Chapitre 9
Chapitre 9
Maguy
Je me réveille en sursaut dû à la sonnerie de mon téléphone. Pourquoi ne l'ais-je pas mis en silencieux comme d'habitude ?
Quand je vois le nom s'afficher, mon sang ne fait qu'un tour. Mia.
J'ouvre mon téléphone aussi vite que possible et y découvre un message où elle me dit que tout va bien, de ne pas m'inquiéter, qu'elle reviendra cette après-midi.
Je regarde l'heure. 9h30. Je n'ai plus qu'à me lever !
Je ne prends pas la peine de répondre au message. Je me doute que c'est elle, elle n'aime pas trop téléphoner. Si à 14h je n'ai toujours pas le moindre signe de vie, je contacterais la police.
Je sors de la chambre et découvre qu'il n'y a personne. Je suis donc la première ! C'est rare. Hier soir, Jenny est rentrée chez elle, jugeant que j'étais entre de bonnes mains avec mon frère. Mouais... Je décide de préparer un petit déjeuner avec ce qu'il reste dans le frigo pour Mike et moi. Environ 30 minutes plus tard, une masse noire apparait dans le salon. Il me dit Bonjour et s'assied à mes cotés dans le divan.
-Bien dormi ?
-Pas assez... Et toi ?
-j'ai pensé à Mia toute la nuit. C'est bizarre d'être sans nouvelle.
Nan,c'est pas bizarre du tout, c'est du Mia tout craché ! Une égoïste qui ne réfléchit pas ! Mike est juste trop naïf pour le voir !
- T'en fais pas, elle m'a envoyé un message ce matin. Elle va bien, elle reviendra cette aprem.
- Ho..
Quelques secondes plus tard, Mike se lève pour aller manger le déjeuner que je lui ai gentiment préparé. J'ai l'impression de leur devoir à tous des excuses même si je ne sais pas réellement pourquoi. Je me sens un peu coupable. Néanmoins, étant donné que j'ai finalement lu la lettre, je ne peux plus nier qu'il se passe quelque chose d'étrange, qui nous échappe visiblement tous. Je ne sais pas encore quoi mais j'ai très envie de le découvrir parce qu'à force je crois qu'on va tous devenir fou. Ce dont j'ai besoin maintenant, c'est de réponses. Mais malheureusement, je vais devoir les chercher. Et je crois que le meilleur endroit pour ça c'est la maison.
Je me dirige donc vers la chambre et entreprends de me prendre des affaires pour aller passer quelques jours chez moi. C'est le comble quand-même. Devoir prendre des affaires pour aller chez soi. Je sais qu'il y a encore la moitié de ma garde-robe là-bas mais c'est plus fort que moi.
Je regarde la lettre posée sur la table de chevet. Je la relis pour la centième fois, espérant découvrir un détail qui m'aurait échappée cette nuit.
**
« Le 30 août 2013
Maguy,
Je sais que ce sera peut-être difficile à croire, mais ce n'est pas une blague. Je suis sorti du coma, il y a 9 jours maintenant.
Comme tu l'auras facilement deviner, c'est Moi. Je n'en reviens pas moi-même de t'écrire aujourd'hui. Après toutes ces années, tu m'as peut-être oublié, mais sache que pour moi c'est comme si je venais de me réveiller d'hier (bon techniquement c'est le cas) mais je veux dire d'un hier qui date de 5 ans en arrière, alors forcément, je ne t'ai pas oubliée.
Je ne sais pas quoi te dire. Tu as tellement changé ! Oui, parce que figure-toi que nous nous sommes vu récemment. Enfin surtout moi, toi tu as plus vu mon torse en fait ! Je t'avoue que sans ton parfum, je n'aurais jamais pu te reconnaitre. Oui, l'homme à l'épicerie c'était moi. J'espère que tes oranges vont bien...
Bon tu dois sûrement t'impatienter... Si je t'écris aujourd'hui, c'est pour te confier mes inquiétudes. Comme tu le sais, je suis resté dans le coma pendant 5 ans. Or, j'ai l'impression de ne plus être le même. Physiquement, tu me diras, c'est normal, mais cette partie ne me choque même pas tant que ça en comparaison avec ça. Tu as d'ailleurs surement déjà dû le remarquer. Je ne m'exprime plus de la même manière, je ne pense même plus comme un ado ! J'ai l'impression d'être un vieil aristocrate à certains moments. Et il n'y a pas que ça. Je sais des choses, beaucoup de choses qui se sont passées alors même que j'étais inconscient et que je ne suis donc pas censé savoir. Mais bon, les médecins m'ont dit qu'il était fréquent que les patients dans le coma entendent ce qu'il se passe autour d'eux et vu que la télé était très souvent allumée... je ne sais pas qui a eu cette idée d'ailleurs ! Hoooo et je n'arrête pas d'utiliser le mot « d'ailleurs » d'ailleurs ! Ce que c'est assommant !
Le plus étrange reste ceci. Quand je me suis réveillé, J'étais assis dans mon lit. Et il ne m'a fallut que deux heures pour remarcher, manger enfin tout simplement vivre comme quelqu'un de totalement normal ! J'étais totalement effrayé, et encore plus face aux médecins qui avaient l'air de trouver cela parfaitement normal. Ils m'ont alors tout expliqué et le lendemain je suis sorti de l'hôpital. Un chauffeur m'a emmené dans ma nouvelle demeure qui est en fait l'ancien appartement de mes grands-parents mais avec un mobilier totalement moderne et adapté à un jeune homme de mon âge. Tu vois, je recommence à parler étrangement !
Et je suis tombé sur une lettre à mon nom d'un certain « L » qui m'expliquait qu'en gros j'étais encore en vie aujourd'hui grâce à lui, qu'il m'avait sauvé mais que ça avait un prix. Il a dit que je n'étais pas dans le coma toutes ces années mais dans une phase de transformation appelée « comution ». Je suis donc d'après cette personne un « comu » ! Haaa merci bien ! Sauf que je ne sais pas du tout ce que ça veut dire, et que je n'ai rien trouvé là-dessus sur internet !
Il m'a aussi contacté par sms et m'a promis de tout me raconter en temps et en heure. Sauf que j'attends toujours ! je crois que c'est un mec que tu connais, il m'a parlé de toi. Il voulait que je prenne contact avec toi pour te parler de tout ça...
J'espère que tu ne me prends pas pour un fou et que tu ne trouves pas cette histoire totalement normale comme la plupart des gens que j'ai pu rencontrer jusqu'ici. Je ne pourrais pas le supporter.
J'espère à très vite.
Harold. »
C'était donc lui à l'épicerie... Il n'a pas parlé de l'accident. Alors, il n'est pas au courant. Tant mieux.
Son histoire ne me rassure néanmoins pas du tout. Lui aussi a remarqué qu'il se passe des choses bizarres voir anormales... Et il y a cette chose, aussi surprenant que cela pourrait l'être, je suis certaine d'avoir déjà entendu ce terme de « comu ». C'est pour cette raison que je dois rentrer chez moi. Que ça plaise ou non. En plus, je ne me sens pas du tout à l'aise dans cet appartement. Il ne me ressemble pas, avec tous ces murs blancs et froids... Neanmoins, il correspond tout à fait à Mike qui est du genre froid, sobre mais classe.
Je prends mon sac et me rends dans la cuisine où mon borné de frère mange toujours. Lui et la nourriture, c'est une grande idylle.
Je remarque tout de suite que l'annonce de mon départ ne le réjouit pas mais il ne me dit rien, à la place, il hoche la tête. De toute façon il n'a rien à dire, je suis adulte... En quelque sorte.
Je sors de l'appartement et me dirige vers l'arrêt de bus le plus proche. Les rues de la périphérie bruxelloise sont bondées. J'hésite à appeler Sacha pour qu'il me dépose mais me rappelle qu'il est à Mons cette semaine pour préparer son appartement pour la rentrée.
Il suit des études de médecines là-bas, il rentre en deuxième année. IL a d'ailleurs très bien réussi sa première année ce qui n'a étonné personne, c'est un bosseur Sacha. Quand il veut quelque chose, il l'a. C'est un point que nous partageons d'ailleurs.
Je reprends mes esprits à la vue du bus et paye le trajet pour me rendre à Uccle. Croyez-moi pour vous y rendre, il faut le vouloir. Le trajet comporte des changements bus-métro-marche. C'est pour cette raison que je préfère la voiture. Enfin...
Une fois arrivée, je remarque que les scellées de la police ont totalement disparue, ce qui est logique vu que l'enquête a pris fin et qu'on peut réhabiter la maison. Mes charmants voisins ont surement quelques choses à voir avec ça. C'est des bourges plein de tunes, il y en a pas mal qui fraudent alors savoir que la police rodent dans les parages, ça n'a pas dû leur faire plaisir. Je sais aussi que papa n'est pas revenu. C'est trop douloureux pour lui. Je me promets de lui téléphoner ce soir, il me manque.
Il est 13h12. La première chose à laquelle je pense est de me faire à manger. Il est clair que je ne cuisine pas aussi bien que Lieve mais je me débrouille pas mal.
Par chance, les placards sont pleins. Je me cuis des œufs au plat et vais m'installer dans la pièce cinéma de la maison. Je ne l'avais peut-être pas encore précisé mais... disons que mes parents ont de l'argent. Mon père, un psychiatre de renommée, a hérité de la moitié des richesses de mon grand-père, un homme d'affaire très riche, l'autre moitié est naturellement revenue à ma tante Lili. Quant à ma mère elle peignait. Certes, ça ne rapportait pas grand choses, mais elle adorait ça. Et puis ça lui permettait d'être présente pour notre éducation. Elle a d'ailleurs toujours refusée que l'on engage des domestiques, elle faisait tout elle-même (avec notre aide bien-sûr). Je crois que c'est ce qui nous différencie assez de nos « voisins ». On est plus humains, plus ouverts d'esprits et surtout moins « prout-prout ».
Je mange mes œufs devant une petite comédie française et décide d'aller faire un tour dans la piscine. C'est une journée d'été plutôt exceptionnelle pour un début de septembre et j'aimerais en profiter avant la reprise des cours.
Je mets mon bikini et plonge dans la piscine. Par chance, l'entretien est fait. Je ne pense à rien et profite de ces quelques instants de pureté en compagnie des oiseaux et de la nature.
Demain une grosse journée m'attend, mais en attendant, je veux juste me détendre et oublier tout ça, ne serait-ce que pour une heure.
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