Chapitre 5
Une valise et un gros sac à dos étaient posés sur le parquet du salon, par la fenêtre, les rayons de soleil d'une fin de journée inondaient la pièce. L'avant du sac à dos et les bretelles étaient ornés de badges, de dessins et de prénoms au marqueur de différentes couleurs. Helena entra dans la pièce, une clé dans la main, elle avait l'air fatigué, mais un sourire illuminait son visage. Elle s'approcha de son sac et en sortit son téléphone avant de se laisser tomber dans le canapé du petit appartement. La jeune femme ouvrit sa galerie photo et tomba sur une image d'elle entourée d'un groupe de jeunes d'environ son âge, derrière eux la montagne s'étendait à perte de vue. Sur la photo suivante, elle souriait et un garçon à côté d'elle faisait des gestes de victoire, ils portaient le même t-shirt. Un lac derrière eux était rempli de monde, ils portaient par groupe des t-shirts similaires. Depuis son départ d'Angleterre, elle avait visité le monde, faisant de petits boulots à droite à gauche pour manger, dormant dans des auberges de jeunesse. Elle avait vadrouillé, fait de superbes rencontres, admiré le ciel pendant des heures, rit à en pleurer. Le sourire lui était revenu, elle avait appris à maîtriser cette nouvelle capacité, à l'accepter. Dans son périple, elle avait vu le Mexique, les Etats-Unis, le Japon, la Russie, quelques îles paradisiaques, mais aussi des endroits plus froids comme la Suède. Son voyage lui avait donné l'impression d'avoir rattrapé le temps perdu, elle avait appris un tas de choses, appris à aimer la musique. Pendant ses deux ans enfermée, elle n'avait eu accès qu'a des livres, et pas des plus récents. Après presque un an à vivre au jour le jour, la jeune femme voulait pouvoir recommencer des études. Alors elle avait économisé, cumulant les petits emplois. Enfin, un jour, elle était rentrée en France, avait trouvé un petit appartement déjà meublé et s'y était installée. Elle n'avait avec qu'elle qu'une valise achetée dans sa dernière destination dans laquelle elle avait empaqueté souvenirs, effets personnels et vêtements. Helena se redressa et alla ouvrir la fenêtre, une légère brise de fin de soirée secoua doucement ses cheveux. Les yeux posés sur la ville, son sourire se fit plus grand.
" A demain ! Oui, passe une bonne soirée !"
Une jeune femme descendait les marches du parvis d'un grand bâtiment de pierres après avoir salué quelqu'un. Presque deux ans étaient passés depuis qu'Helena s'était installée en France. Ses parents, heureux de la voir reprendre des études, lui avaient apporté un soutient financier, ce qui lui avait permis de s'acheter le matériel nécessaire a son entrée à la faculté de psychologie. Tous les étés et aux vacances de Noel, elle rentrait en Angleterre dans sa famille. Ses deux sœurs jumelles plus âgées revenaient elles aussi à ce moment-là. La jeune femme avait l'impression que tout était enfin rentré dans l'ordre, que ce qui lui était arrivé n'était plus qu'un lointain souvenir pour tout le monde. Elle-même avait mis des mots sur le traumatisme qui avait découlé de sa captivité. Cependant, elle n'en avait jamais parlé à personne, pas même à sa famille ou à un quelconque thérapeute. Un sentiment d'insécurité veillait toujours en elle, et même si il n'était pas envahissant, il l'empêchait de parler.
La porte de son appartement claqua doucement, avec des gestes irréfléchis devenus des habitudes, la jeune femme brune posa ses clés sur le petit meuble d'entrée et posa sa veste sur le porte manteau. Elle alla jusqu'à la cuisine où elle attrapa une pomme avant d'aller se changer dans sa chambre. Quelques minutes plus tard, Helena avait disparue de son appartement. Le ciel devenait de plus en plus sombre par la fenêtre, petit à petit la nuit tombait.
Un jour pour un cours de sociologie, on leur avait demandé de lire d'anciens journaux, pour comparer les manières d'exprimer son avis entre avant et aujourd'hui. La jeune femme avait été récupérer de vieux journaux invendus chez un libraire pris au hasard. Au-delà des recherches qu'elle avait fait, un article en particulier avait attiré son attention. Il était paru au début de son année de voyage dans un petit journal indépendant. Le sujet traitait des trafics d'êtres humains dans le monde et évoquait vaguement des enquêtes inachevées sur le sujet. Quelques lignes avaient attiré son attention, on y parlait d'expérience illégales menées sur des humains au sein d'un réseau. Elle avait reconnu le réseau dans lequel elle avait servis de cobaye involontairement. Rien de très précis n'y était dévoilé, cependant un nom était mentionné, le nom de l'enquêteur. On donnait peut d'informations sur celui-ci, stipulant seulement que c'était la seule enquête qu'il n'avait jamais réussi à résoudre de sa vie. Helena s'était imaginé un vieil homme barbu, en tapant "Mat Shadow" sur internet, elle avait découvert quelqu'un de bien différent.
On trouvait peu de choses sur le jeune homme, surtout si on ne savait pas s'y prendre. Elle découvrit simplement que l'enquêteur avait vingt six ans, puisqu'il était sortit de l'académie de police à vingt trois ans, major de promo, trois ans plus tôt, ainsi qu'une ancienne photo à l'académie et rien d'autre. Un parcours qui paraissait rare et impressionnant. Cependant, la jeune femme n'était absolument pas sûre de toutes ces informations, elles n'étaient pas fiables. Alors pendant plusieurs mois elle se démena, glanant le moindre indice, allant chercher dans le peu d'archives policières que la police avait publié, parlant auprès des gens. Ainsi, elle apprit qu'on avait déjà vu le jeune homme par ici, même récemment. Alors elle se mit a observer la ville, depuis les toits principalement.
C'est ce qu'elle faisait ce soir-là, assise sur le rebord d'un toit elle fixait l'avenue en contrebas. Il faisait plutôt bon et le vent soulevait doucement ses mèches brunes. Soudainement, parmi la foule de passants, son regard tomba sur une chevelure noire qu'elle reconnaîtrait entre milles. Quelques secondes plus tard la jeune femme apparue dans une ruelle adjacente, elle s'engouffrant dans la foule de passants, suivant de loin la même chevelure aux reflets bleutés. Pendant plusieurs minutes, Helena suivit Mat tant bien que mal, le perdant parfois de vue, essayant de rester la plus discrète possible. Heureusement pour elle, il finit par s'asseoir sur un banc un peu à l'écart. Le plus naturellement du monde elle vint s'asseoir à l'opposé du banc, posant brièvement son regard sur le jeune homme. Celui-ci haussa un sourcil en la regardant, attirant réellement l'attention de la jeune femme. Légèrement crispée, elle s'en rendit compte, et se détendit avant de poser un regard interrogateur sur lui :
- Bonjour
- Bonjour madame
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