Chapitre 2
Chapitre 2
Cela faisait deux jours.
Deux jours que je faisais tourner mon cerveau à grande vitesse pour comprendre ce qu'il s'était passé.
Deux jours que j'étais au café à chercher des informations.
Deux jours que j'avais regardé ce morceau de papier dans les moindres recoins.
Deux jours que je n'avais pas vu la propriétaire et que je m'occupais des fermetures, en dormant sur place.
Deux jours que j'inspectais l'endroit où le blond avait disparu.
Deux jours que j'avais lu tous les livres qui s'y trouvaient, mais que je n'avais rien trouvé.
Je poussai un long soupir à fendre l'âme avant de me laisser tomber sur le fauteuil complètement épuisée. J'avais passé tout ce temps dans le café, et je n'étais même pas retournée chez moi pour dormir, ni me laver.
Quelle dégueulasse j'étais.
Heureusement que je n'avais pas eu le moindre contact humain avec qui que ce soit depuis ce qu'il s'était passé. Mais demain, je devais aller au lycée, et pour cela, je devais paraître fraîche et en forme, même si je n'avais pas encore fait mes devoirs, tout ça parce que j'avais passé trop de temps au café.
Je jetai un coup d'œil à mon portable, dont le fond d'écran était une photo de Kinsley et moi, lorsque nous étions en train de prendre un café, et je vis que je n'avais aucun message. Je savais que Kinsley attendait que je fasse le premier pas, et je voulais tellement lui parler de ce qu'il s'était passé au café, mais elle me prendrait pour une folle, et me dirait de quitter cet endroit au plus vite.
Or, je n'étais pas folle.
J'étais certaine que ce qui s'était produit était réel, puisque j'avais encore le morceau de papier sur moi qui le confirmait.
Cling Cling
Je levai la tête pour voir une femme âgée entrer dans le café, et je me redressai rapidement pour aller l'aider. Elle portait deux sacs et semblait tellement fatiguée.
- Christy !
- Bonsoir, Xénia, fit-elle en m'adressant un sourire. Encore en train de lire un livre ?
Je secouai la tête de gauche à droite.
- J'allais faire la fermeture.
- Oh oui, tu as raison, il se fait tard !
J'attrapai les deux sacs avant de les déposer derrière le comptoir.
- Tu devrais y aller, ma chérie. Il se fait tard, tes parents doivent t'attendre, et tu ressembles à un pauvre écureuil abandonné, comme si tu avais passé tout le week-end ici.
Je grimaçai intérieurement en me rendant compte à quel point c'était visible.
- Je vais y aller alors.
Elle hocha la tête doucement, ses cheveux blancs noués en une queue de cheval, et ses rides au coin des yeux se plissant lorsqu'elle sourit. Mais lorsque je m'apprêtais à partir, sa main se posa sur mon avant-bras et m'arrêta fermement.
J'arquai un sourcil face à la poigne de fer de Christy qui me regardait avec sérieux.
- Fais attention à toi en rentrant, Xénia.
- Oui, pas de souci ! lui assurai-je en souriant.
Elle acquiesça doucement avant de finir par me lâcher, puis j'enfilai ma veste. Ouvrant la porte, je frissonnai face au vent glacial de la nuit. Je nouai mon écharpe correctement autour de mon cou, avant d'enfoncer mes mains dans les poches de ma veste, et de me mettre à marcher. La rue était déserte, les boutiques étaient fermées, et seules les lumières des lampadaires m'éclairaient. J'aimais ce genre de moment où je pouvais être seule à flâner en ville, même s'il faisait peut-être un peu trop froid aujourd'hui. Mon nez devait être aussi rouge que celui d'un clown, et je n'avais qu'une hâte, rentrer chez moi pour prendre un bon bain chaud.
Dépassant l'entrée d'une petite ruelle, je m'arrêtai en percevant un bruit derrière moi. Curieuse et surprise, je me retournai, pour voir un homme se tenir le ventre en grimaçant. Il était couvert de sang de la tête aux pieds. Il gémissait à chaque fois qu'il inspirait, et je n'étais même pas en mesure de discerner correctement son visage.
J'eus un mouvement de recul, en le voyant tendre la main dans ma direction lorsqu'il me remarqua entre deux inspirations. Mon cœur battait frénétiquement, alors que j'étais seule dans la rue avec lui.
Que devais-je faire ? Partir en courant ou l'aider ?
- A-aide...
La douleur était présente dans sa voix, et si je ne faisais rien, il allait mourir sous mes yeux. Il fallait que j'appelle les secours. Ils sauront quoi faire. Je serrai les poings pour tenter de contenir ma peur qui grandissait, avant de sortir mon portable de ma poche, et je composai le numéro d'urgence. Je me rapprochai de l'homme à petits pas hésitants.
- Allô ? Vous êtes bien sur la ligne du centre de secours, que puis-je pour vous ?
- J-je... il y a un homme à terre, couvert de sang, et... j-je ne sais pas quoi faire !
- D'accord, calmez-vous et dites-moi d'abord où...
La fin de la conversation arriva très rapidement, alors que mon portable m'avait été retiré des mains.
- Comme ça, la gamine voulait appeler les secours...
Par un parfait inconnu.
J'avais levé la tête pour voir un homme, dont le visage était couvert de piercings et de tatouages. Je lâchai un petit cri, avant de reculer, et de me percuter à quelqu'un.
J'étais cernée.
Une dizaine d'homme nous entourait, et quelques uns d'entre eux s'occupaient déjà de l'homme à terre, qui était en train d'agoniser. Ses yeux semblaient me regarder avec désolation, comme s'il s'en voulait de m'avoir embarqué dans leur problème.
- Qu'est-ce qu'on fait d'elle, boss ?
J'avais peur, et je ne savais pas quoi faire. Il m'était impossible de courir dans cet état, alors que j'avais l'impression d'avoir les pieds cloués au sol. J'avais lu tellement de livre où l'héroïne s'en sortait toujours en se mettant à courir aussi vite qu'elle le pouvait grâce à sa poussée d'adrénaline, alors pourquoi est-ce que ce n'était pas mon cas ?
Ou au pire dans les histoires, quelqu'un finissait toujours par surgir pour la sauver.
J'avais pourtant l'impression à l'instant même que j'allais devoir me sauver moi-même de cette galère.
- J-je ne dirais rien ! Je...
- La ferme ! hurla l'homme aux piercings avant de me donner une droite en plein visage.
Je tombai par terre sous le choc, et ma tête tapa contre le sol, me laissant entrevoir des étoiles l'espace d'un instant. Ma main droite vint se poser sur ma joue gauche douloureuse, le sang emplissant ma bouche, alors que mes dents avaient blessé ma joue interne lors du coup de poings. Des mains attrapèrent mes épaules pour me remettre sur pieds et je pouvais voir de mon œil droit que l'homme aux tatouages semblait réfléchir. Mon œil gauche avait du mal à discerner quoi que ce soit, à cause de ma joue gauche qui devait être enflée à présent. Mes cheveux furent tirés en arrière pour me relever la tête, et je grognai de douleur. J'avais l'impression que toute la partie de ma joue gauche avait été déchiquetée par ce simple coup de poing, et le goût de fer dans ma bouche me dégoûtait.
- Dis à Pitt qu'il va devoir se débarrasser d'un deuxième corps.
J'avais compris qu'il parlait de moi, et c'était comme si je n'avais plus aucune force dans mon corps pour tenter quoi que ce soit, alors que ma fin semblait proche.
- S'il...
Un coup de pieds dans l'abdomen me fit taire, me faisant cracher le sang qui se trouvait dans ma bouche sur les chaussures qui se trouvaient devant moi. Gagnant ainsi de nouveaux coups venant de l'homme qui s'était énervé, alors que je ne l'avais pas fait intentionnellement.
La personne qui me tenait par les épaules me lâcha comme un déchet, et je tombai sur le sol, recroquevillée sur moi-même. Les larmes m'étaient montées aux yeux, et tout ce que je voulais c'était que quelqu'un puisse m'aider. J'avais bien trop peur de me prendre d'autres coups pour crier à l'aide, et je tremblais comme une pauvre feuille, sur le goudron que mon sang imprégnait peu à peu.
J'allais mourir dans cette rue, des mains de ces barbares, tout ça parce que j'avais tenté d'aider un homme qui était en train de mourir.
- Ramasse-la. On doit s'casser d'ici, avant d'ameuter d'autres témoins.
Quelqu'un m'attrapa et me mit sur son épaule. Je me sentais mal, j'étais bien trop faible pour faire quoi que ce soit face à ces hommes. On me balança ensuite dans ce qui me sembla être un coffre, avant de finir plongée dans le noir. Je sentis la boule dans ma gorge exploser, alors que je sanglotais doucement. La voiture dans laquelle je me trouvais roulait, et je tentais par tous les moyens de ne pas me faire une crise de claustrophobie. Je n'étais vraiment bonne à rien. A part lire depuis des années, je n'avais rien fait d'autres, et donc je ne savais pas quoi faire pour me sortir de ce problème.
Focalisée sur ma respiration, pour éviter une crise qui aggraverait mon cas, je sentis la voiture ralentir et s'arrêter d'un coup sec, alors que nous avions traversé un champ de caillou qui m'avait ballotée dans tous les sens. Des bruits de pas se rapprochèrent ainsi que des voix, puis une lumière vint m'éblouir les yeux, lorsque le coffre fut ouvert.
- Quel gâchis, tuer une jeune fille.
Une grande main attrapa ma joue douloureuse et je gémis de douleur.
- Le boss y est pas allé de main morte à c'que j'vois.
L'homme qui parlait me lâcha, et mon œil droit s'accommoda assez pour me laisser entrevoir un visage. Des yeux noirs et des cheveux gris.
- T'inquiète, gamine. J'te ferai moins souffrir.
Je me remis à trembler, alors qu'il me faisait sortir du coffre. Sa main me tenait par la taille fermement, et il me guida droit vers un sentier qu'il éclairait de sa torche.
- S'il vous plaît, gémis-je. S'il vous plaît, ne me tuez pas !
Ma voix était tremblante et montrait clairement ma peur, mais les doigts de l'homme qui s'enfoncèrent dans ma chair me firent comprendre rapidement qu'il n'aurait pas pitié de moi, au point de me laisser en vie.
- Pas le choix, gamine. T'étais là, au mauvais endroit, au mauvais moment. T'peux t'en prendre qu'à ton destin foireux, dit-il en me relâchant.
Je voulais rétorquer quelque chose, avant de me sentir tout à coup très faible. Je vis alors mon décor changer radicalement. Le sentier avait disparu, et à la place, je me trouvais dans une sorte de... chambre...
Je déglutis péniblement en me demandant si l'homme ne m'avait pas tué sur le coup. Peut-être que j'étais dans l'haut-delà ?
Mais pourquoi serait-ce toujours si douloureux pour moi ?
Respirer était un calvaire total. Je me laissai choir sur le sol froid, recroquevillée sur moi-même, alors que j'avais l'impression d'avoir été écrasée par un camion.
Comment avais-je atterri ici ?
La peur et la panique ne faisant pas bon ménage, je me mis à pleurer de douleur, de peur et de désespoir. Ce genre de chose aussi terrible ne semblait arriver que dans les livres, mais maintenant que j'étais moi-même perdue avec tout ce qu'il venait de se passer, je ne pouvais que comprendre les personnages.
Comprendre à quel point on pouvait se sentir faible.
On pouvait se faire des films ou se plaindre des personnages, mais on ne réagissait absolument pas de la même façon que ce que l'on pensait dans ce genre de situation. Je pensais être en mesure de courir si jamais quelque chose se passait dans la rue, mais c'était complètement faux.
Une stupide illusion pour me conforter ainsi que mes parents pour qu'ils me laissent aller au café.
Cruik !
Je sursautai avec un mouvement de recul, m'arrachant un gémissement de douleur, alors que j'arrivais clairement à sentir une aura qui ne me souhaitait pas la bienvenue.
- Qui es-tu ?
La voix grave me fit ouvrir l'œil droit pour voir qu'un homme habillé tout en blanc... dans le même genre que celui qui était venu au café, se tenait à présent devant moi, des... des ailes blanches derrière lui. Son regard gris d'acier croisa mes yeux, avant de me regarder de la tête aux pieds. Ses ailes blanches bougèrent d'avant en arrière d'un mouvement rapide, et il grogna. Je vis alors ses ailes se teinter de gris, et je poussai sur mes pieds pour reculer, afin de m'éloigner le plus possible de cet homme. Il avait des cheveux noirs ni trop courts ni trop longs, et sa carrure était imposante. J'imaginais bien que si je me prenais un coup de poings venant de lui, je perdrai directement ma mâchoire, voire ma tête.
- Qui t'as fait ça ?
Je ne voulais pas répondre, surtout si parler signifiait me prendre à nouveau un coup venant d'un homme. Il fit un pas dans ma direction, et je lâchai un gémissement de douleur en voulant reculer en même temps qu'il avançait dans ma direction. Je posai ma main sur mes côtes comme si ce simple geste pouvait m'aider à calmer la douleur que je ressentais.
Je sentis tout à coup quelque chose de soyeux toucher ma joue gauche, et la douleur qui s'y trouvait diminua considérablement. Levant les yeux pour croiser ses yeux gris d'acier, je tournai aussitôt de l'œil pour tomber dans l'obscurité.
Un accueil qui me réconfortait bien plus que de me retrouver auprès d'un homme dont je ne savais rien.
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Cette histoire m'appartient © Lil, le 25/06/2017
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