Chapitre 3

Chapitre 3 :

Avoir l'impression d'avoir été écrasée par un poids lourd, et pourtant se retrouver sur quelque chose de confortable. Quelle contradiction.

Je sentais chaque parcelle de mon corps réclamer un peu plus de confort, alors que mes muscles semblaient être étirés au point de vouloir craquer.

Comme un surplus de sport, mais en pire.

Sauf que je ne faisais pas de sport. Ce fut à ce moment-là que les évènements qui s'étaient produits me revinrent en mémoire, et que j'ouvris les yeux. Enfin, plutôt l'œil droit, vu que celui de gauche était un peu comprimé par le gonflement de ma joue gauche.

L'homme aux tatouages et piercings. L'homme qui voulait me tuer. Et l'homme aux yeux gris. Beaucoup trop d'hommes dans ma vie d'un coup.

- C'est une humaine, elle n'a rien à faire ici, entendis-je.

- J-je pensais qu'il s'agissait d'Irène...

- Comment peux-tu être aussi idiot pour ne pas faire de différence entre un ange déguisé en humain et une véritable humaine ?!

Je flanchai sous la voix pleine de colère, et j'attirai la couverture autour de moi. Je me trouvais dans la chambre dans laquelle j'avais atterrie de je ne sais quelle manière, et les draps sentaient un parfum doux et piquant à la fois, comme quelque chose de poivré, mais qui était apaisant.

- Quel mot a-t-elle dit pour le pass que tu lui as fourni ?

- ...Vous

- Quoi ? fit la voix pleine d'incrédulité.

- Elle a dit « vous ».

De quoi parlaient-ils au juste ? Quel rapport avec moi qui avais prononcé « vous » ?

- J-je suis sérieux, Xavier ! Je te jure que c'est ce qu'elle a dit !

Je sursautai lorsque la porte s'ouvrit d'un coup, sur l'homme aux yeux gris d'acier qui passait sa main dans ses cheveux. Il s'arrêta dans son geste en me voyant éveillée, et je déglutis péniblement.

- Avant que tu ne dises quoi que ce soit, je t'interdis de dire le mot « vous ». Est-ce que tu as compris ?

Sa voix grave était emplie de sérieux, et je ne pouvais pas refuser, surtout que je ne savais pas ce qu'il comptait faire de moi, alors je hochai simplement la tête, ce qui parut le satisfaire.

- L'ange qui était chargé de ta protection semble avoir fait faux bond, au moment où tu en avais le plus besoin, continua-t-il en allant s'asseoir sur la chaise en bois qui se trouvait en face du lit.

La vue de ses ailes blanches dans son dos accaparait clairement toute mon attention. Elles me semblaient tellement réelles... Et si je rêvais ? Impossible. La douleur que je ressentais me prouvait que j'étais encore vivante.

Alors quoi ? J'étais vraiment face à un ange ?!

J'avais sûrement pris un coup trop fort à la tête, ce qui m'altérait considérablement la manière de voir les choses, ce n'était pas possible autrement ! Les anges n'existaient que dans les bouquins. Et les bouquins n'étaient que des histoires inventées par des écrivains qui avaient un surplus d'imagination, dont ils devaient se débarrasser d'une manière ou d'une autre.

- Je pense que tu dois avoir beaucoup de questions, mais je ne peux pas t'en dire plus pour le moment.

Je reportai mon attention sur lui, et il paraissait tout à coup très fatigué.

- Tu resteras ici le temps qu'il te faudra pour récupérer, ensuite tu retourneras chez toi. Maintenant, j'ai besoin de savoir une chose. Qui t'as fait ça ?

L'homme aux tatouages et piercings me revint à l'esprit, et je serrai mes mains sur les draps. Il n'avait eu aucune pitié. A aucun moment, il ne m'avait laissé plaider ma cause. Il avait ordonné ma mort, sans un cillement, sans la moindre culpabilité. Les larmes me montaient progressivement à l'œil, alors que je me rendais compte que j'avais été si proche de la mort.

- Je vois..., fit l'homme en soupirant, face à mon mutisme.

Comme s'il avait compris ma terreur dans ce silence.

Cette même sensation qui me faisait du bien caressa ma joue, et je levai l'œil pour voir les plumes de l'aile droite de l'homme, qui se trouvait devant moi à présent, me frôler la pommette. J'eus un mouvement recul, m'éloignant de cet homme et de ces plumes soyeuses. Je me touchai la pommette doucement, comme si je ne croyais pas au contact qu'il y avait eu.

- Mes plumes peuvent absorber ta douleur...

Je ne voulais pas qu'un homme m'approche, encore moins pour faire le moindre contact sur ma peau. J'avais clairement eu ma dose. Me couvrant la tête avec les draps, j'attrapai un coussin pour le serrer contre moi. Le soupir que j'entendis me fit resserrer mon emprise dessus, puis ses bruits de pas s'éloignèrent. Je retirai doucement le tissu qui me tenait chaud, pour voir que j'étais seule dans la chambre. Mon abdomen était douloureux, mais c'était supportable. Je posai lentement les pieds sur le sol froid, et je marchai doucement vers la porte qui se trouvait sur ma droite. Si mon intuition était bonne, la salle de bain devrait se trouver par là.

Ouvrant la porte, je fus surprise de découvrir des vêtements. Des tas et des tas de vêtements accrochés par des cintres, mais aussi pliés dans des sortes de boites.

Mon intuition devait être déréglée.

Mon ventre gargouilla, et je passai une main sur mon estomac. Comment pouvais-je avoir faim après ce qu'il s'était passé ?

Refermant la porte, je retournai pour observer la chambre. Le lit était grand et sobre, un bureau se trouvait à l'opposé, couvert de papiers, et au centre de la pièce, se tenait un tapis de fourrure, où trônait une table en verre de forme rectangulaire. Deux fauteuils beiges y étaient posés.

Marchant aussi vite que je le pouvais, je me dirigeai vers la porte que l'homme aux yeux d'acier avait traversé, pour l'ouvrir lentement, puis je passai la tête dans l'embrasure pour observer les alentours.

Tout était fait de bois, et une grande table ronde trônait au centre, avec un pot de fleurs. Sur la droite, se trouvait un escalier gris qui me rappelait les yeux de cet homme, et un peu plus loin, il y avait une porte en bois. Sur la gauche, il n'y avait que des portes. Encore et toujours des portes.

Sortant de la chambre, je marchai en me tenant les côtes, tout en regardant autour de moi. Mon cœur battait la chamade, de peur que quelqu'un ne me remarque. Je ne savais pas qui ils étaient, et encore moins ce qu'ils comptaient faire de moi. Il était certain que s'ils voulaient ma mort, je serais déjà morte depuis un moment, mais ça ne m'empêchait pas d'avoir peur de ce qu'ils prévoyaient de faire de mon cas. Mon ventre émit encore un gargouillement que je tentai de réprimer en mettant ma main sur mon estomac.

- Qui es-tu ?!

Je sursautai face à une voix de femme froide, et je m'arrêtai dans ma quête, alors que je me dirigeais vers les escaliers. Je me tournai pour voir une femme en longue robe blanche, dont les ailes à l'arrière bougeaient doucement. Les boucles de ses cheveux châtains tombaient sur ses épaules, me rappelant Kinsley. Par contre, son regard bleu froid me fit reculer d'un pas.

- Qui es-tu ?

Si j'avais raison, je me trouvais quelque part où des anges se réunissaient, mais dans les livres, les anges aux ailes blanches étaient les gentils... Comme quoi, il ne fallait pas faire attention à toutes les histoires que j'avais pu lire jusqu'à maintenant.

Tout ne semblait être qu'un tissu de mensonge.

- Qui... Es... Tu ?

Elle avait pris le soin de prononcer chaque mot lentement, comme si j'étais une abrutie qui ne comprenait pas ce qu'elle disait.

- Très bien. Sécurité ! cria-t-elle.

Deux sortes de pandas gigantesques apparurent à ses côtés, tenant deux fourches en or dans leurs pattes. De petites ailes blanches se voyaient légèrement sur leur dos, et ils portaient eux-mêmes le même genre de vêtements que l'homme aux yeux d'aciers, ou encore celui qui était passé au café.

- Débarrassez-vous d'elle.

Je les vis se rapprocher de moi, et je pris peur. Me tenant les côtes, je me mis à courir jusqu'aux escaliers. Puis je montai les marches aussi vite que je le pouvais, mais une patte attrapa ma cheville droite et me tira en arrière. Je lâchai un cri de douleur, en ayant la nette impression d'avoir un fer chaud sur ma peau. Mon corps tomba lourdement sur le sol, mon dos n'eut pas le privilège d'être épargné. Je tentai de donner un coup de pieds sur la chose qui me tenait, mais mon pied ne fit que s'enfoncer dans la fourrure, lui arrachant un léger grognement.

- Qu'est-ce qui se passe ici ?!

Je tournai la tête en reconnaissant la voix, et je le vis écarquiller des yeux en me voyant.

- Xénia !

- Tu la connais ? demanda simplement la femme ailée.

- C'est l'humaine que Xavier a décidé de garder.

- Quoi ?!

- Oh mon Dieu, si jamais il apprend que tu t'en es prise à elle, tu es finie, Joliana ! Et vous ! Relâchez-la !

Ma cheville droite fut libérée, et je ressentis du soulagement, très vite remplacé par une panique, face à la douleur qui se propageait. Je me recroquevillai sur moi-même pour regarder de plus près là où ce panda géant m'avait attrapé, et je vis une marque rose, comme un début de brûlure. Je sursautai lorsque quelqu'un s'agenouilla devant moi.

- N'aie pas peur, je vais m'occuper de ta cheville.

Il voulut mettre sa main au-dessus de ma cheville, mais je rapprochai mon pied de mon corps pour le cacher de sa vue. Il avait peut-être l'air d'un ange, et m'avait paru gentil la première fois que je l'avais vu, mais peut-être cachait-il son jeu ?

Il soupira, avant de jeter un regard noir à la femme qui semblait à présent préoccupée. Les deux sortes de pandas avaient disparu, ne laissant que nous trois en ce lieu.

- T-tu ne peux pas lui dire que c'était une erreur ? Que je n'ai jamais voulu faire du mal à cette... chose !

Joliana paraissait tout de suite moins sûre d'elle, et le regard qu'elle me jeta n'était plus celui d'une femme froide, mais celui d'une femme troublée qui se savait dans un grand pétrin.

- Il saura si je mens. Il sait toujours tout. Tu ferais mieux de tout lui avouer avant qu'il ne se rende compte de ce que tu as fait.

Je tremblai de douleur en sentant la brûlure reprendre à ma cheville, serrant les poings pour n'émettre aucun son. Le blond me regarda d'un air anxieux, ses yeux se posant sur ma cheville.

- Le poison des gardes a déjà commencé à faire son effet, soupira-t-il, toujours agenouillé près de moi.

Il tendit doucement sa grande main, dont l'index possédait une bague en or, dans ma direction.

- Laisse-moi t'aider, Xénia, d'accord ?

Je secouai la tête de gauche à droite.

- Si je ne fais rien, tu vas mourir.

De toute façon, c'était mourir de cette manière, ou mourir des mains de ces hommes.

- Ne fais pas ta tête de mule, je suis là pour t'aider !

- Mais laisse-le te soigner bon sang ! cria la femme qui perdait ses moyens.

Elle avait commencé à faire les cent pas tout en croisant les bras contre sa poitrine. J'avais la sensation qu'attirer des problèmes à cette femme qui s'en était prise à moi, me ferait très plaisir.

- Si tu ne le laisses pas te soigner, je te soignerai !!

Elle avait fait un pas dans ma direction, et avec le visage déformé par la peur et la colère, elle semblait folle à lier. Je me recroquevillai aussitôt sur moi-même, cachant ma cheville comme je le pouvais. Mon cœur battait tellement vite que j'avais peur moi-même de faire une crise cardiaque.

- Qu'est-ce qu'il se passe ici ?

Cette voix familière figea les deux anges qui se trouvaient devant moi. La femme se retourna doucement, les membres tremblant, et un pauvre rictus sur le visage.

- X-Xa-Xavier !

Sa voix paraissait trop aiguë, et montrait clairement son état d'anxiété.

- Les gardes m'ont alerté qu'il y avait un problème.

Mon œil droit croisa le regard gris d'acier de cet homme, qui fronça les sourcils, avant de regarder respectivement les deux personnes qui se trouvaient dans la pièce.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? dit-il d'une voix trop calme.

Comme le calme avant la tempête.

- On peut t'expliquer ! tenta le jeune blond.

- C'est Paul le responsable ! C'est de sa faute ! s'écria Joliana en pointant du doigt le blond.

La douleur devenait insupportable, et j'avais l'impression qu'un feu se répandait dans mes membres, la source provenant de ma cheville.

- Merde ! Il faut la soigner, Xavier ! Sinon, elle va mourir ! Mais elle ne veut pas qu'on l'approche !

Un battement d'aile, un regard d'acier, des plumes si belles, une douleur atténuée.

Un battement de cœur, une souffrance, une fragrance, la fin d'une peur.

Un battement de paupière, un visage de pierre, une fascination grandissante, l'obscurité frappante.

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Bonsoir !

Voici un nouveau chapitre ! J'espère qu'il vous a plu !

Vous pensez quoi de Xavier ? :3

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© Lil, le 16.08.2017, 22:46 Cette histoire m'appartient. Merci de me prévenir en cas de plagiat.

A éditer.

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