I
Père avait clôs notre discussion d'un seul regard, un regard noir sans équivoque, sans aucune chance de rédemption. Je me force à refermer la portière de la voiture le plus calmement possible, chose contre nature pour moi dans le cas présent.
Cette berline noir, propre et polis à souhait, nous emmène chaque fin de semaine dans notre lieu de culte. L'église catholique de l'avenue LongHight à Columbus.
D'ailleurs toute ma vie se passe dans cette ville, il paraît que bon nombre de saints ont foulés cette terre, du moins c'est ce que relatent les écrits de notre église. Moi, je n'en sais rien et quelques pars je m'en moque éperdument.
Ma petite sœur, Lucie Castille, me prend la main et me sourit tendrement. Cette petite jeune fille sait bien plus de chose que les enfants de son âge. Du haut de ses onze ans, elle est la bonté incarnée, tout comme son prénom l'indique Sainte Lucie est la sainte patronne de la bonté et son prénom signifie "lumière" en latin. La première titulaire de ce doux prénom a dévoué sa vie pour les autres jusqu'à l'ultime sacrifice.
Comme beaucoup de saints...
Nous portons tous un prénom qui a un rapport avec quelqu'un qui a marqué notre histoire religieuse. J'aurais aimé que l'on me demande mon avis, mais cette espérance est aussi illusoire que le père noël.
Père, qui sert la main au père Bénedict, se nome Michael, comme l'archange. Mère porte le prénom de Brigide, cette femme fut considérée comme la seconde vierge de l'histoire. Juste considérée.
Mon grand frère porte un patronyme qui lui correspond parfaitement : Christophe, saint patron des voyageurs, il s'en est allé en voyage d'ailleurs, loin de chez nous. Il fut chassé, enfin non, il a claqué la porte, au sens propre et figuré du terme. Christophe à une vision personnelle de la vie, il ne croit pas que la vie se résume à un texte saint.
Quelque pars je l'envie.
Cela fait trois ans que je n'ai pas vu l'ombre d'un de ses tee-shirts mauve. Quoi que les gens en pensent je trouve que cette couleur lui va bien, il est un peu vaniteux, mais j'ai toujours aimé sa façon de se pavaner dans notre maison et la réaction de nos parents. Surtout leurs réactions.
Ceci fait partie des souvenirs que je garde bien farouchement au fin fond de ma mémoire adolescente, presque femme, il parait que les souvenirs réchauffent le cœur, les miens me brûlent parfois de bonheur.
Je soupçonne tout de même ma petite sœur d'échanger quelques messages avec lui. Je ne la dénoncerai jamais, puis je ne le sais pas clairement, alors je me tais.
La fidélité fait partie d'un des nombreux préceptes qu'il m'est forcé de suivre, alors je suis fidèle à ma petite sœur.
Puis vient mon existence, enfin celle que mes parents mon crée.
Au loin, père parle toujours avec père Bénedict, ils sourient et se congratulent mutuellement, je sais qu'ils parlent de moi. Mère se redresse de toute sa hauteur et affiche un sourire plus que plaisant, Lucie noue sa petite main gracile autour de la mienne. Je sais que je ne vais pas aimer ce qu'il va suivre, mais je n'ai pas le choix. Père, en bon gardien de troupeau, nous guide sur ce qu'il appel le "bon" chemin, et nous devons le suivre. « Bon chemin » selon ses termes pas le miens.
Ma petite sœur se colle à moi, ce geste me fait revenir parmi les vivants.
- Jeanne, votre père ma raconté votre projet, vous avez de quoi être fière. Nous vous consacrerons une prière ... Ho excusez moi, mais sœur Terence me fait signe que notre orgue fait encore preuve de rébellion.
Sur ces quelques mots il s'en retourne et père, fière comme un pape, daigne enfin nous ouvrir la porte, je m'y engouffre plus par habitude que par réelle envie.
*
L'office se passe sans moi, je souris quand il le faut, chante quand il le faut, loue notre dieu quand il le faut mais toutes mes pensées son dirigées vers la source de fierté de mes parents.
Demain commence mon premier jour de stage dans le centre pénitencier de notre bonne vielle ville en tant que psychologue.
Demain je vais côtoyer des hommes tous plus dangereux les uns que les autres et tout cela par ce que père voulait qu'un de ses enfants travaille dans ce domaine, domaine où il a lamentablement échoué il y a quelques années.
Christophe est partit un peu pour cela, il ne voulait pas je cite " qu'on manipule mon avenir pour pouvoir s'en venter sans que moi je ne puisse le faire! "
Pourquoi est-ce que moi j'ai accepté de me plier ?
Par ce que je n'ai ni le courage, ni la force de Jeanne d'Arc, Sainte dont je porte le nom.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top