I.
Aêr entrait dans l'Arène. Celle où se battaient déjà des dizaines de candidats plus ou moins volontaires au poste vacant de l'Escouade Volante. Elle, elle n'avait pas eut envie de venir. Elle était là sur demande du Chef en personne. Sauf que celui-ci avait envoyé un émissaire pour la convier, et cela, Aêr ne l'avait pas apprécié, elle comptait bien se faire entendre lorsqu'ils se reverraient. Quelques reproches rien de plus. Une dispute plus ouverte ne serai pas profitable. Telle était la raison de sa venue.
Aêr franchit l'arche de l'Arène d'un pas décidé, le visage et les cheveux masqués par une étrange capuche. La tête haute, ses armes étaient rangées. Mais elle n'était pas intimidée bien au contraire. Personne n'aurait pu deviner qu'un des combattants était féminin, et encore moins qu'il s'agissait de celui qu'il venait d'entrer. Malgré sa carrure fine, le genre d'Aêr n'était pas discernable à travers sa cape. Seules ses mains usées et fortifiées se voyaient près du manche de sa longue dague.
Aêr était entrée dans l'Arène. Une seule personne en ressortirait vivant. Aêr était certaine de l'identité de cette personne. Les autres combattants n'avaient plus aucune chance. C'était pourquoi le Chef l'avait convié. Il la connaissait. Il la respectait.
Un des hommes se précipita vers l'étrangère, qui tira d'un geste précis sa dague, pour la ficher dans le plexus solaire de l'homme. La lame entra dans son corps comme dans du beurre. Aêr le laissa tomber à terre, mort, et continua son chemin la dague au creux de la paume.
Elle se mêla à la bataille, combattant avec des gestes précis, perforant, tranchant, tailladant ses victimes de son unique dague. Sa démarche aérienne se mêlait à sa technique parfaite pour former un fatal mélange d'une beauté hypnotisante. Aêr tournoyait, se baissait, feintait, contrait, attaquait sans merci les autres combattant qui tombaient les uns après les autres comme des mouches emportées par le vent, ou plutôt la tornade que constituait Aêr.
Sa capuche était tombée. Ses longs cheveux semblaient tantôt noirs comme l'ébène, tantôt blancs comme l'écume. Ses yeux d'un bleu si clairs qu'ils paraissaient aveugles perçaient l'objet de leur regard, encadrés de complexes tatouages en arabesques virevoltantes. Sa bouche était fermée, immobile, et son nez aquilin ne semblait pas sentir l'odeur métallique du sang. Ou alors Aêr n'en avait que faire.
L'Arène, à ciel ouvert bien qu'entourés d'épais murs métalliques blindés, commençait à s'éclairer de la lueur de l'aube tandis qu'Aêr faisait face à son dernier adversaire. Elle l'affronta du regard, et il détourna vites ses propres yeux qui balada sur les corps inertes des autres combattants. Soudain il se mit à genoux, et, lâchant son arme, il supplia Aêr de l'épargner.
- Je t'en prie ! Gémissait-il. Épargne ma vie misérable ! Je n'ai pas voulu de ce sort... Je serai fidèle à l'Entreprise. Je t'en supplie ! Au nom de Dieu...
Aêr le toisa un moment de sa hauteur, et d'une voix calme, si calme que cela en était effrayant brisa tout ses espoirs.
- L'Entreprise ne veut pas de lâches comme toi qui se rendent quand il faut se battre, lui rétorqua elle. Ta vie n'a pas d'importance à mes yeux, ni à celle du monde ou d'une quelconque divinité. Tu ne serais pas ici sinon. Alors bat toi, ou meurs sans délai de ma dague.
Il gémit une dernière fois et se recroquevilla en fermant les yeux. Aêr l'acheva d'un coup sec mais silencieux. Un coup de vent, subite, invisible mais fatal. Son corps s'affaissa auprès des autres, et Aêr s'accroupit à ses côtés pour essuyer le sang de sa dague sur les vêtements du défunt avec une indifférence irréelle.
Une voix résonna.
- Tu ne m'as pas déçu Linh. Tonna-t-elle. Depuis le temps, ta technique n'a pas faibli.
- C'est Aêr. Grogna la principale intéressée en se relevant avec souplesse. Maintenant ramène toi qu'on se parle d'égal à égal !
- Bien évidement Aêr. Répondit la voix.
Un homme apparut à l'autre extrémité de l'Arène. Masqué, ses seules lèvres étaient visibles, et il ne montrait jamais son visage. Mais Aêr savait ce que le Chef cachait derrière son masque. Elle avait vu ses cheveux cuivrés, ses yeux couleur souffre et son nez déchiré lors de combat passés. Ce nez qu'elle avait déchiqueté lors d'un combat passé. En retour, elle avait écopé d'une balafre dans le dos, cependant elle avait gagné le respect du Chef ce jour là. Aêr était la seule qu'Il considérait comme son égal.
Les deux individus se faisaient maintenant face, et d'un même mouvement, après deux longues minutes à se dévisager, ils se saluèrent en ployant leurs nuques vers l'avant.
- Alors tu es venue, dit finalement le Chef. J'ignorai si tu accepterais ma demande, puisqu'elle était transmise par Selenium.
- Tu as de la chance que j'ai épargné ton petit chien. A rétorqué Aêr. Et je n'ai pas accourue pour reprendre une responsabilité que j'ai délaissé à cause de TON erreur... Alors pourquoi es-tu venu me chercher ? Tu t'es attiré de nouveau ennuis et tu as besoin d'un garde du corps ? Je ne suis pas un de tes toutous incompétents...
- Je n'ai aucun problème avec mes officiers Aêr, a répondu amèrement le Chef. Mais je voudrais effectivement te voir reprendre ta place à la tête de l'Escouade Volante.
- Et redevenir ton sous-fifre dans ta quête absurde de pouvoir ? Cracha Aêr. Hors de question.
Le Chef fronça les sourcils, mais ne répliqua pas. Il savait pertinemment que si il froissait Aêr, il n'obtiendrai jamais son soutien.
- Je sais que tu n'aimes pas mes méthodes, reprit le Chef. Mais j'ai besoin de toi... Le dernier à avoir occupé ton rôle est mort en tombant de sa propre monture ! Et tout ça parce qu'il était incapable de manœuvrer... J'ai besoin de toi dans mes équipes... Travaillons à nouveau d'égal à égal, main dans la main...
Aêr se campa bien droite sur ses pieds et observa le Chef d'un œil méfiant. Puis elle lâcha nonchalamment:
- Je veux le contrôle de tes armées. Je veux l'obéissance de tes chiens de garde. En échange du disposera de mon aide et de mon expertise.
Le Chef hurla intérieurement de rage, mais n'en fit rien paraître. Le contrôle de son armée ? Rien que ça ? Il grinça des dents.
- Marché conclut, souffla-t-il.
Aêr eut un curieux sourire, puis elle serra la main tendue du Chef.
- Mes ailes vont avoir besoin d'une petite remise en état, dit-elle. Vos prothèses on un principal défaut: elles s'usent rapidement.
- Aucun problème, répondit le Chef. Mes meilleurs experts pourront les remplacer par les derniers modèles, leur durabilité a nettement augmenté...
Sur ces mots il sortit une épaisse seringue d'une poche de sa cape, et la tendit avec un œil entendu à Aêr. Celle-ci s'en saisit en retrouvant son indifférence.
- Tu savais que je viendrais. Dit elle.
C'était une simple constatation, le Chef ne répondit pas. Aêr souleva sa manche, et se planta la seringue dans le bras avant d'injecter le produit. Presque immédiatement, sa vue commença à se brouiller. Le Chef, sans expression également, appela des gardes postés alentours pour rattraper Aêr qui s'écroulait, endormie. Puis ils l'emportèrent hors de l'Arène.
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