Partie 1 - Occupation | Chapitre 1

Histoire fictive basée uniquement sur des faits et évènements réels.

Tous les détails choquants, expériences, activités et sévices relatés dans cette histoire se sont réellement déroulés dans le camp de concentration de Sachsenhausen ou à Auschwitz.

Des témoignages en italique seront joints en fin de chapitres.

Des références seront ajoutés au cours de l'histoire.

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Je tiens à rendre hommage à toutes les victimes du nazisme et de la Shoah.

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Le nez collé au bout de verre brisé qui leur sert de fenêtre, Zach regarde la neige lentement recouvrir les trottoirs. Il ne sait plus depuis combien de temps ils sont enfermés dans ce maudit grenier. Il envie son petit frère Noah d'avoir pu s'en aller avant que leur situation ne dégénère mais il est rassuré que celui-ci puisse éviter d'être au cœur de tous ces conflits et de devoir se cacher dans ces 10 mètres carrés de soupente comme des nuisibles. Depuis qu'ils sont dans cet endroit sombre et froid, un temps interminable passe sans qu'il ne sache plus combien de mois se sont écoulés. Le jeune juif regrette le temps où, il n'y pas si longtemps, il pouvait encore jouer du piano et chanter librement au quotidien dans leur appartement du dessous.

Heureusement, Alexander, son meilleur ami et voisin, habite juste en dessous de leur cachette. C'est grâce à lui et sa famille que les Levinsky peuvent encore survivre depuis des mois dans le grenier commun de leur vieil immeuble. Une nuit, grâce à l'aide de leurs amis, ils ont fait croire aux voisins de leur quartier qu'ils avaient fui précipitamment en laissant toutes leurs affaires sur place. Ils restent malgré tout méfiants à cause d'un vieil homme et sa femme habitant toujours au rez-de-chaussée. Si seulement ce vieil aigri n'était pas aussi mauvais, la vie serait déjà un peu plus sereine. Malgré tout, Richard Kleinicke continue d'apporter l'essentiel vital à la famille Levinsky tous les 4 jours, à la même heure. Etant à moitié sourd, le vieux voisin ne se doute de rien. Et la soupente ayant toujours été compliquée d'accès, Richard pense qu'il a même fini par oublier son existence. Les deux familles prient pour que rien ne vienne perturber ce semblant d'équilibre dans leur fonctionnement.

Rachel Levinsky recoiffe sa longue chevelure rousse au-dessus de sa tête en attendant patiemment deux heures du matin, heure à laquelle Richard vient soulever la trappe de leur abri pour leur amener les provisions.

- Tu pourras donner ce mot au père d'Alex maman, s'il te plaît ?

- Je sais que ton ami te manque, mon chéri, mais je ne peux pas retenir Mr Kleinicke.

- Mais s'il te plaît... !

Lorsque le père Kleinicke soulève la trappe, Rachel se dépêche de récupérer les précieuses affaires pendant que Zach glisse un petit mot dans la main de celui-ci.

- S'il vous plaît Mr Kleinicke, vous pouvez donner ça à Alex ? Et dites-lui que je pense à lui...

- Ce sera fait, Zach ! Tout va bien là-haut ? Elias ? chuchote le père.

- Tout va bien, Richard, répond celui-ci. Quelles nouvelles ?

- Rien de bien glorieux. Enfin, il y a peu de SS qui restent dans la ville, c'est déjà une chance.

- Oui, j'ai vu à travers la charpente qu'il n'y avait plus beaucoup de soldats qui traînaient dans le coin.

- De toute manière, je te tiendrai informé si quelque chose bouge.

- Merci pour tout, mon vieux. Prend soin de ta famille.

- Toi aussi, Elias... souffle-t-il avant de refermer la trappe.

« J'aurai dû m'en douter !! »

Richard se retourne brusquement et constate avec horreur que le vieux voisin se tient à quelques mètres devant lui, dans les escaliers.

- Hoffmann ! Que... qu'est-ce que vous foutez là à cette heure ??

- C'est plutôt à vous qu'il faut demander ça, Kleinicke !

Les deux hommes se foudroient du regard. Le père de famille se sent dangereusement pris au piège. Il connaît le vieil homme par cœur. Il va tous les dénoncer et il est hors de question qu'on vienne s'en prendre à sa famille.

Il s'avance vers lui avec rage, faisant reculer le voisin de quelques pas.

- Ecoute moi bien, gros connard, si jamais tu dénonces ma famille, je te jure qu'avant de franchir la porte je t'aurai tué toi et ta femme.

La bouche du vieux se décroche. Richard lit l'inquiétude sur son visage.

- Est-ce que c'est compris ?

- Espèce de traître...

- Est-ce que c'est compris ?! hurle-t-il.

- O-oui.

Ce dernier redescend chez lui et lance malgré tout un sourire victorieux à Richard avant de se réfugier chez lui.

- Qu'est-ce que c'était, chéri ? demande Louise Kleinicke sur le pas de leur porte.

Son mari prend sa main avec un air effondré.

- Hoffmann... il sait.

Elle porte sa main à sa bouche

- Non... !

- Louise... je... je dois leur dire. Des SS vont sûrement débarquer à l'aube... et avec la tempête de neige qui nous tombe dessus, ils ne pourront se réfugier nulle part... dit-il en baissant les yeux.

- Que peut-on faire, Richard ! Et... et nous ?

- T'inquiètes pas pour ça, j'ai fait comprendre à Hoffman qu'il devait se tenir tranquille. Je jure devant Dieu de tuer cet enfoiré et sa femme s'ils viennent nous prendre aussi. Maintenant rentre, Louise...

Contenant ses sanglots, elle laisse son mari seul dans le petit couloir.

Richard vient se poster de nouveau en bas de la trappe puis saisit la poignée, les yeux remplis de larmes.



***

« Un jour, les SS ont décidé d'emmener les enfants Juifs qui étaient avec nous [...] On nous a fait mettre en rang, les petits devant, les plus grands derrière ; ils ont emmené ces petits dans les cris ; mais une maman juive avait caché son petit de 2 ans. [...] Hélas, ils l'ont cherché des heures durant... Nous n'en pouvions plus, et enfin, ils l'ont trouvé ; mais comme les autres étaient partis, dans leur colère, deux SS l'ont pris chacun par une jambe et l'ont lancé contre le mur où sa tête a éclaté... Les cris de la mère... Des camarades qui s'évanouissaient ... Une petite Française avec deux nattes attachées sur la tête a crié : « Assassins ! » Ils l'ont attrapée, traînée par les nattes...Nous avons entendu des coups, et nous ne l'avons jamais revue... »

GUETTE Renée, Ravensbrück.

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Helmut Kleinicke était un ingénieur d'Auschwitz. Il a employé des juifs, en a fait descendre des trains, en a caché dans son grenier et en a aidé d'autres à franchir la frontière.

« Ceux qui étaient employés par Kleinicke étaient des VIP. Nous avions un certificat indiquant que nous travaillions chez lui et c'était notre salut. » Yossef, un survivant.

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