IV - L'affaire Séraphine élucidée
- MON PANTALON EST DECOUSU, SI ÇA CONTINUE ON VERRA L'TROU D'MON PANTALON... EST DECOUSU SI ÇA-
- BOUCLEZ-LA LES POIVROTS ! s'égosilla Iris en entrant dans la salle à manger tellement les autres faisaient du bruit à force d'avoir bu et rebu des bières assez fortes en alcool. ELLE EST OÙ LA VIEILLE !?
- Dans le salon, répondit calmement Mathéo avec Côme sur les genoux.
C'était le seul à ne pas être ivre apparemment, mais il s'était laissé emporté par la chanson.
- Mais qu'est-ce qu'il se passe ?
- Ce n'est pas un cambriolage, expliqua calmement Inès à son mari tandis qu'Iris essayait de se détendre un minimum avant la grande conversation. Séraphine a vendu tous les meubles et a envoyé l'argent à des associations. En plus elle... Elle a un cancer.
- Oh bah je savais bien qu'elle allait bientôt clamser, dit Mathéo comme s'il se moquait de l'état de santé de sa grand-mère (ce qui était peut-être un petit peu le cas).
- Bande de p'tits cons, comment osez-vous fouiller dans mes affaires !?
Séraphine se tenait derrière eux. Si elle le pouvait, elle leur aurait tous sauté à la gorge. Elle inspira profondément et se décida à agir autrement :
- Bon, j'ai des choses à vous dire.
- J'pense aussi oui, admit Iris en s'asseyant à table.
Séraphine les rejoignit alors autour de la table et les observa un à un.
Elle expliqua alors qu'on lui avait diagnostiqué un cancer, cependant elle ne précisa pas lequel. Son médecin lui avait effectivement prescrit de la radiothérapie. Elle n'avait jamais fait les démarches pour démarrer le traitement. Elle avait 86 ans, ne voyait pas ce qu'elle pouvait faire de plus sur Terre alors elle voulait en finir.
Néanmoins, une femme de sa trempe, dit-elle mot pour mot, ne pouvait pas partir comme ça. C'est là que les visages de chaque personne à table, à part Séraphine bien entendu, commencèrent à se décomposer :
- Je n'ai jamais aimé chacun d'entre vous. Peut-être juste le chat et encore, il m'a pris mon mari... que je n'aimais pas plus que ça non plus. Il est hors de question que vous deveniez riches grâce à ma mort. Oh c'que j'avais hâte de voir vos têtes. J'ai fait croire à ce crétin de Gaston qu'on a été cambriolé et il m'a crue en plus. J'ai tout vendu idiot, rit-elle en s'adressant à son fils aîné. J'ai tout vendu pour donner tous mes sous à ces fichues associations. Non mais vous croyez quoi ? Que j'allais vous laisser quelque chose ? J'hésitais même à m'endetter un peu plus pour que vous n'héritiez que de ça ! La maison, je la laisse à l'état. Vous, vous aurez juste quelques euros, histoire de vous laisser quelque chose. Je voulais attendre le dessert pour faire part de mes intentions mais vous m'avez permis de m'en débarrasser avant. Merci Inès et Iris... et bidule là.
Louis leva les yeux au plafond en comprenant que bidule, c'était lui. Iris était bouche-bée. Côme n'avait rien compris. De toute façon, Inès lui bouchait les oreilles. Mathéo avait les joues gonflés, prêt à passer ses nerfs sur sa grand-mère. L'oncle Gaston était livide. Diane et Philippe un peu moins. Quant à Clarisse et Marguerite, elles étaient sur le point de sortir de table.
Toutefois, Inès eut une réaction qui choqua tout le monde.
- Puisque le temps est aux révélations, autant continuer non ? Vous pouvez bien partir, je pense que ça ne sera pas une grande perte. Votre héritage, pareil. On a très bien vécu sans, ce n'est pas maintenant que ça va changer. Vous n'êtes pas indispensable. Je sais que vous vous en moquez, riez autant que vous voulez. Peut-être que vous mourrez de rire et non de votre maladie, finalement. D'ailleurs, je tiens à préciser que non je ne serai pas de nouveau enceinte, que non je ne suis pas grosse, qu'Iris aura un enfant si elle le souhaite, que Côme pourra se marier en privé ou non, si il souhaite se marier. Et ce n'est pas vous et vos remarques qui vont y changer quelque chose. Vous agissez comme une enfant arrogante. C'est quand même triste pour vous parce que vous finirez quand même toute seule dans l'histoire. Je pense qu'on en a assez vu comme ça pour ce soir. Pour les personnes intéressées, je vous propose d'aller manger dans une pizzeria. Certes, ça ne fait pas très Noël, mais il y aura peut-être un petit peu plus de décoration festive qu'ici.
Et si pour une fois, Inès et Mathéo étaient les premiers à quitter la table d'un réveillon de Noël ?
Ce soir-là, tous les suivirent. Séraphine resta seul avec Minet qui ne cessait de miauler pour avoir à manger. Même Gaston était parti manger une pizza. Peut-être qu'à l'occasion, il serait un peu plus malin ?
Côme n'avait pas bien assimilé les événements de ce soir. Peut-être que plus tard, quand il sera grand, il comprendra à quel point les réveillons de Noël en famille peuvent être aberrants.
Fin
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