XX
Deux choix s'offrent à moi, j'ai beau faire mais je n'en vois que deux.
Dieu, que je vous hais.
Soit je rejoins ma sœur dans la cuisine, comme à l'accoutumé et ignore le plus possible les deux autres tas de chaires.
Soit je reste dans la chambre et n'en sors que quand la bâtisse est vide...
Dieu, que la seconde est alléchante. Surtout après l'ignoble nuit que je viens de passer. Je n'ai cessé de réfléchir à la meilleure façon d'annoncer à Arthur ce qu'il se passe. Car je suis obligé de le faire, non pas que cela me plaise... Je le lui dois, il ne m'a rien fait de mal bien au contraire ! Je me sens vivante à ces côtés, vivante et apprécié. J'aimerais dire aimé, mais ce n'est pas le cas puis cela compliquerait davantage la situation.
Il faut laisser le temps au temps, mais je suis privé de ce temps...
Je suis privé de temps, on me l'enlève, on ne respecte pas les règles. Alors pourquoi devrais-je le faire à mon tour ?
Situation merdique, pour ne dire que ça.
Je n'ai aucune idée de la façon de lui dire les choses et encore moins de sa réaction. J'aimerais qu'il me dise que tout ira bien mais les contes de fées ne font pas partis du commun des mortels. Pourtant j'aimerais vraiment qu'il le fasse.
Il faut que j'abandonne mon esprit rêveur et que je réfléchisse avec mon esprit rationnel.
Mon esprit rationnel n'est pas de si bon conseil non plus, il me dit d'en profiter une dernière fois quitte à passer pour une fille de petite vertu.
La bête, sauvage tapis au fond de moi, n'a plus de force, elle est comme morte. Elle qui a tant hurlée cette nuit, déchirée mes entrailles et jurée à toutes et à tous que sa colère fera des ravages, se laisse misérablement aller. Elle se pelotonne sur elle même et gémit de douleur et de tristesse, elle et moi souffrons. Ce n'est pas une douleur physique qui peut se calmer avec quelques antalgiques ou de la morphine, non je sens mon cœur se déchirer, se tordre, mon estomac ne cesse de remonter dans ma gorge et mes yeux me brûlent.
Mon esprit se fait fouetté par mes trop sombres pensées.
J'ai assez pleuré hier et cette nuit et vomis. Il faut que je me ressaisisse, au moins que je donne l'illusion que je vais bien. Il est hors de question de les laisser croire qu'ils on gagnés, même si c'est le cas, je ne courberais plus l'échine. Même si je dois mentir au monde, je vais afficher un visage confiant, n'en déplaise à quiconque.
Prise d'une grande inspiration j'enfile le vêtement que mon frère m'a offert, j'ai besoin de sa force. Je souffle profondément avant de sortir dans le couloir, juste une question d'apparence, le jeu du paraître est ma survie.
Il faut que je joue, que je gagne cette manche.
Sainte Rita, exhaussez ma prière je vous en conjure, je ne sais combien de temps cette parade fonctionnera, combien de temps je pourrais jouer.
*
Lucie me prend dans ses bras dés que je passe la cuisine, je l'enlace à mon tour. Pourquoi rien n'est aussi simple ?
- Tu m emmènes à l'école ? Elle me demande en insistant sur le "tu", c'est une rebelle. J'entends en premier lieu le hoquet de stupeur de l'autre femme de cette pièce, je ne peux m'en empêcher, je sourie à pleine dents.
- Je vous emmène ce matin Lucie. Contre attaque l'homme en appuyant sur le vouvoiement.
- C'est sur mon chemin. Je rétorque d'une voix dure sans le regarder. Lucie tu as finis de manger ? Elle secoue vivement la tête, avec un regard sur la table je remarque qu'elle n'a qu'à peine entamé son lait. Un petit détour par la boulangerie s'impose.
- Maintenant que vos noces ont été officialisées il est de votre devoir de devenir une femme irréprochable! Prenez exemple sur votre mère. Finit brutalement l'époux de la femme en question.
D'un mouvement doux mais sec je persuade ma petite sœur de m'attendre dans la voiture, elle est bien trop jeune et en a surtout déjà trop entendu.
- Devenir une femme frustrée de n'être que la femelle d'un tiers, incapable d'aimer, que dis-je d'apprécier a sa juste valeur l'homme qui partagera ma couche le reste de ma divine vie. Être envieuse de tous et mauvaise avec le monde qui m'entour car mon âme se fait ronger depuis toujours par ma mélancolie, pour ne citer quelle ? Je le regarde, puis sa femme. Très peu pour moi. Je termine en un souffle.
Sans leur laisser le temps de répliquer je pars rejoindre la jeune fille qui m'attend avec et impatiente en espérant que les retombées ne seront pas dramatique.
*
Je crois que faire jaser va devenir une habitude, il suffit de voir les regards que m'adressent certaines mères de famille. Honnêtement si une seule veut ma place je la lui donne avec un immense plaisirs.
Après un énième bisou sur la joue Lucie s'en va rejoindre ses amies tout en me faisant promettre, pour la millième fois environ, d'embrasser bien fort notre frère.
De nouveau derrière mon volant mon cœur se met à battre comme un fou, dans très peu de temps je serais devant le pénitencier et donc je dirais adieu a Arthur ... Mais avant je compte l'aimer et lui donner ma première fois, ce sera mon dernier acte en tant que femme libre.
Mon tout dernier acte.
Je clot mes yeux et prends une grande inspiration, je vais me donner a lui et tout lui dire, je pense qu'il me détestera par la suite. Il me détestera, j'en suis sur, mais au fond de moi je saurais que le premier homme qui me touchera sera choisit et non imposé.
S'il y a une justice divine je suis mal.
Justice divine mes fesses oui ! Si elle existerait nos géniteurs ne seraient plus de ce monde ! Ou alors elle saute une génération et forcement cela tombe sur moi.
Sur le parking toutes mes bonnes résolutions s'envolent, en fait je n'en n'avais pris qu'une, celle de lui dire la vérité après avoir fait l'amour avec lui. Elle compte au moins pour dix. Dix vérités affreusement dur à dire et a entendre j'imagine.
La bête sauvage tapis au fond de moi sors peu a peu de son coma, elle souffle et me lance un regard suppliant. Moi non plus, je ne veux pas de tout ça. Je me contre fiche de la richesse de mon nom et de ce que les gens en pensent, je veux juste être en accord avec moi-même. Ce qui est énorme de nos jours.
J'ouvre ma portière et souffle, mon estomac se tord ainsi que ma gorge, je plaque mon poing contre mon ventre et me force à avancer.
Dans le couloir je croise Monsieur Snowwic'le, en me voyant il fronce les sourcils, une ride d'expression lui barre le front.
- Mademoiselle Castille vous vous sentez bien ? Il pose une main sur mon épaule et je dois faire appel à tout mon sang froid pour ne pas m'écrouler au sol pour pleurer et hurler tout mon malheur qui me tue de l'intérieur.
- Tout va bien, merci. Je lui réponds, il n'est pas convaincue, sa main se fait plus forte sur mon corps.
- Si vous avez le moindre problème que ce soit avec huit... Monsieur Kalingo où Caym je peux peut-être vous aider. Il a dit leurs prénoms, il les a nommé et non énoncé leurs numéros de cellules comme il l'a toujours fait. J'imagine que c'est plus pour éviter de me contrarier que par réel envie, mais pour le moment cela me soulage.
Je mime un sourire, sers ma main contre mon poignet opposé et le remercie. Avant de nous quitter il m'assure que je peux prendre un jour ou deux de repos.
Quand il s'avance vers moi mon micro sourire disparait. Mes yeux me brulent comme jamais, je suis obligée de serrer les dents et de regarder le plafond pour ne pas fondre en larme comme une parfaite petite idiote en plein milieu de ce couloir.
Il va bientôt venir à ma rencontre, comme il le fait toujours à cette heure-ci. Je ferme les yeux et affiche le plus beau sourire que j'ai en réserve, pour une fois je n'ai pas a faire sans blanc. Il me suffit de penser à lui pour être heureuse, alors je ne pense qu'a lui. Lui et ses belles mains, lui et son odeur, lui et ses beaux yeux...
- Salut. Sa voix me fait l'effet d'un tsunami, elle terrasse tout sur son passage.
- Salut. Je lui réponds en le regardant, c'est la que tout ce joue. Le bout de mes doigts touche sa joue et viennent se placer sur sa nuque. J'appuie pour qu'il se penche et l'embrasse.
Mon Dieu, que c'est bon. Une avalanche de sensation explose dans tout mon être. Ses mains se places sur mes hanches pendant qu'il approfondit notre baisé. Là, au milieu du couloir, non loin de fou je me sens enfin heureuse.
- Tu devrais me dire bonjour plus souvent comme ça. Murmure Arthur si prêt de ma bouche avec un sourire taquin.
- J'ai très envie d'un plat principal. Je m'entends lui répondre tout aussi bas.
Il parait d'abord surprit mais quand je pose mais libre sur son ventre, un sourire vorace se dessine sur son visage avant qu'il regarde derrière moi.
- Vient. Il me dépasse en attrapant ma main, il nous dirige vers une porte derrière nous, sors un trousseau et prends la bonne clef entre ses lèvres.
Je vais lui dire intimement adieu. La bête sauvage, tapis au fond de moi regarde la scène et ravale sa tristesse.
*
Enfermé dans une autre pièce semblable aux deux autres, il me regarde de haut en bas. Je pose ma bouche sur la sienne avant qu'il ne prononce le moindre mot, je serais capable de dire une idiotie. Comme la vérité.
Ses mains sur mon corps sont expertes, comme possédé par leurs propre volonté, il me déshabille et touche enfin ma peau nue. Tout s'envole, il ne reste que lui et moi. En bonne égoïste que je suis, je compte bien profiter de chaque secondes passé avec lui.
- Je n'ai jamais fais ça ici. Sa phrase se meurt dans un petit rire avant que je ne le déshabille aussi. Je ne suis pas maladroite, contrairement à ce que j'aurais crû j'y même arrive très bien.
- Moi aussi. Je souffle pendant qu'il m'embrasse le cou.
Je vis tout pleinement, je ressens tout vraiment tout, ses mains, les miennes, son odeur mélangé à la mienne. Son image. Ce qu'il m'offre, ce que je lui donne.
Bon Dieu, qu'il est beau, non beau est vulgaire et vraiment très peu flatteur. Magnifique, oui magnifique.
Il me pousse jusqu'à la table et me pose dessus en e portant. Là, complètement nue en face d'un homme dans toute sa splendeur, je vais vivre un moment important dans la vie de toutes les femmes, je vais le vivre et me rendre impure aux yeux d'idiots.
Honnêtement cela en vaut le coup.
J'aime les caresses qu'il me fait, je me laisse aussi aller à le toucher et yeux dans les yeux je deviens femme dans en prison.
Je ne sais pas combien de temps cela a duré, a vrai dire j'ai a peine réalisé que nous n'avions pas de préservatif. Tomber malade ou être enceinte ne me fait pas peur. Si je tombe malade c'est que la justice divine existe, si mon ventre grossit je pourrais au moins en aimer un.
*
Je suis encore nue quand il se rhabille, je veux imprimer son corps dans mon esprit, je le veux si fort que je suis prête à donner mon âme au Diable, enfin s'il accepte les âmes comme la mienne.
Il s'aperçoit que je le regarde, il se dandine pour me faire rire, chose que je fais puis je l'imite, il rit aussi.
*
Le moment est venu, il faut que je lui dise, que je lui avoue. Je m'appuie contre la porte et me demande si je ne pourrais pas mener une double vie en quelques sorte, mais non. Il en vaut largement la peine, il vaut bien un millier de damnations eternel mais je ne peux pas. Ce ne serait pas bien pour lui. De toute façon il va me détester.
Et je tiens trop à lui pour lui faire ça, cette révélation me fait monter les larmes et me tord le ventre.
- Hé Jeanne. En quelques enjambées il est en face de moi. Je lève les yeux vers lui, il est inquiet. Tu regrettes ? Il me caresse le visage, je savoure ce dernier geste. Tu veux en parler ? Il me demande en passant une main sur ma joue. Je profite de ce dernier contact tout en cherchant les mots justes, ceux qui ne lui feront pas mal, ceux qui ne me mettront pas à terre. Pas tout de suite du moins.
- Non, bien sur que non. Je commence en le regardant, je savoure cette petite lueur dans son regard si particulier. Il faut que je te dise quelque chose. Je continue en lui attrapant ses deux mains, mes pouces caressent ses paumes rugueuse, je savoure encore une fois.
- Écoute je...
- Non, je ... S'il te plait écoute moi jusqu'au bout. Je le coupe. Il fronce ses sourcils et acquiesce doucement. Je prends une grande inspiration, ferme les yeux et souffle doucement, nos mains sont toujours liées. Je dois le faire, je le lui dois, je leur garderais rancune toute ma vie.
- Je t écoute.
- Ma famille est vraiment très pieuse. Je commence en avalant ma salive, mes yeux sont fixés sur le col de sa chemise, qui est mal mit. Nous avons un nom assez riche dans ce milieu et ...Je bloque ma respiration. Pour assurer la pérennité de ce denier nous devons côtoyer les gens de même niveau, si je puis dire. Je souffle sans pour autant lever les yeux, ce que je pourrais y lire me fais bien trop peur. Donc, on m'a choisi un homme de renom. Le mariage est dans peu de temps. Je termine sans bouger et dans un chuchotement. Mon cœur n'est plus qu'un amas de chaire sanguinolent et vide de tout sentiment.
La bête sauvage tapis au fond de moi est prostrée sur une paroi de mon esprit et laisse aller son chagrin sans aucun bruit, elle n'est pas digne, elle n'a plus de force.
Ses mains sont toujours dans les miennes et mes yeux n'ont pas bougé d'un iota.
Ce silence est trop horrible, je préférais qu'il hurle, s'indigne, m'insulte même, mais il n'a aucune réaction. C'est pire. Sans un mot, puisque rien ne peut exprimer ce que je ressens en cet instant, je passe devant lui et sors.
- Tu m'as utilisé. Je l'entends souffler dans mon dos. Mon cœur s'arrête et reprend sa course a une vitesse inouï.
- Oui. Je lui réponds en me tournant vers lui les yeux humide.
- Garde tes larmes. Il crache avec hargne en me bousculant pour sortir.
Il est partit. Je l'ai fais fuir.
Il est partit. C'est de ma faute.
Il est partit. Il est partit. Il est partit. Il est partit. Je me répète en sentant mes organes se serrer. Je me le répète pour me punir. Il est partit. Il est partit...
µ
- J'ai attendu gamine. Commence Mathias souriant comme toujours en me voyant entrer, quand il me regarde enfin ses traits se durcissent en un instant. Prends la chaise gamine, viens a côté de moi. Sa voix est douce et chaleureuse mis autoritaire, c'est la première fois que je l'entends.
Tel une âme en peine, je saisie ma chaise et la déplace à sa droite, j'ai besoin de chaleur humaine alors j'attrape sa main, attaché à sa chaise. Que l'on ne me parle pas de sécurité, pas ici, pas maintenant, pas avec lui. S'il me tue je l'en remercierais.
Je lève mon regard vers le plafond pour m'empêcher de pleurer et me pince les lèvres.
- Gamine... Sa voix n'est qu'un murmure a peine audible aux sonorités inquiète.
Il sert un peu sa main contre la mienne et je ferme les yeux, tentant vainement de retenir mes larmes. Laisse-toi allé gamine. Ces derniers mots on eu raison de moi. Je baisse la tête et sanglote mais ce n'est pas assez, je pose mon front contre son épaule et pleure.
Je vide ma peine, ma douleur, ma colère, mon impuissance et ma lâcheté contre l'épaule du détenu.
Je niche mon nez un peu plus contre lui, il ne peut pas me prendre dans ses bras mais il serre mes doigts dans les siens. Il me laisse ainsi contre lui pleurant et hoquetant en silence. Au bout d'un moment il penche sa tête et sa tempe touche le haut de mon crâne, mon autre main sur son avant bras je m'accroche a lui. Il est une bouée de sauvetage, ma bouée de sauvetage.
- Ca fait mal.
- La vie est une garce gamine. Il frotte sa tempe sur moi, surement en signe de réconfort. Vide ton sac gamine.
- Je ne sais pas par ou commencer, puis ce ne serais pas juste vis a vis de toi. Ma voix n'est qu'un mince filet a peine vivant.
- C'est moi qui te le demande gamine.
Après une longue minute de silence, je lui dis tout. Tout y passe, mon frère, ma sœur, Monsieur Rachitique, mon maudit nom et tout ce qu'il va avec. Tout au long de mon récit tristement vrai, il n'a pas dit un mot. Il s'est tue mais n'a pas relâcher la pression de sa main contre la mienne et sa tête toujours posée sur la mienne.
- C'est finis, il ne m'adressera plus jamais la parole, c'est finis. Je murmure tout contre lui.
- Gamine, gamine regarde-moi. Je m'exécute épuisée. ll faut que te batte, ne te laisse pas faire. Rappel toi tu es la petite cul béni qui envoie dans les cordes un détenus dans le couloir de la mort. Je souffle un sourire et secoue la tête de droite à gauche.
- Je ne sais pas quoi faire.
- Refuse ce putain de mariage et fais tes valises, enfin non, fais tes valises et refuse ce putain de mariage.
- Si je le fais, il s'arrangera pour que je ne puisse plus venir ici.
- Si c'est le prix a payé.
- Non ! Je m'exclame en m'écartant de lui. C'est hors de question! Cet endroit est le seule qui me fait sentir vivant et utile, j'y suis chez moi en quelque sorte. C'est ma seule constante dans de monde de fou.
Nous retombons dans le silence de longues minutes. Chacun perdus dans ses pensés, nous respirons à peine.
Je ne sais pas quoi faire.
- Gamine. Je le regarde à nouveau, ses traits sont encore dur une certaine tension habite son corps mais ce qu'il me surprend le plus c'est son regard. Il est déterminé, sur. Joue double jeu. Il termine plantant ses iris brune dans les miennes.
- Je ne comprends pas.
- Chez toi joue à la cul bénis et ici sois toi même. Il hausse tant bien que mal les épaules.
- Je ne ... Je ne termine pas ma phrase réalisant que c'est ce que je fais déjà. Ca ne règle pas le souci du mariage ni d'Arthur...
- Demande ton émancipation.
- Trop radicale. Je rétorque en me mordant l'ongle du pouce.
- Fais comme ton frère. Je le regarde et avant que je ne puisse ajouter quoi que ce soit, il continue. Finis ici et casse-toi.
- Partir, purement et simplement partir. J'énonce pour moi même.
- Parle-en avec ton frère, je suis sûr qu'il trouvera une solution.
- Et ma petite sœur ? Je lui demande inquiète.
- Tu m'as dis qu'ils feront n'importe quoi pour la garder sous leurs coupes, qu'elle s'en serve.
-Lucie n'est pas une manipulatrice. Je rétorque vivement, blessé par ces propos.
- Je ne te parle pas de manipulation, mais de survie gamine.
Une fois de plus nous nous plongeons dans le silence.
- Tout ira bien gamine et pour le gardien seul le temps pourra faire quelque chose. Me dit Mathias en me souriant doucement.
- Tu dois me prendre pour une trainée. Je souffle tout bas.
- Si je pourrais je te giflerais gamine. Tu es tout sauf une trainée ou une salope ! Tu en as bien pus dans le froc que tu ne le crois. Il termine avec un regard franc.
- Tu crois que j'ai bien fais ? Je lui demande sans vraiment le regarder en face.
- Oui.
*
Dans le couloir, il n'y à personne. Il n'est pas là. Je prends une profonde inspiration, la bloque et la relâche doucement tout en fermant les yeux. Je suis seule.
Dieu, que je vous hais ! J'ai mal.
Je traine les pieds jusqu'à la prochaine salle, y entre et me laisse tomber sur la chaise en face de Caym. Ce dernier me regarde et pour une fois engage la conversation de lui même.
- Petit cygne ?
- Que penses-tu de la religion ? Je lui demande sans préambule.
- La religion ? Il me demande septique.
- Oui, oui, tu sais, celle qui te fait te lever tôt le dimanche matin pour aller prier. Je crache, le nez retroussé, les dents presque à nues. Elle me dégoute, m'écœure, me rend malade cette garce, tout autant que je me rends malade.
- Ce qui est le plus détestable c'est le genre humain. Je ne réponds rien, je ne sais pas quoi répondre, tout ce que je sais c'est qu'il a raison. Seul l'être humain peut interpréter un texte et le déformer à sa convenance.
- Si le texte de base n'est pas bon, ce n'est pas forcement de la faute de l'être humain si les choses dérapes.
- Ni l'un, ni l'autre n'est bon. Conclut Caym calmement. Il me scrute. Et toi, tu en penses quoi petit cygne?
Ce que j'en pense ?
- Elle a détruite ma vie. Je souffle en voyant l'image d'Arthur danser devant mes yeux.
- Elle ou les gens qui l'interprètent a leur sauce ? Il me demande sans me lâcher du regard, ses yeux ne sont plus que deux petites fentes noires.
- Pourquoi cette question ? Je lui demande agacée, je commence à en avoir marre, Je sus épuisé, d'ailleurs pourquoi lui ai-je posé cette question ?
- Quand tu voudras me répondre tu sais ou je suis. Il conclut sans ce soucié de mon ton sec, presque rude.
- A demain. Je termine sans me soucier de temps passé ensemble, je me lève et tourne les talons.
J'en ai marre, j'ai mal, j'ai peur, je me hais.
Peur de ne pouvoir assumer la décision, pourtant j'ai déjà commencé. Je m'éloigne du monde dans le quel je suis née, le seule monde que je connais. Je tape des pieds, seule, dans le couloir qui me mène vers la sortie. Une fois la porte passée, le soleil m'éblouie je porte mes doigts devant mes yeux pour me protéger. Je trouve cette boule de feu insolente, comment ose t'elle briller de mille feux alors qu'en mon fort intérieur le néant est mon seul maître. Je ne me retourne pas le long de mon chemin, le fait de ne pas le voir est trop dur.
Mon frère arrive dans un peu plus de vingt minutes. Je m'installe sur mon siège et observe le ciel, j'ai envie de l'insulter.
*
Le silence dans l'habitacle m'oppresse et ma musique m'agresse, je ne sais pas quoi faire de moi. Il faut que je m'occupe l'esprit sinon je vais devenir folle. Je jette un regard vers la prison mais je ne le vois pas. Cela me fait horriblement mal. Je ferme les yeux de toutes mes forces et souffle par la bouche. Tout est fini.
Un bruit sur ma vitre ma fait sursauté, quand je lève les yeux je vois mon grand frère. Je me précipite dans ses bras, agrippe son tee-shirt mauve et me cache contre son corps, il m'entoure a son tour et me serre dans ses bras.
- Je suis désolé Jeanne, vraiment désolé. Ce confond-il en excuse, il pose ses mains en coupe autour de mon visage et me scrute intensément. Chacune de mes mains se posent sur ses poignets.
- Tout est fini. Je murmure si bas qu'il doit tendre l'oreille pour m'entendre.
- Je suis désolé. Me répète-t-il en me berçant.
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