Chapitre 2
- Aïe ! m'écriai-je.
Je m'étais cognée la tête sur une paroi rugueuse et humide en me levant. D'habitude quand je me levais de mon lit, il n'y avait rien au-dessus. D'habitude, je sortais de mon lit encore toute emmitouflée de ma couverture parce que sinon il faisait trop froid. Et ensuite, d'habitude, je me dirigeais vers la salle de bain pour faire ma toilette mais là, ce matin, je ne pouvais ni prendre ma couverture pour me réchauffer, ni mettre mes pieds dans mes pantoufles pour ensuite aller déjeuner.
J'étais dans le noir complet, il n'y avait aucune source de lumière alors que normalement les rideaux de ma chambre ne filtraient pas entièrement la lumière et laissaient donc passer un fin faisceau de lumière qui venait se déposer juste sur mon nez, mais là, ce matin ...
J'essayais de me repérer mais en vain, il faisait trop sombre, ici. Peut-être que j'étais somnambule et que j'étais arrivée ici.
Non ! Ce n'était pas possible ! Je l'aurais remarqué avant quand même !
Je mis ma main sur le sol et sentis de la poussière, comme de la poudre. Un courant d'air vint jusqu'à moi et des frissons parcoururent tout mon corps ; il faisait très froid ici. Mais s'il y avait de l'air qui avait pu se frayer un passage jusqu'ici, c'est que moi aussi, peut-être, je pouvais sortir d'ici.
Je rampais pour ne pas me cogner la tête. Mais mains raclaient le sol et ma tête effleurait, à chaque avancée, quelque chose de dur. Je m'aventurais au hasard dans ce lieux. Dans ce labyrinthe de pénombre. Je croyais que j'allais sortir d'ici vite mais je me cognai, à nouveau. Je mis mes mains devant moi, comme un bouclier, et constatais que j'étais encerclée. J'étais encerclée par des murs de pierre. Ils m'entouraient et me tenaient prise au piège comme un rat qu'on enfermait dans une cage pour qu'il ne nuise à personne.
Je m'assis contre une paroi. J'avais envie de pleurer. D'habitude je n'étais pas comme ça mais aujourd'hui n'était pas un jour comme les autres, il était terrorisant.
Peut-être que ce n'est juste un cauchemar, me dis-je. J'allais peut-être me réveiller maintenant.
J'attendais un temps pour voir si mon vœu s'exauçait mais non ! Rien ! Rien de tout ce que je voulais ne se produisit.
J'eus une idée :
- Il y a quelqu'un ? Ouou, il y a quelqu'un ?
Je ne savais même pas pourquoi j'appelais comme ça parce que si ça se trouvait, il n'y avait personne dans ce lieu insalubre. En même temps pourquoi y aurait-il quelqu'un ici ? Il y a sûrement des endroits mieux que celui-ci.
Je suis perdue, me dis-je. Je ne vais jamais sorti d'ici. Comment je vais faire pour manger ? Pour boire ?
Mais pendant que je me lamentais sur mon sort, j'entendis un craquement. Mes pensées arrêtèrent net de se bousculer dans mon cerveau.
J'étais en alerte rouge.
Qu'est ce que c'était ?
Un animal qui a entendu que j'étais ici et est venu pour me dévorer.
Non, Lydia ! Stop !
Ma conscience avait raison pour une fois. Il fallait que j'arrête d'inventer des histoires et de rendre la réalité plus terrible et plus affreuse qu'elle ne l'était déjà.
Je tendis l'oreille pour essayer de discerner, avec plus de précision, ce qui s'approchait de moi.
Des pas. Oui des pas ! Quelqu'un marchait lentement sur des feuilles mortes.
Alors j'appelais de plus bel :
- Je suis là, il y a quelqu'un ?
Pourquoi j'avais parlé ? Si ça se trouvait, c'était un homme dangereux !
Mais la voix grave qui me répondit me rassura, elle était douce et agréable. Ce n'était certainement pas un sérial killer !
- Ne bouge pas, je viens te chercher.
Le bruit des pas s'intensifia et, soudain, j'aperçus une faible lumière. Elle provenait d'une torche. Je ne voyais pas nettement son porteur mais je crois que c'était un adolescent de mon âge.
Il arriva à proximité de moi et je sentis son souffle sur mon visage. Il me dit :
- Ne craint rien, je vais te sortir de là.
Ses mains fortes m'attrapèrent par la taille et m'obligèrent à m'agenouiller. Je plongeais mes yeux dans les siens. Ils étaient vraiment magnifiques mais pas autant que ceux de Lucas.
Lucas ... Mon meilleur ami. Je ne le reverrai peut-être plus. Peut-être que les cours de mathématiques qu'il m'a donné hier, enfin si c'était bien hier, étaient peut-être les derniers ...
Le jeune homme me sortit de mes pensées inimaginables :
- Il va falloir ramper jusqu'à la sortie, la voûte de la grotte n'est pas assez haute pour qu'on se mette debout.
Il avait dit cela tout naturellement. Comme si c'était normale que je me retrouve dans une grotte alors que je m'étais endormie profondément dans mon lit. Je n'aurais jamais imaginé, qu'un jour, quelque chose comme ça puisse m'arriver. A moi ! Lydia Andrew ! Une jeune collégienne qui pensait passer son brevet normalement, comme tout les jeunes normaux de son âge mais ...
Une téléportation ? C'était peut-être possible même si je doute que la magie existe mais bon, au point où j'en étais.
- Houhou, tu m'écoutes ? m'interrompit le jeune homme.
- Oui excuses moi, lui répondis-je gênée.
- Bon, tu me suis et tu fais attention où tu vas, cette grotte regorge de plein d'animaux encore inconnus, me murmura-t-il.
Bien sûr ! Pourquoi je n'y avais pas penser plus tôt ! Pourquoi j'vais pas penser que ma situation pouvait être pire que celle que j'étais en train de vivre ? Tout simplement parce que je suis une personne rationnelle, avec ses petites habitudes et la visite d'une grotte au beau milieu de nulle part ne faisait pas partie de mon emploi du temps.
Il y reprit sa torche qu'il avait accrochée à un mur de la grotte. Nous commençâmes à ramper. J'essayais de le suivre de très près car je ne voulais pas me retrouver à nouveau piégée dans cette grotte mais il allait beaucoup trop vite pour moi. Cette grotte était un vrai labyrinthe, on aurait dit que mon « sauveur » avait passé sa vie ici, son enfance à se cacher parmi les multiples trous et crevasses que regorgeaient cette grotte. Plus on progressait et plus le sol devenait râpeux et me faisait mal aux coudes.
- Peux-tu m'attendre s'il te plaît, haletai-je entre deux respirations.
- Désolé, je suis habitué à être seul ici, me répondit-t-il.
J'avais donc raison ; il était venu plusieurs fois ici.
Il s'assit pour m'attendre et s'adossa à un mur. Je rampais jusqu'à lui difficilement.
- Est-ce qu'on pourrait faire une pose ? lui demandai-je.
- Oui bien sûr, me répondit-il, tu t'es fait mal ?
A ces mots, je lui montrai mon bras.
- Je crois que je saigne du coude gauche, lui dis-je.
- Fais moi voir, me dit-il en me prenant le bras.
Il avait les mains douces comme celles d'un bébé. Ses longs doigts remontèrent jusqu'à mon coude blessé. Il observa ma blessure pendant un petit moment.
- Je vais te mettre de la crème, m'expliqua-t-il, qui va accélérer la cicatrisation de ta blessure. Ensuite je vais te bander le coude en attendant de trouver quelque chose de mieux. Le bandage va permettre de stopper l'écoulement du sang. Je connais quelqu'un qui pourra te soigner mieux que moi.
Il sortit une pioche, une corde, du fromage , des couvertures de son sac enfin si on pouvait appeler cela un sac.
Est-ce qu'il se promenait toujours avec toutes ces choses inutiles d'après moi ?
Enfin il puisa dans son sac pour en extirper un petit récipient. Il le dévissa et m'appliqua de ses doigts de bébé l'espèce de pâte qu'il contenait sur mon coude. C'était froid et visqueux mais c'était doux. Cette sensation était agréable. Après tout ce que j'avais vécu, ces petits moments étaient les bienvenus. Ces petits moments qu'on regrette une fois terminés.
Il en mît une sacrée couche. Ensuite il déchira un morceau de son vêtement.
Dans tout son bazar, il n'avait donc pas un pansement ?
Il le déposa et le serra contre ma coupure. Je me retins d'hurler tellement la douleur me perforait la peau. Il fit plusieurs tours et l'attacha du mieux qu'il put.
Je me demandais pourquoi il n'avait pas utiliser du sparadrap et du scotch et pourquoi il n'avait pas une lampe torche à la place de sa torche. J'espérais simplement que je n'avais pas voyager dans le temps ou quelque chose comme ça parce que je préférais amplement la téléportation.
- Voilà, c'est bon, me surprit-il en me sortant des mes pensées.
Je lui fit un signe de tête en gage de remerciement.
- Nous sommes bientôt arrivés ? lui demandai-je.
- Nous ne sommes plus très loin mais il faudrait se dépêcher, me répondit-il.
Nous reprîmes le chemin. Mon coude ne me faisait plus souffrir. Ce devait être grâce à la crème qu'il m'a mise. Quel était ce remède miracle ?
Soudain je sentis une chose froide et volante me frôler. Un battement d'aile. Je m'arrêtai net. Je ne bougeai plus.
- Quelque...chose...m'a frôlé, essayai-je d'articuler.
- Ne bouge plus, m'ordonna le garçon, c'est sûrement une chauve-souris. Baisse toi au maximum parce que leurs griffes peuvent t'arracher ce qu'elles veulent. Surtout cette race de chauve-souris...
Je m'exécutai rapidement. Je m'étonnai moi même mais je n'avais pas envie de devenir le repas de vulgaires chauve-souris. De ces monstres sanguinaires. Je sentis plusieurs masses froides se poser sur moi. Je respirais lentement pour essayer de me calmer. Je posai ma main sur ma bouche pour éviter de crier. Ma claustrophobie ne s'était pas manifestée jusque là mais là ç'était trop : la grotte sombre, les chauves-souris, les voûtes trop basses... Je commençais à respirer de plus en plus fort et mes membres se mirent à trembler.
- Qu'est-ce qu'il se passe ? me demanda le jeune garçon
- Je suis claustrophobe, lui répondis-je haletante.
À ces paroles, il pu se rapprocher de moi parce que le nuage de chauve-souris s'était envolé. Il s'assit tout près de moi et entoura ses bras autour de mes épaules.
- Ne craint rien, me rassura-t-il, je suis là. Je suis venu dans cette grotte pour sauver la personne qui criait à l'aide et je compte bien sortir avec elle en un seul morceau.
Les larmes jaillirent de mes yeux et il me serra encore plus fort. Même si la proximité de ce garçon que je ne connaissais que depuis quelques temps était bizarre, elle était attachante. Je pleurais à chaudes larmes. J'en avais besoin. Ce garçon devais me prendre pour une faible à sangloter pour un rien.
Mes perles d'eau ont dû tremper son T-shirt.
- Ne t'inquiètes pas, me répétait-il. Calme-toi.
Je ne reconnu pas sa voix grave que j'avais entendu il y a quelques minutes mais j'entendis une voix douce. J'entendit la voix de mon petit frère. Mon petit frère. À cette pensée mes larmes furent plus abondantes. C'était la dernière personne que j'avais vue avant de venir par je ne sais quel malheur ici.
Je me concentrai sur la mélodie de sa voix. Elle était belle.
Ma respiration se fut plus régulière.
- Là, c'est fini, me murmura-t-il, c'est bon.
Voyant que je ne pleurais presque plus, il se détacha de moi et chercha quelque chose dans sa sorte de sac. Il en sorti un morceau de tissu, encore.
- Tiens, c'est pour essuyer tes larmes, me dit-il en me le tendant.
- Merci, lui répondit-je d'une voix frêle en prenant le tissu.
Je me séchais les larmes avec soin. Je ne voyais toujours pas son visage mais je crois qu'il était en train de me contempler.
- Bon je crois qu'il va falloir que tu me passe ton mouchoir pour que je puisse essuyer mon T-shirt, me dit-il sur le ton de la plaisanterie.
Je sortis un petit rire, je ne sais comment mais il avait réussi à me faire rire alors que je me trouvais dans une grotte pleine de chauve-souris et que je venais de faire une crise. Il avait réussi à faire échapper cette petite partie de bonheur qui c'était enfouie au plus profond de moi.
Mais un détail me surpris, je ne connaissais pas son prénom.
- Comment t'appelles-tu ? lui demandai-je.
- En faite je n'ai pas réellement de prénom parce que celui-ci nous ai donné à l'âge de vingt ans. Il nous ai donné en fonction de nos qualités, défauts, capacités, m'énuméra-t-il. Entre amis, on se donne des surnoms et le mien c'est Matt.
- Matt ? m'étonnai-je.
- Ne me demande pas pourquoi tout le monde me surnomme comme ça, je n'en ai aucune idée, m'expliqua-t-il.
- D'accord, lui dis-je. Comment sort-on de cette grotte ?
- Nous sommes bientôt arrivés, c'est par là, me montra-t-il de son index.
Je regardais vers où il me montrait. Je ne voyais rien. Rien du tout. Il n'y avait aucune lumière. Il n'y avait même plus de vent. Rien. J'avais hâte que ce calvaire se termine enfin.
A présent, nous pouvions nous mettre debout car le plafond de la grotte faisait au moins deux mètres de haut. Nous avancions lentement mais prudemment. Certains passages étaient tellement étroits qu'il fallut que je me compresse et que je coupe ma respiration pour passer.
Matt était très habile, il rampait, sautait, escaladait, glissait à sa guise sans jamais tomber ou se faire mal. Sa torche éclairait peu, mais j'aperçu soudain une immense falaise raide qui se dressait devant nous. Matt scrutait la paroi avec une minutie incroyable. Subitement, il me fit une geste de la main et me dit :
- Viens ici. J'ai installer des boules d'une branche souple sur la paroi de la grotte. Tu peux escalader cette façade en posant tes pieds dessus. Je vais passer le premier, pour voir si rien de bouge.
- D'accord, acquiesçais-je.
Je disais cela mais je ne comprenais rien de ce qu'il se passait. Je faisais mine de comprendre pour ne pas retarder Matt.
Un geste chez lui me marqua : il avait mis des gants avant de commencer à s'accrocher aux soit disantes branches qui étaient peut-être notre seule chance de sortir de cette caverne. Il avait pris la torche avec lui et je me retrouvai seule, dans le noir le plus profond. Je sentis des picotements dans ma langue : c'était ma crise de claustrophobie qui montait à la surface. Pas maintenant, me dis-je, calme toi, tout va bien se passer. Je n'entendis plus rien. Juste le silence qui me perforait les oreilles. Il m'écoutait et je l'écoutais.
Matt devait être arrivé en haut. Une voix confirma mes pensées :
- C'est bon, le passage est sûr, me cria-t-il d'en haut.
Je débutais mon escalade. Ce n'était vraiment pas facile. Au toucher, les boules de branche étaient moles mais quand je posais le pied dessus elles étaient dur comme la pierre. Bizarre, me dis-je dans ma tête, je n'avais jamais croiser de telles plantes en Californie. J'ignorais ce détail parce que j'avais assez de problème comme ça, notamment d'escalader cette paroi abrupte.
D'ailleurs, mes problèmes continuèrent : j'étais arrivée à mi chemin, je crois, et la paroi était brusquement devenue brûlante. Je ne pouvais plus poser mes mains sur les appuis végétales.
J'avais chaud. Des gouttelettes perlaient sur mon front. J'avais peur.
- Je ne peux plus poser mes mains nulle part, criai-je à Matt. C'est beaucoup trop chaud.
- Ah oui j'avais oublié que tu n'as pas de gants, s'exclamât-il. Je ne vais pas descendre pour te les passer parce que sinon je ne vais plus pouvoir remonter, je vais donc te les lancer. J'espère que tu sais bien rattraper.
- En faite, je suis complètement nulle pour ce genre de chose mais on sait jamais, lui révélai-je.
- Ok, alors tu es prête ? me demanda-t-il.
- Oui, c'est bon.
- Attention, je lance, me prévint-il
Bien sûr, les miracles n'existent pas et je n'ai donc pas réussi à m'emparer des gants qui, eux, tombèrent par terre. Je n'ai pas d'autre choix que de redescendre en bas, tout en faisant attention. J'attrapais les gants : ils étaient lourds et étaient un alliage de fer et de mousse. Une fois qu'ils étaient bien fixés à mes mains, je renouvelais mon escalade. Arrivée à mi-route, je sentis la chaleur mais elle était supportable. J'arrivais en haut essoufflée comme jamais je ne l'avais été. Matt me débarrassa des gants. Je m'assis quelques minute contre un rocher.
- Je crois que tu as passé ton baptême d'escalade, se moqua-t-il gentiment.
- Je crois aussi.
Et là nous nous esclaffons de plus belle. Nos rires résonnèrent dans toute la grotte. Les chauves-souris en eurent peur car elle s'enfuirent. J'ai été obligé de m'arrêter de rire parce que j'en avais mal au ventre. Matt continuait à rire. J'aurais dit qu'il n'avait pas ri depuis longtemps. Il se calma au bout de cinq minutes.
- Nous somme bientôt arrivés ? lui demandai-je.
- Oui, il suffit de tourner à droite, m'indiqua-t-il.
Nous nous mîmes en route. Le sol était devenu très glissant, il devait y avoir une source d'eau pas loin d'ici. J'avertis Matt en voyant qu'il courait presque :
- Attention le sol glisse énormément.
- Je sais, me répondit-il, je passe .....
Il ne put finir sa phrase car il s'était étalé par terre. Comme un crêpe. J'accourus vers lui en lui disant :
- Je t'avais prévenu.
Un sourire m'échappa. Je l'aidais à se relever en le prenant pas le bras.
- Arrête de te moquer de moi, intervint-il, parce que sans moi tu ne serais jamais sorti de cette grotte. Regarde.
Mes yeux suivirent la direction de son doigt et aperçurent un halo de lumière. Je courus vers cette lumière en tombant plusieurs fois à cause du sol mais je me rattrapais à chaque fois. J'étais tellement heureuse de voir de la lumière. Une minute plus tard, j'étais sortie.
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Fin du deuxième chapitre, j'espère que vous avez aimé même si je suis pas très fière de ce chapitre !
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{ jujube31 }
❤️
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