Chapitre 26. Point de vue Cole.


« Non Reed, je ne t'ai jamais aimé. Oui je t'ai juste manipulé depuis le départ. Mon jeu est juste beaucoup plus parfait que celui de cette Naomie. »

Mensonge. Que des mensonges. Ce n'était qu'une illusion.

Elle l'a dit elle-même. Un stupide mensonge. Une stupide occupation dans sa vie. Alors qu'est-ce que je foutais là ? Traîné de force par Natan à des centaines et des centaines de kilomètres de chez moi pour être entouré de mecs qui semblaient se demander la même chose que moi, et cette idiote qui est là dans ce putain lit d'hôpital, inconsciente depuis des jours et qui a bien failli crever... Cela faisait combien d'heures que je priais pour me réveiller de ce cauchemar déjà ?

Oh, bien trop je crois...


Je me souvenais juste de Natan débarquant dans cette chambre comme un fou. Je me souvenais juste de sa panique palpable. Et après ? Oh oui... Après j'ai été endormi, je crois bien, puisqu'à mon réveil j'étais assis à cette place précisément que je n'avais pas quittée depuis. Cette place face à elle branchée de partout , elle qui semblait juste dormir.

— Natan, je vais y....

— Tu bouges pas de là toi ! Sinon je te casse tous tes os pour t'en empêcher, suis-je clair ?!

Je me rassis face à sa colère, ne comprenant pas en quoi ma présence était indispensable, mais bon vu la tête des autres mecs, je crois qu'il y a que cet abruti de Natan qui le sait.

— Je vais fumer.

Je me levais, prenant le paquet de cigarettes dans ma poche, sortant de la chambre aussi rapidement que je le pouvais. Je haïssais ce genre d'endroits putain. Je haïssais ça.

Je me retrouvais quelques minutes plus tard dans une petite cour, m'allumant une cigarette en me laissant glisser contre un mur. Laissant retomber ma tête entre mes bras, cherchant à comprendre ce que je ne saisissais pas dans tout ce bordel.

Pourquoi étais-je là ? Elle ne voulait pas de moi dans son monde. Pourquoi vouloir m'y imposer ? Comment avait-elle fini dans cet état ?

Elle m'a répondu, elle a fini de me briser de la pire des façons. Alors pourquoi, pourquoi m'obliger à rester là ? Pour voir à quel point elle n'a pas besoin de moi ? Je le sais putain. Je le sais.



— Voilà l'explication de son tourment. C'est toi alors...

Je sursautais en relevant la tête, clignant des yeux en découvrant un homme accroupi devant moi. Son regard d'un noir hallucinant me guettant avec attention, comme un prédateur guettant le moindre geste. Un frisson désagréable dévalant le long de mon dos alors qu'il semblait me disséquer, et je me surpris à tenter de me fondre dans le mur derrière moi pour échapper à son regard. Putain c'était qui ça encore ?

— Je me demande... Si je te tuais, quel tournant prendrait sa vie ?

Il pencha la tête, semblant se questionner lui-même, détournant le regard vers une femme dont le visage est couvert à moitié par une capuche. Elle était postée là, ne bougeant pas, n'ouvrant pas la bouche, pourtant sa présence même semblait agacer l'homme me faisant face vu la grimace qu'il fit.

— J'arrive. Il est enfin l'heure de toute façon, elle a pris son temps cette fois.

La jeune femme repartit, et je clignais des yeux tout en portant la cigarette à mes lèvres. Je vis avec stupéfaction ma cigarette se faire attraper par la main de l'homme alors qu'il se redressait, la portant à ses lèvres en me regardant de haut. Semblant réfléchir en m'observant.

— Je ne sais pas ce qu'elle te trouve. Vraiment pas. Tu ne vaux pas la peine de mourir... Faiblesse humaine, je présume... Ne te bats-tu pas pour les choses que tu désires dans la vie ? Pardon, question conne. Non.

Il me fit signe de ne pas répondre, semblant deviner ma réponse alors qu'un rire silencieux franchissait ses lèvres, me provoquant une colère dingue aussi vite.

Putain je ne savais pas qui était ce mec, mais une chose était sûre : je ne l'aimais pas.

C'était qui ce conard encore ? Un de ses mecs ? Plus ça allait et plus la liste n'en finissait pas dis donc...

— Cela fait quoi de se dire qu'une personne de plus a failli perdre la vie à cause de ton aveuglement ? Ta mère, ton frère... Ooh même ta première petite amie est morte de ta faute dis donc... Une de plus ou une de moins, il est vrai que tu n'es pas à ça près.

Je sautais sur mes pieds aussi vite, me jetant sur lui les poings en avant, me retrouvant bien vite plaqué contre le mur et immobilisé. Son rire me glaçant le sang alors que tout mon être transpirait la haine et la rage.

— N'en as-tu pas assez d'être un lâche Cole Reed ? Regarde-toi. Tu aboies, mais ne mords pas. Tu ne ferais même pas peur à un nourrisson. Lamentable. Comment une femme comme elle peut-elle aimer un lâche pareil ? C'est un gâchis sans nom que je meurs d'envie de rectifier.... La vie humaine est si fragile... C'est amusant non ?

Je sentis quelque chose de glacé entailler la peau de mon cou, la sensation de douleur me parvenant alors que je sentais quelque chose dévaler sur ma peau.

— Je pourrais te saigner, et m'amuser à observer la vie quitter ton corps. Par pur jeu. Si je te tue maintenant, à qui penseras-tu en premier ?


Elle. Le goût de ses lèvres. Son sourire. Son rire. Sa voix. Juste elle. Encore et toujours. Elle. Cette putain d'idiote qui gît dans un lieu qui ne lui va pas. Cette femme que je ne comprendrais jamais et que je ne peux pas m'empêcher d'aimer comme le camé que je suis.


— Un jour elle m'appartiendra. Un jour elle ne saura qu'à moi. Mais en attendant ce jour, vas-tu la laisser passer sans te battre Cole Reed ? Si c'est cela, je peux bien prendre sa vie maintenant comme elle l'a demandée. Elle veut mourir, tu sais ? Elle passe sa vie à courir après la mort. Peut-être que je devrais exaucer son vœu, et la tuer.

— Non !

Le hurlement sortit de ma bouche bien malgré moi, ressemblant bien plus à un cri désespéré qu'à autre chose, mais je refusais purement et simplement de la voir mourir. Ça, je ne pouvais pas le supporter.

— Si le diable avait un conseil à donner à une pauvre âme mortelle comme la tienne, cela serait que vos vies sont si courtes, qu'il vaut mieux se battre pour vos désirs. Le sablier s'écoule Monsieur Reed, et viendra le jour où il sera trop tard pour la rattraper parce qu'elle se sera envolée. Et elle deviendra mienne... Faisons un marché... Je ne te tue pas et tu me prouves qu'elle est tienne, et que tu es à sa hauteur. Déçois-moi, et je viendrais la prendre avant l'heure... Montre-moi donc, ce qu'une âme blanche peut faire pour une âme de la couleur du sang.


La pression disparue et quand je me retournais, l'homme n'était déjà plus là, ma cigarette à terre. Ma main se posa dans mon cou avant de la porter à mon regard pour y découvrir mon sang. Cette douleur dans mon cou me confirmant que je n'avais pas rêvé. Et j'étais encore comme un con à ne rien comprendre quand Natan arriva dans la cour, fronçant les sourcils en voyant mon état.

— Comment t'as fait ça ?

— Je... sais pas ?

Je me frottais le visage en tentant de remettre mes idées en place, m'allumant une cigarette en cherchant des yeux des caméras. N'en trouvant aucune, forcément. Je gardais le silence, ne comprenant déjà rien de ce qu'il venait de se passer. Cherchant vainement à saisir.

— Je sais pas comment t'as fait ça mec, mais... écoute... Je suis venu pour te prévenir qu'elle était réveillée... Alors... Allons soigner ça avant d'aller la voir hein.

Je fis un pas, sentant mon pied taper quelque chose et mon regard se porta sur l'objet, et je me baissais afin de le ramasser. Qu'est-ce qu'un sablier foutait là ?

Je me laissais amener par Natan jusqu'à une infirmière qui me soigna avant qu'on ne rejoigne la chambre de la dame. Pourtant je ne levais pas le regard, observant avec attention ce sablier de couleur dorée finement ouvragée alors qu'un sable de couleur grenat se trouvait à l'intérieur. Fascinant travail.


C'est le silence absolu qui me fit relever le regard, me faisant capter que j'étais seul avec elle et je l'observais. Elle et ses cernes. Son visage bien plus pâle que ce que j'avais pu voir d'elle. Câblée de partout, revenant des portes de la mort et pourtant son regard de jade lui n'avait pas changé. Ce regard d'animal sauvage prêt à te tuer si tu t'approchais. Ce putain de regard qui me fascinait toujours autant.

— Je t'aime. Et même si nous deux ce n'était qu'une illusion, alors tant pis. Je t'aime tout de même. Je sais que tu ne veux pas de moi. Je n'irais pas contre ta volonté, mais me demande pas de cesser de t'aimer. J'ai essayé. Je n'y parviens pas. Je ne te demande pas de nouvelle chance de te prouver ce que je ressens. Je veux juste une place dans ta vie. Je ferais semblant de pas t'aimer. De ne pas vouloir de tes bras et de tes regards. Je mentirais sur tout. Mais je veux une place dans ta vie. Qu'importe le prix. Peut-être que comme ami déjà, je te ferais moins de mal... Je suis désolé de mal t'aimer. De pas te comprendre. Je t'aime tout de même. Malgré moi, malgré tout ça. Alors si même une place c'est trop demandé... Laisse-moi au moins crever. Ne me demande pas de vivre, si tu n'apparais plus dans cette caricature de vie.

— Sais-tu que j'ai tué... des centaines... et des centaines.... de personnes ? Sais-tu que tu demandes d'entrer dans la vie... d'une criminelle ? Je ne connais... pas la pitié et le pardon. Pourquoi... ne pas juste comprendre que je t'éloigne... pour ton bien ? Vous êtes vraiment... Tellement con putain. Murmura-t-elle.


Je me décollais du mur, rangeant le sablier dans ma poche tout en m'avançant vers elle. Prenant place sur la chaise en prenant sa main dans les miennes. Posant mon front dessus en fermant les yeux.

Oui j'étais le roi des abrutis et de tout ce qu'elle voulait. Je devais bien le reconnaître.

— Oui, je suis le roi des abrutis, et je sais rien de qui tu es réellement. T'es trop de chose pour en faire le tour simplement. Alors, laisse-moi juste une place en tant qu'ami. Une place dans le bordel qu'à l'air d'être ta vie. Continue de foutre le bordel dans la mienne, lui donner trop de couleurs à ce que ça m'en pète les yeux. Si tout ça n'était qu'une illusion, alors tant pis je prends tout de même. Mais ne disparais pas une fois de plus.

— Ce n'est pas parce qu'on ne voit pas les choses qu'elle disparaisse... Souffla-t-elle. Ce n'est pas parce que tu ne me voyais pas... Que je n'étais pas là. Mais d'accord... Je vais essayer... De te laisser une place. Voyons ce que cela donnera... Mais je ne te promets rien.


Qu'importe. Qu'importe la place donnée. Sa main dans les miennes est une chaleur atteignant mon cœur sans aucun mal. Je sais que j'ai fait le bon choix cette fois. Vivre sans elle est une mort bien trop lente et douloureuse. Plutôt vivre dans le péché et heureux avec elle, qu'une vie sans aucun goût face à son absence.

J'étais incapable de ne pas l'aimer et de renoncer à elle.


— Crétin... Tous des crétins...

—C'est celle dans un lit d'hôpital qui m'insulte de crétin ?

— Justement... Je suis une bonne échelle de référence.

Je relevais le regard pour croiser le sien, mes mains serrant la sienne.

— Je t'interdis de crever, putain de chieuse.

Un sourire en coin s'étira sur ses lèvres et elle pencha la tête.

— Apparemment j'ai pas ce droit-là ouais. Faut croire que le diable s'amuse bien trop à m'observer.

Ou peut-être est-ce qu'il attendait juste son heure ? Qu'importe. Je ne le laisserais pas l'emporter cette partie. Même contre le diable je me battrais pour la garder en vie.


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