Chapitre 1

Chapitre 1

Ma tendance à lire et à être dans ma bulle était peut-être exagérée.

- Xénia !

Sursautant en entendant mon prénom, je levai la tête de mon bouquin, mes lunettes de vue glissant légèrement sur mon nez.

- Ça fait deux heures que je t'attends au centre commercial ! En plus de ça, tu ne réponds même pas à tes messages ! Bien sûr, je savais que tu serais encore ici !

Je regardais la grande brune face à moi, dont les mains étaient posées sur ses hanches, et ses yeux verts me lançaient clairement des éclairs. Je mis mon marque page en forme de plume dans le livre que je refermai, et j'adressai un petit sourire qui se voulait angélique à ma meilleure amie. Elle savait que lorsque j'étais prise dans un univers, il était difficile de m'en sortir. Surtout quand je venais dans ce café-livre que peu de personnes connaissaient.

D'ailleurs, les livres étaient partout. Des étagères remplies de part et d'autre du café, et des fauteuils bien confortables aux couleurs sobres, ainsi que des vieilles tables en bois dont on pouvait parfois discerner des inscriptions gravées. La propriétaire aimait tout ce qui paraissait ancien, et l'environnement ainsi créé était parfait pour ceux et celles qui lisaient.

L'odeur du café et des vieux livres emplissaient l'atmosphère et me confortaient dans mon univers.

- J'en ai marre, soupira la brune en se laissant choir dans un des fauteuils qui se trouvaient en face de moi.

Ses boucles brunes tombaient sur ses épaules, alors que sa frange attirait l'attention sur ses yeux verts qui ressemblaient à s'y méprendre à une forêt miniaturisée. Son mascara semblait avoir allongé ses cils si longs, et son nez était si fin, lui donnant un visage si féminin que parfois, je me sentais jalouse. Il était certain que j'avais pas mal de chose à lui envier, surtout quand je voyais mes tâches de rousseurs qui parcouraient mes deux pommettes et mes yeux qui n'avaient pas su choisir une couleur uniforme. Au lieu de quoi, j'avais hérité de mon père, et de ses yeux vairons. Toutefois, j'avais une légère différence avec mon géniteur qui avait un œil marron et un œil bleu. Pour ma part, j'avais l'œil droit marron, l'œil gauche était pour une partie majoritairement marron, et j'avais une sorte de tâche bleue, comme si quelqu'un avait lâché une goutte de peinture dans mon œil.

Oh et mes cheveux roux étaient longs et indomptables. Il m'arrivait de vouloir les laisser sans les attacher ni quoi que ce soit, mais très vite, ils partaient dans tous les sens, et s'emmêlaient. Je n'avais alors pas d'autres choix que de les natter pour pouvoir m'en sortir. J'avais parfois l'impression dans ces moments-là d'avoir des serpents à la place de cheveux et je comprenais pourquoi les gens se transformaient en statue quand ils voyaient la Gorgone. Ce n'étaient pas ses yeux qui les pétrifiaient, mais plutôt sa soi-disant chevelure qui les effrayait.

- Tu comptes passer toute ta vie dans ce trou paumé ? me demanda Kinsley en désignant l'ensemble du café d'un simple mouvement de la tête.

- Ce n'est pas si paumé que ça.

Elle roula des yeux en croisant des bras.

- En plus de ça, il n'y a que toi aujourd'hui. Tu ne trouves pas ça glauque de te retrouver dans ce genre d'endroit ?

Je savais qu'elle cherchait à m'effrayer, mais ça faisait des années que je venais ici depuis que j'avais découvert les lieux, et ce n'était pas maintenant que je voulais partir de là. Je parcourus le café du regard pour voir les fauteuils vides, et je jetai un coup d'œil au comptoir pour voir que Christy, la propriétaire n'était pas revenue non plus.

- Je dois m'occuper de la fermeture aujourd'hui encore.

- Tu devrais vraiment te faire payer pour ce que tu fais !

- Elle m'offre déjà toutes les boissons, c'est déjà bien assez pour ce que je fais, et elle me laisse lire ici autant de temps que je le veux.

Je sortis la clé de la poche de mon jean et je la lui montrai.

- En plus de ça, elle m'a donné un double.

Kinsley roula à nouveau des yeux, et laissa sa tête basculer en arrière, ses cheveux tombant ainsi en arrière comme un voile.

- J'en ai marre, gémit-elle comme si elle souffrait.

Elle se plaignit en tapant des pieds contre le sol, comme un enfant qui n'avait pas le droit à un jouet.

- Tu passes ton temps à lire ici, et on ne fait plus aucune sortie ! Tu te rends compte que depuis qu'on n'est plus dans le même lycée, on ne se voit que rarement ?! Et les seuls moments où je te propose quelque chose, tu te retrouves coincée ici !!

- La prochaine fois, promis, on ira au centre commercial. Mais je ne peux pas aujourd'hui. Je dois rester jusqu'à la fermeture du café.

- Tu ne peux pas fermer le café maintenant ?

Elle avait relevé la tête d'un coup, comme si elle était possédée, ce qui m'avait fait sursauter malgré moi.

- En plus, il n'y a vraiment personne ! Et vu l'heure, personne d'autre ne viendra !

Je regardai le cadran qui se trouvait vers le comptoir, et les aiguilles montraient qu'il était déjà 18 heures. Il restait encore quatre heures avant la fermeture, surtout que nous étions vendredi soir. Je ne pouvais vraiment pas me permettre de fermer si tôt. Quelqu'un qui voulait lire pouvait venir à tout moment.

Et je savais ce que c'était que de ressentir la déception de voir son endroit préféré fermer si tôt.

C'était pour cela que la propriétaire avait fini par me donner un double de la clé, et m'avait appris le fonctionnement du café, afin que je puisse faire tout le travail moi-même, quand elle n'était pas là. Au départ, mes parents n'étaient pas très contents de savoir que je me retrouvais seule à fermer une boutique, mais je leur avais montré à quel point j'étais responsable, et la maison n'était pas si loin du café.

Au pire des cas, j'étais en mesure de courir assez vite. Je ne doutais pas de mes capacités sportives.

- Allez Nia !

Je secouai la tête de gauche à droite, et je vis la moue boudeuse sur son visage.

- La prochaine fois, Kinsley.

- Mais tu dis toujours ça ! Sauf que tu fais toujours passer ce café d'abord !

Elle se leva d'un coup, et me fusilla du regard.

- Quand tu te décideras à choisir ta meilleure amie, fais-moi signe !

Et elle partit en trombe, sortant du café en claquant la porte derrière elle.

Je vis sa silhouette s'éloigner pour finalement disparaître. Je poussai un long soupir à fendre l'âme. Ce n'était pas la première fois que nous nous disputions pour ce genre d'histoire, mais elle savait que je n'étais pas prête de changer, et que j'avais beau essayer de me prendre dans son rythme effréné pour la mode, je n'y arrivais pas.

Je me levai de mon fauteuil, et je déposai le livre sur le comptoir, puis je me servis une tasse de chocolat chaud. L'hiver approchait à grands pas et j'avais hâte de voir la neige tomber. Il n'y avait rien de meilleur que de se retrouver assis dans un fauteuil avec un plaid qui nous tenait au chaud, ainsi qu'une tasse de chocolat chaud et un livre. Il ne manquait que le son des crépitements d'une cheminée pour avoir la scène parfaite. Mais je n'allais pas en réclamer une à la propriétaire qui me semblait déjà avoir du mal à joindre les deux bouts chaque mois.

C'était pour cela que je ne lui réclamais aucun salaire.

Me retrouver dans son café me suffisait largement. Et entourée de livres, un rêve devenu réalité.

Cling cling.

Je levai les yeux de ma tasse pour voir un jeune homme habillé étrangement entrer dans la boutique. Il regarda autour de lui, avant de poser ses yeux sur moi. Il fronça les sourcils, puis vint dans ma direction. Ses cheveux blonds étaient désordonnés, et ses yeux bleus ressemblaient à la mer. La ligne de sa mâchoire était bien dessinée, et renforçait l'expression de son visage. Ses habits blancs me paraissaient tout droit sorti d'un livre, et indescriptible pour ma part. Il faut dire que je ne connaissais que les dénominations basiques concernant les vêtements. J'étais certaine que Kinsley pouvait s'émerveiller devant cette tenue. Par contre, son comportement montrait qu'il était familier et étranger à la fois du café.

- Irène ?! Tu n'as pas pris une seule ride depuis que je t'ai vue ! Tu as changé la couleur de tes cheveux ? Tu n'aimais pas ton ancienne apparence ?!

Je laissai mes yeux regarder autour de moi, avant de reporter mon attention sur le jeune homme qui se trouvait devant moi. Je me désignai en le regardant d'un air perplexe.

- Euh... je ne m'appelle pas Irène, mais Xénia.

- Mais oui ! Où avais-je la tête ?! Il fallait bien que tu changes d'identité dans ce monde !

Il s'était frappé le front comme si tout cela paraissait logique, puis il reporta à nouveau son attention sur moi.

- Tu vas bien depuis le temps ? Ah... Et j'aurais besoin que tu me prêtes ton livre des Passages ! J'ai oublié le mien en haut...

Il avait dit ça d'un air ennuyé, et j'étais toujours coincée sur ma première impression sur lui. Pour qui me prenait-il exactement ? Il me parlait comme s'il me connaissait depuis toujours, or je ne l'avais jamais vu de ma vie.

- Xénia ?

Il me regardait tout en attendant quelque chose, mais je ne voyais absolument pas de quoi il parlait. Depuis des années, je lisais les livres qui se trouvaient dans ce café, mais je ne voyais pas à quel genre de livre il se référait exactement.

« Le livre des Passages. »

Qu'étais-je censée comprendre avec ce nom ? Cherchait-il un livre avec des escaliers ? Des rites quelconques ? Faisait-il parti d'une secte ? Oh mon Dieu ! Cela expliquerait sa tenue et sa façon de me parler comme si nous nous connaissions ! J'avais entendu dire que les gens se faisaient facilement embarquer dans des sectes à cause de leur méthode. Ces personnes nouaient des liens rapidement avec leur proie, et ces derniers finissaient très vite dans leur secte.

J'eus un mouvement de recul, et mon pied vint frapper contre l'armoire qui contenait les verres.

- Tu devrais faire attention à ce que tu fais, Xénia.

Il paraissait d'un coup soucieux, et je ne savais pas ce que j'étais censée faire. Il avait mon prénom, qui au passage, était vraiment unique dans notre ville. Grâce à mon père qui était un grand fan d'une histoire concernant une guerrière, dont le prénom était identique au mien. Ma mère avait fini par céder, et me voilà avec ce prénom unique, que tout le monde pouvait facilement retenir.

Il était si facile de me traquer en connaissant mon prénom.

Je déglutis péniblement, alors que mes mains tremblaient. Je le vis faire un geste dans ma direction, et je lâchai mon verre en prenant peur. Ce fut à ce moment-là que je vis le temps ralentir, et la main du jeune homme plonger pour rattraper le verre, avant de me le tendre avec un sourire, mon environnement redevenant comme il était auparavant.

- Tu es devenue sénile, dis donc. Tu aurais pu utiliser tes pouvoirs pour rattraper ta tasse.

Me voyant rester immobile, il soupira avant de poser la tasse sur le comptoir, et de passer une main dans ses cheveux désordonnés.

- Il est temps que je rentre. Ma permission ne peut pas durer si longtemps, sinon Xavier va me faire la peau.

Il sortit un bout de papier de ses vêtements blancs étranges, et me le tendit.

- Dis un mot au moins. Xavier sera content de pouvoir te revoir.

- V-vous..., bégayai-je complètement perdue.

Il secoua la tête de gauche à droite, en soupirant.

- Je pensais que tu aurais choisi un mot plus judicieux pour toi, histoire que tu ne te fasses pas trop repérer par les humains. Mais c'est trop tard évidemment.

Je vis le papier briller, puis une inscription à l'encre noire apparut, avant de se poser devant moi, dans mes mains.

« Vous »

Je le fixai avec des yeux écarquillés, complètement choquée, mais il avait tourné la tête pour observer les étagères de livre.

- Il est temps que je rentre. Fais bon usage de ce pass, et merci pour ton livre des Passages.

Je le vis marcher en direction du fond du café, là où j'aimais bien m'asseoir, puis il passa une main sur un des livres, et disparut dans un éclat de lumière, qui me fit plisser les yeux. Lorsque je rouvris les yeux, j'étais à nouveau seule. Je me pinçai alors la joue et je ressentis la douleur se répandre, signe que j'étais bien éveillée, et que je ne m'étais pas endormie en lisant un livre.

- Qu'est-ce qu'il vient de se passer ?

Je jetai un coup d'œil au bout de papier qui se tenait dans ma main droite. Je venais vraiment de vivre quelque chose d'étrange, et d'excitant à la fois. Si mon cerveau ne me jouait pas des tours pour abus de lecture, le surnaturel existait vraiment.

Je venais d'en être témoin.

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Bonjour/Bonsoir,

Voici le premier chapitre !

J'espère que ce début vous a plu ! Je sais que j'avais dis n'avoir mis que le prologue lorsque j'avais posté un message en fin de chapitre pour Crystal Ball et Ne m'approche pas, Alpha, mais j'ai préféré prendre de l'avance et mettre le premier chapitre.

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- Rendez-vous au prochain chapitre !

© Lil' 03.06.2017

Pour tout plagiat, merci de me prévenir.


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