Chapitre 31. Point de vue Cole.
Depuis mon arrivée dans ce lieu, je pensais avoir connu toutes les émotions. Oui. Je pensais vraiment avoir passé tous les stades du possible. Mesurant mes paroles, mes regards, mes gestes. J'étais ici en terrain miné. Désagréable à souhait, mais obligatoire pour entrer dans la vie de cette femme-là.
En réalité je fus même étonné d'être aussi invité à venir passer ce Nouvel An avec eux. Et je ne doutais pas que cet effort venait d'elle. Car j'avais bien saisi que rien ne se faisait sans son accord à elle dans cette demeure. Elle, la Patronne.
Ouais.
« Absolument pas banale comme gonzesse » j'avais dit en la rencontrant la première fois. Et j'étais bien loin du compte en me le disant. Très loin du compte.
C'était très intéressant de la voir évoluer dans ce monde que je découvrais. Dans son monde. Ce monde où elle n'était jamais tout à fait seule. Toujours un homme pas loin, l'observant et guettant ses besoins. Et je n'avais pas mis longtemps à comprendre le pourquoi. Elle était imprévisible. Totalement. Passant d'une chose à une autre sans qu'on ne puisse l'anticiper. Et si moi je maîtrisais la neutralité absolue dans mes expressions faciales, elle... Elle était un niveau au-dessus. Et quand ses hommes lisaient sur son visage une expression telle que la colère... On pouvait sentir la peur se répandre aussi vite.
Oh le pourquoi de cette peur me fut très vite montré. Le fameux Peter se faisant une joie de me montrer cette femme sous son jour le plus sanglant. Car les séances de la demoiselle dans son sous-sol étaient enregistrées au cas où. Et je reconnaissais sans mal qu'elle était d'une cruauté terrifiante. La « visite » de ce fameux sous-sol ne faisant que confirmer que non... Je n'avais pas rêvé les vidéos.
Ah ça, ils s'en donnaient du mal pour me faire reculer ses hommes.
Mais je fus encore plus intéressé par elle je l'avoue. Parce que oui je l'avais déjà vu ce regard sombre qu'elle avait quand elle avait soif de sang. Oui je le connaissais. Je n'avais fait que découvrir ce dont elle était capable en cédant à cela. Mais bien plus que cela, elle était aussi une personne semblant gérer énormément de choses. Et cela sans que ça ait l'air de lui poser de difficultés. Basculant d'un domaine à un autre aussi facilement que se formaient les mots dans sa bouche. Il était complètement hallucinant de la voir passer d'une discussion sérieuse à un moment où absolument plus rien ne l'était. Et de la voir se faire gronder comme une enfant par l'un de ses hommes ensuite.
J'avais compris que l'être qu'elle était, cette femme devant mes yeux, c'était un composé fragile de plusieurs facettes. Résultat sans aucun doute de son lourd passé. Et en comprenant ceci, je comprenais bien mieux le côté hyper protecteur de ce Peter. Je le détestais clairement à l'instant présent oui, mais je comprenais sa façon d'être avec Naëlle. Et je trouvais même cela rassurant qu'une personne avec une intelligence de ce gabarit veille sur elle.
L'intelligence. Cela semblait être un des points communs de ses « chefs » liés à elle. Ils avaient tous un domaine de prédilection c'était certain, mais c'était aussi des hommes avec un quotient intellectuel au-dessus de la moyenne. Et cette masse d'intelligence ne fonctionnait que pour faire de cette famille ce qu'elle était. Et faire du mal à l'une des personnes de cette famille, c'était se mettre à dos l'ensemble de ses membres. Le mieux de tout étant d'avoir fait du mal à la femme dirigeant cette joyeuse bande de criminels. Ah ah ah...
Tout ça pour dire que niveau vigilance... J'étais au max. Étonnement.
Bon je devais reconnaître qu'une discussion franche avec certains de ses hommes les plus proches avait suffi à les faire me foutre la paix. J'avais ainsi eu le plaisir de découvrir à mes dépens une de ses inventions. Un sérum. Le même utilisé que sur Naomie. Super sympa. Même si je n'étais pas certain de me laisser retenter une nouvelle fois par ça vu l'humiliation que c'était. Mais bon, ce n'était pas comme si on m'avait demandé mon avis en me l'administrant.
Leçon numéro 10 : ne pas se laisser offrir un verre par le majordome dénommé Salomon.
Enfin cette leçon numéro 10 entraînant très vite cinq autres règles pour enfin avoir la règle 16. La règle 16 ? Éviter toute chose qu'a pu toucher ce Salomon.
Ouais. Le grand et parfait Salomon me détestait. En fait, je crois que le terme de « haïr au point de tenter de me tuer de multiples fois » était le terme le plus exact. Putain de belle bande de psychopathes. Au point que ce fut même Logan qui me sauva la vie un peu moins de dix fois en l'espace de trois jours. Le mec m'ignorant le plus superbement, était pour le coup le moins dangereux de tous. Limite si je n'avais pas eu envie de dormir avec lui, c'est pour dire à quel point j'étais à l'aise dans cette maison.
Avais-je tenté de demander ? Non bien sûr voyons ! Comme si putain !
Bon... Ok ouais j'avais tenté. Mais à ma défense j'avais trouvé un putain de mort en morceaux dans mon lit ! Et sans grande surprise... il avait refusé de dormir avec moi. Aaron n'avait pas eu ce choix lui. C'était lui qui m'avait convaincu d'accepter l'invitation. À lui de payer le prix aussi.
Il y en avait un second ignorant ma présence purement et simplement. Le mec aux cheveux blancs. Mais franchement lui... Ça m'allait parce la seule phrase qu'il m'avait dit m'avait bien bien refroidi : « Je suis le mec qui connaît toutes les façons de te tuer et de faire disparaître ton corps sans laisser aucune trace. »
Oui ça calme. Mais bon, au moins je savais à quoi m'en tenir avec lui. Enfin. Je croyais savoir à quoi m'en tenir avec lui... Mais ça, c'était avant que je ne voie la femme étant censée être sa patronne.... Le fuir. Parce qu'il était en mode « nettoyeur » selon elle.
Chez moi nettoyer voulait dire faire le ménage et ramasser les déchets de la fête. Eh bien... Pour lui aussi on peut dire... La seule différence étant que les déchets en question... C'était toutes personnes croisant son chemin.
Cette maison de dingue sérieux... Et je ne pouvais pas dire que celle les dirigeant fut meilleure. Ah ça non.
Depuis mon arrivée, j'avais pu assister à plusieurs de ses phases. Et si je n'avais vu d'elle que ses visages les plus « sérieux » jusqu'à présent... Je fus servi en découvrant que cette foutue chieuse était aussi la plus grande gamine de toute la famille. Et pourtant croyez-moi qu'il y avait du niveau. Même Aaron et Natan ne pouvaient la concurrencer. Alors que ces deux-là, ils avaient quand même un âge mental proche de la crèche quand on les foutait à deux. Et quand, par miracle, cette tornade ambulante était calme... Eh bien... Elle jouait de la musique. Et cela pendant des heures sans que quiconque ne vienne l'interrompre. Elle jouait du violon plus précisément. Toujours sous le ciel étoilé quand je l'avais entendu et aperçu.
Si j'avais cessé de vouloir l'avoir contre moi... L'instant précis où je l'avais aperçu jouant ainsi sa mélodie face à la voûte céleste... À cet instant précis oui... Mon être entier sombra encore plus profondément pour elle.
Ouais... La vérité c'est que j'étais dingue de cette femme. Cette femme que je ne devais considérer que comme une « amie » pourtant. Cette femme me parlant de tout et de rien, me vannant comme si rien n'avait eu lieu entre nous. Comme si hier encore nous étions ces deux collègues passant leurs temps à se lancer des vacheries. Et je pense qu'en termes de douleur et de torture... Elle était bel et bien la patronne de cette bande de fous rien que pour cela. Alors oui, si vous m'aviez demandé si j'étais celui des deux qui souffrait le plus... J'aurais répondu oui sans hésiter.
Parce qu'à mes yeux, elle avait l'air d'aller bien. À mes yeux, elle vivait très bien sans moi dans sa vie. Alors je ne comprenais vraiment pas pourquoi Natan m'interdisait de m'éloigner ou de merder de nouveau. Pourquoi malgré leurs haines évidentes à mon encontre, l'ensemble de cette joyeuse bande de psychopathes agitée du bocal me laissait être présent dans son entourage. Il n'y avait aucune putain de logique à cela. Aucune. Parce cela faisait depuis son départ de New-York qu'on me tenait très loin d'elle. Alors pourquoi depuis l'hôpital, là précisément... Les choses étaient devenues ce qu'elles sont maintenant ?
La réponse à cette question je l'obtenu il y deux minutes à peine de cela. Par la bouche d'Aaron. Parce que ce jour-là de décembre, quand Natan m'a fait amener de force dans cette putain de chambre. Ce jour-là précisément, elle est morte. Encore.
Elle était morte, encore une fois, et sa course après la mort ne semblait pas un mythe inventé par ce mec.
Pourtant je voulais vraiment que cela ne soit qu'un mensonge. Un foutu mensonge de plus de leurs parts. Mais ce n'est pas des mots que j'aurais dû entendre non. C'était les mots de Aaron pour Naëlle alors qu'il lui parlait. Et leurs expressions quand j'avais posé la question fut ma réponse... Oui j'avais bien entendu. Je voyais bien que jamais je n'aurais dû entendre cela. Jamais. Elle pouvait porter tous les masques du monde, à ce moment précis de son existence... L'alcool et les drogues ingérées eurent raison de tous ses masques. J'avais face à moi une femme en proie à un tourbillon d'émotions hallucinant, me dévastant dans la même seconde.
« Tu prétends l'aimer ? Alors bon courage pour l'attraper »
Une simple phrase. Un simple geste. Comme une cage ouverte relâchant un animal, je devenais en une seconde le chasseur d'un animal sauvage et féroce.
Mon corps s'élançant bien plus vite que mon esprit. Je ne percutais des risques qu'en croisant ses gardes. Mais franchement, je n'en avais rien à foutre de ces crétins là. Parce que je poursuivais la reine des connes. Dix fois. Dix putains de fois. J'aurais pu la perdre définitivement dix fois depuis son départ. Et je voulais entendre de sa bouche le pourquoi de cela. Hors de question de la laisser fuir.
Même si cette foutue de gazelle courait vite. Bon pas droit, mais vite.
— Mais pourquoi tu cours en zigzag bordel !
— Pour te semer ! Hurla-t-elle
La reine des connes complètement défoncée donc. Défoncée, mais dangereuse. Parce que je dû esquiver littéralement tous les objets passant sous ses mains et qu'elle me lançait. Vous devinez ce qui devint le second très gros problème ? Le dingue aux cheveux blanc ouais. Le fameux Ritchi donc, nous poursuivant.
Autant dire que là, il n'y avait pas que Naëlle qui utilisait toute chose passant sous sa main. Même si dans ce cas précis les « choses » étaient ses propres hommes. Instinct de survie on appelle ça chez moi. Surtout quand le mec te poursuivant te hurle des menaces de mort. T'as pas super envie de t'arrêter. Et j'avais pas envie de tester son mélange à celui-là, étrangement.
Je me maudissais d'avoir fumé de son mélange, parce que franchement courir dans cet état c'était comme courir sur un nuage.
Oh je doute pas que vous ne compreniez pas le comparatif, mais là je n'avais pas mieux. Parce que sinon faudrait vous détailler ma propre façon de courir... Et pour conserver le peu de dignité me restant... Je ne le ferais pas. Mais cette course poursuite avait au moins l'air de faire bien rire le patriarche de cette famille et les deux hommes l'accompagnant. Enfin... Ils ont bien ri jusqu'à Ritchi. Après... Paf. Silence. Ce fut à mon tour de ricaner je le reconnais.
Ah on croisa certains invités aussi. Et le "malheureux" Ward se prit deux ou trois seringues de Ritchi. Mais ce fut peut-être parce que je le pris comme bouclier. Mais bon, c'est un malheureux concours de circonstances. Ou pas. Mais ce n'est pas comme si j'appréciais ce mec hein.
Caleb Angley lui, étrangement, avait vite saisi l'intérêt de prendre son café sur la terrasse. Alors il se contenta de traverser la maison l'air de rien. Autant vous dire que je ne savais pas si c'était lui le plus normal de nous tous.... Ou le plus dingue. Apparemment c'était aussi ça l'influence Naëlle.
À force de fuir et courser en même temps, je ne faisais absolument plus attention de notre position au sein de ce putain de labyrinthe. Alors pouvoir expliquer comment je pus me retrouver enfermé avec la gazelle... Vous en demandiez trop.
En fait, c'est pile à l'instant où je pouvais lui parler... Qu'on se retrouvait comme deux cons à reprendre notre souffle en ricanant. Enfin je ricanais jusqu'à m'apercevoir d'un élément hautement perturbant. Naëlle avait chaud. Et forcément... Dans sa tête à elle, cela exigeait une action immédiate visant à régler ce souci... Ouais. Ouais. C'était clairement cette gonzesse-là qui allait me faire crever je vous le jure.
— Un souci mec ?
— Aucun. Je vais me mettre à niveau du coup.
J'ôtais ainsi mon haut en me laissant glisser contre le mur, soufflant en passant une main dans mes cheveux. Oh je pouvais sentir le poids de son regard bien sûr, mais c'était à mon tour de jouer et je laissais donc mon regard parcourir la pièce plutôt que sur elle. De toute façon je devinais que nous étions enfermés dans cette pièce pour un moment. Alors le jeu allait être plaisant. De ça je ne doutais vraiment pas.
Elle ne pouvait plus fuir, et moi non plus. L'heure de la mise à plat des choses était enfin venue.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top