V
J'hésite longuement avant de sortir de ma voiture, si je tergiverse encore je vais finir par être en retard et je n'aimerais pas cela. C'est donc en soufflant tout mon saoul que j'ouvre la portière et me dirige vers l'immense porte du pénitencier.
- Gourde! Je râle en faisant demi-tour vers mon véhicule avec tout ça j'en ai oublié mon badge, j'ai beau ouvrir tous les rangements je ne la trouve pas, je souffle en me pinçant l'arrête du nez et en me tenant le coude de l'autre.
Puis l'illumination fut, ma poche tout simplement dans ma poche de veste.
*
Mes talons claquent avec force dans le couloir, qui lui même déboule sur un autre couloir, le bruit que je fais en dit long sur mon humeur. Je suis folle de rage. Aujourd'hui père va demander à Andy, et sa famille, de venir dîner chez nous et ce ne sera pas un repas de courtoise. Non il va me vendre, oui me vendre, voilà comment je le prends.
Il me vend pour la renommé de notre nom, pour SON image, pour l'apparence et moi dans tout cela ? Et bien moi rien! Car oui, Jeanne, la gentille et bien élevée Jeanne va se taire et rien d'autre!
Le son de la porte qui claque avec violence me fait sursauter, ma main sur la poignée m'étonne encore plus. Je me suis laissé aller au grès de mes pensées et je me suis laissé déborder. Je laisse choir mes bras le long de mon corps, inspire par le nez et expire par la bouche jusqu'à que mon pauvre cœur retrouve un rythme relativement normal.
Un raclement de gorge me fait ouvrir les yeux et je constate que je n'ai pas changé d'univers, je suis encore et toujours là.
- Vous nous avez offert un joli spectacle Mademoiselle. Dit Monsieur Snowwic'le en guise d'entrée en matière.
- De quel spectacle parlez-vous?
- Vous, enfin une partie de votre corps en dehors de votre voiture, cherchant je ne sais quel objet. Son regard s'arrête sur mes hanches et se plante enfin dans mes yeux. Contre toute attente, surtout la mienne, je pars dans un rire peu contrôlé. Mes deux bras m'enserrent la taille pendant que je laisse libre court a ce que je ne fais que trop rarement.
- Monsieur Snowwic'le. Je parviens à articuler en essuyant mes yeux du revers d'une main. Un peu plus et vous passeriez pour un pervers. Je finis ma phrase en lui passant devant souriante et quelque peu flattée.
Il doit bien avoir une bonne quarantaine d'années, il n'est pas spécialement moche, disons juste que son aire renfrogné ne doit pas l'aider dans sa vie personnel, mais j'ai ben vue ses petites pattes d'oies se former aux coins de ses yeux. Il se moquait de moi.
- Êtes-vous prête ?
- Je vous suis.
Je lui emboîte le pas, aucun de nous ne parlons tout le long du trajet, je n'en ressens pas spécialement le besoin. C'est un de ces silences confortable qui nous suit jusqu'à que nous atteignons la porte de la salle ou " trois " m'attends.
Je n'ai le temps que d'appréhender rapidement notre entrevue, le peu que j'ai lu sur lui hier ma glacé le sang. J'en ai rêvé une partie de la nuit, Il y avait du sang, de la colère, de la peur, des cris. Je me suis réveillé plusieurs fois en sueur, le souffle court. Quand je ne dormais pas le visage d'Andy m'apparaissait sans discontinuer. En somme ce fût une très mauvaise nuit.
*
- Bonjour Monsieur Kalingo.
Le concerné relève le menton et une lueur, que je ne saurais identifier, illumine son regard morne. En même temps je remarque que le gardien se tend de tout son corps et regarde au-delà de ma présence, son chef risque de me passer un savon quand je sortirais, après tout je viens de faire tout le contraire de ce qu'ils font de manière général, je viens de lui re-donner une identité et accessoirement lui désobéir, j'ai toute les peine du monde à retenir un sourire grandement provoquant se peindre sur mon visage.
- La culs béni a t'elle un prénom ? Me demande le détenu en bombant le torse.
Je sens un mouvement dans mon dos, en me retournant je constate que le directeur a tourné les talons et le gardien l'a suivit. Un léger frisson parcours mon dos, je suis seul avec un tueur, certes bien attaché a même le sol, mais tout de même.
Par fierté ou immense stupidité je m'installe sur la chaise en face de lui.
- Je me nomme Jeanne.
- C'est un prénom un peu vieillot!
- "Kalingo" Me fait penser à une marque de semelle pour chaussures qui accueille des pieds très mal odorant. Je lui réponds piqué au vif par sa remarque. Il balance son énorme crâne, rasé de très prêt, en arrière et rit d'une façon vraiment terrifiante.
- C'est fou ce que les gens retrouvent leur audace une fois que le monstre est enchaîné! Ses iris sombre se fixent sur moi, un mauvais rictus déforme son visage et un genre de grondement sourd sort de sa bouche entrouverte.
Je sais que si j'ai peur, j'ai juste besoin d'appuyer sur le bouton clair sur le pied de la table et un gardien arrivera dans la seconde. Mais si je le fais je perdrais le peu de crédibilité que j'ai à ses yeux et je pourrais dire adieu à mon stage et tout ce qu'il s'en suit. L'idée effleure avec insistance mon esprit, si je le fais je suis renié, si je suis renié je serais libre.
Tentation, tentation, vile serpent corrupteur.
Mais mon égo et ma peur sont bien plus forts.
Je place mes mains bien à plat sur la surface plane qui nous sépare et ne détourne pas le regard.
- C'est fou ce que je les monstres sous estimes leurs proies. Je lui réponds d'un ton bas et sans appel. Il se recule sur sa chaise et son sourire mal sain s'élargit.
- Tu as lu mon dossier.
- Vaguement parcourut nuance. Je lui réponds le plus évasivement possible pour qu'il ne croit pas qu'il est la moindre importance à mes yeux, en psychologie cela s'appel établir des barrières de protections.
- Brave petite, laisse-moi te raconter une histoire. Sa voix se fait aussi sombre que son aura, l'atmosphère de cette pièce de six mètres sur sept se fait plus pesante, mon subconscient, ou mon instinct de survis, m'hurle de prendre mes jambes à mon cou et de fuir cette pièce suffocante et terriblement effrayante.
- Une histoire de cape et d'épée ? Je finis par lui demander en joignant mes deux mains.
Je lui fais croire qu'il n'a aucune emprise sur moi, que ces mots ne me font rien.
Mensonge, énorme mensonge.
Mais puisque tout n'est qu'apparence, je décide d'afficher un visage sur et fière.
Apparence, apparence, vile serpent salvateur.
Ce coup-ci un rictus presque amusé tire ses traits.
A partir de là il ne dit plus rien, il s'est contenté de me scruter minutieusement jusqu'à la fin de notre séance soit presque trente cinq minutes. Quand le gardien la sortit de la pièce, l'aire a de nouveau fait son chemin vers mes poumons.
La chaise en face de moi ne reste pas longtemps vide.
- Si je leur retire leurs identité c'est qu'ils ne la méritent pas Mademoiselle Castille. La voix de Monsieur Snowwic'le claque dans la pièce.
Dois-je préciser que cela ne me plais pas ?
- Monsieur ceci est votre méthode de travail en tant que directeur de ce centre, moi en tant que psychologue je ne travail pas ainsi!
- Psychologue ? Laissez-moi rire jeune fille! Vous sortez à peine des bancs de l'école et vous vous prétendez comme telle ?
Je ne réponds plus, je suis vexée, même si c'est vrai je ne veux pas l'entendre.
- Je serais la demain a neuf heure pour mon entretient avec Monsieur kalingo Mathias. Je finis par conclure, plus par ego que par réel besoin de finir cette délicieuse conversation, je pourrais lui tenir tête des heures, j'en suis persuadé!
*
Je conduis sans ménagement jusqu'au magasin afin de remplir notre cachette.
En mettant de nouveau le contact je constate qu'il n'est pas encore midi, je suis censé être de retour chez moi pas avant quatorze heure trente. Je souffle et laisse tomber ma tête sur le volant donnant un petit coup de klaxon au passage.
Je pourrais rentrer mais il y a toujours un où deux voisins pendu a leurs fenêtres épiant absolument tout ce qu'il se passe. Quelque pars c'est un constat dramatique.
*
Finalement je ne me suis pas ennuyée une seule seconde, je suis retournée au magasin, dévalisé le rayon "gâteaux et confiseries " tout en passant par le rayon "boissons " et une fois le ravitaillement fait je l'ai engloutis, une grande partie du moins, en écoutant toute sorte de musique.
A l'heure dite je passe la porte de chez moi, je profite d'un peu de solitude pour compléter notre cachette. Par sécurité je jette un rapide coup d'œil dans ma chambre, à première vue rien n'a bougé.
Afin de prendre un peu d'avance et surtout glaner quelques minutes de tranquillité je prépare la table, sors le repas que mère a prévu et m'étale telle une limace sur le canapé.
- Je jure de ne plus manger autant de cochonnerie. Promis-je au vide ambiant tout en tapotant mon ventre qui est a deux doigts de la rupture. Enfin jusqu'au prochain ravitaillement. Je rajoute en chuchotant.
*
- Jeanne, samedi soir Andy et sa famille viendront dîner ici. Déclare père alors que je suis en pleine tentative de mastication d'un brocolis vapeur, sous le choque où dégoût de la nourriture je pose ma fourchette sur le rebord de mon assiette.
- Votre père a pensé les inviter vendredi soir mais après nos journées respectives cela nous semblait trop, puis comme cela, cela conclura gaiement votre première semaine de stage. S'enthousiasme mère.
- Je vous remercie pour cette charmante attention père. Le principal concerné se redresse, bien trop fière à mon gout. Quant à moi je rêve de m'enfuir au l'autre bout du monde.
La fin du repas du soir se passe sans autre grande déclaration, fort heureusement, je ne sais pas si mon estomac aurait tenu le choque.
*
Ma petite sœur ouvre la porte et la referme en trombe, elle se précipite vers moi aussi vite que ses petites jambes lui permettent et se jette à mon cou.
- Merci Jeanne ! Au passage je remarque que sa langue est teintée de bleu, cette petite gourmande s'est donc prit un dessert digne de ce nom ! Je la sers dans mes bras et nous rions en nous racontant tout un tas d'idiotie jusqu'à que mère nous rappel a l'ordre.
Diantre deux êtres humains qui s'amusent et rient plus que quelques secondes ! Que l'on appel un guérisseur divin le malin nous a contaminé !
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