Chapitre 17.


Je m'étirais tout en bâillant. Lisant les derniers rapports tout en buvant mon café, assise dans la cuisine. Plissant des yeux en voyant Salomon entrer, se mettant à cuisiner. Je reposais mes feuilles, l'observant quelques secondes avant que mon attention ne soit détournée par un Aaron ensommeillé entrant. Un sourire s'étirant sur ses lèvres alors qu'il m'apercevait. Je rendis le paquet de feuilles à Santana en me tournant vers lui.

— Pose ça dans mon bureau s'il te plaît. Je finirais de le lire après.

— Bien.

Santana sortit aussi vite, Aaron me prenant dans ses bras. Écarquillant les yeux en voyant Salomon lui poser une assiette sur la table.

— Oh merci beaucoup... Fallait pas ça...

— C'est mon travail Monsieur.

Je tiquais, mais me contentais de sourire à Aaron. Le laissant manger et émerger. Pendant que j'observais Salomon.

— Bien dormit mon koala ?

— Pas dormi. Et toi bien dormi ?

— Oui merci au... Hein ?

Il cligna des yeux en tournant le visage vers moi. Me regardant comme une extraterrestre.

— Quoi ?

—Tu n'as pas dormi ? Demanda-t-il avec un air ahuri.

— Bah non, mais je vois pas le souci...



Je l'embrassais sur la joue avant de me lever, claquant des doigts devant son visage en ricanant avant de partir vers la terrasse. M'allumant une cigarette, voyant Salomon m'apporter une autre tasse.

— Salomon, restez ici. Les autres, dégagez de là. Gardez la porte, qu'on ne me dérange pas.

— Bien Patronne.

Salomon regarda autour de lui, pinçant ses lèvres alors que je m'éloignais des portes, lui faisant signe de me suivre. J'allais prendre place sur des sièges plus loin, lui indiquant de prendre place.

— Un souci Madame ?

— T'es de repos aujourd'hui. Qu'est-ce que tu fous au boulot ?

— Nous avons un invité alors...

— Pas d'excuse de merde avec moi Salomon. Sérieusement pas avec moi. T'es censé être avec ta femme aujourd'hui, pas ici à bosser. Donc qu'est ce que tu fous là ?

Il ouvrit la bouche et la referma. Évitant mon regard en gardant son visage impassible. Un grognement d'impatience s'échappa de mes lèvres, mes jointures blanchissant tellement je serrais la tasse dans ma main.

— Putain Salomon. Me force pas à utiliser mon sérum sur toi parce que, vraiment, ça ne va plaire à aucun de nous deux d'en arriver là. Alors, dégage ton putain de masque avec moi et ouvre ta foutue gueule avant que je te fasse passer par cette PUTAIN DE RAMBARDE !

Il grimaça, mais ouvrit la bouche.

— Je n'avais pas envie de rester chez moi aujourd'hui. Je ne supporte pas l'ambiance avec Nora.

— C'est quoi le souci avec Nora ?

— Je crois que... Son fameux collègue est pas juste un collègue.

Je fronçais les sourcils, posant ma tasse sur le sol en lui tendant une cigarette. Il la prit et l'alluma en soupirant, passant une main dans ses cheveux en soufflant.

— Tu veux qu'on regarde ça tous les deux ? Ça reste privé bien sûr, juste entre toi et moi. Et tu verras bien. Après je sais pas ce qu'on peut découvrir Salomon...

— Je voudrais pas te faire perdre du temps. Tu as assez à gérer..

— Si je te le propose mec...

Je me relevais, m'approchant de lui en posant ma main sur son épaule. Pressant doucement son épaule. Il fuma sa cigarette, hochant doucement la tête.

— Si ça reste entre nous deux.. D'accord alors.

— Bien sûr, voyons.

— Merci...

— Me remercie pas encore chou... J'ai encore rien fait. Mais ça fait un moment que tu m'inquiètes.. Tu n'as pris aucun de tes jours de repos depuis quelques semaines... Tu travailles autant que moi... Cela fait combien de temps que ça te bouffe ?

Il grimaça, haussant les épaules, posant sa main sur la mienne.

— Deux mois. Je me disais que je me faisais des films...

— Tu aurais dû m'en parler Salomon. Je suis aussi là pour toi... J'ai cru que tu le savais pourtant. On va régler ça d'accord ?

Il hocha doucement la tête, pressant ma main doucement alors que je regardais l'horizon.

— On va commencer par son téléphone. Viens. De toute façon, t'es pas supposé bosser aujourd'hui.



Je l'entraînais avec moi, repassant devant la cuisine, voyant qu'Aaron était en train de parler avec Arno. Je montais donc à mon bureau avec Salomon. Le faisant venir à côté de moi alors que je pianotais sur mon ordinateur. Me mordant le pouce avant de réussir mon truc. Naviguant sur la fenêtre, pianotant avant d'afficher des messages. Les parcourant du regard avec Salomon.

— Elle a un rendez-vous dans une heure.. Je vais aller voir ça. Je te ramène ce que j'ai découvert d'accord ?

Il hocha doucement la tête et nous sortons du bureau. Je le laissais retourner à son boulot alors que je passais dans le bureau de Peter. Prenant quelques accessoires avant d'en ressortir. Enfilant mon manteau avant d'attacher mes cheveux.

— Mon koala ?

Je me retournais, arquant un sourcil avant de pencher la tête. Soupirant en lui faisant signe de me suivre. Je lui refilais un manteau de mon frère, passant par le garage pour lui filer un casque de moto.

— On va où ?

— En ballade. Je dois faire un truc. Ça te fera une visite et une balade. Ça te dit ?

— Ouais bien sûr !



Je montais sur ma moto, le laissant s'installer. Lui ordonnant de se tenir fermement avant de démarrer. Et il ne lui faut même deux secondes pour comprendre que j'étais sérieuse. Se cramponnant à moi en poussant des jurons alors que je ricanais en conduisant à pleine vitesse sur les routes de montagnes.

— Eh, mais tu m'entends !

— Bah oui, on sait jamais si tu as un souci.

Je vis l'autoroute se profiler. Me pinçant les lèvres en accélérant.

— Fermes les yeux beau gosse.

Je m'engageais entre deux voitures, sentant Aaron se crisper de plus belle sur moi. Je veillais l'air de rien à faire un peu plus attention qu'habituellement. Ne connaissant rien des réactions du mec derrière moi. Même s'il avait l'air de maîtriser assez sa peur pour ne rien faire de con, on ne sait jamais les réactions instinctives des gens.




Après trente minutes de route, je me garais dans une petite ruelle. Stoppant la moto en observant le lieu de rendez-vous. J'avais de l'avance sur l'heure prévue, un peu de temps donc pour réfléchir à comment faire.

— Mon koala ?

— Deux secondes.

Je descendis de moto, le faisant descendre à son tour. Ouvrant ma selle, fouillant dedans avant de grimacer.

— Rousse ? Sérieux...

Aaron m'observa mettre la perruque, avant de m'aider afin qu'elle soit bien mise. S'appuyant sur ma moto en arquant un sourcil.

— Qu'est-ce qu'on fout là ?

— Je dois aider un ami. Alors pour une fois, tu vas faire le rôle d'une femme dans un gala.

— Heu c'est-à-dire ?

— La potiche.

Je ricanais en m'allumant une cigarette, le traînant avec moi jusqu'à l'entrée du restaurant. Je remarquais que Aaron regardait sans cesse autour de nous, semblant chercher quelque chose du regard.

— Un souci ? Demandais-je

— J'ai peur qu'il y ait un paparazzi...

Je ne pus retenir un ricanement, enroulant mon bras autour de son cou. Riant de sa mine surprise.

— Mais que...

Je me saisis de ses lèvres, et il ne résista pas. Ne cherchant pas à comprendre plus que ça. Gardant son bras sur mes reins alors que je me détachais.

— Eh bien la presse dira que t'as été aperçu avec une rousse dans les bras mon chou. Allez rentrons.



J'enfilais une paire de lunettes, faisant signe à Aaron de se taire alors qu'un sourire en coin s'étirait sur ses lèvres. On prit place sur une table nous offrant une vue d'ensemble, et il ne put se retenir plus longtemps, semble-t-il.

— Tu ressembles à une secrétaire sexy de film porno avec ça... Ricana-t-il

— Arrête voir de mater mes seins. Tu vas finir par avoir du mal à te lever... Enfin... Ce n'est pas comme si tu m'imaginais sous cette table n'est-ce pas ? Murmurais je en souriant innocemment.

Son expression changea, et il préféra boire un verre d'eau en détournant le regard. Nous passions commande de l'entrée quand la femme de Salomon entra avec un homme. Et je pris aussi vite des photos, me retenant de tiquer.

— Sinon Aaron, comment ça se passe le boulot ?

Je gardais le regard vers les deux personnes un peu plus loin, les voyant de côté. Autant dire que j'avais vu une vue parfaite sur le « couple ». Serrant fortement le couteau dans ma main en continuant de prendre des photos. Écoutant malgré tout Aaron et lui répondant. Ricanant face à ses sous-entendus pour vérifier que je l'écoutais. Je sentis sa main saisir doucement celle qui serrait le couteau, posant mon regard sur lui en arquant un sourcil.

— Tu as l'air au bord de la crise de nerfs mon koala.

Je reportais mon regard sur la fameuse Nora, grimaçant ouvertement. Continuant de prendre des photos alors que l'homme se penchait pour l'embrasser. Ma main serrant celle d'Aaron alors que la rage bouillait en moi.

— Salope. Ça viendra parler fidélité, mariage et tout ce genre de connerie alors que ça écarte les jambes pour la première queue venue. Vous venez tous me faire chier sur ma conception des choses différentes des normes, mais moi au moins je ne trahis pas la confiance des gens. Je vais pas jurer fidélité à un seul homme quand je n'ai jamais su faire cela. Je reste honnête que ça plaise ou pas.

— Eh ma belle... Regarde-moi.

Il posa sa main sur mon visage, me forçant à le regarder. Son regard se faisant bien plus sérieux qu'habituellement. J'avais envie de retourner tout le restaurant. Et faire sauter la cervelle de cette pouffiasse par la même occasion. Répandre sa cervelle sur les murs pour la peine qu'elle infligeait à un ami pour lequel j'avais beaucoup d'estime. Salomon ne méritait pas ça. Vraiment pas. C'était un homme droit et dévoué. Un putain de gentleman qui aurait tout donné pour une femme. Pour sa femme.

Je pris mon portable, appelant Santana.

— Retrouve-moi à l'adresse que je t'ai envoyée avec Nino et Jarod. Tu trouveras Nora sur place. Tu l'embarques avec le mec qui sera avec elle.

— Je suis là dans cinq minutes Patronne.

Je ricanais en raccrochant. Devinant que Peter avait dû cette fois donner l'information avec ma garde rapprochée au cas où. Cinq minutes plus tard, je vis mes hommes entrer, ne laissant pas le temps au « couple » de comprendre qu'ils se faisaient embarquer. Devant le regard ahuri de tout le monde. Même d'Aaron.

— On y va Aaron.



Je passais régler les deux additions à la caisse, ressortant du restaurant en m'allumant une cigarette. Éteignant les lunettes avant de les ranger. Je remarquais mes tremblements, m'appuyant contre le mur alors qu'Aaron venait me prendre dans ses bras.

— Vous voudriez que je croie en l'Amour après ça... Arrêtez de me faire rire. Ça me prouve bien une chose... C'est quand t'as confiance en l'autre, que tu le crois aussi sincère que toi que tu te fais baiser la gueule. C'est bien des conneries tiens.

— C'est ce que tu penses des jumeaux ?

– Ne les mêle pas à ça ! Mais si tu veux en parler, s'ils me trahissent, ils ne seront pas plus protégés de ma colère qu'un autre ouais. Tu veux parler de ton pote peut-être ? Tu sais le mec qui fait genre l'intouchable et le mec au cœur détruit alors que c'est lui-même qui m'a demandé de disparaître ? Tu sais quoi, tu devrais apprendre à ton pote de porter ses putains de couilles et d'appliquer sa demande. M'OUBLIER !

— Pas de ma faute si quand il le tente, vous trouvez le moyen de baiser à deux hein ! S'énerva-t-il

Ma main part toute seule, venant heurter sa joue avec force. Le faisant ricaner avant qu'il ne hausse les épaules.

— C'est quand même putain de pas croyable... La première putain de fois que j'arrive à le convaincre de sortir. De faire la fête. De boire et de se bourrer la gueule... D'aller draguer la seule putain de nana qu'il matte depuis six putains de mois... Faut que ce soit toi ! Mais putain comment je peux avoir un karma de merde à ce point là avec ce mec ! Nan, mais faut m'expliquer là ! Parce qu'à vous deux, vous allez me rendre dingue ! Je me suis fait réveiller par Monsieur qui se demande pourquoi il a des marques dans le cou... J'ai dû inventer que c'était moi putain ! Un pari à la con que j'ai dit ! Parce que je me voyais mal lui dire qu'il avait baisé une meuf dans cette boîte, et que oh surprise, c'est justement la putain de meuf qu'il cherche partout comme un con. Et comme un con, ah ah ah , il l'a laissé partir. ENCORE UNE FOIS !

Je ne pus m'empêcher d'éclater de rire en haussant les épaules. Reconnaissant le côté absurde de tout ça. Il souffla en secouant la tête. Me prenant la cigarette des mains avant d'en tirer quelques bouffées.

— Putain j'avoue que ça fait du bien de vider son sac. Ricana-t-il.

— Je t'en apporte des emmerdes hein...

— Oh bah, si y'avait que toi ma belle.



Il m'embrassa sur le front et on se décida à remonter en moto. Rentrant à la maison. Je laissais Aaron aller voir les jumeaux alors que je me dirigeai vers Salomon. Lui faisant signe de me suivre à l'étage. Fermant la porte à clé avant de le faire asseoir derrière mon bureau. Transférant les photos sur mon ordinateur avant de m'éloigner et de m'allumer une cigarette. Regardant par la fenêtre pendant qu'il découvrait les photographies.

— Elle.. Elle est où ?

— Dans la voiture de Santana. Avec l'autre. Je peux les garder enfermés jusqu'à ce que tu saches ce que...

— On peut... Est-ce que tu peux m'aider encore un peu.. Je sais que..

Je me retournais, marchant jusqu'à lui en le prenant dans mes bras en voyant ses larmes couler. Sentant mon cœur se briser pour lui.

— Bien sûr, voyons. Je suis là quoi que tu décides. Ça va aller...

Je caressais doucement ses cheveux, le laissant craquer. Et il craqua parce qu'il savait que personne n'entrerait dans le bureau et ne surprendra son état. Lui qui paraissait toujours si impassible aux yeux de tous depuis si longtemps. Il était une des forces brutes de cette demeure, le chef d'orchestre parfait gérant d'une main de maître tout le côté logistique de cette immense demeure. Infaillible. Parfait. Il était un homme pour qui j'avais un grand respect, beaucoup d'affection. Il était un homme parfait à mes yeux, et je ne supportais pas qu'on lui fasse du mal, quand lui n'en faisait jamais. Il passait sa vie à veiller sur les autres et sur leurs besoins. Personne ne se penchant réellement sur ce que lui avait besoin. Je pensais que sa femme le faisait. Je me trompais.

— J'ai un Q.I de génie, mais je saisis pas comment on peut te faire du mal Salomon... Des tas de femmes feraient la queue pour avoir droit à toi... Des putains de tas de femmes...

— Mais pas toi... Ricana-t-il contre mon buste en me serrant doucement.

— J'ai bien trop d'estime pour toi pour m'estimer à ta hauteur. Je suis pas vraiment le genre de femme te correspondant. Toi il t'en faut une qui ne voit que toi, qui t'aimera à la hauteur de ce que tu l'aimeras. Qui prendra soin de toi comme toi tu prends soin de tous... T'es parfait Salomon, t'es le mec le plus pur de tous ici... Laisse personne te faire douter de toi...

— De la part de celle qui passe son temps à me rendre dingue...

— Arrête ça t'amuse autant que moi. Je suis la seule à te faire chier dans toute cette maison !

— Je suis content que tu sois rentré en fait.. Vraiment. La maison est tellement plus vivante avec toi.

Je ricanais en caressant ses cheveux. M'éloignant de quelques pas en m'allumant une cigarette. Il hocha doucement la tête en se redressant. Ôtant sa veste de costume et défaisant sa cravate. Les pliant avant de les prendre dans ses bras.

— Pourrions-nous faire cela dans le jardin, dans le petit bosquet... À l'écart des regards... et des oreilles...

— Bien sûr mon ami. Bien sûr.

Je pris mon portable, appelant Santana qui décrocha aussi vite.

— Vous amenez les deux dans le petit bosquet à l'est, tu me postes tes hommes de confiance tout autour pour créer une barrière et que personne n'entende ou ne vois ce qui s'y passera. Merci.




On sortit du bureau. Et je pris au passage une bouteille de whisky et quelques préparations de Luc. Haussant les épaules devant la moue désapprobatrice de Salomon.

— Crois-moi mec. Tu seras content de mon idée. Allez..

— Princesse ?

— Attends-moi devant Salomon, j'arrive.

Il hocha la tête, partant aussi vite alors que Logan arrivait. Me prenant dans ses bras en m'embrassant, fronçant les sourcils en m'observant attentivement.

— Un souci princesse ?

— C'est une histoire privée, désolée. Plus tard d'accord... Je risque d'être occupé encore un peu.

— Ça a un lien avec ta balade ?

— Oui.

Je posais mon front contre son torse, sa main venant me caresser doucement les cheveux. Je me redressais en lui faisant un sourire, rejoignant finalement Salomon. Nous enfonçant en silence dans le parc. Passant les gardes avant de rencontrer quelques mètres plus loin ma garde rapprochée. Je leur fis signe de s'éloigner un peu à leur tour, créant une deuxième barrière et je laissai Salomon s'approcher. Restant à distance en m'appuyant contre un arbre. Posant toutes mes conneries sur le sol. Sortant mes armes et les nettoyant minutieusement.

Entendant la voix de Salomon s'élever avec colère. Pouvant entendre de là où j'étais son cœur se fracasser en des millions de morceaux.

Ouais. Parlez-moi d'amour. Parlez-moi de mariage. Parlez-moi de sincérité. Parlez-moi de fidélité. Mentez donc. Voyez donc la réalité de la vie. Les promesses ne sont que des mots. Elles s'envolent au vent, insaisissable. Pure illusion pour bercer le cœur de l'autre dans quelque chose de rassurant. Combien de promesses sont réellement tenues ?

Ce sont toujours les gens les plus purs qui se font salir. Qui se font trahir. Regardez-le. Il est parfait pourtant elle a choisis de le salir par sa trahison.

Chaque trahison, chaque douleur que j'ai pu connaître, ne peut être vue que comme un retour du karma. Je ne suis pas une sainte. Je peux les supporter. Et sa trahison à elle pour lui... J'aimerais l'absorber. La prendre pour moi, qu'il n'en ressente rien. Et il le sait. Il le sait, car il revient vers moi. N'ayant pas besoin d'ouvrir la bouche que je me redresse, armant mes bébés en m'avançant vers les deux.

Pointant mon arme sur le crâne du mec.

Tirant.

Dirigeant mon arme sur elle, plongeant mon regard dans le sien.

Tirant.

Voyant la mort prendre leurs âmes. Entendant Salomon marcher et prendre la bouteille. Le voyant boire la bouteille au goulot alors que je fais signe à mes hommes de prendre les corps.

M'asseyant sur le sol, posant mes armes en mettant les sécurités dessus. Voyant Salomon s'avancer vers moi avec les joints et la bouteille. S'affalant sur le sol en continuant de boire la bouteille. Je m'allumais un joint, en tirant quelques bouffées avant de lui tendre. Lui enlevant la bouteille des mains. Le laissant fumer avant qu'il ne pose sa tête sur mes genoux. Ma main caressant doucement ses cheveux. Le laissant serrer avec force mon bras.

— Vas-y, je ne crains pas la douleur. Serre. Hurle. Je reste là. Je ne bouge pas. Vas-y. laisse-moi absorber ta douleur.

— Je peux pas te faire ça...

— Si. Fais-le. Laisse-moi prendre un peu de ta douleur. Je le supporterais. Je suis la Patronne. Je suis ton amie. C'est mon rôle Salomon. N'ait pas peur de me blesser. Je le supporterais pour alléger ta peine et ta douleur.



Il me tendit le joint. Se redressant doucement, encerclant ma taille avec ses bras. Serrant en enfouissant son visage dans mon ventre. Hurlant. Encore et encore. Et je reste là, me contentant de fumer tout en regardant devant moi. Restant droite, sans bouger. Caressant ses cheveux doucement. Ne voyant le temps passer, devinant qu'il a fini par s'endormir alors qu'il me serrait toujours. Voyant arriver Aaron et Peter. Ritchi faisant finalement son apparition. Mon regard se posant sur lui alors que je ne dis rien, me contentant de caresser les cheveux de Salomon. Ritchi vint s'accroupir à ma hauteur, caressant doucement mon visage. Scrutant mon visage, impassible.

— Je vais le faire amener discrètement dans mon appartement. Personne le verra.

— Tu me le jures ?

— Oui. Je te le jure.

Je hochais doucement la tête, le laissant défaire les bras de Salomon. Nino et Santana venant porter Salomon. Je les regardais partir sans bouger. Me contentant de m'allumer un nouveau joint. Aaron vint s'asseoir devant moi, mouillant un mouchoir avec le whisky, venant frotter mon visage alors que je l'observais.

— Tu fais quoi ? Soufflais-je

— Je t'enlève les traces de sang.. Même si cela te va étrangement bien...

Il garda sa main en suspens, m'observant, de ce regard si particulier qu'il avait parfois.

— On pourrait croire que tu n'as pas de cœur. Que tu méprises beaucoup de choses. On pourrait se fier à tous tes masques. Croire que tu te fous bien du mal que tu fais. Que tu ne peux te soucier de tout ce qui t'entoure. Que tu ne vois rien. Mais le souci est là.. Tu vois les choses, tu t'en soucies... De tout. Pesant et pensant à chaque chose, chaque action. Tu tiens à cet homme, tellement que tu devenais folle de rage dans ce restaurant. Tellement que tu t'es coupée du monde avec lui pour qu'il encaisse la chose.

— C'est mon rôle.

— Quoi donc ?

— De prendre leurs douleurs. De prendre soin d'eux. De veiller sur eux. C'est mon rôle, mon devoir. Si je ne le fais pas, qui le fera ? Tu voulais savoir qui je suis. Voilà ce que je suis. Je suis celle qui a promis sur ma vie de veiller sur la leur. De tout faire pour que rien ne leur arrive. Je suis celle qui fera tout pour les rendre heureux. Absorbant leurs douleurs, leurs peines. Écoutant. Veillant. Je suis leurs mères, leurs amies, leurs patronnes. Je suis le dragon qui brûlera le monde pour les protéger. Les gardant contre moi pour veiller sur eux.

— Et pour tout ce que tu es.. Tu penses ne pas être celle qu'il faut pour l'ami que j'ai. Tu te penses bien trop noire. Tu te vois comme le diable. Qu'importe sa nature à lui à tes yeux... Quitte à te battre contre le destin... Tu ne veux pas le laisser s'approcher. Qu'importe les raisons que tu diras... Mais regarde-toi souffrir. Mon koala.... Je le garderais loin puisque tu le veux. Je le ferais t'oublier si c'est ton vœu... Mais toi.. Ne vas-tu pas finir par te briser à force de vouloir absorber la douleur du monde ?

— Je suis la Femme au Dragon Sweetie. Je ne me brise pas. Je ne flanche pas. Peut-être est-ce que je souffre oui. Mais je ne me brise pas. Je continue d'avancer. Je continue de dominer chaque chose. Je n'ai qu'une obsession en ce monde. Mon clan.

— Insaisissable... On a beau chercher à te comprendre... On n'y arrive pas. Un vrai mystère. Passionnant. Quand on croit pouvoir t'attraper, tu es déjà loin. Marquant à jamais par ton passage. Bien sûr que je les comprends ces hommes tombés fous amoureux de toi. Comment ne pas tomber amoureux d'une femme telle que toi ? Si forte et pourtant qu'on devine prête à se briser derrière cette carapace si solide... Rends-moi un service ma beauté. Ne te vois pas comme un monstre... Je te vois... Et tu n'en es pas un.

— J'ai trente ans, des centaines et des centaines de vies décimées derrière moi. Des heures et des heures de tortures. Aucun remords ne vient hanter mes jours et mes nuits pour mes massacres commis. Je peux tuer un homme, une femme, un enfant, un bébé de sang-froid tout en riant. Je ne me vois pas comme un monstre Aaron. J'en suis un. C'est un fait. Inaltérable. Que tu le veuilles ou non. Qu'importe l'apparence que cela prend. Le diable même sous l'apparence de la plus belle des femmes reste le diable. Qu'est-ce que cela fait Aaron ? Qu'est-ce que cela fait de se dire qu'on parle avec le Diable ?

Il sourit doucement, haussant les épaules.

— Je trouve que le diable à un cul du tonnerre. Et qu'il sent le whisky...

Je ricanais doucement alors qu'il se redressait. Prenant la bouteille en la regardant.

— Je vais apporter ça à Logan d'ailleurs. Et sur le chemin je penserais au fait que le diable fait des fellations d'enfer !

Il ria tout en partant, me laissant perplexe sur son humour de merde. Je reportais enfin mon attention sur Peter et il s'avança doucement, passant ses mains sous mes bras en me relevant. Me portant finalement contre lui en comprenant que mon corps est bien trop épuisé. J'enroulais mes bras autour de lui, posant ma tête dans son cou. Il marcha avant de se stopper au bout d'un moment. Et je me redressais pour comprendre la raison. Voyant mes hommes assis sur les marches, nous fixant.

— Peut-être es-tu le Diable, ou juste une femme. Je ne sais pas. Ce que je sais, c'est que tu n'es pas seule. Et qu'on sera toujours là pour toi ma déesse. Tu es un dragon, mais nous aussi. Regarde-les ma déesse. Chaque dragon est prêt à tout pour te protéger toi et leurs familles. Le diable lui-même s'inclinerait face à nous.

Chaque âme est un dragon. Chaque homme est une promesse. Chaque vie donnée est un lien indestructible. Je pourrais me prétendre seule. Mais ce n'est pas vrai. Je ne suis jamais réellement seule. Ils sont là. Toujours. Veillant sur moi. Tout comme je veille sur eux. Tout comme je veille sur lui sans intervenir dans sa vie.


Je suis le Diable. Je suis la Femme au Dragon. Qu'importe mon nom. Il m'oubliera. Il le faut. Moi, j'ai une famille sur laquelle veiller. J'ai des promesses à tenir. Oublie-moi Cole Reed. N'oublie pas que c'est ta propre demande.


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