Entre deux rives

Elle marchait dans les rues sombres et glacées.

Elle, ce n'était pas son prénom, mais il n'avait pas d'importance. Elle aurait très bien pu être Lui, tout comme Elle aurait pu être n'importe lequel d'entre Eux.

Elle déambulait comme Eux dans ces rues noirs, marchant dans ce parc frôlant la rivière. Le quartier pourtant si animé en journée était maintenant endormi laissant les trottoirs nus de toute vie.

Ce n'était pas la première fois qu'Elle s'y promenait à cette heure. C'était devenu son moment préféré. La noirceur du paysage lui rappelle celle de son cœur et lui permettait d'exprimer ses larmes en toute discrétion.

Elle avait besoin de ces sorties. Elle en avait besoin pour échapper aux cris et à la folie qui règnent autour d'Elle.

Ces moments de solitude lui donnaient le sentiment de vivre, d'être bien dans cette vie qui ne lui convenait plus.

Le froid extérieur lui rentrait dans les os, la faisant grelotter, pourtant, elle n'en disait rien. Les sensations et la souffrance que ça lui procurait était beaucoup plus facile à gérer que sa douleur intérieure.

Celle-ci était apparue longtemps auparavant, s'insinuant lentement et discrètement jusqu'à ce qu'il ai été impossible de la retirer. Impossible? Pas nécessairement, mais trop difficile pour le faire soi-même.

C'est pourquoi elle était là; pour oublier, pour estomper le mal qui la rongeait du plus profond d'elle-même.

Avançant toujours au même rythme, elle arriva devant un pont, celui qui les a déjà accueillis Eux. Cette structure reliait les deux rives passant par dessus les eaux tumultueuses de la rivière, eaux qui ont elles-mêmes connu le dernier soupire d'une grande partie d'entre-Eux.

Elle s'en approcha, incertaine. Elle le craignait autant qu'Elle l'admirait. Elle avait peur de succomber à son charme, de commettre l'irréparable.

C'était invitant, savoir que tout pourrait se terminer dans quelques secondes, qu'Elle avait plus d'emprise sur la vie que celle-ci en avait sur Elle. Le sentiment de puissance que cela lui procurait l'aidait à supporter son présent.

L'attrait était toutefois beaucoup plus puissant cette journée là. Son envie d'échapper à la réalité était plus grand que jamais et Elle fit ce qu'Elle n'avait encore jamais.

Après quelques pas, le vent la frappa de plein fouet. N'étant plus à l'abri des bâtiments, Elle se trouvait maintenant exposée aux bourrasques glaciales brûlant ses yeux et mêlant ses cheveux. Pourtant, Elle ne s'arrêta pas, progressant au dessus de l'eau, s'éloignant un peu plus des berges à chaque pas, jusqu'à se retrouver au centre du pont.

Fermement accrochée au garde-fou, Elle se pencha et regarda la rivière. Elle fut entièrement hypnotisée par les flots s'écoulant sous Elle; si beaux et si impétueux.

L'appel était fort, le charme du courant, de plus en plus grand. Il aurait été tellement facile de se joindre à lui, à Eux.

Ses mains agrippèrent encore plus fortement la rambarde, s'empêchant elle-même de faire le grand saut.

Aussi absorbée par la situation, elle sursauta lorsque son téléphone émis une légère vibration annonçant la réception d'un message.

« Alice, reviens, s'il te plaît. »

C'était son père.

Première nouvelle écrite dans le cadre de mon cours de français. Il fallait qu'elle se passe en ville et qu'il y ai comme thème un enjeu social. J'ai donc choisi la détresse et le suicide.

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