III.
Le visage plus impassible que jamais, Travin sanglait sa selle sur le dos de sa monture. Les anneaux cliquetèrent mais l'homme ne sembla même pas le remarquer, il avait déjà attrapé d'une main sûre due à l'habitude du geste le bridon de son étalon qui inclina sa tête vers son propriétaire pour lui permettre de le lui enfiler. Ceci fait, le cavalier descendit ses étriers et emmena sa monture dans la carrière d'entrainement réservée à l'escouade. Le soleil menaçait de disparaitre derrière les hauts, mais lointains murs de pierre du lieu et les projecteurs extérieurs étaient déjà allumés.
De nuit, l'étalon de Travin était encore plus impressionnant. Le noir d'encre de sa robe contrastait avec le ciel crépusculaire, accroissant sa beauté. Mais lorsqu'il passait dans l'ombre, sa silhouette disparaissait et seul le pas régulier de ses sabots trahissait sa présence, désincarné, effrayant.
L'agent parfaitement assorti à sa monture de par son long manteau couleur cendre se fondait lui aussi dans le décors dès qu'il eut enfourché son cheval. Les deux êtres se mouvaient de concert, comme un seul homme, enchainant les courbes et diagonales avec une aisance stupéfiante. Si il n'était leur côté sombre et intimidant caractérisant les employés de l'Entreprise, leur élégance et leur souplesse avaient de quoi émerveiller n'importe qui passant par là. Les membres de Quapone effleuraient à peine le sable au sol, et son encolure ployée sous l'effet des rênes luisait d'un faible éclat.
Les légères foulées régulières du cheval au trot se muèrent en larges et puissantes foulées lorsqu'il prit le galop au signal de son cavalier, volant presque dans la nuit tombante. Le ballet continua ainsi une heure durant avant que le couple ne retourne aux écuries. En silence, Travin dessella son cheval et lui accorda un pansage rapide, ses mains lestes courant sur le dos et la croupe de sa monture en gestes délicats.
Travin distribua sa ration à Quapone et quitta les écuries après avoir éteint les lumières pour la nuit, non sans avoir récupéré son harnachement au passage, qu'il passa l'heure suivante à entretenir soigneusement. Le graissage, appliqué régulièrement, permettait d'assouplir les cuirs, et de garder l'équipement en bon état.
Malgré l'heure tardive, la journée de Travin n'était pas terminée et il plancha sur la paperasse le reste de la soirée, ne se laissant aucun répit, songeant au message qu'il avait fait envoyé par Gardon le jour même. Il prévoyait d'avance les jours durs qui allait probablement suivre le retour du Bâtiment-Chef...
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