Chapitre 38. Point de vue Cole R.


Quelque chose dans l'air me semblait différent. Comme si ce soir mon cœur se sentait plus léger. Nous étions dans une nouvelle ville pour la tournée, et je regardais ce paysage différent d'hier. Ce pays étranger que je ne connaissais pas.

Ah si je me rappelais où nous étions... Paris en France... C'est là que nous étions... Dans une de ces suites d'hôtel donnant vues sur leurs « Tours Eiffel » ... La salle serait encore pleine ce soir. Le public serait encore au rendez-vous. Et l'espace d'un concert, j'oublierais que tu m'as fait crever loin de toi. Penses-tu à moi, toi ? Non bien sûr que non. Soyons réalistes, toi tu as pus m'oublier. C'est une certitude douloureuse.

— Il est l'heure mec.


Je hochais doucement la tête, le regardant repartir. Lui et ce regard devenu fuyant. Tu l'as fait changer, tu sais ?

— Tu as peur de la retrouver ? Le questionnais-je

Et voilà, le voilà figé dans le temps à ta simple mention. Et son regard ne parvient alors plus à masquer à quel point il est tourmenté. Qu'est-ce que tu lui as fait subir à celui-là hein ? Est-ce l'état de Logan qui a marqué à ce point mon pote ?

— C'est parce que j'ai peur, au contraire, de jamais la retrouver que je suis dans cet état, Cole. Tu ne comprends pas ? Tu comprends vraiment rien de tout ça ? Rien ne la force à revenir. Rien. Vous avez brisé son cœur. Les jumeaux ont achevé le travail que tu as commencé. À vous trois... Vous avez tué cette femme. Je l'ai vu mourir Cole. Si elle revient... Ce ne sera pas celle que tu as connue. Cette femme-là, elle est morte à son départ du clan. La patronne à présent, c'est un dragon sauvage en liberté. On crève tous de trouilles Cole. Tu connais que ses bons côtés toi. Tu es vraiment chanceux.

— Je ne pige pas... Tu as peur d'elle ou elle te manque ?

— J'ai pas peur d'elle... Elle me terrorise mec. Elle me terrorise vraiment. Elle ne me manque pas, c'est pire que ça. Je n'aime pas cette femme, je l'adore. C'est bien pire. Elle est la seule personne au monde me faisant ressentir tant de choses en même temps. C'est comme fixer l'univers, c'est stupéfiant. Elle est comme les phœnix, mourant et revenant à la vie devant toi. C'est... Merde bien sûr que je veux la revoir ! Bien sûr ! Je...



La sonnerie de son téléphone vint interrompre son monologue, et il décrocha aussi vite. Me lançant un regard sérieux tout en parlant avec son interlocuteur. Il finit par raccrocher, ses doigts venant battre un rythme étrange sur son crâne. Je soupirais en allant finir de m'habiller, le sentant me suivre du regard alors que je n'affichais plus aucune émotion depuis son départ.

— Et toi Cole.... Elle te manque ?

Le même piège. Exactement le même. Je le savais et pourtant mon corps réagit de la même façon. Je me figeais dans une position tout sauf... classe. Relevant la tête vers lui en arquant un sourcil. Un sourire idiot s'étirant sur les lèvres de ce crétin.

Putain j'y échapperais pas à celle-là.

— Je savais bien que toi aussi tu voulais voir ma baguette magique...

Je ricanais en secouant la tête, finissant d'enfiler mon jean sans le lâcher du regard.

— Garde rangée ta baguette, ou je te lance un sort pour te l'ôter, tu vas voir.

Il grimaça en levant les mains en l'air, et j'en déduisis que les séances films que nous nous faisions régulièrement portaient leurs fruits.

— En fait, l'appel que j'ai eu là... C'était Luc. Pour me prévenir qu'elle était rentrée. Elle les a tous mis au boulot aussi vite, et on sait pas comment elle a su... Mais elle a lancé un grand nettoyage au sein du clan. C'est un peu l'apocalypse dans tout l'empire là... Je suis bien content qu'on ait la tournée. Ricana-t-il.

— Le dragon est rentrée dans sa tanière et elle punit ses enfants quoi. Et toi t'es le gosse qui se cache de môman... Ricanais-je.

Ouais c'était ça, ça le soulageait qu'elle soit de retour, mais avait peur de la croiser.

— Et du coup... On devait pas y aller ?



Il sursauta avant de hocher la tête, partant de la suite aussi vite. J'ai juste le temps d'enfiler ma veste et de prendre mes lunettes de soleil qu'il était déjà à la porte de l'ascenseur. J'attendis que les portes se referment sur nous pour poser une question me brûlant les lèvres.

— Avec tous les talents qu'il y a dans cette... famille... Comment avez-vous fait pour ne pas la retrouver avant ? C'est quand même...

— Elle se déguisait et se grimait en permanence. Tu serais incapable de la reconnaître si tu la croisais dans ces cas-là. Elle a un Q.I de dingue en plus, putain mec ! Tu crois vraiment que celle qui s'est perfectionnée dans le crime n'a pas toutes les cartes en main pour être invisible ? Tu crois que Peter a appris tout seul ? La seule chose qu'avait Peter pour la retrouver en permanence, c'était une puce. Et elle a fait ôter ça à Ritchi avant de partir.

— Tu l'as déjà vu quand elle se déguisait ?

— Ouais... et je suis pas le seul. Écoute mon pote...

Il appuya sur le bouton d'urgence de l'ascenseur, le faisant stopper, restant appuyé en soufflant.

— Quand j'étais avec elle... Elle. Elle n'a jamais reparlé de vous. Jamais. Elle n'avait même pas l'air de se souvenir de vos existences... Je peux juste te dire que là-bas... Quand on l'a laissé... Un mec lui tournait vraiment autour...

— Tu essayes de me dire que je l'ai perdu Aaron ?

Il hocha doucement la tête sans se redresser.

Voilà donc ce qui torturait mon pote quand il me regardait. Savoir quelle vie menait Naëlle pendant que moi je l'attendais.

— Je le savais déjà ça. Je sais qu'elle m'a oubliée. J'ai pas réussi à être assez con pour pas l'avoir compris. Être aussi con que Natan qui est persuadé qu'il la trouvera, alors que c'est lui qui l'avait fui. T'inquiète, je sais déjà ça. Peter était vraiment déterminé à me la faire oublier, tu sais... Du coup... Je la connais plus que toi sûrement cette foutue chieuse. Parce que Peter m'a permis de la connaître vraiment, en apprenant sa vie et ses travers. Même ces derniers mois. Même là en sachant que ça ne servait plus à rien... On a continué de s'engueuler et se provoquer encore et encore... C'est notre façon de communiquer, je crois... Et, je crois que même si elle continue de nous aimer... Elle ne se paiera plus la faiblesse d'y céder.



Il enleva sa main de l'interrupteur, s'excusant auprès du centre d'aide. Restant dans son silence jusqu'au trajet pour nos loges. Se servant un verre d'alcool avant de me regarder.

— Quoi ? Grognais-je. Tu veux me demander quoi cette fois ? Est-ce que je crois que la verrais ? J'en sais rien mec. Je l'espère... Mais je sais pas.

Je sais en vérité. Je sais déjà. Et toi aussi, tu lis bien dans mon regard à ce moment précis. Tu me connais trop bien Aaron, tu me connais par cœur. Et tu sais que je te mens. J'ai déjà compris. J'ai bien compris que je l'avais perdue. Et rien ne dit que dans cette vie qu'elle s'est tracée, j'ai ma place. Tu sens bien toi aussi ma douleur. Tu sens bien qu'elle ne me quitte plus. Que ça me rend dingue à en hurler toutes les nuits. Tu les as vus ses marques qui sont revenues. Je sais que tu me regardes vraiment ce soir Aaron. Je sais que tu le subis encore. Tu subis une nouvelle fois de voir quelqu'un mourir sous tes yeux pour en renaître différent.


Oui je l'avais tué, cette part humaine et fragile. J'avais tué mon cœur, sans le moindre remords. J'avais cessé de ressentir finalement. Mon cœur de glace était enfin revenu. Et à mesure que la douleur quittait mon regard, c'est dans le tien qu'elle grandissait. Même en toi Aaron, elle avait tué le petit garçon qui subsistait.

Au fond, je ne demandais rien d'autre que de rester loin de leurs vies, et je ne lui souhaitais que ça a lui aussi. J'espérais qu'elle lui foute la paix.


— Il paraît que les Françaises sont à tomber...

Un sourire en coin s'étira sur mes lèvres à cette réflexion et il se lécha doucement les lèvres en hochant la tête.

— Je crois qu'en ce que je goûte, je suis comme saint Thomas. Ricana Aaron.

Je fermais les yeux en ricanant, me levant de mon siège pour rejoindre Jade. Nous laissant finalement entraîner jusqu'à la scène. Lançant notre monde. Et ce soir encore, je trahirais ma plus grande faiblesse face au public et face à ton regard Aaron. J'ôterais encore cette putain de chemise, et je laisserais à leurs vues ce tatouage pour elle. Les laissant remarquer ce soir son jumeau de l'autre côté, son exact opposé. Ouais, à l'heure de son retour pour son clan... Je lui promettais de l'oublier. J'étais comme Christopher. Savourant un succès qu'elle offrait comme une compensation.

« Pour la gêne occasionnée » ... Voilà ce que cela devait être à ses yeux.


Regarde-moi Aaron. Tu verras. Tu comprendras aussi. Comprendre tout cela m'a juste permis de l'oublier. Et ce cœur gelé n'est plus amoureux. L'amour est une gêne trop encombrante. J'ai un groupe à garder au top du monde. Le reste, je leur laisse.

M'as-tu oublié ? Oui, bien sûr oui.

Tu as raison alors. Parfois les mots ne sont pas suffisants. Parfois les mots ne soignent pas les plaies trop profondes... Parfois ils se fracassent à nos murs. Et on ne peut en récolter que des fragments... Ne comprenant plus l'autre...

Laisse-moi plonger. Laisse-moi plonger là, à présent. Je choisis de me noyer dans cette vie-là. Ne viens pas me sauver, je veux y rester.


Je l'entendais oui. Je l'entendais ton instrument frénétique. Je l'entendais hurler ta rage. Je la sentais d'ici. Je voyais ta colère dans ton regard sur moi, mais tu le savais déjà non, Aaron ? Tu le savais depuis mes retrouvailles avec elle que cela donnerait ça. Tu le savais, et c'est de ça dont tu voulais me protéger. Voilà pourquoi toi tu les poussais à me repousser encore et encore... Pour ne pas revoir ce visage-là de ton pote. Celui-là même que tu avais connu il y a dix ans...

Aaron... Mon ami Aaron.


— Et si nous divulguions à nos superbes fans que ce soir nous sortirions en ville pour faire la fête et danser... Tu crois que ça te dirait ?

Les hurlements stridents me firent sourire encore plus et je pouvais le voir secouer doucement la tête en soupirant, haussant les épaules avant qu'un sourire étincelant ne vienne s'étirer sur ses lèvres.

— Oh non, il ne faudrait pas qu'on fasse connaissance par hasard avec des chanceuses du public voyons...


Aaron mon ami Aaron, ce soir redevenons comme en ce bon vieux temps. Allons donc chasser jusqu'à l'épuisement. Repartons donc jouer. Ce soir j'ai très envie de me dépenser. Fêtons la nuit mon pote. Car ce soir j'ai décidé de revenir à la vie.

Adieu Naëlle.


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