► Chapitre 4
[Illustration par Invisibleninja12]
Chapitre 4 :
La vérité n'est qu'une illusion insensée
Tout en restant sur leurs gardes, les deux shinobis suivirent la jeune femme dans la petite cavité au fond du plateau. Le ciel se tentait d'encre et le froid devenait de moins en moins supportable. Ce que le duo ne comprenait pas, c'était la présence de cette tempête de neige sur la montagne alors qu'à l'horizon, le soleil se couchait paisiblement. C'était comme si l'enfer se déchaînait uniquement en ces lieux.
Itachi fut le premier à pénétrer dans la grotte et se stoppa à peine après être entré. Son regard se fixa au fond de l'espace, les yeux écarquillés et l'air interdit. Ne comprenant pas ce qu'il se passait, Kisame se fraya un passage et comprit aussitôt ce qui l'avait tant choqué : Sasori et Deidara étaient présents, l'un contre l'autre tandis que les dents du blond claquaient avec violence.
« C'est une illusion, n'est-ce pas ? Demanda l'Uchiha sans pour autant attendre une réponse, ayant vu ses camarades mourir quelques heures plus tôt.
— Non, pourquoi ? Demanda la femme en le regardant avec surprise. Je les ai vus tomber alors je les ai sauvés.
— Je ne vous crois pas.
— Hey, on est bien réels ! Tu veux manger mes explosifs pour te rafraîchir les idées ? Maugréa Deidara en resserrant sa couverture autour de lui. Je ne sais juste pas comment on a atterri ici...
— Mangez, vous en avez besoin, poursuivit la blanche sur un ton continuellement monocorde. Les nuits sont froides ici, vous devez vous nourrir correctement et vous réchauffer. »
D'un geste de la main, exécuté avec une grâce sans fin, la jeune femme fit apparaître plusieurs assiettes remplies de nourriture puis se détourna vers la sortie pour observer le ciel d'un air pensif.
« Comment savoir si ce n'est pas empoisonné ? Demanda Itachi avec méfiance.
— Sérieusement ? Demanda son interlocutrice.
— Oui, nous sommes des ninjas et nous savons que des poisons peuvent être utilisés même dans la nourriture.
— C'est bien vrai. » Ajouta Sasori en lorgnant leur hôte.
La femme ne se fit pas prier et s'avança vers l'assiette la plus proche, soit celle de Kisame, et attrapa la nourriture directement avec ses doigts et le mangea sans la moindre hésitation sous le regard soupçonneux des quatre shinobis.
« Satisfaits ? Demanda-t-elle un peu agacée.
— Non, répondit Kisame, c'était mon assiette ça...
— Eh bien au moins, tu sais qu'elle n'est pas empoisonnée, ton assiette. Je vous laisse manger, j'ai des choses à faire. »
Itachi analysait le comportement de leur hôte depuis leur arrivée et il y avait un détail qui le chiffonnait et qu'il se devait d'éclaircir au plus vite. S'empressant de terminer son repas, il sortit à son tour tout en camouflant sa présence.
La jeune femme était tournée vers la lune, les bras légèrement écartés et les yeux fermés. La vive aura émanant d'elle ainsi que la puissance de son chakra ne laissaient désormais plus planer le moindre doute quant à son identité...
« Inutile de cacher ta présence, je sais également où se situe chacun d'entre vous, lança-t-elle sans se détourner.
— C'est toi le Gardien, en vérité, lança finalement Itachi en s'avançant. J'ai essayé d'utiliser mon Mangekyou Sharingan contre toi tout à l'heure pour te tester mais il est resté sans effet. Tu maîtrises entre autres le Hyôton et tu as encore bien d'autres choses que tu nous caches, n'est-ce pas ?
— Hum, tu es perspicace, Uchiha Itachi. Mais peu importe, votre venue ici est inutile et vous avez risqué vos vies pour rien. Je ne peux pas quitter cette montagne quand bien même je le voudrais.
— Comment ça ?
— J'ai été choisi pour devenir le Gardien mais ce n'est en rien ma décision. Sais-tu au moins comment on prend ce rôle ?
— Non, je l'ignore, avoua le taciturne en espérant découvrir la réponse.
— A l'origine, je suis un simple shinobi comme vous issu d'un village ninja. Ils choisissent un enfant qui est un soit-disant élu pour venir ici. Ils tuent ses attaches tels que ses parents, frères, sœurs et l'enfant disparaît de la circulation.
— Et est-ce que tu as des souvenirs de ta vie passée ? D'où tu es originaire ?
— Oui mais tout est flou. A terme, mes souvenirs vont s'effacer au fil des années et ce processus est déjà en cours.
— Tu te rappelles de quoi ?
— Je suis originaire du même village que ton coéquipier, normal pour un utilisateur de Hyôton. Je m'appelle Tsukiko, mais c'est le nom qu'on m'a donné en arrivant ici et j'ai oublié ma date de naissance tout comme mon âge... J'ai essayé de faire le calcul mais je ne suis pas certain. Je dirais trente ans environ.
— Pourquoi est-ce que tu parles de toi au masculin ? D'ailleurs, j'y pense. La petite fille qu'on a croisée du côté Kumo le faisait également.
— Je devais vous décourager de venir mais vous n'avez pas écouté mes mises en garde. Même la mort de ton coéquipier n'aurait pas altéré votre détermination.
— Mais tu n'as pas pu te résoudre à me forcer à le tuer, pourquoi ?
— Sa mort n'y changerait rien, je suis contre toute forme de violence. Et je parle de moi au masculin car je ne me montre jamais sous mon vrai visage pour donner le moins de renseignements à mon sujet. Vous êtes les premiers à me voir sous ma véritable apparence puisque vous êtes les seuls à être parvenus jusqu'ici. Mais en vain. Je ne peux quitter cette montagne. »
Tsukiko avait pris un ton indiquant qu'elle ne souhaitait plus parler de tout cela et Itachi respecta son choix. Pour le moment, tout du moins. Il devait prendre le temps d'analyser les informations qu'il avait reçues et essayer de trouver une solution à ce problème.
Plus tard, dans la soirée, la jeune femme rejoignit de nouveau ses invités et leur distribua des couvertures épaisses, leur déposant chacun une pièce sur les épaules telle une mère couvrant sa progéniture.
« C'est bien aimable de votre part mais je ne comprends pas ce que vous retirez de tout ça ? Commenta Sasori en arquant un sourcil.
— Ça me passe le temps.
— C'est quoi cette excuse ? Lâcha Deidara avec dédain.
— Imagine le motif qui te sierra le mieux mais ce n'est certainement pas ta frimousse enfantine de blondinet qui m'a donné envie de vous aider.
— Ma... Frimousse... répéta machinalement le shinobi dépité.
— Je l'aime bien, moi, finalement... lâcha Sasori en réprimant un petit rire.
— Vous feriez mieux de dormir. N'hésitez pas si vous avez besoin de quoi que ce soit. »
Tsukiko avait le don de couper court aux discussions. Visiblement, elle n'était pas habituée à parler et encore moins à des inconnus qui venaient la capturer... Sans le moindre regard, elle quitta la grotte et laissa le quatuor livrés à eux-mêmes.
« Ça va être difficile de la convaincre, expliqua Itachi. Vous l'aurez compris, le Gardien, c'est elle mais elle prétend ne pas pouvoir quitter cette montagne... Il va falloir que l'on creuse tout cela. Tout ce que je sais, c'est qu'elle est à l'origine qu'une simple kunoichi de Kiri maîtrisant le Hyôton, qu'elle se fait appeler Tsukiko et qu'elle a environ trente ans.
— Ah bon ? S'étonna Kisame en se redressant.
— Ça te dit quelque chose ?
— Pas vraiment, non. Des disparitions, c'est tellement courant...
— Tant pis, il va falloir trouver un plan dès demain pour la ramener... »
Ces individus devaient repartir dès le lendemain à la première heure mais Tsukiko savait d'ores et déjà que ces shinobis tenteraient l'impossible pour la ramener avec eux. C'était bien la première fois que des individus étaient capables de résister à la terreur que pouvait procurer son Genjutsu.
Il était dit qu'une femme d'une immense beauté vivait dans cette montagne et qu'elle possédait d'incroyables pouvoirs, pouvant retourner n'importe quel élément contre ses ennemis. Jamais personne n'était parvenu à escalader cette montagne maudite et beaucoup avait péri en tentant son ascension.
La glace la maintenait prisonnière contre son gré et seul un amour pur, sincère et impérissable d'autrefois pouvait la libérer. L'Esprit le savait mais ignorait son identité, la portée de sa puissance étant limitée à leur pays. S'il venait à le rencontrer, il le tuerait en prenant soin de lui apporter les pires souffrances envisageables. Le jour où il avait énoncé les règles de la Garde de la Lune, il n'avait pas mâché ses mots bien qu'il ne fit face alors qu'à une simple enfant en plein âge tendre. Tuer l'unique personne qu'elle chérissait ? Non, il ne viendrait jamais ni ne saurait où elle se trouvait. Jamais plus leurs chemins ne se croiseraient et c'était le cœur lourd qu'elle avait accepté cette sombre existence, fermant son cœur à tout espoir de s'en sortir.
Le rôle de Gardien n'était qu'une interminable existence marquée par la solitude, le froid et cette maudite neige qui recouvrait tout le paysage. Tsukiko aurait rêvé revoir son village natal, intégrer une équipe de shinobis et se battre au nom de la paix. Elle aurait aussi souhaité revoir la mer car elle n'en conservait qu'un souvenir flou. L'eau salée qui ne gèle pas, le sable fin et doré, le bruit des vagues, du vent et le soleil caressant son visage, lui apportant cette chaleur dont elle manquait cruellement. Désormais, elle n'était plus qu'une carcasse vide, incapable de ressentir la chaleur, le réconfort ni même ce froid meurtrier qui régnait en ce lieu maudit. Elle aurait voulu le revoir, ne serait-ce qu'une seule fois... Mais cela lui était interdit.
Tandis qu'elle était plongée dans ses plus sombres pensées et ses bribes de souvenirs, elle sentit une présence se rapprocher de sa position. Se détournant, elle reconnut Kisame qui se gratta la tête d'un air un peu gêné qui ne lui allait pas vraiment.
« Tu ne devrais pas dormir comme tes camarades ? Demanda Tsukiko peu encline à discuter.
— Je n'arrive pas à trouver le sommeil... répondit le squale en esquissant un sourire qui se voulait aimable.
— Va droit au but, je n'aime pas qu'on tourne autour du pot, lâcha-t-elle après l'avoir sondé un bref instant.
— Hey, si tu pouvais arrêter de lire mes pensées, je trouve que ce n'est pas très respectueux... lança l'homme en grimaçant.
— Tu es si confus que je n'ai pas beaucoup d'efforts à faire pour lire en toi. Ton coéquipier t'a dit que j'étais originaire de Kirigakure et tu te poses des questions à mon sujet, n'est-ce pas ? Je n'ai pas envie d'en parler.
— Pas vraiment, ton visage m'est inconnu. Mais j'ai vaguement entendu parler de cette histoire de Gardien, il y a bien longtemps. Je m'en suis rappelé tout à l'heure. Il y a un moyen de te faire quitter la montagne, je le sais, mais tu as menti à Itachi.
— Qu'est-ce que ça t'apporte de le savoir ?
— Je veux que tu nous accompagnes et nous ne partirons pas tant que nous n'aurons pas trouvé le moyen de te ramener.
— Alors trouve l'élu de mon cœur, celui qui avait de l'importance à mes yeux au moment de quitter le village. Mais tu ne trouveras rien, moi-même j'ai oublié son nom et même son visage. Tout ce que je sais, c'est qu'il m'a sauvé la vie une fois.
— Comment ?
— Il m'a empêché de mourir de faim lorsque j'étais à la rue, orphelin.
— Effectivement, des orphelins, il y en a beaucoup et des gens qui les aident aussi, j'imagine...
— Alors cessons cette discussion stérile et va dormir.
— J'imagine que je n'ai pas le choix... Pour le moment, du moins... »
Kisame haussa les épaules avant de retourner au creux de la caverne sous le regard ennuyé de la blanche. Comptaient-ils tous défiler tout au long de la nuit afin de tenter de la convaincre ? Il n'y avait rien à y faire et elle-même le savait. Cette personne importante était peut-être morte à l'heure qu'il était car ainsi était faite la vie d'un shinobi. Les attaches n'étaient que souffrance et les rêves rarement réalisables. Puis, se concentrant de nouveau sur ses bribes de souvenirs, elle chercha des réponses...
Ce bandeau...
Ce visage...
Son sourire et son regard...
Et ce bentô qu'il lui avait gracieusement offert ce jour-là.
Il contenait une délicieuse omelette, du riz, des légumes et mêmes des saucisses coupées en forme de poulpe.
Non, elle n'avait jamais oublié, finalement.
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