Texte de la phase 3
"Après près de 10 années-lumière de trajet, ma navette s'est enfin posée sans encombre sur cette mystérieuse planète plus communément appelée << Terre »... Je regarde le rideau métallique s'abaisser lentement. Lorsque la porte est ouverte, je m'avance sur le devant afin de regarder cette fameuse planète. Moi, Azana de Dunix, allait servir d'intermédiaire entre cette civilisation plus ou moins avancée et mon peuple. À première vue, ils ne semblent pas très agressifs. Tant mieux. Un étrange bipède s'approche alors de moi. Il est assez grand avec une peau plutôt sombre. À bien regarder, tous les bipèdes présents ont des couleurs de peau variants entre un beige pâle et un chocolat foncé. Étonnée, je regarde mes propres mains d'une teinte bleu-gris.
-Enchanté, me dit le bipède en me tendant sa main, je suis le docteur Néo."
Après le premier instant, où la surprise s'est emparée de moi, je saisis sa main. Elle est étonnamment douce, et je peux remarquer d'irrégulières encoches dans sa paume, des lignes hasardeuses qui se croisent en se délient.
En relevant la tête, je le remarque en train de me dévisager. Son contact est amical, mais je vois au fond de ses yeux comme un air... calculateur. Je ne peux l'en blâmer, je suis moi-même plutôt curieuse de ce monde dont je ne connais rien.
Alors qu'il met fin à notre poignée formelle, j'entrevois un scintillement fugace plusieurs mètres à droite. Aucun des bipèdes présents ne semble l'avoir remarqué, aussi je l'oublie rapidement et rend son sourire à une deux-pattes blonde, enserrée dans du tissu gris qui la couvre des épaules aux genoux.
En remontant ses lunettes rectangulaires sur son nez, elle tend une liasse de feuilles au docteur Néo. Considérant qu'il a été le premier à se présenter, j'en déduis qu'il possède une place assez haute dans la hiérarchie de leur groupe. Comme pour le confirmer, il hoche la tête et plusieurs des siens, en blouses blanches, disparaissent derrière une porte métallique, tant semblable aux murs du bâtiment tout proche que je ne l'avais pas remarquée. C'est amusant comme ces petits êtres ressemblent à des fourmis, tant par leur habitude de marcher vite les yeux rivés sur la tablette entre leurs mains ou bien par la façon dont ils s'enferment dans des bâtiments. Le docteur Néo me tire de mes pensées en prenant la parole.
- Vous ne vous êtes pas présenté... Et pourriez-vous nous donner un pronom qui vous définit ? C'est la première fois que nous avons affaire à des gens comme vous... Comprenez notre ignorance.
Je lui jette un regard amusé.
- Vous êtes ignorants mais vous possédez une piste d'atterrissage pour vaisseaux de tous types ? Ou peut-être que vos mots n'ont pas la même signification que les miens. L'ignorance ne signifie pas être dénué de toutes connaissances quant à un sujet, ou à un ensemble de choses ? Vous n'êtes pas si surpris.
Ses yeux sombres me transpercent, c'est une sensation étrange, il semble presque qu'il est capable de lire en moi.
- Je pense que vous avez beaucoup à nous apprendre, afin de combler nos lacunes. Ce programme d'échange nous sera bénéfique.
- Très bien. Si vous en êtes certain. Je suis Azana. La troisième princesse de Dunix.
- Et pourquoi est-ce vous qui êtes venue, et non la première ou la deuxième ?
La femme blonde de tout à l'heure réapparaît, un gros bloc-note entre les mains. Je vois ses petites lunettes lentement glisser sur son nez droit, et la vision de leur possible chute par terre m'amuse, sans que je sache pourquoi.
- Ma grande sœur, la première, est occupée par ses études. Elle sera médecin, sur notre planète. L'autre s'est liée il y a peu avec le prince d'une planète proche de la notre. Nos parents et elle sont actuellement en train de préparer leur mariage.
Le crayon de la secrétaire glisse sur la papier plus vite qu'une étoile filante court dans la galaxie. Il est techniquement impossible que des mots lisibles en ressortent, mais je vois le docteur se pencher sur elle et hocher la tête en la relisant.
- Il n'y a pas de système d'héritage par ordre de naissance, chez vous ? Interroge-t-il en retournant poser ses pupilles sur moi.
- Pas vraiment. Celle qui veut hérite de la couronne, et si aucune ne souhaite prendre la place des parents, un citoyen ordinaire, ou un ministre, est désigné. Nous ne pouvons pas parler de "sang royal" ou de lignées. Je descend personnellement d'une famille de pêcheurs. Mon arrière grand-mère habitait dans un bateau, sur le fleuve qui traverse la capitale.
Il se trouve que mes sœurs ne sont pas intéressées par le poste, et que ça ne me dérange pas d'en écoper, aussi était-il tout naturel que je vienne ici. J'en apprendrai beaucoup, et ce savoir pourra me servir dans l'avenir.
Je vois que les deux face à moi se concertent.
- Alors vous êtes une femelle ? Remarque la blonde.
J'aquiesce.
Son crayon reprend sa vitesse de croisière.
- Suivez-moi. Fait soudain Néo en avançant plutôt rapidement vers une porte, contre la façade de béton.
Sa blouse blanche vole contre ses cuisses, et sa couleur brille, rendue éclatante par le soleil. Je cligne des yeux, et me rappelle soudain un autre scintillement, aperçu tout à l'heure. Je m'apprête à le signaler à mon camarade bipède, mais la femme surprend mon regard et me sourit - ce qui m'étonne, elle n'avait l'air de posséder qu'une seule expression, neutre et sèche.
- Vous avez vu les drones. Ils sont recouverts de métal, aussi brillent-ils. Nous effectuons des tests dans la zone voisine. Et je me nomme Arissie, au cas où.
Ces humains sont plus avancés que je ne le pensais. Ils maîtrisent des technologies avancées... je ne sais trop qu'en penser. C'est une bonne chose pour eux, mais on m'a mise en garde, ce sont des êtres cupides. S'ils décidaient d'utiliser ces armes contre des peuples extraterrestres...
Je marche sur les pas du docteur. Il me fait traverser un bon nombre de pièces, et nous arrivons enfin devant une porte très hermétique. Aucune vitre ne permet de voir ce qu'elle renferme, et mon cerveau bloque sur le fait qu'Arissie ait fermé à clefs toutes les portes derrière nous.
J'y réfléchis encore un peu, puis une main vient soudain se poser sur mon bras. Je sursaute et me tourne vers un des scientifiques aperçus plus tôt. Il porte un masque, m'empêchant de voir son visage, mais le pantalon noir qu'il porte sous son vêtement blanc est facilement reconnaissable.
Mes sourcils se froncent et je jette un regard à mes accompagnateurs. Ils ont cessé d'afficher des sourires sympathiques et m'observent à présent comme une bête curieuse.
J'ai des millions de frissons, partout dans le corps. Avec des gestes lents, Néo s'approche et saisit mon menton entre ses doigts. Je reste immobile. L'air est chargé de tension, j'entends mes cœurs tambouriner dans ma poitrine, ma gorge est nouée. Ainsi tout ça n'était qu'une mise en scène ? Leur gentillesse, toutes ces questions ? Ils souhaitaient seulement un cobaye ?
Car il devient évident, tandis que nous avançons le long du couloir que gardait la porte close, qu'on pratique ici des expériences douteuses.
Soudainement je ne parviens plus à voir, quelqu'un m'a plaqué un tissu noir sur le visage. Je ne peux qu'entendre des bruits, des claquements, des froissements. Leurs voix se mélangent dans ma tête, rendant incompréhensible ce qu'ils racontent.
Je suis poussée sur un large fauteuil.
Les regrets m'assaillent comme une nuée de papillons cannibales. Jamais je n'aurais du me porter volontaire pour cette expérience. Je risque bien de ne jamais revoir ma terre. C'est dommage, je ne pourrais être présente au mariage de ma sœur.
Il faut certainement que je cesse de lutter. La douleur sera plus supportable. Je ne sais même pas si je vais souffrir.
Le bruit mat d'une lame tinte à ma droite. Des ombres se rapprochent, des déplacements d'air m'indiquent qu'une masse est toute proche. Est-ce le docteur Néo, qui m'a si bien accueillie ? Ou un de ces hommes silencieux ?
Nous ne connaissons pas vraiment la peur, là d'où je viens, mais si je devais en écrire la définition, je dirais que c'est ce tremblement partout dans mes membres, cette alarme qui hurle sous mon crâne, les frissons. Les frissons dans le ventre, dans les doigts, partout.
Et l'envie de fuir, même si c'est impossible.
Le métal froid se pose sur mon abdomen, déchirant ma fine couche de vêtements. Le stress, la tristesse, l'effroi, forment un cocktail explosif, je me sens nauséeuse. La lame déchire ma peau aux teintes océaniques. Je sombre doucement dans la nuit.
- Commencez.
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