1 - « Tous vivaient dans l'espoir d'atteindre l'île »
L'île Osmor se trouvait au centre du monde, au centre de tous les intérêts, au centre de toutes les préoccupations. Que les hommes et les femmes viennent de villages pauvres ou riches, qu'ils travaillent la terre ou les métaux, qu'ils soient intellectuels ou manuels, qu'ils aient ou non les mêmes croyances, tous ces êtres n'avaient qu'un seul but : atteindre l'île. Les uns après les autres, ils faisaient face à Silbek et n'en revenaient jamais. Certains de ces hommes tenaient trop à la vie pour y aller, mais ces êtres raisonnables étaient trop peu nombreux. Tous vivaient dans l'espoir d'atteindre l'île de tous les bonheurs.
Ainsi, chaque village développait une technique différente pour y parvenir et mettait au point des stratégies.
Le village des Intazon formait des hommes érudits où chacun transmettait son savoir. En effet, ils pensaient que pour répondre à l'énigme il était nécessaire de faire preuve d'intelligence, de connaître et de comprendre, d'avoir un maximum de connaissances dans un maximum de domaines. Ils considéraient alors le savoir comme le bien le plus précieux.
Le village des Armul étudiait un moyen de tuer la gardienne. Sans Silbek, l'île deviendrait alors accessible. Ils passaient ainsi leurs journées à fabriquer et manipuler des armes toujours plus puissantes. Les Armul étaient fortement équipés et armés, costauds, ingénieux et habiles.
Les Renask, eux, réfléchissaient individuellement à une solution et ne se concertaient pas les uns les autres pour mettre au point une stratégie. De toute façon, à quoi cela servirait-il de s'aider puisqu'il n'y aurait qu'une seule personne qui se présenterait à Silbek ? Chacun préparait son périple de son côté. Tous les Renask pensaient différemment, c'était pourquoi les autres villages ne les prenaient pas au sérieux. Ils restaient tous incompris.
Quant aux Mizjik, ils attendaient une action mystique, une intervention divine qui leur viendrait en aide et qui leur permettrait d'accéder à l'île. Ils consacraient leur temps à prier et faire des offrandes à Silbek. Néanmoins, ils la craignaient autant qu'ils la vénéraient. Jusqu'alors, aucun de ses fidèles n'avaient osé lui adresser la parole, fuyant dès que les présents étaient déposés au bord du fleuve.
D'autres villageois, dans le besoin, tentaient leur chance sans réfléchir. Ils n'avaient en tête que la promesse de quérir « tous les bonheurs » dont l'île regorgerait. Ils pensaient y trouver ce dont ils avaient précisément besoin.
Toutefois, aucune de ces méthodes ne s'était révélée concluante : tous ceux qui l'avaient affrontée avaient fini dévorés par la gardienne de l'île, peu importait la tactique utilisée.
Par ailleurs, aucun d'entre eux ne savait ce qu'il se passerait réellement lorsque l'énigme serait résolue. Certains pensaient que Silbek mourrait, d'autres étaient convaincus que seul le village du vainqueur serait admis à vivre sur l'île. Les Renask, quant à eux, croyaient que seul le vainqueur goûterait au bonheur éternel, d'où leur choix de se préparer seuls. D'ailleurs, pourrait-il n'y avoir qu'un vainqueur ? L'île semblait si grande pour n'y accueillir qu'un homme. Silbek continuerait-elle de poser son énigme ? Si tel était le cas, comment savoir si quelqu'un était déjà parvenu à la résoudre ?
Personne n'était en mesure de répondre à ces questions. Malgré cette ignorance, les hommes continuaient à se rendre sur les rives où les attendait l'énigme de Silbek, à la plus grande joie de la créature qui pouvait ainsi manger tous les jours.
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