5 - « Cette île ressemblait à une oasis »

Les yeux de Sajem s'ouvrirent sur la canopée verdoyante de la forêt. Les rayons traversaient le feuillage qui dansait sous une brise légère. La lumière chaude et douce du soleil caressait son visage. Quand il se releva, le garçon se souvint brutalement la raison de sa présence ici. Il se gratta le visage et les bras que les fourmis avaient pris plaisir à mordre et regarda l'île qui se profilait dans le paysage. Il cligna des yeux pour y voir plus clair. Il n'avait pas pris le temps de l'observer la veille.

Elle était imposante, vaste et moins belle qu'il ne l'avait imaginé. L'île Osmor avait l'aspect d'un lieu abandonné, reconquis par la nature depuis longtemps. Des plantes grimpantes recouvraient la muraille, les pierres étaient abîmées par le temps. Avec la brume de l'aube, l'île était nébuleuse, mystérieuse, enchantée. Elle était plus ésotérique qu'il ne l'avait pensé. Une muraille la contournait et en cachait l'intérieur. Une immense porte en bois obstruait l'unique entrée. Seul un palais se détachait du paysage et s'élevait haut dans le ciel. Derrière celui-ci devait se trouver une forêt : quelques branches dépassaient de la fortification.

Sajem trouvait que cette île ressemblait à une oasis : mystérieuse et attirante, était-elle un mirage ? Malgré cet aspect délabré, la garçon espérait toujours que le bonheur s'y trouverait.

En observant ce lieu abandonné, Sajem comprit que personne n'accueillerait le vainqueur comme l'on recevrait un héros. Il fut au moins sûr d'une chose : l'énigme n'avait jamais trouvé de réponse puisque l'île était inhabitée.

Une hésitation s'installa soudainement chez le jeune homme. Il avait fui la veille mais il pouvait toujours retourner au pied du pont et affronter Silbek. Le souhaitait-il vraiment ? Sajem ne savait plus quoi faire. Il se sentit une nouvelle fois complètement perdu.

Ce fut au bout de quelques minutes qu'il eut une idée brillante à ses yeux : son seul espoir de réussir.

Il sortit du sac son couteau après avoir vérifié que le poisson-chat n'était pas à proximité, coupa des lianes, des branches et des fougères. Petit à petit Sajem construisait son nid. De cette manière, il pourrait dormir sans que les fourmis ne reviennent l'importuner. Il prit soin de camoufler cet abri dans la forêt afin que Silbek ne puisse pas l'apercevoir depuis son fleuve comme le lui avaient appris les Armul. Sajem s'installa, sortit un livre et attendit sagement, sans faire un bruit.

Le garçon comptait attendre qu'un des villageois arrive à son tour pour faire face à la gardienne. Il pourrait ainsi apprendre en observant la pratique plutôt que d'écouter la théorie, comme il l'avait fait ces dernières années. Il repérerait ce qu'il faudrait reproduire et ce qu'il faudrait éviter pour rester en vie et parvenir à l'île.

Son attente ne fut pas longue. Un homme arriva au pont de Silbek.

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