Passer son temps à tout anticiper, à tout calculer. J'en étais à programmer ma prochaine sortie « loisir » quand une greluche vint se planter devant moi, et là je ne pouvais que me demander pourquoi je ne l'avais pas vu venir ça.
— Et sinon vous faites quoi dans la vie ?
Une grimace s'imprima sur mon visage face à la voix nasillarde de la greluche s'adressant à moi, et je ne pus que me demander : « mais comment j'en suis arrivée là déjà ? ». Ah oui... On avait croisé Aaron en sortant du bâtiment de Plays. Et forcément... On était resté avec lui pour faire une soirée. Chez lui. Et du monde était arrivé. Voilà comment je me retrouvais face à une pétasse à deux doigts de montrer ses seins pour attirer l'attention des mecs présents. Et moi la seule chose que je gagnais de cette mascarade, c'était un sublime mal de crâne face aux piaillements incessants de ces dégénérés.
— Femme au foyer. Je suis mariée avec vingt gosses. Mon mari s'appelle Robert, il est alcoolique et... Vas donc montrer tes seins aux mecs là-bas, ta voix me donne mal au crâne.
Je la plantais là, me glissant entre les personnes de cette soirée bien trop bruyante et peuplée à mon goût. Je parvins à la cuisine, attrapant la bouteille de vodka et ma boite, ressortant de l'appartement afin de monter, allant me poser sur le toit. Un soupir de soulagement s'échappa de mes lèvres alors que je m'installais, me planquant sur la hauteur du bloc menant à l'escalier, et je m'allumais un mélange, mon regard se posant sur le ciel New-yorkais.
— Oh ! Excusez-moi. Je ne pensais pas qu'il y aurait quelqu'un.
Je me redressais en haussant les sourcils, me demandant pourquoi cette voix me disait quelque chose, posant mon regard sur l'inconnu que j'observais comme une bête curieuse.
— Shiro ? Demandais-je en japonais au bout de longues secondes d'observation.
— Tõhime c'est toi ? souffla-t-il en japonais, les sourcils levés aussi vite.
Je laissais la bouteille de vodka, descendant en un bond pour l'observer de plus près, un sourire sincère s'étirant sur mes lèvres.
— Bordel si je m'attendais à te croiser ici.
— Je... Je ne sais même pas ce que je... souffla-t-il les yeux grand ouverts. C'est... Je ne m'y attendais pas non plus. sourit-il alors sans me quitter des yeux.
Je tendis la main pour caresser sa peau, venant poser ma main sur sa mâchoire.
— Le costume te va bien aussi. Ça change du Japon.
— Le... Oh... Ça doit être John. sourit-il en se pinçant les lèvres. Tu... tu n'as pas changé, tu... J'en reviens pas... tu es là devant moi.
— Pas changé ? Ricanais-je doucement. Je crains que si, pas forcément en bien d'ailleurs.
J'observais la porte d'accès, faisant signe à Shiro pour monter sur le bloc avant de me gratter la nuque.
— On va sûrement me chercher, et j'ai pas envie de retourner à cette soirée pour l'instant.
Il ricana en hochant la tête puis grimpa sur le bloc après avoir retiré sa veste.
— Je crois qu'un mal de crâne à fait sortir aussi John. sourit-il.
— Même raison. Ricanais-je en m'asseyant. Je reviens d'une mission en Afrique, alors me retrouver dans une soirée aussi bruyante avec de la pétasse criarde... Ça donne vraiment un putain de mal de crâne.
— Au moins t'as tué personne. ricana-t-il en s'asseyant près de moi. Pas mécontent d'avoir était en sommeil.
— J'ai fui à la douzième connasse venant me demander ce que je faisais dans la vie alors que ses seins débordaient de son soutif...
— Oh... grimaça-t-il. C'est dégueu, ouais.
— Grave ! Riais-je. Ça coupe l'envie je trouve.
— Les gens sont bizarre. soupira-t-il en s'allongeant tout en regardant le ciel. Je sais pas comment ils font.
Je me rallumais mon mélange, m'allongeant à côté de lui en l'observant.
— Tu t'es mis en sommeil alors ? Soufflais-je.
— Oui. J'ai laissé John prendre la place à notre départ du Japon. On est là pour la cousine. Je comptais revenir pour notre vengeance et... pour toi après. souffla-t-il en fixant les étoiles avant de tourner la tête vers moi en me souriant tendrement.
— Lancer la recherche du dragon... Ricanais-je doucement en regardant le ciel.
— Oui. ricana-t-il doucement en tournant la tête vers moi. Et toi ? Qu'as-tu fait depuis ton départ du Japon ?
Je lui racontais en japonais ce que j'avais fait depuis, finissant par boire de la vodka tout en lui expliquant, terminant par la dernière virée en Afrique et ma rencontre avec ce mercenaire barré.
— Tu n'as pas eu le temps de t'ennuyer. ricana-t-il. Et il a l'air amusant le mercenaire.
— J'avoue. Il était amusant. Je me demande si je le recroiserais.
J'observais la porte s'ouvrir, regardant Natan me chercher avant qu'il ne reparte et je soupirais en me rallumant une cigarette, secouant doucement la tête.
— Sérieux. Et vous alors ? Qu'avez-vous fait ?
Il regarda la porte un petit moment après avoir relevé la tête puis ramena son regard vers moi.
— On a continué de se former. Chine, Russie... Partout où on pouvait apprendre de nouvelles choses. Et puis John a pris des cours de... Journaliste. Je crois que c'est pour la cousine. C'est pour ça qu'on doit être là. On est où d'ailleurs ?
— New-York. J'étais de passage, j'ai croisé un ami... Et me voilà dans une soirée très loin de mes goûts. Probablement tout comme John.
— New York... Ok. souffla-il en reposant sa tête pour fixer le ciel. Il doit sûrement être là pour la mise en place de son plan. Les gens font du bruit pour rien.
— Ça s'appelle faire la fête. Ricanais-je en me penchant vers lui. Loisir apprécié par beaucoup de monde.
— Un combat c'est amusant comme loisir. Ça c'est... juste du bruit et des gens qui te touchent. grimaça-t-il.
Je caressais tendrement sa mâchoire, l'observant avec attention, ne sachant absolument pas si j'allais le revoir.
— Pourquoi tu voulais partir à ma recherche alors que j'ai promis de vous aider ce jour-là ? Murmurais-je.
— Pour savoir où tu étais, ce que tu pouvais faire. On... On pense souvent à toi depuis ton départ et je suis le plus curieux des deux. sourit-il en se pinçant les lèvres. Je suis tellement heureux d'avoir pu te voir ce soir. J'ai... J'ai encore du mal à y croire.
— Je suis heureuse d'avoir pus te croiser aussi et de voir que vous allez bien. Tu n'as vraiment pas changé tu sais...
— Pas changé ? T'as vu ma tenue. ricana-t-il avant de plonger son regard dans le mien. Toi tu as toujours le même regard... souffla-t-il doucement.
— J'ai vraiment très envie de t'embrasser. Mais si je le fais j'arriverais pas à te relâcher, sauf qu'il faut bien qu'il retournes à cette soirée... Et qu'il fasse sa mission... Je dois aussi avoir deux chieurs qui me cherchent, à se demander où je suis passé. J'aime vraiment cette sensation qu'avec toi le temps se suspends, et ta faculté à débarquer à des moments pas possibles dans ma vie. J'ai pas changé, c'est toujours un bordel sans nom... Des cœurs brisés, des péchés et moi comme un mirage qu'on n'arrive pas à attraper... Et toi qui me regarde comme un enfant.
Je me penchais à son oreille, caressant doucement sa mâchoire.
— Soit patient, attends-moi. Il est encore trop tôt pour nous retrouver mon démon. Mais je ne t'ai pas oublié non plus.
— J'aime que tu sois toujours la femme libre que j'ai connue. murmura-t-il en souriant tendrement. Et j'ai très envie que tu m'embrasses. Je t'attendrais... le temps qu'il faudra. Je serais patient mon Dragon.
Le pire, c'est qu'il était assez dingue pour tenir parole, lui.
J'effleurais ses lèvres avant de craquer, posant mes mains sur ses joues en savourant le baiser, serrant ma prise. Je brisais le baiser à contre-cœur, posant mon front contre le sien.
— Prenez soin de vous, d'accord ?
— Toi aussi. murmura-t-il en fermant les yeux.
— Je vais essayer, mais je suis vraiment à chier dans ce domaine-là. Ricanais-je en descendant du bloc.
Il ricana en secouant doucement la tête, ne me quittant pas des yeux.
— Essayer, c'est déjà ça. sourit-il. A bientôt mon Dragon.
— À bientôt mon démon. Souriais-je avant de rentrer dans le bâtiment.
Je rejoignis l'appartement d'Aaron, grimaçant du bruit en allant me chercher un verre, me disant que finalement ça me gonflait d'être là. Je rejoignis la pièce où se trouvait mon manteau, l'enfilant avant de me retourner en sentant une présence, haussant un sourcil.
— Quoi ?
— Natan te cherchait.
— Bah je suis là. Pour l'instant.
Il soupira en se frottant le visage et je me demandais ce qu'il me voulait, pourquoi c'était justement Cole qui devait débarquer là maintenant et que décidément mon karma était magnifique...
— Écoutes, je me suis pas moqué de toi. Je t'ai pas menti. Je suis vraiment tombé amoureux de toi. J'ai vraiment cru qu'elle reviendrait jamais. Et quand elle est revenue, j'avais juste besoin d'un peu de temps pour lui faire comprendre... Mais j'essaye... Je te jure que j'essaye de t'oublier...
— D'accord...
— Et toi. Tu m'oublies ?
Non.
— Oui. Pourquoi t'es là, tu cherchais un coin pour baiser tranquille ?
— Ouais, je cherchais une gonzesse déjà trop défoncée, prête à baiser. Et je t'ai trouvé.
— Désolé je suis pas assez défoncée pour baiser avec toi.
Je soupirais en finissant de mettre mon manteau, m'allumant une cigarette en l'observant, trouvant ridicule cette situation. Cette douleur. Ridicule.
— T'es au courant que y'a des tas de gonzesses dans cet appart' qui crèvent d'envie d'avoir ton attention ? Alors vas leur donner. Tu crois souffrir ? Ce n'est rien en comparaison de ce que je peux te faire subir. Dégage.
Je fermais les yeux quelques secondes, me frottant la tempe face au mal de crâne qui revenait. Quelques secondes. C'est ce qu'il lui a fallu pour décider assez connement de tester ce que je disais. Il a voulu s'approcher. Plus près. Beaucoup trop près. Et maintenant je suis sur lui, une lame appuyée sur sa gorge, la rage dansant dans mes yeux. Je venais de le prévenir. Pourquoi n'avait-il pas simplement écouté ? Pourquoi sont-ils tous aussi cons pour ne pas juste écouter ce que je dis et respecter cela ? Pourquoi ne retiennent-ils jamais les leçons ?
Assez. J'en aie assez de devoir me répéter sans arrêt avec cette bande d'abrutis.
— Je ne suis pas une faible femme en détresse. Je ne suis pas une de ces pétasses de bas étages pullulant derrière cette porte. Je ne suis rien de bon pour toi. Alors fous moi la paix et oublie-moi.
— Pourquoi ? Sinon quoi ? Vas-y. Tue moi.
Crétin. Regarde-toi, même vivre tu ne sais pas le faire correctement. Qu'est-ce que tu me veux hein ? Jouer de nouveau avec moi ?
— C'est ça que tu veux... Mourir ?
— Oui.
— Tu es aussi lâche que tu en as l'air.
Je me relevais en esquissant une moue de dégoût, me détournant de lui en me dirigeant vers la porte. Me retrouvant vite plaquée au sol, son corps sur le mien. Nos respirations trahissant nos énervements.
— Qu'est-ce que tu me veux putain ? Grondais-je. Il y en des tas de femmes. C'est pas ce qui manque.
— J'en ai autant que je veux ouais. Même des que je veux pas. J'ai qu'à sortir mon téléphone ou juste sortir de cette pièce pour en trouver une. Elle écartera les cuisses sans même que j'ai besoin de le réclamer. Obéissante, lisse. Facile à suivre.
Alors dégages et laisse-moi. Que croyais tu au juste ? Que j'allais me battre ou te supplier ? Que j'allais tout faire pour te conquérir ? Que la jalousie me ferait céder et l'embrasser ? Foutaise de cours de récréations.
Les moutons comme lui, dans mon monde on les dévorait si vite. Il me faudrait si peu de temps si je le voulais pour le briser. Ouais, en quelques mots. Juste quelques mots.
Il avait juste à se lever et à partir, admettre sa défaite, passer à une autre guerre. Il avait juste à l'admettre, et moi, je n'avais qu'à laminer ses espoirs pour qu'il arrête ce stupide entêtement...
— Dis-moi que rien n'était vrai. Que je t'ai rêvé. Que rien de tout ça n'avait d'importance. Une passade. Dis-moi que tu ne m'as pas aimé. Que j'ai bien fait. Que je suis le seul qui souffre. Dis-moi que tu t'en fous de moi. Que tu ne penses jamais à moi. Je t'en supplie... Dis-moi juste que tu ne m'as jamais aimé... Que celle que j'ai touché n'était qu'une illusion. Que rien de tout ça n'était vrai...
Si je te brise le cœur maintenant... M'oublieras-tu enfin ? Je passais ma vie à mentir. Les mensonges sont si faciles à créer. Je suis la Femme au Dragon après tout. Admire-moi te détruire Reed puisque c'est ce que tu réclames. Il y en aura beaucoup pour te consoler ne t'en fait pas. Tu comprendras alors que je ne t'avais pas mentis : je suis la dernière femme en ce monde qu'il faut aimer.
— Tu veux la vérité ? Tu étais un petit jeu amusant. Un passe-temps pendant mes vacances dans cette ville. Il est facile de simuler les sentiments quand c'est ce que l'autre attend. Tellement facile à manipuler que ça en est lamentable. Tu crois avoir le pouvoir là, mais si je ne tue pas c'est simplement parce que tu es un artiste d'un de mes clients importants. Tu vaux du fric, et je n'aime pas en perdre. Je me fous bien de ce que tu peux penser ou devenir mec, t'es juste un bibelot dans la vitrine de Plays. Mais tu croyais quoi au juste ? Tu ne sais rien de moi, tu ne me connais pas. Tu pensais réellement que je t'aimais ? Mais ce que tu crois de moi, ce que tu penses ressentir, ce ne sont que des illusions que j'ai créées.
Un sourire carnassier s'étira sur mes lèvres alors que je me défais de son emprise, ma lame venant s'appuyer sur sa gorge alors que je me penchais sur lui.
— Non Reed, je ne t'ai jamais aimé. Oui je t'ai juste manipulé depuis le départ. Mon jeu est juste beaucoup plus parfait que celui de cette Naomie. Regarde-toi, à frétiller de la queue, à réclamer mon attention et mes caresses. Un parfait petit chien. Mais tu peux aller te faire adopter ailleurs, j'ai fait le tour de la question te concernant. Tu n'as aucun intérêt à mes yeux. Tu n'as toujours pas compris Reed ? Ce n'est que grâce à Ethan Macry que tu es en vie. Alors vas donc jouer à la baballe plus loin, j'en aie assez de tes conneries.
Je relâchais ma prise, me redressant en rangeant ma lame, le laissant complètement amorphe sur le sol alors que je sortais de la chambre. Quittant tout aussi vite l'appartement, dévalant les escaliers à toute vitesse. Courant dans les rues comme une folle. Une voiture vint me barrer la route après bien des mètres de courses. Et je me figeais en observant les portières s'ouvrir, regardant les hommes sortir de la voiture.
Sérieusement ? Putain de journée de merde.
Je haussais les épaules en soupirant, me laissant entraîner dans la voiture. Les laissant jeter mon téléphone contre un mur en ricanant alors que la voiture démarrait. Les écoutant parler de moi dans une langue dont ils semblaient certains que je ne comprenais pas. Et j'arborais mon masque habituel, aucune émotion ne filtrant.
Qu'importe.
Je devrais être effrayée. Je devrais tout faire pour m'échapper. Je le pourrais. Je n'ai même pas peur. Suis-je encore capable de ressentir cela ?
Après un peu de route, nous voilà sur une des pistes de l'aéroport, et je les laissais m'attacher. Résistant tant bien que mal à l'envie de leurs faire un cours pour bien attacher un otage. Ils semblaient surpris de ma docilité, ne s'en plaignant pas. Se demandant enfin quelle femme pouvait se laisse kidnapper aussi facilement. Moi.
J'avais besoin d'oublier. J'avais besoin de laisser vaquer mon esprit ailleurs, d'avoir mal physiquement. Juste envie qu'on tente de me briser pour la laisser prendre le relais, me reposer et la laisser s'occuper de tout ça. Je voulais juste être un démon sans plus me soucier de rien.
Ils me firent monter dans l'avion avec eux, m'enfermant dans une pièce après que l'un d'eux m'ait injecté je ne sais quel produit supposé m'endormir. Et j'avais continué de faire semblant, retenant un rire nerveux en me disant que ça faisait bien longtemps que ce genre de produit ne faisait plus rien sur mon organisme. On l'avait bien trop utilisé bien avant eux...
Je doutais vraiment que cette belle bande d'abrutis ait conscience de la personne qu'ils venaient d'enlever. De quoi bien foutre dans la merde leur grand chef, et surtout mettre le pays à feu et à sang. Et tout ça juste parce que j'avais envie de m'échapper de conneries étouffantes. Ouais... Même pas une seule trace de remord pourtant.
« C'était une illusion »
Oui. Juste une illusion. Comment cela aurait pu être vrai de toute façon. Nous étions bien trop opposés lui et moi. Je savais que j'avais eu raison. Je le savais.
Tout ça, toutes ces conneries... Juste des illusions.
Je ne sais au bout de combien de temps, j'entendis la porte s'ouvrir, l'un des hommes commentant grassement la vue que j'offrais alors que je gardais les yeux fermés et j'éclaterais bien de rire face à la stupidité de ces mecs, mais ça risquait de casser l'effet de surprise vous comprenez.
Je me sentis portée sur une épaule, avant d'atterrir sur un sol plus dur, le bruit de claquement me faisant deviner que j'avais donc atterrie dans un coffre. Au moins un moment d'intelligence dans tout ça. Même si, sur des milliers de femmes de New-York, fallait que ces abrutis trouvent le moyen d'enlever la mauvaise ces boulets. Sérieusement, il n'avait vraiment pas que des génies le parrain russe.
Après une bonne demi-heure de route, la voiture s'arrêta enfin et je me retrouvais sur une épaule inconnue, me faisant promener, encore. Je les entendis parler avant que l'homme me portant se décide à se remettre en marche, parcourant quelques mètres avant de descendre ce qui semblait être des escaliers.
Allez soyons dingue, parions sur une cave pour m'enfermer.
Quelques mètres plus loin, alors que l'odeur de l'humidité et du sang séché me confirmaient que nous étions dans bien dans une cave, le bruit d'une porte se fit entendre et mon porteur s'avança afin de me poser sur une surface douteuse. J'attendis de l'entendre sortir et que la porte soit refermée à clé, patientant quelques minutes alors que j'avais rouvert les yeux. Je me redressais en m'étirant, me recoiffant avant de sortir une de mes lames. Ils étaient quand même à chier au point de ne pas m'avoir fouillé. Ils auraient dû. Parce qu'à défaut d'avoir mes bébés, j'ai beaucoup de lames cachées.
Je m'avançais tranquillement vers la porte, m'appuyant sur le côté afin de les attendre, me disant que cette bande d'abrutis allait forcément pas tarder à venir jouer.
Je fronçais les sourcils à l'entente d'un bruit sourd, me préparant à l'attaque alors que la porte était déverrouillée. J'attendis sagement que mon visiteur s'avance, engageant le combat contre lui, finissant par le plaquer au sol alors que la lumière du couloir venait me révéler son visage. Un sourire en coin s'étira sur les lèvres de mon « visiteur » alors qu'il se mordait la lèvre face à mon air perplexe.
Sérieusement, c'était la journée des rencontres surréalistes ?
— Tu joues la demoiselle en détresse poupée ?
— Iblis, c'est de toi cette connerie ?
— Ah j'aurais choisis plus confortable pour un corps à corps avec toi si ça avait été mon idée, voyons. J'ai croisé un abruti se balader avec toi sur l'épaule en entrant dans la villa. Je venais de terminer un contrat pour leurs chefs... Et toi ?
— Bah, je me suis fait enlever par hasard et j'avais envie de jouer.
— T'as un vrai don pour faire des conneries tu sais ?
— Je sais. Souriais-je. C'est là tout mon charme.
Il ricana en écartant ma lame, approchant son visage du mien.
— Et si nous allions jouer alors ? Pas que cette position me dérange, bien au contraire.
— Bonne idée.
Je me redressais avant de m'épousseter, léchant le sang sur ma lèvre alors qu'il se redressait à son tour, s'époussetant avant de s'étirer. Les combats commencèrent rapidement alors que l'on rencontrait des gardes, ne rencontrant pas de difficultés réelles à nous deux. Manque de difficultés qui fit que je m'amusais plus qu'autre chose, le sang que je versais encore et encore devenant ma seule obsession. Et quand vint le moment où il ne me restait plus qu'une seule proie avec laquelle jouer, je pris le temps, le laissant même s'armer d'une lame alors qu'on combattait au corps à corps.
C'est au moment où je sentis distinctement la lame s'enfoncer dans mon ventre que je compris que vraiment, j'avais déconné cette fois. Je le tuais en un réflexe de survie, un hoquet sortant de ma bouche alors que la lame ressortait de ma chair quand il chuta en arrière. Ma main venant se poser sur mon ventre pour compresser la blessure.
— Poupée ?
Ses pas précipités l'amenèrent aussi vite à côté de moi, et je vis sa main écarter la mienne pour voir la blessure, ses paroles ne s'imprimant pas dans mon esprit alors que mes pensées partaient sur cette promesse que j'avais promis de tenir. Je basculais dans ses bras, observant comme la spectatrice que j'étais la scène alors qu'il m'amenait dans une voiture, son regard se reposant dans le mien alors qu'il comprimait ma blessure.
— Je vais dégueulasser ta bagnole. Ricanais-je doucement.
— Tu trouves ça vraiment drôle de me faire jouer les chevaliers ?
— Grave. Fais chier quand même, j'avais promis de le retrouver. C'est nul, il est assez con pour m'attendre toute sa vie lui... Faudra l'aider à se venger... C'est marrant non ? Plus tôt, j'ai recroisé la route d'un démon... Et là je suis dans les bras du Diable... Décidément, l'enfer est dingue de moi.
Il arqua un sourcil, se penchant pour approcher son visage du mien alors que mes yeux papillonnaient, ma perte de sang étant bien trop abondante, même pour moi. Sentant mon corps perdre des forces alors que ses mains comprimaient ma plaie pour empêcher mon sang de se faire la malle.
— Déconnes pas, reste consciente. En plus l'enfer, ça n'existe pas poupée.
— T'existe bien toi pourtant. Murmurais-je
— Oui, mais il est trop tôt pour toi. T'es vraiment la pire des dingues et des catastrophes à gérer. On peut pas te lâcher des yeux sans que tu fasses des conneries. Qui voudrait d'une chieuse pareille hein ? Pas la mort en tout cas. Souffla-t-il en se rapprochant.
— Merci, d'avoir joué avec moi. J'ai vraiment adoré ça, ils mentent tous sur vous... Et je suis sûre que je me serais bien amusée encore avec vous...
— Eh, eh !
Je luttais pour garder les yeux ouverts alors qu'il me tapotait la joue, et je le fixais une dernière fois en luttant pour ne pas m'endormir. J'avais tellement sommeil, pourtant à cet instant précis je ne me demandais qu'une seule chose.
— Friandise adorée que je n'aurais pas consommée. Petit jouet de l'autre que l'on regarde comme un mystère. Dis-moi donc, qui gagne à la fin...
Je pouvais le sentir ce sourire narquois sur mes lèvres. Je m'étais bien amusée jusqu'à présent, j'avais profité, mais tout de même, j'aurais aimé savoir qui de nous deux gagnerait ce combat là qu'on avait commencé.
Je sentis ses lèvres se poser sur les miennes comme une caresse, une illusion. Son souffle venant se mêler au mien alors que je lui rendais son baiser.
— Angelina... Poupée... Quand cesseras-tu donc de vouloir me rejoindre avant l'heure ?
Laisse-moi tenter encore cette fois, laisse-moi juste sombrer. Gagner contre la mort, contre le diable. Laisse-moi donc gagner et m'en aller. Tout ça, ce n'est qu'une illusion au fond, alors laisse-moi me fondre dans les ténèbres.
Cette fois, c'est bel et bien mes propres démons qui ont gagnés. Désolé.
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