► Chapitre 2

Chapitre 2 :
Des remords naissent les pires cauchemars

Le lendemain, le quatuor se remit en marche après s'être suffisamment reposé. C'était Sasori qui avait donné le signal de départ ayant effectué le dernier tour de garde de la nuit. Fort heureusement pour lui, son comparse avait finalement détourné le dos et relâché son étreinte sur lui. N'ayant plus connu la moindre émotion positive depuis bien des années, il avait du mal à détacher un ressenti de cette étrange expérience mais avait préféré ne pas en parler, encore au moins au premier concerné.

Ce matin-là, une légère brume avait envahi les lieux, recouvrant la forêt d'un manteau blanc éphémère qui se dissipa une petite heure plus tard. Le gazouillis des oiseaux avait remplacé le crissement des insectes nocturnes et l'atmosphère régnant y était si paisible qu'ils auraient pu se détendre sans cette éprouvante mission qui les attendait.

Marchant dans l'herbe humide de rosée, aucun des quatre shinobis ne parlaient, chacun préférant garder ses doutes au fond de lui. Il était évident que cette petite fille qu'ils avaient rencontrée la veille n'était qu'un leurre, une illusion afin de les dissuader de tenter de retrouver ce Gardien mais comment avait-il pu détecter leur présence alors qu'ils n'étaient pas encore arrivés sur ses terres ni même son propre pays ?

De son côté, Deidara ne se sentait pas inquiété par cette mission, cette gamine ne l'avait pas impressionné. La seule chose qu'il avait en tête, c'était l'élimination de son pire ennemi qui marchait juste devant lui. S'il l'attaquait de dos, allait-il pouvoir riposter ? L'observait-il sans même qu'il ne s'en rende compte ? Il lui fallait réfléchir à un plan d'attaque car cet Itachi n'était pas à prendre à la légère. Lui-même avait fait les frais des effets de ses Sharingans...

« Si j'étais toi, j'oublierais immédiatement ce que j'ai en tête, maugréa la voix de Sasori à ses côtés, son regard incendiaire posé sur lui.

— Je ne vois pas de quoi tu parles... mentit Deidara offusqué.

— Je te connais par cœur, ne joue pas avec mes nerfs. Au moindre faux pas et je m'occupe personnellement de ton cas. »

La voix de Sasori était beaucoup moins impressionnante que celle de Hiruko. Son visage mutin n'aidait certainement pas le blond – qui posa à peine les yeux sur lui – à avoir une autre opinion à ce sujet. Si l'éternité que prônait Sasori lui ressemblait, elle aurait pu être terriblement tentante même pour quelqu'un aimant la destruction comme Deidara.

En une si courte durée, le marionnettiste avait appris comment fonctionnait son coéquipier et devinait ses pensées avec une telle aisance que c'en était parfois presque inquiétant. Il fallait dire que le passionné d'explosifs avait un caractère similaire à celui de son art : impulsif et sans filtre. Il était donc limpide de deviner ce qui lui passait par la tête, notamment face à celui qu'il haïssait tant. Itachi ne l'aidait probablement pas à se contenir, se permettant de le toiser, lui parler de façon autoritaire et affichant un certain mépris envers lui. Mais Deidara ne faisait pas le poids face à lui et leur précédent combat l'avait bien démontré mais le ninja d'Iwa se refusait de l'accepter...

Itachi indiqua à ses coéquipiers de s'arrêter : le village était enfin visible et comme l'avait signifié l'Uchiha la veille, il disposait d'un port sur lequel plusieurs navires étaient parés au départ. Avec un peu de chance, l'un d'entre eux les mèneraient vers le Pays de la Neige sans discuter contre quelques pièces d'or voire avec l'aide du Genjutsu.

Le village ne semblait pas très riche à première vue et vivait essentiellement de son commerce maritime. De nombreux étals de poissons étaient dispersés dans les rues, leurs marchands clamant la qualité et la fraîcheur de leur cargaison. Il n'y avait peu voire pas de ninjas dans la population qui semblait déjà assez âgée. Plusieurs tavernes, dans lesquelles de vieux marins venaient déguster une bière avant de reprendre la mer, avaient ouvert leurs portes tôt le matin dans le but d'attirer la clientèle et servant parfois également des plats faits maison et appétissants. Kisame se massa l'estomac et jeta un regard dépité à son coéquipier qui soupira.

« Quel dommage de ne pas pouvoir s'arrêter dans l'une de ces tavernes pour manger un morceau. Toute cette nourriture me donne faim... lâcha-t-il en fixant tout particulièrement un ragoût de poisson servi à un vieux barbu dont le rire rauque indiqua son état d'ébriété.

— Nous avons fait des réserves pour le voyage, nous mangerons plus tard sur le navire, répondit froidement Itachi. Ton estomac devra patienter que l'on trouve un bateau pour nous mener au Pays de la Neige.

— Hum je m'en serais douté... » grommela le squale en s'étirant.

Les shinobis descendirent la rue menant vers les quais. L'Uchiha indiqua qu'il s'occuperait d'interroger le personnel et que ses coéquipiers devraient rester en retrait d'ici son retour, étant probablement celui qui saurait le mieux manier ses mots face à de simples marins. Kisame continua à ronchonner le temps que son partenaire s'éloignait mais ni Sasori ni Deidara ne relevèrent ses paroles.

Une dizaine de minutes plus tard, le ténébreux fut de retour et leur indiqua un navire tout au fond du port qui avait accepté de les transporter à destination contre une petite somme d'argent. Itachi avait opté pour la discrétion en choisissant un moyen de persuasion matériel plutôt que d'utiliser son Sharingan. Certes, il y avait relativement peu de ninjas dans ce village mais il suffisait que l'un d'entre eux ne les repère pour que des ennuis n'arrivent.

L'imposant navire choisi par Itachi semblait avoir déjà longuement navigué mais était en relativement bon état. Les hommes qui chargeaient la marchandise ne firent guère attention à ces quatre inconnus qui purent embarquer en toute discrétion.

Le voyage parut durer une éternité aux yeux de Deidara qui n'était pas habitué à naviguer. Son estomac semblait contester l'évidence de se savoir en pleine mer et refusait le peu d'aliments qu'il cherchait à ingurgiter. Kisame se moqua bien volontiers de lui à de nombreuses reprises tandis que les stoïques Itachi et Sasori ne firent guère attention à lui. Le blond sentit un immense soulagement lorsque le décor montagneux nappé d'un manteau blanc du Pays de la Neige se dessina face à eux.

Ils débarquèrent ensuite dans un autre petit village similaire à celui où ils avaient embarqué au Pays de la Foudre. A la différence qu'il y faisait relativement froid bien que de vastes champs d'herbe d'un vert brillant s'étendaient encore à bonne distance du village avant que le paysage ne recouvre son manteau blanc. Dans le fond du décor se trouvait une chaîne de montagne, objectif des membres de l'Akatsuki présents.

Deidara se plaignit de la température après avoir eu le sentiment de revivre en quittant ce maudit navire. Une nouvelle fois, Kisame ricana et se moqua de lui. Ce fut Itachi qui mit fin à la discussion en leur rappelant qu'ils n'avaient pas de temps à perdre. Après tout, plus vite ils arriveraient à destination et plus vite cette mission prendrait fin...

Le paysage se découpait en reliefs de plus en plus agressifs, demandant toujours plus d'énergie au trio en mission sur ces lieux. Si le début du voyage s'était déroulé au fil de diverses discussions, bientôt, plus un mot ne s'échappa de leurs lèvres gelées, prenant une teinte légèrement bleutée sous le vent glacial de ces monts.

Après bien des heures de marche, ce fut Kisame qui se stoppa sans raison, comme figé sur un piédestal. Deidara ronchonna et tenta de le bousculer mais rien ne le fit réagir. Sasori suspecta quelque chose d'étrange, une force qu'il percevait légèrement mais de façon abstraite. Il se mit alors en posture d'attaque, s'enfermant momentanément dans le corps de Hiruko tant que les reliefs escarpés le lui permettaient encore. Itachi, lui, observa silencieusement son coéquipier et tenta de lui parler, ne recevant cependant aucune réponse.

T'attacher ? Toi ?
C'est vrai que tu en es incapable.
Mais toutes ces vies que tu as éliminées sans le moindre remord, elles te faisaient confiance. Tu les as trahies.

Tu n'es qu'un vulgaire outil qui massacre sur commande.
Ces visages, ils te hanteront jusqu'à la fin de tes jours.
Et ces individus, ils continueront à tirer les ficelles du pantin que tu es.

Regarde-les te supplier.
Regarde-les mourir encore une fois.
Ils voulaient vivre.
Tu n'as donc aucun regret ?

Tu ne mérites pas de vivre !
Meurs !

Puis le corps du squale se cambra de douleur et retomba sur ses genoux en se maintenant la gorge. Habituellement stoïque, Itachi s'approcha d'un air inquiet et tenta d'attraper son bras pour l'empêcher de s'étrangler sous l'effet de cette attaque invisible. Genjutsu ?

Uchiha Itachi.

Ce nom maudit qui fait trembler Konoha.
Sous la scintillante pleine lune, cette nuit-là, tu les as tous massacrés.
Ta famille, tes amis, tous ont péri sous ta lame.
Ton père, ta mère.

Shisui, tu as été trop faible pour le sauver.
Sasuke, tu l'as traîné dans un univers de haine.
Le méritait-il ?

Pourquoi t'être détourné de ton clan ?
Tu les as tous trahis. Tu as sali le nom de ton clan, pas seulement le tien.
C'est la mort que tu mérites.

Emporte tes camarades dans la mort, tu n'es bon que pour cela.
Achève ce squale, il n'est pas ton ami.
Massacre celui qui prépare un plan dans ton dos pour t'exécuter.
Détruis ce maudit pantin, exposant son point faible aux yeux de tous.
Puis disparais, ton existence maudite doit prendre fin ici.

Mangekyô Sharingan.

Itachi ressentit cette chaleur en lui se dispersant jusqu'à ses pupilles puis sembla reprendre possession de ses yeux et de son corps après un défilé d'images de tout ce qu'il cherchait à enfouir au plus profond de son être.

Lorsqu'il reprit le contrôle, il constata qu'il tenait un kunai à quelques millimètres de la gorge de Kisame. Ce dernier était comme figé sur place, incapable de se défendre mais la sueur ruisselant sur sa joue indiqua qu'il était bien conscient du sort que son camarade lui réservait. Une légère entaille sur la peau bleutée du squale indiqua qu'il avait repris possession de son propre corps au bon moment.

A coté de lui se trouvait Sasori qui avait tenté de le stopper et Deidara se tenait en retrait, dans un état de transe similaire à celui dans lequel il devait se trouver quelques instants plus tôt. Insufflant un peu de son chakra sur Kisame, Itachi parvint à le libérer du jutsu duquel il était prisonnier et Sasori en fit de même sur son propre partenaire qui le scruta d'un air abasourdi.

« Ce Genjutsu est de très haut niveau, commenta l'Uchiha en regardant ses mains qui tremblaient.

— Heureusement que tu as retrouvé tes esprits sinon je finissais la gorge tranchée, fit remarquer Kisame en se relevant tout en massant sa gorge épargnée.

— Ce n'est pas moi qui ai réussi à reprendre le contrôle, c'est celui qui a jeté son Genjutsu qui a relâché son emprise sur moi au dernier moment. C'est une mise en garde... Nous entrons sur les terres de ce Gardien.

— Il m'a dit que tu allais profiter de notre présence ici pour me tuer, lâcha Deidara encore secoué. J'ai vu le sort que tu me réservais...

— Que l'on soit clair, nous sommes ici en mission et je n'ai pas l'intention de tuer qui que ce soit, déclara l'Uchiha en se détournant vers le blond. Ce type essaye juste de nous monter l'un contre l'autre. »

Sasori fut encore une fois le seul à ne faire aucun commentaire. Il avait certainement dû revivre des événements marquants de son existence qu'il ne voulait en aucun cas relater. Le marionnettiste n'était pas du genre bavard ou à se confier sur son passé. Il fut le premier à se détourner lorsqu'une sorte de tourbillon apparut dans leur dos.

« L'Uchiha l'a bien compris. Vous entrez ici sur mes terres, déclara l'enfant qu'ils avaient rencontrée au Pays de la Foudre quelques jours plus tôt et dont la silhouette se dessina à l'horizon. Vous connaissez les risques que vous encourrez. Personne n'a jamais osé mettre les pieds ici et encore moins sur la montagne. Vous êtes prévenus, si vous avancez davantage, c'est la mort qui vous attend. Ce désert de glace sera votre tombeau. »

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