Novembre 2000 - Ōme, ville de la métropole de Tokyo.

Elle était recroquevillée sur elle même dans un coin. De toutes ses forces elle gardait ses yeux fermés pour ne rien voir de ce qu'il se passait. Malheureusement pour elle, les bruits passaient au travers de ses mains enfoncées sur ses oreilles. Ces sons étranges, ces fracas de meubles, les souffles, les mots prononcés comme au hasard, tout ceci lui glaçait le sang.
Juste devant elle, un jeune garçon, juste un peu plus vieux qu'elle, la protégé de son propre corps. Malgré la douleur et la quantité de sang perdu, il puisait jusqu'au plus profond de son âme pour se garder en vie, priant de toute ses forces pour que quelqu'un vienne les aider. Et par un drôle de hasard, il fut entendu.

Le jeune garçon aux cheveux blanc pénétra dans le bâtiment abandonné. Il savait que ce lieux était un nid à fléaux mais habituellement, il ne s'y intéressait pas. Pourtant, cette fois, il décida d'y aller. Était-ce parce que le nombre de fléaux avait doublé ou parce qu'il avait senti une autre présence, plus obscure ? Il n'aurait su dire. Pleinement conscient du danger, il avançait pourtant sereinement, les mains dans les poches de son sweat-shirt. Sur son chemin, il élimina les quelques têtes de mouches qui le remarquèrent, puis tourna à droite, traversa le couloir et enfin, prit la grande porte à gauche.
Un fléau de classe trois taper inlassablement sur un garçon d'environ son âge. Il enlaçait une jeune fille dont les longs cheveux rouges camouflaient le visage. Le nouvel arrivant s'avança calmement, toujours sans rien dire, tandis que l'autre garçon, en entendant des bruits de pas, se retourna vivement. Son regard était presque vide, son teint livide. Puisant dans ses derniers forces, il tendit les bras vers le garçon aux cheveux blancs et dans un soupire lui supplia : « protège la ! ». Celui-ci observa encore un moment la scène, ne sachant pas trop quel implication il voulait prendre. Devait-il les aider alors qu'ils étaient déjà mort ? Devait-il se mettre en danger pour sauver une pauvre fille apeurée ?
Soudain, la jeune fille releva son visage et alors le garçon au cheveux blanc se précipita sur le fléau et l'exorcisa. Il avait agi par réflexe et s'en étonna lui même. Le garçon mourant lâcha un soupire de victoire puis attrapa la manche de l'autre.
  — Veille sur elle pour moi... commença-t-il difficile. Elle doit vivre. Je t'en supplie, promet le moi.
Sa voix était à peine audible et le garçon qui se tenait au-dessus de lui ne ressentait que de la pitié. Pourtant, il s'accroupit, à nouveau surprit par son propre geste.
  — Je te le promet, souffla-t-il malgré lui.
Alors, l'autre garçon, un sourire aux lèvres, poussa son dernier soupire, les yeux rivé vers la jeune fille.

Elle se réveilla bien plus tard, dans un lit confortable. Lorsqu'elle ouvrit les yeux, elle fut transpercée par l'éclat bleu du regard qui la fixait. Assis sur une chaise à côté d'elle, le garçon aux cheveux blanc la scrutait sans relâche.
— Tu es réveillée ? demande-t-il.
La jeune fille cligna des yeux, sans rien répondre.
— Je m'appelle Satoru Gojō, et toi ?
À nouveau, la jeune fille demeura muette, mais ses pupilles d'un rouge sombre ne décrochaient pas de cet azur.