Chapitre 15.


— Putain, mais qu'est ce que tu fous au juste Ethan... Enlève-moi ça ou je t'arrache les couilles avec un cure-dent !


Ma menace n'eut pour effet que de les faire rire alors qu'on me faisait avancer à l'aveugle. Le bruit ambiant ne m'aidant pas à me situer. Je savais que ces enfoirés avaient tourné pour ne pas que je me repère. Je promettais une vengeance terrible c'est clair et net.


— Mais c'est quoi votre putain de problème, merde ! Grognais je

— Voyons ma petite liqueur, calme-toi, tu ne voudrais pas que je te bâillonne. Ricana Ethan.

— Essaye de me foutre un bâillon et je te jure de peler la peau de tes couilles avec un économe !

Mais c'était quoi leurs putains de problème aujourd'hui ? Et c'était moi la dingue après ça ?

— Attends...

Je me retrouvais en l'air deux secondes plus tard. Un casque sur les oreilles alors que je reconnus John me tenant contre lui. J'allais les tuer. Un par un j'allais les tuer lentement. Je nous sentis avancer, grimper des marches puis marcher de nouveau. Nous stoppant de temps à autre. John se payant même le culot de foutre sa main sur ma bouche pour me faire taire.

Geste qu'il dû regretter vu que je le mordis violemment avant de ricaner. Et je changeais de bras étonnement. L'odeur de Luc venant se répandre dans mon nez.


Merde j'allais aussi devoir tuer lentement mon petit frère ? Dommage quand même. Me restais que celui-là.


Je dus le dire à haute voix, car je sentis son torse secoué de spasmes. Nous arrêtant avant qu'il ne lève un de mes écouteurs en riant.

— Tu oserais me tuer moi ?

— Même toi. Surtout toi, en fonction de la connerie que vous faites. Marmonnais je

— Aïe, tu peux attendre quelques jours, j'ai oublié de faire mon testament. Continua-t-il en riant.

— Vendu. Une semaine de répit. Mais tu me fous dans les bénéficiaires.

— T'es ma meurtrière !

— Mais je suis ta sœur !

— Pas faux. Ça reste en famille.

— Du coup tu me dis ce que vous foutez ?

— Bien tenté Naë. Encore un peu de patience. Ricana-t-il

Il me remit le casque alors que je pestais. L'insultant alors que je sentais son torse encore en proie au soubresaut caractéristique du rire. Putain d'enfoiré. Le pire dans tout ça ? Participant à me faire hurler et trépigner ? Le choix musical dans mes oreilles. Du Disney. Des putains de chansons Disney. Des foutues de chansons Disney dans les oreilles de la pire criminelle des États-Unis ! Ils étaient sérieux là ? Ah ils voulaient me rendre dingue ? Très bien.


Je sentis mon frère se raidir, sûrement voyait-il mon sourire s'agrandir.

— JE VOUDRAIS UN BONHOMME DE NEIGEEEEEEEEEEEEEEEEEEE ! OU FAIRE DU VÉLO DANS LA COUR ...(*)

Je sentis les secousses de son torse redoubler alors qu'il foutait sa main sur ma bouche.

— JE... MMM..BOUDRAIS UN BONHOMMEEE DE BEIIIIIGEEEEEEE... (*)


Bougez pas mes loups, y'en a encore ! Ahh vous voulez pas me laisser découvrir ! Pas de problèmes !


Il ôta sa main, continuant visiblement de rire. S'arrêtant en m'ôtant un écouteur.

— T'es calmée ? demanda-t-il sur un ton moqueur.

— C'est moi Simba, c'est moi le roi au royaume animal.... C'est la première fois qu'on voit un roi avec si peu de poils ... Je vais faire dans la cour des grands... Une entrée triomphale en poussant, très royalement un rugissement bestial.. Majesté, tu ne te mouches pas du coude ! (*)

— NAAAN PUTAIN ! Cria Jo.

— Je voudrais déjà être roi !

— Tu as encore un long chemin à faire Votre Altesse, tu peux me croire . Ricana Luc.

— Putain Luc non ! Non ! Supplia Jo.

— Au roi, on ne dit pas...

— D'ailleurs quand je dis ça...

— Tiens ta langue et tais-toi

— Ce que j'essaie de dire c'est...

— Surtout ne fais pas ça ! Reste ici, assieds-toi.

— Il faut que tu comprennes que... Reste ici ! Hurla Luc.

— Sans jamais dire où je vais, je veux faire ce qu'il me plaît

— Ce lion a une tête de mule...

— MAIS FAITES LES TAIRE PUTAIN ! s'énerva John

— Il est grand temps votre grandeur Qu'on parle de coeur à coeur. Reprit Luc en paraissant sérieux.

— Le roi n'a que faire Des conseils d'une vieille corneille !

— Si tu confonds la monarchie avec la tyrannie Vive la république Adieu l'Afrique ! Je ferme la boutique Oh prend garde, lion, ne te trompe pas de voie !

— Je voudrais déjà être roi ! Regardez bien à l'ouest !

— Ah pitié, au secours !

— Regardez bien à l'est !

— Non ! Non !

— Mon pouvoir, sans conteste est sans frontière.

— Pas encore !


On se fit bâillonner de force avec mon frère sous les rires incessants des autres alors que John semblait au bord de la crise de nerfs. Les rires semblant cesser pour reprendre alors que Natan et Logan chantonnaient les paroles en se faisant insulter par Jo. Au moins je suis pas la seule à devenir dingue. Un point pour la patronne !



On se stoppa après quelques minutes de marche. Jo nous ôtant les bâillons doucement. Posant la question de trop.

— C'était quoi la chanson après ça dans ton baladeur maudit au juste ?

Luc se contenta d'exploser de rire alors que je ricanais, Luc me serrant contre lui en faisant un pas en arrière.

— L'hiver s'installe doucement dans la nuit..La neige est reine à son tour... Un royaume de solitude.. Ma place est là pour toujours... Le vent qui hurle en moi ne pense plus à demain... Il est bien trop fort... J'ai lutté, en vain... Cache tes pouvoirs, n'en parle pas... Fais attention, le secret survivra... Pas d'états d'âme, pas de tourments... De sentiments ... (*)

Une main se plaqua violemment sur ma bouche alors que j'explosais de rire. Entendant Jo pester de plus belle.

— Je te hais Luc... Putain ce que je te hais... Toi et tes goûts de merde en matière de musique je te jure....

On me posa enfin au sol et on m'ôta ce putain de bandeau.

— ENFIN ! Heu on est où là ?

— The Forum. Répondit Ethan d'un air enchanté.


Je pris mon sac m'allumant une cigarette en m'écartant des autres, tapant sur leurs mains alors qu'ils tentaient de m'attraper.

— Ok et qu'est ce qu'on fout là au juste ?

— Ah c'est parce qu'il y a AngelsNight qui joue ce soir. Répondit innocemment Natan.

Je me raidis, clignant des yeux en me tournant vers lui.

— Pardon ?

— Bah oui, on s'est dit qu'en plus ça tombait bien, comme tu aimais plus Cole de toute façon, que tu t'en foutais de lui... Ça te dérangerait pas de venir à leurs concerts pour voir Aaron jouer.

L'expression de Natan, son sourire immense et son regard pétillant me donnait l'envie de lui arracher la tête. Clairement. Je n'avais que deux choix : reconnaître que je ne voulais pas entendre Cole chanter ou assumer mes paroles.

— En effet. Aucun problème. Répondis-je


Saleté de fierté.


Je me tournais en haussant les épaules. Fumant ma cigarette en observant le reste de la salle. Voyant que la scène s'avançait parmi la fosse contenant le public. J'observais le public se presser tout autour de nous. Se pressant dans la fosse alors que je m'accoudais à la barrière en soupirant. Mais pourquoi ils m'avaient traîné là putain...


Je tournais la tête en rallumant la musique dans mes oreilles. Les ignorant tous délibérément. Observant le nombre de gardes autour de nous avant de regarder la hauteur. Je comprenais mieux pourquoi me foutre une robe aussi moulante tiens. Je tirais un peu sur la robe en faisant la moue. Deux bras vinrent m'entourer avant qu'on ne m'ôte un écouteur.

— Nan tu sauteras pas de là pour t'échapper. Désolé Naë.

— Je vous déteste putain... Qu'est-ce qu'on fout là...Grognais-je.

— C'est ta ville.. Un groupe que tu as...

— MAIS MERDE PUTAIN ! PAS À MOI HEIN !

Il recula d'un pas en grimaçant.

— Fous-moi la paix Luc. Juste, foutez-moi la paix.

Il hocha la tête et je me tournais de nouveau vers la scène. Voyant les lumières se baisser. Prenant de profondes inspirations en tentant de rester maître de moi-même. Me crispant de plus belle quand les premières notes se firent entendre. Ne réussissant pas à défaire mon regard de celui qui venait d'apparaître sur scène sous les hurlements du public...


Je m'en fous. Je m'en fous je ne ressens rien. Au bout de six mois, j'ai eu le temps de l'oublier. Sa voix s'élève et je me crispe de plus belle.


Je m'en fous je ne ressens foutrement rien. Sa putain de voix ne me fait rien.


Je me mordis nerveusement la lèvre en l'observant. Triturant la barre sans savoir si je veux le tuer ou pas le tuer. Putain cette voix... Faite le taire putain. Quel est le foutu connard qui a eu l'idée de ces écrans en plus hein ? Comme si on voulait voir son... Eh merde. Je fermais les yeux avec force. Inspirant et expirant.


Allez ma fille, t'es la Patronne. Tu diriges des milliers de mecs sans ciller. Tu gères plein de trucs. T'as un Q.I de génie. C'est pas un chanteur de midinette qui va te faire peur nan ?


J'ouvris les yeux, percutant son regard de plein fouet en gémissant. Chier. J'aurais pas pu choisir un mec bien bien moche nan ? Un pas mon genre quoi. Un qui me fasse pas d'effet. Ouais.

Mais qu'est ce que je raconte moi ? Il me fait pas d'effet !

Je me mordillais la lèvre encore plus violemment quand la seconde musique se mit en route. Les paroles semblant s'infiltrer en moi de la plus vicieuse des façons. Fuir. C'est bien fuir des fois aussi.



Je me retournais en un bond. Percutant le torse de Natan. Celui-ci arqua un sourcil en me fixant. Posant ses mains sur la rambarde en métal. Me bloquant de ses bras et de son corps. Se penchant à ma hauteur en saisissant doucement mes lèvres. Me plaquant un peu plus contre la barrière tout en m'embrassant. Descendant doucement dans mon cou, me faisant soupirer de plaisir.

— Tu voulais aller quelque part peut être ma furie ?


Ouais. Fuir loin de là, abruti.


Je soupirais en me tournant, observant avec calme la scène. Les observant en ignorant mes tourments intérieurs..

Entendant bien ses paroles. Écoutant ses maux. L'écoutant se répandre d'une douleur qui semblait faire redoubler les hurlements des groupies en chaleurs. C'est lui qui m'avait brisé le coeur et qui se plaignait maintenant ? C'était quoi cette putain de blague au juste ? Ils se foutaient tous de ma gueule ici ?



Je me retournais vivement, Natan tentant de me retenir, mais levant les mains en l'air alors que je saisissais sa gorge avec rage. Me dégageant de leurs prises avant de sortir avec mon sac. Respirant un grand coup en me retrouvant à l'extérieur. Fouillant dans mon sac avant de m'allumer un joins.. Voyant Natan se poster devant moi en soufflant. Passant ses mains dans ses cheveux avant de grogner.

— Tu m'emmerdes tiens ! Je t'aime hein. Mais putain ce que tu m'emmerdes ! Tu sais quoi, tu vas m'écouter parce que ça commence à me pomper l'air. Tu as voulu que j'aille le voir parce que c'était mon pote. Tu as voulu tout ça. Et je me retrouve comme le dernier des cons entre vous. Alors tu vas entendre sa putain d'explication.

— Non.

— Oh que si. Ce qu'elle t'a dit était peut-être une vérité pour elle, mais pas pour lui ou pour nous. Je le connais depuis des années, et avant toi, Cole n'avait qu'elle. Il allait pas voir ailleurs. Quand elle a disparu de la ville, il s'est retrouvé comme un con, blessé vraiment. Alors ouais il enchaînait les plans cul, et il attendait son retour pour casser en face à face. Parce que sortir avec quelqu'un alors qu'il était toujours officiellement en relation ça lui disait pas. Pis y a eu toi. Il avait pas envie de jouer avec toi. Mais à aucun moment il s'est foutu de toi. Il est vraiment tombé amoureux de toi. Voilà tout ce que je sais.

Est-ce que ses mots changeaient quelque chose ? Peut être, peut être pas. Je me rendis compte que je m'en foutais royalement de l'explication. Je me foutais bien de tout ça à présent. Parce que j'avais compris le plus important : j'étais mauvaise pour lui. Et je devais rester loin de sa vie pour son bien. Qu'importe la souffrance que cela représentait maintenant. Il me remerciera un jour.

— Ma furie ?

— Cela ne change rien. Je resterais loin de sa vie. Il m'oubliera comme je l'oublierais. Il en aimera une autre sans problème. Une femme qui ne sera pas moi. Je vis dans le sang et l'ombre. Il vit dans la lumière. Pourquoi me faire venir ici Natan... Je ne comprends pas. Vraiment je n'arrive pas à saisir l'intérêt de votre démarche...

— Écoute ses mots... Je ne te demande pas d'aller le voir. Juste... Écoute-le. Là, protégée par la foule, entends-le. Je sais pas... Cela me semble important.

Je continuais de fumer avant de l'écraser et de me relever. Soupirant en haussant les épaules. Acceptant de le suivre jusqu'à l'endroit que je venais pourtant de fuir un peu plus tôt. M'avançant jusqu'à la rambarde. M'appuyant dessus en l'observant, le visage fermé de toute émotion.


Oui je l'entendais. Oui je le ressentais. Oui j'avais envie de hurler avec lui. Bien sûr. Je ne comprenais pas la joie des gens alors qu'il hurlait de douleur pourtant. Je ne comprenais pas non. Je posais ma main sur ma bouche en me raidissant. Me rendant compte que je hurlais à mon tour. Le voyant cligner des yeux sur le grand écran alors que la musique continuait. Lui semblait soudain figé. Secouant la tête avant de se remettre à chanter. Ma main se serrant sur mon visage. Le hasard. Juste le hasard.


Je clignais des yeux soudains en reconnaissant la musique. Ma musique. Mes mots. Pourquoi ici ? Ma main se desserra, se posant de nouveau sur la barrière alors que ma voix s'élevait avec celle qui se répandait dans la salle. Souriant en entendant sa voix à lui s'élever, répondant à mes paroles avec les siennes. Faisant trembler tout mon âme et mon être en un instant. Me dévastant comme personne. Et je continuais de chanter, me perdant en le regardant. Voyant son sourire sur les écrans. Sentant mon propre cœur battre un rythme fou.


L'écoutant, ses mots venant s'ancrer malgré moi dans ce cœur qu'il avait pourtant brisé. Sa voix venant caresser ma peau comme la pire des drogues.

Je le détestais.

Je le détestais tellement de me faire cet effet-là.



Note de l'auteur :

(*) Les paroles sont tirées des dessins animés « La Reine des Neiges », et « Le Roi Lion ». Chansons appartenant à Walt Disney Group.

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