Chapitre 12. Point de vue Natan H.
— Qu'est-ce que tu fous là... Je saisis pas... Murmure-t-il
— Je peux te poser la même question. T'ouvrir les veines, sérieux mec ? T'as pas trouvé plus théâtral comme appel à l'aide ? M'énervais-je
Une larme roula sur sa joue alors qu'il détournait le regard, ses bras recouverts de bandage. Allongé dans ce lit bien trop blanc, dans cette chambre si froide. Mais qu'est ce qu'on foutait là putain. On se croirait revenir des années en arrière sérieusement. Sauf que cette fois, c'était lui dans ce lit et pas moi.
— Comment elle va ?
Je me tournais vers la fenêtre, haussant les épaules en passant une main dans mes cheveux.
— Je me pose cette question tous les jours. Si tu lui demandes, elle te dira qu'elle va bien. Elle se donne la peine de respecter ta demande, vraiment.
— Comment... Comment tu as su ?
— Je pourrais te dire que c'est Aaron. Je pourrais te dire que j'ai lu les informations... Mais je te mentirais. Parce que ouais, j'avais bien vu l'information. Mais je comptais pas venir non. Pour moi c'était plus mon rôle. Mais j'en ai reçu l'ordre. Et comme ses ordres font office de loi. Me voilà. Parce que pour elle, c'est entre elle et toi. Que nous, on était pote avant elle. On le restera après elle. J'essaye de comprendre sa logique je te jure... Mais j'y comprends pas grand-chose. Parce qu'elle ne parle jamais de toi, elle refuse d'entendre même ton prénom ou quoi que ce soit de ta vie. Mais elle a appris ça, et elle a ordonné que j'aille auprès de mon pote. Rien d'autre. Elle est retournée à son boulot.
Je me retournais vers lui, bien conscient d'enfoncer la lame dans la plaie. Mais je pouvais faire quoi d'autre ? Mentir ? Il saurait très vite que je mens. Il n'y a bien que ses mensonges à elle qu'il n'a pas su voir. Cole est une vraie merde pour savoir voir les mensonges et manipulations des femmes. Nao est l'exemple parfait. Il a laissé cette femme revenir, foutre sa vie en l'air, parce qu'il croyait vraiment qu'il l'aimait. Mais ce fameux gala lui a juste fait comprendre à quel point il n'aimait pas Nao. Non, il aimait une femme à qui il avait pourtant demandé de disparaître.
— Pourquoi Cole ?
— Parce que j'en peux plus putain... J'en peux plus. Je me sens crever, son putain de visage qui me poursuit partout. Cette soirée qui tourne encore et encore dès que je ferme l'œil. Et elle... Juste elle qui disparaît encore. J'en peux plus putain... Je veux juste crever en paix, faire cesser ça.
J'observais les larmes couler sur ses joues, lui qui ne pleurait jamais. Lui qui ne paraissait jamais faible. Même quand Nao lui avait brisé le cœur, il n'avait pas pleuré. Il avait juste tout changé dans sa vie.
Alors pourquoi elle, il n'arrive pas à l'oublier ?
— Pourquoi cette soirée te hante tant ? Questionnais je
Il tourna le regard vers moi, fermant les yeux avant de les rouvrir.
— Que sais-tu du Gala Natan au juste ?
— Rien. On a pas parlé de cette soirée.
— Pourquoi... Ils devaient être fiers d'eux.
Je soupirais, détournant le regard. Avaient-ils été fiers d'eux ? Oui sans conteste. Mais pas tant que ça en réalité. Parce que l'état de Naëlle, sur les jours qui ont suivi, a été catastrophique. J'avais eu la preuve encore ce jour. Elle était rentrée de France. Et à l'heure où moi j'étais dans cette chambre d'hôpital... Elle, elle déployait toute sa violence. J'avais mis du temps à me décider à me présenter devant Cole. J'avais préféré rester chez Aaron. Parler avec lui et Jade. Avoir leurs versions . Peser tout dans la balance.
— Natan ?
— Disons qu'ils ont pas eu le temps d'en rire vraiment. Y a eu quoi ?
Il fixa le plafond, ses doigts se crispant légèrement sur les draps.
— J'étais sortis fumer, bien énervé parce que Nao s'était tapé l'incruste à la soirée pour faire sa propre promotion.. Quand je suis revenu... J'ai cru halluciner. Elle était là. Tellement sublime putain... Comment c'est possible d'être aussi belle... Si différente de ce que j'avais déjà vu d'elle. Un seul nom ne tournait pour la nommer... Madame... C'était bien elle oui... Mais elle avait ce masque sur le visage. Cette façon de se tenir, de parler.... C'était à la fois elle, et pas elle.. Et je me suis posé la question je te jure... Si tout ça, tout ce que j'avais pu vivre était pas juste un rêve.
Une autre larme. Une autre encore.
— Tu savais qu'elle jouait du piano ? Je l'ai appris ce soir-là. Tu sais ce que c'était le premier titre qu'on lui a demandé ? Celui-là.
Il tendit le bras, prenant son baladeur. L'allumant avant de me montrer le casque.
— Je suis le pire masochiste de l'univers... Parce que je l'ai enregistré... Je voulais être sûr... Que c'était pas juste un rêve...
Je mis le casque à mon cou, le son bien trop fort venant se répandre doucement dans la chambre silencieuse.
— Et voilà, là j'ai bien compris... En sentant mon âme se fissurer au son de ses doigts dansant sur les touches que non, c'était bien réel. Que je ne l'avais pas rêvé. Parce que ce cœur qui me faisait si mal en la voyant sourire ne me trompait pas. Et je ne comprenais pas comment quelque chose de si magnifique pouvait pourtant me faire si mal. Elle était sublime putain.. Mais tellement sublime. Jouant de cet instrument sans la moindre difficulté. Fermant les yeux sans même chercher les touches ou lire la moindre partition....
La chanson se termina et il fixa le baladeur, totalement perdu dans ses pensées. Continuant de m'expliquer la soirée, me laissant comprendre de mon point de vue pourquoi nous avions retrouvé Naëlle dans cet état à l'aéroport. Elle avait enfilé un masque toute une soirée durant, mais avait fini par s'écrouler quand tout fut terminé.
Ritchi avait raison, les mecs avaient vraiment été des égoïstes finis de lui faire faire cela. Parce que s'il avait pu venger la douleur de Naëlle en infligeant la même à Cole... La réalité était que les deux n'allaient pas bien. C'était comme poignarder quelqu'un tout en se poignardant. Aucun putain d'intérêt. En vérité les calmants sont devenus nécessaires pour elle. Quitte à ce que parfois Ritchi les mélange à sa nourriture. Même si cela devait créer des situations ridicules au possible. Nous n'avions pas eu besoin de beaucoup de temps pour comprendre avec Logan que quand Naëlle explosait... La douleur de son propre corps n'était pas une limite. Non c'était un stimulant l'entraînant encore plus dans la douleur. Le lendemain du gala, elle avait proposé un combat à mon frère... Et ça a failli très mal finir. Au point où Ritchi est intervenu pour l'endormir, car elle allait littéralement se battre jusqu'au sang avec tous ceux face à elle. Qui que ce soit. Juste parce que Logan lui avait infligé un coup un peu trop fort... Elle avait perdu pied en une seconde. Une putain de seconde.
— Tu devrais l'oublier... Soufflais-je
— J'essaye... Je te jure que j'essaye... Tellement fort putain.
— Essaye plus fort alors. Tu lui as demandé de disparaître. Elle a appris par Nao que tu allais te marier. Comment veux-tu que...
— Je comptais plus me marier avec elle nan... Elle était chez moi que parce qu'elle n'avait pas d'appart où loger, alors elle dormait dans la chambre d'amis. Mais on avait pas rompu officiellement. J'étais toujours officiellement fiancé à elle ouais... J'étais paumé, j'arrivais pas à y voir clair. Comment voulais-tu que je m'attende à ce qu'elle revienne comme ça putain ! Cela faisait plusieurs semaines que j'avais aucune nouvelle d'elle ! Ses dernières nouvelles c'était pour me dire qu'elle couchait avec un putain d'Anglais depuis un an !
— Semaines ?
— Pourquoi tu crois que je restais loin de Luz hein ?! Je pouvais pas promettre quoi que ce soit alors que j'étais officiellement fiancé ! Baiser de la groupie ok, mais une collègue de boulot ... Putain de mauvaise idée ! J'ai pas voulu jouer avec elle putain ! J'ai totalement perdu pied avec elle ! Dès que j'ai cédé à l'envie... J'arrivais pas à faire marche arrière... Mais putain ! Elle disait que jamais elle se caserait ! COMMENT JE POUVAIS PRÉVOIR QUE J'ALLAIS EN TOMBER AMOUREUX ! COMMENT PUTAIN ! Et j'aurais dû faire quoi selon toi ? Aucune des deux ne vaut mieux que l'autre...
— C'est ce que tu penses ?
Il détourna le regard en hochant la tête.
— Alors j'ai raison. Oublies là mec. Compose, noie-toi dans la musique. Mais oublie là. Parce qu'elle t'oubliera aussi vite qu'elle t'a aimé. Je t'avais donné une chance. Une seule. J'étais prêt à renoncer à elle si toi tu la rendais heureuse. Et voilà le résultat. Je n'aurais pas dû la laisser t'approcher. Aaron a raison... On a eu tort de vous laisser vous approcher. De croire que tu serais assez intelligent pour comprendre. Mais t'as rien compris. Comme t'as jamais su voir que Naomie était la dernière des traînées. Se servant de toi depuis le début. Ne voyant en toi que la bonne poire pour avoir une place où atterrir quand son crush du moment serait passé. Elle t'a jamais aimé Cole. Tout le milieu connaît l'intérieur de ses cuisses. Tous les grands de ce monde ont baisé le cul de ta fiancée pendant que toi tu l'attendais comme la dernière des merdes. Tu crois que la femme que j'aime est comme elle ? Nan mec nan. La femme que j'aime, elle promet rien. Elle viendra pas te mentir en te prétendant que t'es le seul. Elle viendra pas te trahir. Quand elle dira qu'elle t'aime, c'est parce qu'elle le pense tellement qu'elle arrive pas à le contenir. Celle que j'aime, elle sera prête à se laisser mourir juste si toi ça te rend heureux. TU SAIS RIEN D'ELLE PUTAIN ! TU SAIS RIEN !
Et moi je me demande ce que je fous là au lieu d'être à ses côtés. Je me demande pourquoi je devrais m'inquiéter pour ce crétin là.
— Tu sais tellement rien d'elle.... Tu sais tellement pas la comprendre que t'as même pas su voir sa douleur derrière son masque. Toi, tu t'es juste contenté de lui briser le cœur. Venant prétendre après que c'est dur pour toi. Tu trouves ta vie dure ? Elle est tellement paisible pourtant grâce à elle mec... Riais-je
Je ricanais froidement, désignant la ville d'un geste de la main.
— Rien qu'ici, des centaines d'hommes veulent te voir mort. De là où je viens... Ils sont tellement plus. Tu crois que ce gala était un calvaire ? Ils ont été gentils pour respecter ses ordres. Tu sais pourquoi tu es en vie Cole ? Parce qu'elle a exigé qu'on ne te touche pas. Et si elle ne l'avait pas exigé, si tu n'avais pas été là le jour où ce mec l'avait retrouvé... Tu serais actuellement dans une pièce d'un sous-sol en train d'endurer milles et une souffrances... Parce que ça en fait crever d'envies des centaines d'hommes dehors. Tu es tombé amoureux d'une illusion. Oublie là. Trouve-toi une autre femme à aimer. Celle que j'aime n'est pas faite pour toi.
— Pourquoi elle se contente pas de les laisser me tuer alors..Souffla-t-il.
— Parce qu'elle n'aurait jamais dû croiser ta route. Alors elle s'est contentée de reprendre la sienne. Tu ne t'es jamais demandé comment le grand PDG d'une entreprise aussi importante que PLAYS a pu atterrir dans un bar comme Le Lounge ? Pour la même raison que je suis là alors que je m'inquiète pour elle. Pour la même raison que ton harcèlement a cessé du jour au lendemain. Si tu dois recroiser sa route un jour. C'est juste parce qu'elle l'aura décidé. Mais je n'ai qu'un conseil. Le même encore et encore. Oublie là. C'est ta demande Cole. Tu as voulu tout ça. Assume tes choix. Parce qu'elle ne viendra pas taper à ta porte et te supplier. Le dragon est déjà loin. Et tu as raté le vol.
Je me tournais vers lui, m'appuyant sur le mur. Les mains dans les poches.
— T'as toujours eu du talent pour la musique. Votre groupe a toujours été bon. Focalise-toi sur ta passion. Passe pas à côté de ton rêve. Ce serait con. Après qui sait... Peut-être que tu la reverras... Et que vous vous expliquerez un jour... Reprenant vos conversations sans pouvoir vous empêcher de vous emmerder. Je suis pas Dieu. Je connais pas votre avenir moi.
Il m'observa, le visage impassible.
— Pourrais-tu l'oublier toi ? Cesser de l'aimer ?
— Jamais. Je suis à elle corps et âmes. Quitte à mourir pour lui prouver cela. Jamais je ne cesserais de l'aimer. Même si pour cela, je dois accepter de la partager.
— Pourtant tu me demandes de l'oublier...
Il détourna le regard, les larmes coulant de nouveau. Un rire étouffé par les sanglots sortant de sa gorge.
— On dirait une putain de fillette à chialer comme ça... Je m'insupporte putain.
— J'avoue que le mythe du rockeur au coeur de glace en prend un sacré coup là...
— Ah bah une photo de moi dans cet état et c'est clair que là les groupies se pâmeraient moins...
— Pas sûr, tu sais le mec tout fragile à consoler... Ça peut marcher aussi...
Il ricana avant de regarder ses bras, tout comme moi. Son rire se mourant dans sa gorge.
— Les rôles sont inversés hein... Y a quelques années...
— Ouais... Murmurais je
— Combien de fois en réalité ?
— Quatre...
Il écarquilla les yeux alors que je détournais le regard, pas vraiment fier de moi.
— Pas super envie d'en reparler ouais...
— Je me rappelle encore de ma première conversation avec elle.. Ricane-t-il
— Elle t'avait taclée sur ta cravate nan ?
Il hocha la tête en ricanant. Regardant le plafond avec un sourire en coin.
— J'ai jamais autant ri au boulot qu'avec elle dans les parages ça c'est clair. J'avais une telle envie de l'emplâtrer dans les murs, putain, dès qu'elle ouvrait la bouche. Insupportable au possible.
— Pourtant ça t'empêchait pas d'y revenir...
— Réussir à varier les piques et les remarques super énervantes tous les jours pendant deux ans... Tu m'étonnes que j'y revenais ! Sans même m'en apercevoir... J'étais complètement passionné par cte gonzesse.. Elle et sa foutue grande gueule. Tu sais qu'il y a un jour où je m'étais bien engueulé avec elle... J'avais sûrement été trop loin, mais le restant de la journée j'avais eu une merde sur les réseaux... J'avais pas pu remonter tellement ça m'avait pris la tête. J'ai vu plus tard que la connerie venait de son ordinateur. Foutue garce...
Je ne pus m'empêcher de rire, même pas étonné, tellement j'avais vu ces deux-là se faire crasse sur crasse.
— Vous n'avez jamais su vous parler comme deux personnes normales... Même quand vous étiez d'accord, vous vous engueuliez. J'ai jamais pigé comment c'était putain de possible.
Il haussa les épaules, se posant sûrement la même question. Ouais déjà sans souci réel ces deux-là ne savaient pas se parler... Alors avec un cas comme Naomie dans l'équation... On était pas sortie de l'auberge tiens au final.
Je me frottais les yeux, secouant doucement la tête. La vérité était là : une discussion aurait tout dénoué. Pas tout résolue, mais au moins les deux auraient pu se dire leurs quatre vérités..
Putain ce duo de boulet qu'ils formaient ces deux-là... Comment allaient se terminer leurs conneries cette fois ? Y'en a un qui tentait de s'ouvrir les veines au bout de deux mois quand l'autre était sous calmants alors qu'elle faisait couler le sang comme c'est pas permis...
Deux mois putain, et je craignais le pire pour les mois à venir...
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