était insupportable.
J'allais tout brûler, tout retourner. J'allais faire payer le monde. Je refusais de laisser cette mort-là impunie. Je voulais me venger, je voulais le revoir.
Je refusais cet adieu-là et pourtant la sensation de mes larmes accompagnant cette douleur dans tout mon être, cette sensation me confirmait que tout cela, c'était réel.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top