chapitre 12


Maguy

Enfin ! Je sors de l'hôpital ce matin. J'ai hâte de retrouver la maison, même si j'avoue avoir hésité à y retourner après ce qui s'est passé. Mais après réflexion, je n'ai pas le choix. j'ai encore tellement de choses à remettre en ordre dans ma tête. Papa m'a téléphoné hier. Il n'a fait aucune allusion à notre dernière discussion, ce qui semble logique étant donné qu'elle n'a eu lieu que dans ma tête. Enfin je crois. Il a simplement pris de mes nouvelles et m'a supplié d'être plus prudente à l'avenir. Il n'est pas encore prêt à retourner à la maison. Dans un sens, ça m'arrange. J'ai pas envie d'avoir à me justifier en fouillant la maison de fond en comble.

Je marche sous le ciel gris. Sacha m'avait proposé de me ramener mais j'ai refusé. J'aime marcher, ça me détend. Et c'est ce dont j'ai le plus besoin pour le moment.

Je repense à ma rencontre avec Harry. Son regard malicieux, son sourire, ... Je me demande ce qui arriverait si il apprenait que je suis la cause de la mort de sa famille. Je n'ose même pas l'imaginer. Puis je me rejoue la scène d'hier avec Mia. Elle m'a bouleversé, vraiment. Je ne pensais pas qu'elle le prendrait autant à cœur, je veux dire... je sais qu'elle est sensible mais à ce point-là ?

Je suis tellement plongée dans mes pensées que je ne remarque pas que quelqu'un marche dans la même direction que moi et lui fonce dedans.

- Oh...pardon. Je ne regardais pas où j'allais..

- Ça, je l'avais remarqué ! vous pourriez être un peu plus attentive quand-même

Je relève la tête. Un jeune homme me toise. Il est grand, proche du mètre quatre-vingt-cinq. Un asiatique. Hé mais attendez, il est de face !

- Oui enfin, si on y regarde de plus près, vous auriez tout aussi bien pu l'éviter cette collision !

Il hausse les sourcils. Manifestement choqué par ma remarque, il pouffe et entreprend de continuer sa route quand je l'interpelle à nouveau.

- Un homme un vrai dites donc !

Il s'arrête net, pivote et narquoisement, me rétorque :

- SI j'étais toi, Maguy, je ferais attention, très attention, à ce que je fais.

Je suis bouche bée. Il pivote et continue son chemin, le sourire aux lèvres.

- Mais ! revenez ici ! comment connaissez-vous mon prénom, au juste ? Mais répondez-moi !

Mais il continue son chemin sans se retourner. Je me mets à courir. Le ciel tonne. Je ne sais pas combien de temps je cours, mais je ne m'arrête plus.

J'arrive à la maison en un éclair. Je fonce m'enfermer dans ma chambre, je tremble comme une feuille. J'entreprends de sonner à Lieve, mais change d'avis. Je ne veux pas la déranger avec ça. A la place, je reste assise en tailleur sur mon lit, encore sous le choc de ce qui vient d'arriver. J'ai l'impression que plus rien n'a de sens en ce moment.

Je parcours ma chambre des yeux, je la redécouvre. Ces posters de groupe de musique que j'adore, mon tableau des rêves, la porte de mon dressing, mon grand bureau toujours en désordre. C'est ma chambre et pourtant, j'ai l'impression que c'est la première fois que j'entre dans cette pièce. Elle me semble froide, sans âme. Je me sens vide, moi qui d'habitude me sent totalement en sécurité dans cette pièce, mon petit chez moi, pour la première fois, j'ai peur, je suis mal à l'aise. Je me sens observée, mise à nue, sans bouclier.

C'est à ce moment-là que mon téléphone sonne. Mia. Elle me propose de venir l'aider à s'installer chez Jo. Et même si je n'aime pas ce type et encore moins l'idée qu'elle aille habiter sous son toit, j'accepte. J'ai besoin de changer d'air. Elle me donne l'adresse et je me mets en chemin. Je préfère y aller par mes propres moyens, je ne vais pas leur demander de venir me chercher, ils sont déjà assez occupé comme ça. Je dois prendre plusieurs bus, mais j'arrive finalement à destination, 50 minutes plus tard.

Je marche une bonne centaine de mètre, prends à gauche et arrive finalement devant un grand bâtiment comprenant une vingtaine d'appartement. Je sonne, monte au 3e étage. Mais je reste bloquée environ 10 minutes devant la porte d'entrée. Je me rends seulement compte maintenant de ce que tout cela veut dire. Mia va quitter la maison. Elle est encore si jeune. Je ne comprends pas que papa ne se soit pas un peu plus battu pour qu'elle reste.

Je signale finalement ma présence et entre. Mia me prends dans ses bras et m'accompagne au salon. Jo est affalé dans le canapé. Il se relève, me fait la bise et se rassied. WAOUW.

Je me demande si il a un prénom... Jo c'est un surnom, ça ne peut pas être un prénom. Mia interrompt mes pensées.

- Je te ferais visiter après si tu veux. Ce n'est pas très grand, surtout pour 3 mais on s'en sortira.

Je manque de défaillir. Trois ? Est-ce un moyen subtil de me dire qu'elle est enceinte ? Elle me regarde soucieuse.

- Je... Tu... Nan me dis pas que t'es..

Mais je suis interrompue en plein milieu de ma phrase.

- Les gars, il faudrait que l'un de vous se décide à aller au magasin, il n'y a plus de papier toilette.

Je me retourne et... Nan ! Si je vous le dis, vous ne me croirez pas...

Il me sourit narquoisement.

- Haaa Maguy, enchanté de te rencontrer enfin.

Je ne comprends pas ce qui est en train d'arriver et personne ne semble vouloir venir à ma rescousse. L'air me manque, j'étouffe, quand finalement Mia semble retrouver l'usage de la parole.

- Je te présente Yugyeom, il est coréen. C'est le colocataire de Jo'. C'est chouette nan ? Yugyeom, comme tu l'as si bien déduit, voici ma sœur, Maguy.

Je me retourne vers ma cadette. Coloc ? L'imbécile qui m'a bousculé dans la rue est le coloc du petit ami de ma sœur ? Je ne comprends qu'à cet instant la signification de l'expression « le monde est petit ». Néanmoins, ça n'explique pas réellement la raison pour laquelle il connaissait mon prénom.

Tout en me fixant, il se dirige vers la canapé et s'y affale. Soudain, je pense à quelque chose. Comment Mia a-t-elle pu emménager sans vêtements ? Je ne l'ai pas vue passer à la maison...

Je lui pose la question. Elle me répond tout naturellement qu'elle est allée les chercher lorsque j'étais à l'hôpital... Naturellement ! Ça me rappelle immédiatement le carnet de maman. Je n'ai pas encore osé le lire à vrai dire. J'ai peur de ce que je pourrais y trouver. Je veux des réponses mais en même temps, j'ai peur qu'elles ne me plaisent pas. Pendant tout ce temps, je vois les deux pseudo amoureux se tourner autour alors que l'autre psychopathe dont j'ai déjà oublié le nom me dévisage.

Je relève la tête et soutiens son regard quelques minutes. J'ai la sensation d'y voir de la colère au premier abord. Mais en y regardant de plus près, j'y vois une profonde tristesse. ET ça me bouleverse. Ça me bouleverse tellement que je détourne le regard.

- On dirait bien que j'ai gagné.

OK... Donc ce mec est débile. Je retire ce que j'ai dit, je m'en fiche de sa tristesse. Je sors mon téléphone de ma poche et commence à jouer à un jeu quelconque, histoire de me donner un peu de contenance.

Le temps passe et je commence à me demander ce que je fais là.

- Mia, t'avais pas dit que tu avais besoin d'aide ?

Elle relève la tête, légèrement contrariée que je l'aie dérangée en pleine « discussion » avec El Macho. Elle me fait signe de me lever et je vois l'autre imbécile en faire de même, il nous suit.

- Alors voilà, Yugyeom et toi vous allez remonter les caisses qui sont dans la voiture en bas et Jo et moi on va débarrasser ici en haut. Ça vous va ?

Elle pose la question mais, je vois bien que je n'ai pas vraiment le choix. L'asiatique au prénom trop compliqué pour moi passe devant. Je me retourne vers Mia.

- Pitié, vas-y toi, je préfère ranger ici plutôt que de descendre avec cet abruti.

Elle me regarde amusée.

- Mais enfin Maguy t'as plus 5 ans. Et puis, c'est un garçon très gentil et il est mignon. Ça fait longtemps que je te dis que tu devrais trouver quelqu'un et en plus, il est célibat...

- N'y pense même pas !

Je sors de l'appartement en claquant la porte. Le brun m'attend, impatient. Néanmoins il ne dit rien et monte dans l'ascenseur. Je le suis. Je ne suis pas vraiment à l'aise à vrai dire. Il m'intimide. Et une question me brûle les lèvres. Comment connaissait-il mon prénom, associé à mon visage je veux dire. Ça me brûle tellement que je finis par lui demander.

- T'as eu peur hein ! en réalité je n'étais pas sûre que ce soit toi, mais ta sœur m'a déjà parlé de toi, elle m'a même montré des photos et tu lui ressembles alors... c'était pas difficile.

Son air arrogant m'exaspère profondément. Je soupire ce qui le fait rire. Je sens que ça va être long, très long. On arrive enfin au rez-de-chaussée. Il sort en premier et je le suis. On se dirige vers une grosse Range Rover noire. Comment vous dire que j'adore ce genre de véhicule. Je suis bouche bée et il le remarque.

- Ma bagnole te plait ?

Quoi ? ce bijou est à lui ? Ho non, quel gâchis. Je fais la moue et ouvre le coffre. Il est plein, quand je dis plein c'est vraiment plein. Comme je le vois, Mia n'a pas fait les choses à moitié cette fois. Je prends la première caisse, la donne à mon partenaire, en prends une deuxième et remonte. On fait environ 6 aller-retours pendant lesquels je ne dis rien. Lui essaie de lancer une conversation mais je l'évite. Il reste encore trois caisses, les plus lourdes. Parce évidemment ma sœur ne se sépare jamais de ces livres chéris ! L'abruti qui me sert de coéquipier me propose de prendre les dernières caisses lui-même mais je refuse. Je ne suis pas une petite mauviette. Je souffle un bon coup avant de soulever la caisse. Elle pèse une tonne. Je fais deux pas et là je glisse. La caisse vole par-dessus ma tête. Je vois ma vie défilée devant mes yeux. Non ce n'est pas une blague, on peut mourir d'une chute, vous savez. Mon corps s'apprête à rencontrer le sol quand deux bras m'entourent la taille et me repositionnent debout.

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ça y est les asiat' font leur entrée! L'histoire va prendre un tout autre tournant dès maintenant. J'espère que vous aimez, faites-le moi savoir. 

La bise!


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