2 - « Ce vieillard était l'homme le plus sage du monde »

Dans le village des Renask, un enfant écoutait la légende de l'île Osmor racontée par son grand-père, l'ancien du village. Ce dernier était l'homme le plus vieux de ce monde, n'ayant jamais voulu rencontrer Silbek et par la même occasion, perdre la vie bêtement. Il était le seul qui n'était pas intéressé par le bonheur légendaire de l'île. Personne ne le comprenait. Les Armul le trouvait trop lâche, les Mizjik y voyaient de la démence sénile. Pour les Intazon, il avait perdu la tête. Pourtant, ce vieillard était l'homme le plus sage du monde. Il n'avait pas besoin de ce bonheur présumé. Il se contentait de ce qu'il avait. Après tout, il avait tout pour être heureux selon lui. Qu'espérait-il trouver sur l'île à part le risque de mourir ? Cela n'en valait décidément pas la peine. Alors il tentait de dissuader les enfants d'affronter le terrible poisson-chat, mais faire passer ses opinions était vain.

Son petit-fils Sajem cherchait à le comprendre, lui qui ne pensait pas comme les autres. Même si tous les Renask avaient des points de vue différents, les opinions de son grand-père se démarquaient encore plus des autres.

L'enfant avait grandi dans cet univers particulier, où les enjeux et les intérêts se mêlaient, où les avis divergeaient, où la mort semblait si courante et où la quête de l'île était dans tous les esprits. L'île était le but ultime et ne pas chercher à l'atteindre était inenvisageable. Cet enfant ne faisait pas exception.

Malgré les mises en garde du vieil homme, Sajem souhaitait toujours rencontrer Silbek. La curiosité était trop forte, tout comme l'espoir de vivre sur l'île. En revanche, ces longs moments passés à écouter son grand-père lui avait insufflé un peu de sa sagesse. Le garçon n'allait pas se jeter dans la gueule du poisson-chat sans avoir mis toutes les chances de son côté. Alors il alla de village en village dans le but d'obtenir le plus de conseils possible. Si aucun des Armul, des Intazon, des Mizjik et des Renask n'avait réussi dans leur quête, la solution serait peut-être de combiner toutes les méthodes et tous leurs savoirs. Ainsi, l'enfant de huit ans vécut deux ans dans chacun des villages.

Pour que les hommes lui prodiguent leurs savoirs, le garçon promit à chaque peuple qui l'accueillait que s'il revenait victorieux, il inviterait leur village à venir vivre avec lui sur l'île Osmor. Sajem, pourtant si jeune, avait la bénédiction des quatre villages qui acceptèrent de le former. Néanmoins, tous savaient qu'il n'avait aucune chance de réussir. Un enfant serait incapable d'obtenir la clef du bonheur, voyons ! De plus, il était si faible. Ce bonhomme haut comme trois pommes allait devenir l'en-cas du poisson-chat. Sa seule chance serait que Silbek le trouve trop petit et insignifiant pour le manger !

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