XIV
Voilà j'ai osé, j'ai osé leurs demander s'ils supporteront la honte d'une seconde désertion.
Mère s'enserre la taille de ses propres bras, père sers le dossier de la chaise si fort que ses jointures blanchissent à vue d'œil. Leurs respirations forte se mélangent à la mienne et donne naissance à une symphonie de fureur.
Clairement, tout le monde ici se contient. La bête sauvage au fond de moi pousse des hurlements de joie tout en tambourinant les barreaux de sa cage dorée avec force.
- Vous n'oserez pas. Affirme père en se redressant de toute sa hauteur.
- En êtes-vous vraiment sur père ? Je lui réponds avec effronterie.
- Jeanne, voyons, nous sommes tous fatigués. Tente mère, mais elle se fait couper la parole par un claquement de doigt sec de père. Ce geste m'a toujours hérissé le poil, je pourrais me révolter de celui-ci mais non, ce n'est pas mon combat.
- Vous allez présenter vos excuses aussi bien auprès de nous que d'Andy et de Lucie pour l'exemple déplorable que vous lui avez donné.
Lucie, ma petite sœur, mon seul point faible dans cette demeure. Je vois d'ici ses petits yeux bruns et rieurs me dire que je n'ai pas tord, que je n'ai pas mal agis.
- Je ne le ferais aucunement. Imposai-je avec une voix forte et claire.
Mère plaque une nouvelle fois ses deux mains sur sa bouche, ses yeux son exorbités par la peur du scandale a venir. Père fait craquer le bois de la chaise et ne me lâche pas du regard. Je ne suis pas la seule à avoir des envies de meurtres.
- Soit, faites votre sac. Tranche l'homme de la pièce.
- Hors de question! S'insurge mère en se plaçant entre nous, je suis stupéfaite, c'est la première fois qu'elle s'oppose à son époux, devant moi en tous cas.
- Brigide ! Grogne ce dernier le souffle court.
- Michael, nous avons déjà subis une première humiliation de la sorte et nous n'en sommes sortie que grâce a Jeanne, une seconde honte du même acabit nous achèverait.
Ses mots m'écorchent les oreilles et me fendent le cœur, je ne suis vraiment qu'un simple animal d'élevage! Ma vie entière a été façonnée par leurs soins, je ne suis que le fruit d'un désir commun de reconnaissance et de .... de ....
Mon dieu ce que je peux les haïr en cet instant !
Sans attendre quoi que ce soit je tourne les talons et me dirige vers ma chambre. Ma bête sauvage s'enflamme et me supplie de ne pas prendre au sérieux ces paroles odieuses.
- Je ne m'excuserais pas et mènerais mon existence comme bon me semble. Je crache sans même un regard vers ses deux manipulateurs.
Une fois la porte de ma chambre fermée, je souffle bruyamment et me laisse glisser contre elle. Ma tête entre mes mains étouffe le son d'un rire qui fait vibrer mon torse. Ce n'est pas un rire de joie, c'est une rire de soulagement, j'ai enfin l'impression de respirer par moi même.
Sensation vraiment très plaisante.
J'ai passé le reste de ma journée dans ma chambre à envoyer des messages à mon frère.
*
Lundi matin, tout est comme d'habitude, enfin tout sauf mes vêtements. J'y ai réfléchie toute la nuit, je veux m'affirmer, je veux, non j'ai besoin, de vivre pour moi même, j'ai aussi besoin d'apprendre à me connaitre.
Quel triste constat, a presque vingt et un an je ne sais pas qui je suis, pitoyable, vraiment.
J'enfile donc le seul et unique vêtement qui n'a pas été choisie par mère : Mon jean offert par Christophe.
Du bout du doigt j'effleure les coutures blanches sur la poche gauche.
Je sourie malicieusement face à mon miroir, père et mère ne vont pas aimer ce spectacle.
Dans la cuisine, mon entrée met un frein aux babillages habituels, Lucie tape dans ses mains et frétille dans tous les sens. Mère ouvre grand les yeux et porte une main sur son cœur, quant a père il quitte purement et simplement la pièce dans un grand déplacement de vent.
- Quelle allure ! Accompagnez moi à l'école Jeanne! Décrète ma petite sœur en sautant de sa chaise une tartine toujours dans sa main.
- Seulement si vous ne me demandez pas de vous laisser à l'autre bout ! Je m'amuse à la taquiner, du coin de l'œil je vois mère se tendre de tout son long.
- Avec vous ? Certainement pas ! Elle affirme avec force en tapant du pied sur le sol.
Tout en riant a gorge déployé j'observe du coin de l'œil celle qui nous a donné la vie, elle abandonne a son tour la cuisine. Je ne m'en préoccupe pas.
Lucie et moi faisons un crochet par le centre ville, et dévalisons sans aucune once de honte la première boulangerie que nous trouvons. Devant son établissement elle me tire par la main pour que je l'accompagne jusque devant la grande porte, chose qu'elle n'a jamais fait avec père où mère. Elle est fière comme un pape et elle ne se gêne aucunement pour dire à tout le monde qui je suis.
Ce petit manège m'amuse beaucoup et le regard étonné des mères de famille bien pensante m'assure que je ne suis pas dans le faux.
Si une simple étoffe les mets dans tous leurs états alors je n'ose pas imaginer quand je refuserais ouvertement l'union que l'on m'impose.
*
Devant le pénitencier une petite boule d'angoisse se forme au creux de mon ventre, je pense immédiatement à Arthur, à Monsieur Snowwic'le, à Monsieur Kalingo et surtout à Monsieur Caym.
Non pas que leurs avis m'intéressent beaucoup, de qui je me moque ? Bien sur que si leurs avis m'est important!
Gourde!
Le directeur m'accueille et avant qu'il n'ouvre la bouche pour me saluer il me regarde à deux fois, deux très longues fois.
- Bonjour Mademoiselle Castille, vous avez passez un bon week-end? Il me demande comme chaque lundi.
- Bonjour, oui merci et vous ?
Nous papotons quelques minutes avant que chacun de nous ne retournes à nos occupations, la discussion en elle même n'est pas vraiment a mètre dans les anales mais son regard a changé, il me voit autrement j'en suis certaine.
Une fois n'est pas coutume je vais seul voir Monsieur Kalingo, je suis presque déçue de ne pas voir le joli gardien.
- Un peu plus et je lançais un avis de reche.... La vache ! C'que tu es bien foutu en vrai!
- Bonjour a toi aussi Mathias, oui j'ai passé un bon week-end merci et toi ? Je lui réponds le plus simplement du monde alors que c'est à mon tour de me détailler. Il est à se tordre de rire, il me regarde et ne cesse de faire un mouvement de va et vient entre ma tête et mes pieds.
- Je vois que tu n'as pas oubliés de me tutoyer!
En effet je le lui avais promis vendredi dernier, même si en moi même je le vouvoie encore quand je suis en face de lui je me force à répondre à sa demande.
- Je te l'avais promis non ?
Il acquiesce et me laisse le temps de m'asseoir avant de reprendre.
- Je vois que de temps en temps tu écoutes tes aînés. Je souffle en levant les yeux au ciel mais lui comme moi ne croyons pas a mon agacement, puisque je sourie de toutes mes dents. Tu as enfin trouvés la jeune fille qui sommeil en toi ? Il me demande en haussant un sourcille.
- Elle et moi avons enfin été présentés.
- La prochaine étape est de me virer ce foutu chemisier, puis ce sera au tour des pompes et enfin au maquillage, j'imagine que je n'ai rien à t'apprendre sur l'épilation ? Il termine sa phrase en baissant le ton et en faisant une moue secrète sans bien sur oublier son sourcil haussé
.
Je suis fière de moi je ne rougie pas a ces propos, ou alors je ne le sens pas, sa façon de parler ne me choque plus je l'entends s'exprimer ainsi chaque jour de la semaine et il me fait beaucoup rire.
- Dit celui qui est orange. Je marmonne en en croisant mes bras sur ma poitrine.
- Sachez jeune fille que le orange est LA nouvelle couleur est qu'elle est très en vogue par ici. Il finit en faisant sa tronche d'aristocratique comme il dit, en fait il se redresse et prend un air très hautain tout en modifiant sa voix pour se donner un genre très aristocratique justement.
Nous ne tenons quelques secondes avant de partir dans un fou rire à faire trembler les murs. Je ne sais pas si écrire sur mon dossier de stage que j'ai parlé mode et chiffons avec un détenu prés de deux heures me rapportera quelques chose mais en tous cas c'est ce qu'il s'est passé et je dois dire que j'aurais adoré faire les magasins avec lui.
- Il va adorer. Je l'entends marmonner quand la porte s'ouvre, je n'ai pas le temps de lui demander plus d'explication qu'un gardien me dit qu'il est temps d'aller voir Huit cent trois.
Rien qu'a sa façon de tourner le verrou je sais qu'il ne s'agit pas d'Arthur.
Mathias et moi faisons office de miroir, nous somme déçus et quelque peu frustrés pour ma pars.
- Caym. Je rétorque sèchement au nouveau venu. Ce n'est pas huit centre trois mais Caym. J'insiste lourdement, dans mon dos j'entends un rire soufflé de la pars de mon professeur de mode du jour.
- Elle a du tempérament la p'tite! Je me retourne vers Mathias qui est à l' origine de cette phrase et lui fait une petite révérence.
*
Une fois n'est pas coutume je ne traîne pas pour rejoindre la seconde porte, je n'ai aucunement envie de passer du temps avec cette personne, je ne l'ai même pas regardé, il ne m'intéresse pas.
Je n'attends pas qu'il m'ouvre ou autre je pénètre dans cette pièce sans fenêtre et m'assoie sans un regard en arrière tout ce que j'entends ce sont des pas qui s'éloignent.
- On dirait que l'oisillon a quitté le nid. Dit Caym avec une voix enroué comme ci il n'avait pas parlé depuis plusieurs jours, si je m'en réfère à nos entrevues silencieuse je dirais plusieurs semaines. Le tout est de savoir en quoi cette petite chose va se transformer. Il continue après s'être éclaircit la gorge.
- Tant que ce n'est pas en un pigeon. Je lui réponds en haussant les épaules.
- Non ces rats volant ne te vont pas. Il me scrute et ses yeux deviennent de vrai scanner. Une buse pattue... Oui une buse pattue.
- Une buse pattue ?
- J'imagine que tu ne sais pas ce que c'est ?
- Absolument pas. J'avoue.
- Et bien tu rechercheras chez toi.
Je m'efforce de ne pas m'offusquer par son ton brusque et soudainement glacial, j'inspire doucement et intime à la bête sauvage de ne pas le prendre pour elle, chose difficile à faire tout de même.
- Et que me vaut l'honneur du son de votre voix ? Je lui demande sans y mettre de forme.
Pour toute réponse il me regarde souffle un petit rire et retombe dans le mutisme.
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