[Art by ???]

Chapitre 3 :
Le soleil se couche sur un mensonge

« Elle cherche vraiment à nous démotiver... soupira Deidara. Son Genjutsu était persuasif en tout cas...

— Libre à toi de rebrousser chemin, lâcha froidement Itachi. Mais n'oublie juste pas qu'Akatsuki ne pardonne pas aux traîtres.

— Je n'ai pas dit qu'elle m'avait persuadé... corrigea le blond. J'ai juste une envie irrépressible de faire sauter cette foutue montagne maintenant plutôt !

— Il faudra te contenir, nous devons mettre la main sur ce Gardien et quelque chose me dit que cette chose qui tente de nous dissuader d'approcher n'est pas la personne que l'on recherche. Un Gardien protège forcément quelque chose.

— Et ce quelque chose a peur de perdre son Gardien... souffla Kisame. Je vois le scénario. Bon, on continue ?

— C'est ce que j'allais suggérer. Nous serons au pied de la montagne avant le coucher du soleil si tout se passe bien. »

Le groupe reprit sa route en silence. La technique de dissuasion aurait pu être efficace sur un humain lambda mais certainement pas sur des shinobis d'un tel niveau. La mort ne faisait pas peur à ces individus et encore moins les menaces d'une ombre se cachant derrière les traits d'une petite fille.

Itachi avait bien évalué le temps de marche et le soleil se couchait tandis qu'ils atteignirent le versant de la montagne. Le haut sommet se cachait sous des nuages flottant et se brisant contre sa paroi rocheuse. La neige y était omniprésente en dehors des zones trop pentues pour qu'elle ne puisse s'y tenir, dégageant une roche obscure presque noire. Le coucher de soleil renvoyait de magnifiques reflets orangés et teintait le ciel d'une multitude de tons chauds contrastant avec la froideur de ces lieux.

« Nous passerons la nuit ici mais il faudra être vigilants et bien respecter les tours de garde car cette gamine peut réapparaître à tout moment. Demain nous entamerons l'ascension vers le sommet. Avec un peu de chance, nous devrions arriver d'ici la fin de journée. »

Kisame grimaça légèrement en constatant que le chemin qui les attendait serait long. Non pas qu'il manquait d'entraînement ou autre mais il se demandait ce que cette « fillette » leur réservait pour les empêcher d'atteindre leur Gardien.

Deidara s'était assis aux côtés de son coéquipier et restait silencieux. Cette fois-ci, il ne semblait pas échafauder de nouveau plan pour tenter d'assassiner Itachi mais paraissait juste songeur voire inquiet. Sasori l'observait attentivement en se demandant ce qu'il pouvait bien ressasser.

« Sasori no danna, souffla-t-il soudain en sentant le regard de son partenaire sur lui. Tout à l'heure, Itachi a manqué tuer Kisame et a avoué ne pas s'être libéré lui-même de ce Genjutsu. Tu imagines... Que l'on finisse dans cette situation ? Que ce type m'utilise pour te tuer ?

— Depuis quand tu t'attardes sur des choses aussi futiles ? Demanda Sasori sous sa forme originelle.

— Je n'en sais rien... Mais je n'arrive pas à m'enlever cette image de la tête... Il me l'a montrée...

— Advienne que pourra, tu ne pleurerais pas ma mort, non ?

— ... »

Deidara avait détourné son regard et fixait désormais le sol devant lui. Sasori comprit qu'il avait été sincèrement secoué par les visions que lui avait imposées la fillette. Ses mains se tortillaient l'une contre l'autre d'un air angoissé.

« Ce n'est pas ça... Dans cette vision, tu me suppliais de t'épargner... Tu...

— Je ne ferais jamais ça, imbécile ! Le coupa le rouquin agacé. Et puis si j'en arrive au stade d'être manipulé par quelqu'un d'autre, je préfère y passer. J'ai ma fierté en tant que marionnettiste.

— Oui, tu as sûrement raison...

— Va falloir te secouer là... Je ne t'ai jamais vu dans un état aussi lamentable... Je n'ai pas envie de me traîner un fardeau demain.

— Oui, je crois que je suis juste fatigué. Bonne nuit, Sasori no danna. »

Le blond s'allongea à terre et s'emmitoufla dans sa couverture avant de se rouler en boule aux côtés de son coéquipier qui peinait à détacher son regard de sa silhouette. C'était vrai ça, que ressentirait-il s'il venait à voir Deidara mourir ? A vrai dire, il n'y avait jamais songé. Après tout, il était si jeune, il ne pouvait pas encore mourir... Quoique. Il avait parfois ce comportement limite suicidaire qui risquait un jour où l'autre se retourner contre lui...

Kisame dégaina Samehada lorsqu'il entendit un bruit non loin de leur position. Se redressant, il constata qu'il s'agissait d'un simple marchand avec sa carriole qui passait par là. Cependant, après l'épisode de la petite fille, tous savaient qu'il fallait de méfier des illusions, surtout depuis qu'ils étaient entrés sur ces terres maudites.

L'homme s'arrêta non loin d'eux et parut surpris de voir des personnes camper à cet endroit. Il leva les mains l'air pour indiquer qu'il n'allait pas attaquer puis s'approcha en affichant un air inquiet.

« Vous ne devriez pas camper là... Ne vous inquiétez pas, je sais que ce coin n'est pas sûr mais je suis un véritable marchand. Si j'étais vous, j'éviterais de camper ici... Il y a un village pas si loin, à une petite heure de marche en allant vers l'est. Vous n'êtes pas du coin, ça se voit. Vous n'avez jamais entendu parler de la légende, je suppose.

— Quelle légende ? Demanda Kisame en tendant son épée vers l'homme qui agita de nouveau ses mains.

— Cette montagne abrite l'esprit de la Lune et son Gardien tue quiconque tente d'approcher. Il y a beaucoup de disparitions dans la région. Les rares personnes ayant survécu disent qu'ils ont été victimes de terribles illusions et qu'ils se sont presque tous entre-tués. Les survivants ne sont maintenus en vie que pour dissuader d'autres d'approcher. On dit que le Gardien est très puissant : il est capable de maîtriser les pouvoirs que la Lune lui a offerts en échange de la protection de son esprit. Le Gardien est choisi dès son plus jeune âge en fonction de ses capacités dans un village de ninjas de ce que je sais...

— Ses capacités ? Demanda Itachi.

— Je n'y connais pas grand chose, je ne suis qu'un marchand mais il posséderait des capacités héréditaires rares, c'est tout ce que je sais. Personne n'a vu son visage car les voyageurs subissent les attaques d'un ennemi invisible et meurent avant de pouvoir témoigner. Sincèrement, vous mourrez si vous restez dormir ici...

— Nous ne craignons pas les légendes et nous savons à quoi nous attendre, répondit l'Uchiha sèchement.

— Bien, bien... Vous ne direz pas que je ne vous ai pas prévenus... Bien, bonne chance à vous, quelque soit le but de votre présence ici... »

Puis l'homme repartit comme il était venu, visiblement pressé de s'éloigner de ce paysage de désolation et de mort. Une bourrasque de vent glacial vint accueillir le silence en s'immisçant même sous les vêtements chauds des shinobis sur place. Deidara grelotta de nouveau en maudissant ce pays et se resserra contre son partenaire dont le corps n'émettait plus aucune chaleur depuis bien des années déjà...

Le lendemain, le groupe se remit en marche et entreprit d'escalader la montagne bien plus pentue qu'elle n'y paraissait aux premiers abords. Cependant, cet obstacle n'était pas suffisant pour faire reculer des shinobis.

En tête se trouvait Itachi, suivi de près par Kisame puis plus bas, Sasori et Deidara. Ce dernier aurait préféré voler sur l'un de ses oiseaux d'argile mais le vent puissant l'en empêchait alors il dut se contenter de grimper de façon traditionnelle, à son plus grand désarroi. Il était également important qu'ils économisent tous au maximum leur chakra en cas d'affrontement avec le Gardien.

La montée se passait sans encombre lorsqu'ils sentirent le sol trembler sous leurs pieds. Des rochers se détachaient de la paroi et menaçaient de faire chuter les grimpeurs qui se cramponnèrent comme ils le pouvaient.

« Sa... Sasori no danna... Je crois que je vais tomber... lança Deidara paniqué. Écarte-toi sinon...

— Deidara ! » hurla le marionnettiste tandis qu'un nouveau craquement se fit entendre.

Itachi et Kisame se détournèrent vivement en entendant leurs compagnons hurlèrent. Ils voulurent redescendre un peu pour leur venir en aide mais tout se déroula en l'espace d'un instant : le rocher que maintenait Deidara avec difficultés se détacha de la montagne et son corps tomba vers l'arrière sans qu'il ne puisse invoquer un oiseau pour l'aider. Sa chute le fit entraîner Sasori avec lui qui échappa un cri étouffé lorsque le blond le percuta violemment sans qu'il ne puisse se rattraper.

Dans la brume épaisse les entourant, les deux silhouettes disparurent de l'horizon sous le regard impuissant de leurs coéquipiers. A ce moment, le tremblement de terre cessa également comme s'il avait obtenu ce qu'il désirait : la mort de plusieurs shinobis tentant d'affronter l'Esprit de la Lune.

Itachi ne pouvait détacher son regard du précipice, incapable d'avancer ou de reculer. Sasori était une marionnette, il ne pouvait pas mourir, non ? Pourquoi était-ce toujours un choc de voir des compagnons périr ? Parce qu'il cherchait la paix. Parce qu'il voulait éviter à tout prix que des vies ne soient perdues. Mais un shinobi de moins n'était-ce pas un pas de plus vers la paix ? Il se révulsa lui-même d'avoir eu cette pensée insultante pour la mémoire de ses coéquipiers. Ce fut Kisame qui le tira de ses songes.

« Itachi-san, on ne peut plus rien pour eux. Sasori lui-même ne peut survivre à une telle chute. Et si cela venait à être le cas, il nous rejoindrait plus tard. Quant à Deidara... J'imagine qu'on ne peut plus rien pour lui. Il faut continuer à avancer sinon, ce fichu esprit ou je ne sais quoi aura obtenu ce qu'il voulait...

— Oui, tu as raison. »

Les deux shinobis reprirent leur ascension dans le plus grand silence après un dernier regard vers la brume dans laquelle leurs camarades avaient disparu. De plus, à mesure qu'ils montaient en altitude, le temps devenait de moins en moins clément et les discussions ne feraient que consommer de l'énergie inutilement. Un vent violent et glacial soufflait perpétuellement et la neige tombait abondamment sous forme d'épais flocons.

Finalement, ils atteignirent un plateau sur lequel ils espérèrent reprendre leur souffle un moment. Se laissant tomber lourdement dans la neige, Kisame soupira profondément mais Itachi se plaça aussitôt en position défensive en regardant dans le dos de l'imposant ninja de Kiri.

« Kisame, derrière toi ! Ce n'est pas le moment de rêvasser ! »

Aussitôt, l'homme-requin bondit sur ses pieds et se détourna vivement en dégainant Samehada. Face à eux se trouvait une femme qui semblait sortir d'une petite cavité non loin de là. De taille moyenne, ses cheveux blancs retombaient contre ses épaules, son teint étaient laiteux et ses grands yeux faits d'un mélange de bleu et de rose pastels. Elle portait une longue robe nacrée retombant jusqu'au sol, cachant ses pieds mais laissant ses épaules dégagées tandis que ses larges manches retombaient contre ses hanches.

« Qui êtes-vous ? Demanda-t-elle d'une voix résonnante.

— Euh... Et vous alors ? Demanda Kisame étonné.

— C'est moi qui pose les questions ici !

— Bon, déjà, elle ne nous connaît pas donc ce n'est pas elle qui nous a attaqués plus tôt, je suppose.

— Oh. Le Sharingan. C'est la première fois que j'ai la chance de voir ces pupilles mais malheureusement pour toi, elles ne te sont d'aucune utilité ici... Ce n'est pas grave si vous ne répondez pas, je n'ai pas besoin de vos paroles pour savoir qui vous êtes : Uchiha Itachi de Konoha et Hoshigaki Kisame de Kiri.

— Et vous avez su ça comment ? S'étonna le squale. Je ne me savais pas aussi célèbre...

— Ta célébrité n'a rien à voir dans tout cela, je n'ai fait que lire vos pensées. Vous recherchez le Gardien de ces lieux ? Hum. Je vois.

— Et êtes-vous ce Gardien ? Demanda Itachi.

— Non, je ne suis qu'un simple messager. Le soleil va se coucher et vous devez être exténués, je vous en prie, suivez-moi. J'ai quelque chose à l'intérieur qui pourrait vous intéresser. J'ai de quoi vous nourrir et de quoi vous réchauffer car les nuits ici sont bien plus froides qu'au sol. Suivez-moi.

— Pourquoi nous aidez-vous ? Et où est le Gardien ?

— Je ne suis ni bon ni mauvais mais je sens que votre estomac crie famine. Le Gardien n'est pas ici mais vous ne pourrez pas avancer davantage aujourd'hui, les esprits rôdent dans les environs la nuit... Venez. »