Chapitre 14.
J'observais avec attention un Peter qui avait l'air complètement crevé. Et quand on lui avait demandé le pourquoi de son état, un seul mot avait suffi : « Naëlle ».
J'avais dû plaquer ma main sur la bouche de Logan pour ne pas qu'il demande de précision. Parce que je n'étais pas assez con pour ne pas avoir compris que l'amant de longue date de cette femme... C'était justement lui. Alors comment dire... Nan j'avais pas envie d'avoir les détails. Tolérant, mais pas masochiste à ce point.
— Qu'est-ce qu'il y a eu ? Lâchais-je.
— Naomie. Il y a eu Naomie sur son territoire. Naomie vous cherchant... Soupira-t-il
— On a jamais pu se supporter ! Qu'est-ce que cette salope nous voulait putain ! Hurlais je
— Qu'importe. Qu'importe. Naëlle a pas eu besoin de se poser réellement la question pour savoir que c'était de la merde. Elle a juste demandé à votre pote.. Aaron.. ce qu'elle foutait là. Une fois expliqué que l'autre en voulait plus... Bah elle a attrapé la gonzesse pour l'interroger.
Il fouilla dans sa poche. Bâillant en nous tendant la clé USB.
— Va voir ton pote Aaron avec ça, décidez. Si ce Cole doit apprendre ce qu'il y a dedans ou pas. Là-dessus... Y'a l'interrogatoire de cette chose. Amusez-vous bien, moi je vais pioncer.
— Et cette salope ? Interrogea Logan.
Peter se mit à rire en haussant les épaules.
— Vous la reverrez jamais. Tout ce qu'il y a à savoir.
— Et Naëlle ?
Il fouilla dans son téléphone, soupirant en nous montrant l'écran.
— Elle joue du violon. C'est quoi cette pièce ? Questionnais je
— C'est la pièce où se trouve le piano de la mère de Jo. Elle s'y enferme quand elle veut jouer sans être interrompue.
Il tapa sur son écran, et le son du violon se répandit autour de nous. Il soupira de plaisir presque malgré lui.
— Du Bach encore. Elle aime beaucoup jouer Bach. Murmura Peter.
Oui Naëlle jouait du violon. Nous l'avions appris assez vite après notre arrivée. Parce que Naëlle semblait aimer se perdre à jouer de cet instrument. Le jeu devenant pour nous de la trouver alors qu'elle jouait de cet instrument. Parce que oui Madame marchait tout en jouant. Et cela nous révélait souvent des scènes magnifiques de la surprendre quand elle jouait. Surtout quand son frère se joignait à elle... Nous admettions tous que c'était un vrai plaisir pour les yeux et les oreilles.
— Elle y sera encore quand je rentrerai... Elle va en jouer jusqu'à s'épuiser... Elle prétendra aller bien après ça.. Aller je rentre. Bon courage les mecs.
Il remonta en voiture, repartant aussi vite alors que je gardais la clé USB dans les mains en réfléchissant.
— Ils me rendront dingue ces deux-là. Marmonna Logan.
— Ouais...
— Tu vas faire quoi alors ?
— Bah je vais voir Aaron... Qu'est ce que tu veux que je fasse d'autre. Je te laisse t'amuser avec ton interrogatoire. Soupirais je
Je soufflais en envoyant un message à Aaron, lui demandant où il se trouvait. Un grognement s'échappant de mes lèvres alors qu'il me répondait.
— Magnifique... Fais chier tiens.
Je montais sur ma moto en enfilant mon casque. Rangeant la clé USB à l'abri dans mon blouson avant de démarrer.
Trente minutes plus tard, je tapais à la porte en grommelant. Aaron venant m'ouvrir et j'entrais dans la maison avant de me figer à l'entrée du salon en clignant des yeux. Fixant la chaîne hi-fi comme un con. Sortant mon portable sans un mot, lançant l'appel.
— Ouais. Tu peux me connecter à cette pièce, tu sais celle que tu m'as fait entendre...
— Celle où joue Naëlle ? Ouais si tu veux ouais... Attends je bascule sur mon ordinateur portable... Voilà. Tu m'expliqueras ?
— Ouais... Ouais... Murmurais je
Le son se fit entendre aussi vite et je clignais des yeux encore plus. Comment c'était putain de possible de faire ça ?
— Nat ? Qu'est-ce qu'il y a ?
Je regardais Aaron qui m'observait les sourcils froncés. Cole en face était le nez dans ses feuilles, coupé du monde en écrivant. Je mis le téléphone en haut-parleur, et Aaron prit la même expression conne que la mienne.
— C'est... Murmura-t-il
— Ouais. Ouais... Depuis des heures...
— Dingue... S'émerveilla Aaron.
Je finis par remarquer que la main de Cole était en suspens. Les yeux fermés, semblant écouter le son que je répandais, alors qu'il avait baissé le son de sa chaîne HI-FI. Il se laissa tomber au fond de son canapé, semblant écouter chaque note alors que sa main dansait doucement dans les airs. Un soupir franchissant les barrières du téléphone, un silence. Puis de nouvelles notes.
— Chopin.. Murmura Cole.
— Pourquoi tu voulais me voir au fait ? Murmura Aaron.
Je fouillais dans les poches de mon manteau, lui montrant la clé USB. Il fronça les sourcils, me demandant silencieusement ce que c'était.
— J'en sais rien. On m'a filé ça en me disant que je devais voir avec toi si on devait le montrer ou pas à lui.
Je désignais Cole d'un coup de menton et Aaron grimaça.
— Ça concerne son appel sur Naomie ?
— Ouais... Son interrogatoire apparemment. Elle a dû lui injecter un de ses sérums. Un de ceux qui ne laissent pas de place au mensonge... Expliquais je
Je sursautais alors que la clé disparaissait de mes mains. Me retrouvant face au regard insondable de Cole. Celui-ci se dirigeant aussi vite à l'étage, et je me retrouvais sans trop avoir le choix que de le suivre. Eh bah la question se posait plus vraiment vu qu'il allait la regarder. Youpi.
Je grimaçais en entrant dans sa chambre. Prenant place sur le lit en voyant qu'il lançait la vidéo. Se reculant avec sa chaise du bureau. Ses deux mains masquant sa bouche alors qu'il regardait l'écran avec attention. Gardant le visage impassible même au son de la voix de Naëlle. Mais je dois bien avouer que mon attention ne resta pas fixée sur lui non. Je regardais l'écran à mon tour. Hallucinant des propos de Naomie. Comprenant bien la rage de Naëlle. Ricanant alors que je voyais une lame atterrir dans son autre cuisse.
— Elle est douée en fléchette le Koala.
Cole regarda en coin Aaron qui se contenta de hausser les épaules en ricanant. Redevenant sérieux en se massant le menton face à une voix masculine ayant repris le flambeau. Je reconnus très vite Ali. Et je vis bien que l'interrogatoire prenait un tout autre tour. Ali n'était pas l'un des proches de Naëlle pour rien, et sa maîtrise de l'interrogatoire était redoutable. Pure, Brute. Sans aucune concession. Sans aucune émotion. Il était impartial. Et j'avais beau avoir des envies de mort très fréquentes sur Cole. Même pour moi cela devint une torture d'entendre tout ça. D'entendre à quel point cette femme n'en avait jamais rien eu à faire de l'homme devant moi. À quel point sa vision de leurs couples était biaisée.
Je voyais les larmes couler doucement sur le visage de Cole alors qu'il ne lâchait pas des yeux l'écran. Semblant affronter en face la vérité. Quitte à se faire lacérer le cœur encore plus. Seul le hurlement de rage de Naëlle venant par moment ponctuer les réponses nous rappelait qui était à l'origine de cet interrogatoire... Et je pouvais deviner sans mal toute la haine qui avait dû enfler en elle. Et parmi tout le déballage de sa vie... Vint la question de sa rencontre avec Luz. Cole sembla se crisper entièrement en se levant d'un bond, allant pour sortir de sa chambre avant de se figer en plein milieu de la pièce. Entendant malgré lui la réponse de Naomie. Et son poing heurtant avec rage son mur m'informait qu'il ne savait pas ce que Naomie avait prétendu à Luz. On aurait peut-être dû commencer par là ceci dit. Mais j'étais persuadé qu'il savait moi.
Son poing recommençant à cogner le mur à l'entente des projets de Nao. Hurlant de rage à son tour dans la chambre.
—C'est faux putain ! C'est faux ! C'est pas une putain de passade ! C'est faux ! Putain de salope de merde ! Je vais la tuer !
La vidéo prit fin et je repris la clé USB sans savoir quoi dire.
— Je... Je pense pas que tu la revois un jour mec. Mieux vaut te dire qu'elle est morte. Murmurais-je
— Putain de cadeau pour l'humanité si c'est le cas alors ! Alors c'est ça ce qu'elle croit... Elle croit que je me suis foutu de sa gueule ? Que je lui aie menti de A à Z ? Avant de récupérer ma fiancée... C'est ça sa vision de moi ?
Je détournais le regard en passant une main dans mes cheveux. Conscient que j'allais enfoncer encore plus la lame. Encore une fois.
— Ouais... Je pense que c'est sa vision de toi là.
— J'ai.. J'ai besoin d'être seul quelques minutes. Murmura-t-il
Je sortis de sa chambre avec Aaron, redescendant et allant nous asseoir dans la cuisine. Prenant une bière avec Aaron.
— J'aimerais pas être à sa place. Lâcha Aaron.
— Moi non plus, rassure-toi.
Je bus une gorgée de bière, repensant à ce qu'on avait pu entendre. Comprenant mieux la tête épuisée de Peter s'il était resté avec elle juste après ça...
— Et elle ? Comment elle va ?
Je soupirais en posant ma bière. Passant mes mains dans mes cheveux en laissant tomber mon front contre la table. Levant les mains en l'air.
— À ce point ? Ricana Aaron.
— Elle court, partout. Dors, trois heures... Et elle repart, aussi vite.... Faut l'attraper au vol pour la faire manger... Et encore elle se méfie de la bouffe, depuis qu'elle a compris qu'on foutait ses calmants dedans. Et le pire... C'est que dans tout ça, eh bah elle arrive encore à nous épuiser sexuellement. Putain de tornade...
— J'ai cru comprendre qu'elle n'était pas facilement rassasiée ouais ! Ria Aaron.
J'attrapais un torchon et lui lançais en me redressant. Plissant des yeux devant son ricanement.
— Je dois reconnaître que c'est une musicienne accomplie... Lâcha Aaron
— Le rapport ?
— Elle joue de la flûte comme personne ! Ricana-t-il
Je l'insultais en lui lançant la cannette de bière. Et il se contenta d'esquiver tout en riant.
— Nan, mais reconnais que... Continua de rire Aaron
— Mais rien du tout putain ! Je vais pas parler de ses talents de flûtiste avec toi putain ! C'est mort !
— Ses talents de flûtiste ? Oh c'est tellement joli ! Ria-t-il
Il se leva, sortant de la cuisine avant de revenir avec des feuilles, l'air beaucoup plus sérieux en les étalant devant moi. Soupirant alors que je parcourais des yeux les textes.
— Il dort pas des masses non plus en vérité. C'est juste les textes de cette semaine ça... Il passe ses week-ends à écrire...
— Dingue... Murmurais je
Il hocha la tête en reprenant les textes. Allant les ranger avant de revenir. Se postant à côté de moi en se massant les tempes.
— Et l'album ? Demandais-je
— On vient juste de finir de bosser dessus. Il devrait sortir dans quelques jours... Et notre manager nous a prévu des concerts aussi vite... Je crois que le premier est dans un mois. Super optimiste le mec pour prévoir aussi vite derrière notre album. Marmonna Aaron.
— Bah les titres que vous avez sortis ont eu beaucoup de succès... Alors que ça fait que quatre mois que vous avez éclos sur la scène publique... Vos deux titres ont eu beaucoup de succès... C'est dingue.
— Ouais malgré le fait que le texte de la seconde ait fuité juste avant que la presse ne révèle sa T.S... Je ne comprends pas les gens. Comme dit Cole, être malheureux ça fait vendre... Faut bien un avantage à la situation. On reçoit des tonnes de courriers de pauvres connes se dévouant pour le consoler. T'y crois toi..
— Et toi alors ? Ricanais-je
Il souffla en levant les mains en l'air, secouant la tête avant de grommeler.
— T'imagines même pas les courriers d'un goût douteux que j'ai pu recevoir mec. Y'en a une qui m'a envoyé des baguettes pour jouer de la batterie... Pour que je pense à elle qu'elle disait...
— Bah c'était quoi le souci ? questionnais-je en riant.
Il afficha une moue dégoûtée, fermant les yeux avant de les rouvrir.
— Elle les avait pas utilisées pour jouer de la batterie Nat. C'est ça le souci.
Je me reculais en ouvrant et refermant la bouche, écarquillant les yeux.
— Non...
— Si... Et encore. Cole, il reçoit des petites culottes... Je suis pas le plus à plaindre... Marmonna-t-il.
Cole entra justement dans la cuisine, se dirigeant vers son frigo, nous resservant des bières avant de me fixer perplexes.
— Il a quoi ? S'inquiéta Cole.
— Je parlais des... Cadeaux. De nos fans... Marmonna Aaron.
— Ooh... Ça. J'ai un stock de petites culottes si ça te dit ouais... Attends.
Il sortit de la cuisine avant de revenir dix minutes plus tard. Posant un carton devant moi avant de s'éloigner en ricanant. J'ouvris le carton avant de m'écarter en pestant. Pointant le carton du doigt en gueulant.
— Mais c'est dégueulasse putain !
— Oh bah au moins moi je reçois pas des baguettes de batterie ayant servis à autre chose que jouer de la batterie hein ! Ria Cole.
— Comment on peut infliger ça à de si précieuses baguettes de batterie... Mes pauvres bébés ! Gémit Aaron.
Je tapotais son dos en fixant le carton. N'en revenant qu'en quatre mois ces deux-là attiraient déjà autant de dingues.
— Juste par curiosité malsaine... C'est quoi le truc le plus dingue que t'ait reçu Cole ? Questionnais-je
— J'hésite entre les poils et les petites culottes usagées.
Je clignais des yeux alors qu'il buvait une gorgée de sa bière. Haussant les épaules devant mon air halluciné.
– Quoi ? J'y peux rien mec. Parait que les dingues, ça va de pair avec le succès. Et encore, maintenant la maison de disques filtre le plus gros. Y'a un concours là-bas entre les différentes branches. La star qui reçoit le truc le plus glauque.
— Tous dingue dans ce monde sérieux. Marmonnais-je.
Cole soupira en regardant sa bière, jouant un peu avec le liquide en le faisant danser dans la bouteille.
— Tu sais le plus dingue Natan dans ce monde ? Demanda Cole.
— Non, dis-moi.
— Le plus dingue, c'est que j'ai tout une plâtrée de femmes prêtes à se prostituer pour avoir un rendez-vous avec moi. J'ai des déclarations d'amour de parfaites inconnues. Le plus dingue c'est de lire des déclarations de personnes que je n'ai jamais vu, et que cela ne me fait rien. Le plus dingue c'est que l'avis d'une seule femme compte pour moi. Que j'ai beau tout faire, entendre sa rage quand elle a entendu les mots de Nao sur moi... Ça m'a fait du bien. Le plus dingue dans tout ce putain de monde... C'est que je m'en fous bien qu'elle croit de la merde... Je continuerais de hurler après elle jusqu'à ce qu'elle daigne m'offrir une nouvelle chance. C'est ça le plus dingue...
Il releva le regard pour le planter dans le mien. Ses yeux brûlant de détermination.
— Le plus dingue c'est que je l'aime bien trop pour abandonner la bataille. Je m'en fous bien de ce qu'elle pense. Je me battrais pour lui donner ma version des choses.
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