Interlude
Sur une poutre bancale, soutenant le toit de la petite tour, se trouvait un chat. Assis, il se léchait méticuleusement la poitrine, à grands coups de langue râpeuse.
Plus aucune autre forme de vie n'était présente en ce lieu, à présent. Quelques minutes plus tôt, alors qu'il trottait prudemment sur les toits voisins, au clair de lune, il avait perçu une présence inhabituelle sous le clocheton. Curieux, il s'était approché. Sans faire de bruit, bien campé sur ses coussinets amortissant chacun de ses pas, il avait sauté de la tuile la plus proche sur le rebord du haut mur de pierre. Là, il s'était fondu parmi les ombres et s'était tapi à la manière d'un chasseur.
La première arrivée ne l'avait pas remarqué. Le chat savait qu'il s'agissait d'une femelle ; cela faisait tout de même plus de cent ans qu'il côtoyait les êtres humains. Peu après, alors qu'il se remettait de la frousse que lui avait fichu le premier son de la cloche que la fille avait déclenché, le deuxième individu fit son apparition. Ils s'étaient échangés des mots, dans une langue que, malheureusement, le matou noir n'arrivait toujours pas à comprendre.
De sa vue perçante, il vit quelques miettes tomber, tout près des pieds de la jeune fille. Eternel ventre sur pattes, il s'en approcha, pour renifler ce que c'était. A sa déception, il ne s'agissait que de poussière de bois, tombée de la charpente. Il miaula, pour exprimer son mécontentement. Le remarquant, elle le prit dans ses bras, mêla ses doigts fins aux poils, l'apaisa. Il aurait cru qu'elle lui donnerait un petit contentement, comme le font si bien les humains. Pourtant il ne reçut rien, mise à part une ou deux caresses. Ensuite, elle avait disparu. De ses yeux verts, il l'avait vue sauter sur un toit non-loin, comme lui aussi l'avait fait, auparavant. L'autre, quant à lui, resta un peu plus longtemps. Il fit plus d'une fois le tour de l'endroit, l'air tourmenté. Il s'était aussi précipité vers le bord pour voir où son mystérieux interlocuteur avait disparu. Sans succès. Enfin, il était parti.
Une tension bizarre avait régné tout au long de cet échange de paroles humaines. Le chat l'avait perçu. Sans trop savoir pourquoi, il se demandait ce qu'il se passait entre ces deux personnes.
Au même instant lui parvint un léger fumet de souris d'égouts. Se pourléchant les babines, et après s'être étiré, il descendit de son perchoir et alla s'aventurer dans les méandres de la nuit.
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